Vivre dans une famille de la classe moyenne ne devait pas être un frein à son mode de vie habituel. Barbara n’avait jamais envisagé de se plier aux règles des Cooper le jour où elle avait appris qu’elle était condamnée à habiter chez eux. C’était juste impossible que quelqu’un la soumette, elle rejetait toute autorité depuis toujours car, elle avait été justement habituée à être livrée à elle-même très jeune. Comme tous les enfants issus de la jeunesse dorée. Elle devait absolument trouver un plan d’attaque pour ne pas laisser Becca empiéter sur sa vie, elle allait commençait pas se mettre les enfants Cooper dans la poche. Une chance, elle n’avait jamais été odieuse avec eux par le passé, contrairement à Charlie qui ne se gênait jamais pour se moquer de Billie. Sa robe cintrée noire et sa parure dorée faisait sensation sur son passage. Elle avait trouvait avec grâce une manière de porter le deuil sans ressembler à une mamma italienne. Elle se dirigea vers les toilettes, tous les matins en arrivant au lycée, c’était comme un rituel. Pas forcément pour une envie pressante, mais surtout pour se regarder dans le miroir et se montrer à ceux qui auraient loupé son arrivée. Elle vit Billie s’y dirigeait, la jeune fille tombé à pique. Barbara pressa le pas, ses Jimmy Choo cognant plus fort sur le sol et dans la précipitation elle se jeta sur la porte pour l’ouvrir avant que Billie pose sa main sur la poignée. Elle lui fit un sourire cordial et inclinant la tête pour l’inviter à entrer, comme si elle était à son service.

- Je veux juste te rendre service, lui dit-elle dans une moue un peu déçue par tant d’agressivité.

Elle caressa le dessus de son crâne avec ses mains parfaitement manucurées, comme on pouvait le faire aux animaux domestiques.

- Tu es un peu comme ma sœur maintenant, ajoute-t-elle dans un sourire bienveillant.

La bestiole était coriace et assez antipathique pour que Barbie se morde l’intérieur des joues, pour ne pas laisser paraître son agacement. Prendre sur elle en somme. Elle n’avait pas l’air d’être enchanté à l’idée que Barbara devienne sa sœur, c’était réciproque mais pour ses plans elle se devait de faire semblant et d’être agréable. Barbie avait déjà décrété que les parents Cooper seraient ses ennemis dans cette nouvelle aventure, inutile que Billie rejoigne leurs rangs si Barbara voulait de la liberté dans cet enfer. Il était primordial qu’elle devienne une sorte de sœur confidente pour Billie, que cette dernière puisse lui avouer des secrets qui feraient frémir sa mère et que la So Cool pourrait utiliser pour faire chanter la jeune fille. Elle priait intérieurement pour que la vie de Billie ne soit pas aussi insignifiante qu’elle en avait l’air, le fait qu’elle soit enceinte semblait connu pour tous, elle espérait qu’elle avait de nouveaux secrets à lui confier. Comment la calmer ? Barbara réfléchit en laissant sa victime entrer dans les toilettes et se mit à fouiller dans son Birkin qui lui servait de sac de cours. Elle y extirpa un tube de rouge à lèvres MAC, rose corail comme les petites joues trop innocentes de Billie.

- Etre enceinte n’est pas une raison pour te laisser aller ma poupée, dit-elle en examinant la tenue de Billie.

Quelle personne décente pouvait porter un t-shirt Queens, Billie était-elle si peu intéressée par sa réputation au point de la flinguer avec un accoutrement pareil. Avec un sourire tout aussi bienveillant, elle lui présenta le tube comme si elle lui montrait le Saint Graal. Attendant son feu vert pour lui en étaler sur ses lèvres charnues.

Barbie se retint de dire que la négligence que Billie avait pour son apparence était flagrante, ce n’était pas la bonne démarche à adopter. Elle se contenta de lui sourire en inclinant la tête avec compassion. Puis elle laissa trop longtemps la tête entre ses mains. Le rouge-à-lèvres MAC n’était pas le drapeau de la paix idéale pour la relation qu’elle voulait nouer avec la jeune fille. Une geek comme elle, si elle ne s’intéressait pas à la mode devait au moins avoir un cœur se disait Barbara, c’était même une évidence les pétasses étaient toujours au sommet de la chaîne et Billie restait en bas. La mort de Ian l’attendrirait sûrement, les gens avaient-ils oubliés si vite qu’elle était orpheline ? Si au début, elle s’en voulut un peu de jouer sur ce drame, elle fit comme pour la séance photo qu’elle avait organisée avec Tinsley, elle prit sur elle. Si Ian n’avait pas eu l’idée idiote de placer Barbie et Warhol sous la tutelle de Becca, Barbara n’aurait pas eu besoin d’employer ce stratagème pour assurer sa tranquillité. Elle aurait pu regarder de haut Billie, comme elle le faisait avec tant d’autre, et n’avoir jamais à lui adresser la parole.

- J’essaye de construire quelque chose avec toi, marmonnait Barbie, le visage dans ses mains. Pourquoi es-tu si froide ? Je n'y suis pour rien si mon père s'est tué, j'ai pas choisi de venir dans ta famille.

Elle releva la tête, ses yeux était assez humidifié pour que son cinéma ait l’air crédible et sa moue de chien battu rendait la scène on ne peut plus réaliste. Elle espérait que le spectacle ne serait pas aussi dramatique, elle se sentirait vraiment mal si son jeu d'actrice poussait Billie à baver et pleurer sur sa robe Chloé. Mal pour la robe, c'était certain mais aussi pour sa propre conscience.

C’était un comble que Barbara soit obligé de se mettre en scène pour attendrir ce ventre sur patte. Les enfants Cooper étaient mal élevés malgré ce que les parents pensaient, ils n’étaient vraiment pas reconnaissants. Ils auraient dû baiser les pieds de Warhol et Barbie, car grâce à leurs simples présences dans leur famille, leur petit foyer banlieusard se voyait octroyer une pension de 15 000$ par mois. Finalement, c’était plutôt à eux d’être reconnaissants et pas l’inverse, c’était comme si ils avaient gagnés au loto, mais leur ticket gagnant s’appelait Barbie, ou Warhol. Néanmoins Barbara ne lui fit pas savoir le fond de sa pensée, elle se contenta d’afficher un sourire reconnaissant à Billie. Elle la prit dans ses bras et lui tapota son dos dodu, du moins plus gras que celui de Barbie.

- Je vais t’aider à affronter ta grossesse, lui affirma-t-elle sans lui laisser le choix. Je t’aiderai pour la vie et toi tu m’aideras pour la mort, en m'incitant à accepter celle de mon père.

Le temps d’une seconde, Barbie se demandait si elle n’allait pas avoir les nausées d’une femme enceinte en s’entendant dégueuler ce genre de phrase qui ne lui ressemblait pas. Elle retira son étreinte aussitôt lui avoir proposé ce marcher et lui tendit la main, avec ce même sourire bienveillant, pour que Billie conclue ce pacte.

Barbara sourit prête à entendre ce que Billie avait à lui dire, si elle ne voulait pas être sa copine, Barbara passerait aux choses sérieuses. Elle se taperait Stan par exemple, où lui laisserait penser qu’il pourrait l’avoir et elle aurait plus qu’à attendre que Billie la supplie de ne rien faire. Elle aurait pu être aussi tarée que sa cousine Charlie, la menaçait de la pousser dans les escaliers pour voir si elle et son bébé pouvaient rouler, mais elle ne voulait pas devenir violente. Une chose était sûre, cette petite conne ne devra pas lui mettre de bâtons dans les roues auprès des parents Cooper, sinon ce ne sera plus le temps des faux pactes, mais de choses bien plus sombres. Pendant que Billie s’était enfermée dans un toilette et qu’elle vomissait, Barbara regardait la cabine perplexe. Une chance qu’elle n’avait pas dégueulé sur elle, elle aurait peiné à jouer la comédie plus longtemps. Elle lui demandait une bouteille d’eau à présent, Barbara n’en avait pas mais elle avait un mug. Elle fouilla dans son Birkin pour sortir le récipient et vida le café qu’elle n’avait pas encore bu dans l’un des éviers. Une fois qu’elle l’eut rempli d’eau, elle se posta devant la porte.

- Pas de bouteille, mais j’ai sacrifié mon café pour que tu te rinces la bouche, lui dit-elle sur un ton amusé, même si la compagnie de Billie était désespérante. Je n’aurai pas fait ça pour tout le monde, ajouta Barbie dans un sourire.

Barbara hocha la tête de gauche à droite pour signifier qu’elle ne voulait pas d’autre café. De toute façon son thermos (désolé, c’était pas un mug mdrr je me suis trompé. Comment grossir son rp *sort*) était à moitié vide quand elle l’eut vidé. Le seul café que les filles auraient pu trouver au lycée était celui de la machine et Barbara le trouvait dégueulasse.

- Non, t’inquiètes, j’en avais bu assez et puis de toute façon celui du lycée ne sera pas aussi bon que celui de ta maman, dit-elle en ponctuant la fin de sa phrase d’un clin d’œil.

Barbara savait qu’elle parviendrait à l’apprivoiser, Billie semblait comme une bête sauvage en cage mais ça ne durait pas. Elle était motivée à faire de son mieux pour s’assurer la paix tant qu’elle et Warhol seront cloitré dans la modeste maison des Cooper. Enfin, ce n’était pas l’enfer sur terre, il y avait tout le confort nécessaire auquel la classe moyenne pouvait aspirer mais la comparaison avec la maison Thomas, que Manu leur avait dérobé, mettait celle des Cooper K.O. Barbie regarda l’heure sur son smartphone, elle ne devait pas trop insister pour le moment. Il ne fallait pas qu’elle braque la petite sauvageonne sans style avec qui elle devait cohabiter. Elle lui sourit comme si elle souriait à une enfant de 10 qu’on trouvait attendrissante, chose impossible pour Barbara qui n’aimait pas les enfants, mais soit …

- Je dois te laisser, j’ai cours, mentit Barbie qui s’apprêtait à aller retrouver ses amis So Cool. On se voit plus tard et promis, je ne te tiens pas la porte en sortant.

Spoiler:

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