Barbie s’était fait incendier par sa tutrice lorsqu’elle était rentrée la veille. Avec l’excès d’alcool qui coulait dans ses veines, la brune pulpeuse en avait oublié sa discrétion quand elle s’était faufilée à l’intérieur de la maison des Cooper. Par la porte d’entrée, pour une fois, comme au bon vieux temps où elle avait le privilège de n’avoir de comptes à rendre qu’à Ian. Une chance que Becca ne lui ait pas proposé de l’accompagner récupérer sa voiture au centre-ville, car elle aurait appris, comme Barbara elle-même l’avait appris dans la journée qui avait suivi cette nuit de baiser fougueux avec Cruz, que la dite voiture avait été volée. Par chance, on lui avait révélé avoir vu son cabriolet au Terrain Vague. Ce à quoi elle avait répondu dans un sourire radieux un sarcastique "sans déconner ?". Tout ce qui était volé dans cette ville était genre entreposé dans ce trou à rat, par la bande de dégénérés de la salope blonde qui lui avait volé son Cruz.

Habillée d’un survêtement satiné noir de gueule-de-bois et chaussée de Nike, tellement confortables par rapport à ses Manolo de la veille, Barbie débarqua à pied sur le terrain. Ignorant les junkies qui se demandaient la raison de sa présence dans ce lieu malfamé, ses yeux trouvèrent sa grosse voiture noire à l’ombre d’un grand chêne. Déterminé et sans crainte, elle fonça sur sa cible, pour y trouver un nombril et des jambes sous le véhicule. Sa voiture était propre et ses jantes plus brillantes qu’avant.

- Merci pour le nettoyage, dit-elle faussement reconnaissante à la personne qui était sous la voiture en train de trafiquer on ne sait quoi. Par contre je vais la démarrer, tu ferais mieux d’arrêter de te la jouer mécano, si tu ne veux pas que ta tête m’accompagne et abandonne tes jambes ici.

Un sourire faux au possible se dessina sur les lèvres de Barbra quand le vieux stoppa de trifouiller sa voiture. Voilà, elle avait plus qu’à monter dans SA voiture, démarrer et se tirer continué à décuver dans la chambre immonde que les Cooper avaient aménagée pour Warhol et elle. Mais alors qu’elle ouvrait la portière, une voix ordonna à l’homme de continuer sa besogne. Barbie se retourna pour voit de qui il s’agissait. Elle claqua la porte pour la refermer et partit en courant, rentrant à pied jusqu’à chez elle, commander un vélo sur internet. Fin du topic. C’était Karim, cette racaille qui passait plus de temps dans le bureau de Presley qu’en cours. Elle s’avança vers lui et ricana en l’écoutant dire que la voiture était maintenant à lui.

- Dans quel monde vis-tu, pour ne pas savoir que mon père est mort ? lui demanda-t-elle sérieusement agacée par sa raillerie.

Elle retourna devant la portière, qu’elle ouvrit, avant de mettre un coup de basket dans les mollets à l’homme qui avait repris sa tâche. Vraiment, elle ne tenait pas à l’écraser en partant vite fait bien fait de ce terrain sordide, d’autant plus qu’il ne devait pas avoir grand-chose à voir dans ce vol.

- Cette voiture est à moi, connard, dit-elle sèchement à Karim.

Barbara leva les yeux au ciel, ce mec était un gros cinglé. On lui en avait déjà parlé, en mal bien sûr, mais jamais elle n’aurait imaginé qu’il aurait eu autant de facilité à s’approprier une voiture qu’il avait volée la veille. Cette caisse était la seule chose qui lui restait de son père. Non, ce n’était pas vrai, il lui restait plein de chose de son cher papa, comme une rivière de diamant de sa grand-mère, un compte bloqué abondamment rempli et certainement un tas d’autres choses. Mais pour le côté dramatique de la scène, dans son rôle égocentrique habituel, elle se plaisait à se dire que le connard qui se tenait en face d’elle, lui avait volé la seule chose que Ian lui avait laissée. Barbie fit une grimace quand Karim la prit par le poignet.

- Tu me fais mal, dit-elle en essayant de se défaire de son emprise. Si tu me rends pas ma voiture, je me mets à hurler. Tu vas faire quoi ? Me tabasser en plein jour aux yeux de tout le monde?

Etait-ce les litres d’alcool ingurgités la veille en compagnie de Jyl qui l’avait poussé à croire qu’elle pourrait récupérer sa voiture volée, comme si de rien n’était. Barbara déglutit en écoutant Karim proférer des menaces à son encontre, elle n’avait jamais pris le temps de faire ami-ami avec, aujourd’hui elle le regrettait. Avoir dans la poche un psychopathe comme lui, lui aurait été d’une grande aide dans plusieurs moments de sa vie et plus particulièrement celui-ci. Il serrait un peu plus le bras de Barbara, qu’elle ne put s’empêcher de lâcher un petit gémissement de douleur. Mais elle n’allait pas s’écraser, elle comprenait toujours pas sur quelle planète racaillesque un bien volé était si facilement acquis. Qu’il l’a tabasse, à par ses implants et sa voiture, elle n’avait rien à perdre. Il ne la tuerait pas, mais il finirait en prison pour vol et agression. La seule technique qui lui vain à l’esprit était la plus ancienne et plus efficace. Un bon coup de genoux dans les couilles pour qu’il la lâche enfin. Mais elle n’aurait pas assez de temps pour monter dans la voiture, puisqu’ils étaient à côtés.

- Laisse-moi récupérer la cocaïne que j’ai planqué entre les sièges, il y en a beaucoup et elle ne m’appartient pas, mentit Barbie en espérant servir un appas à Karim.

Barbara leva les yeux au ciel, effectivement la première chose qui lui avait traversé la tête n’avait pas été des plus brillantes. Mais avec l’impatience, elle avait espéré que Karim soit trop gourmand et se penche pour vérifier s’il y avait un quelconque butin entre les sièges. Elle aurait pu rentrer en furie, lui péter les genoux en fermant et ouvrant la porte comme une cinglée, effrayer le SDF… Mais non. Quel pétrin ! Barbie se disait qu’elle aurait certainement mieux fait de venir avec les gros bras de son faux frère, cette crevette de Karim n’aurait pas fait le poids face à Warhol et puis un frère, aussi faux était-il, ça pouvait au moins servir à ça. Sa gorge se noua quand il minimisa la mort de son père, utilisant les mots papa et maman pour la rabaisser, comme s’il ne la prenait pas au sérieux. Personne ne pouvait l’aider, ni son père mort, ni sa « mère »… Fronçant à nouveau les sourcils sous la dureté de l’emprise de Karim, Barbara attrapa de sa main libre celle de Karim qui se baladait sur ses fesses pour la repousser.

- Allé, tu as gagné … lâcha-t-elle, semblant défaitiste.

Si les menaces ne marchaient pas la victimisation aurait peut-être son effet, quand bien même elle n’avait plus rien à perdre puisque la voiture ne lui appartenait plus et avait une autre idée derrière la tête.

Barbara serra ses dents comme une dingue quand Karim s’approcha de son visage pour l’inviter à le sucer. Tellement fort qu’elle aurait pu s’atrophier la mâchoire, elle avait envie de lui cracher au visage. Mais il risquait de la tabasser et elle ne pourrait pas mettre son plan à exécution. Quitte à être rouée de coups par une racaille comme Karim, autant l’être pour une bonne raison et surtout avec dignité. Au lieu de s’improviser Lamas, Barbara fit tout son possible pour lui faire un sourire hypocrite. Il la lâchait. Elle haussa les épaules quand il lui dit qu’elle avait deux heures pour racheter sa voiture. Comme elle lui avait dit qu’il avait gagné, elle n’avait plus grand-chose à faire ici ? Elle fit quelques pas.

- Bonne vente, lâcha-t-elle de dos, d’une manière désabusée.

Sans trop s’éloigner du lieu où Karim avait entreposé sa voiture, Barbara s’empara d’une barre en fer rouillé qui traînait. Elle aurait pu défoncer le crâne de Karim, mais contrairement au reste de la ville, Barbie n’était pas une meurtrière. Elle s’empressa de courir vers sa voiture, mettant des grands coups de barre dans le pare-brise, laissant de gros impacts. Puis de courir autour de la voiture, en prenant bien soin de rayer la carosserie, pour échapper à son voleur. Tapant un peu partout pour la rendre beaucoup moins jolie, elle s’arrêta et se protégea avec la barre. Elle le regardait ahurie, comme une folle, l’âme de Britney-crâne-rasé s’était emparée de son corps.

- Ton client va ADORER ce design, hurla-t-elle démente et euphorique, à la manière d’une Bellatrix Lestrange.

Comme une cinglée dans un asile, Barbie rigolait nerveusement en voyant la voiture qu’on lui avait volée dans cet état. Mais un Karim dégainant un flingue, alors qu’elle s’était imaginé se ramasser deux-trois gifles et un coup de pied dans le dos était tout autre chose. Non pas qu’elle aurait adoré, elle avait d’ailleurs la barre-de-fer prévue pour la protéger. Mais c’était seulement le pire scénario qu’elle s’était imaginer, loin d’elle l’idée que ce cinglé avait une arme sur lui.

- Oy Vaï, souffla-t-elle revenant à la réalité et jetant la barre devant elle.

Une fois l’euphorie et les nerfs descendus, elle trouvait plus ça très marrant. Un mec la braquant et l’un des cadeaux Ian réduit à cet état. Les larmes lui montèrent enfin à l’œil, elle qui s’était efforcée d’être si constante depuis le début de cette rencontre.

Barbie était horrifiée à l’idée de faire une fellation à Karim. Non pas qu’il était dégueulasse, il était même plutôt sexy. Tout le contraire d’un viol qui en revanche n’était pas sexy et vraiment dégueulasse. Elle tomba à genoux devant lui, son égo en prenait un coup. Elle avait déjà fait ce genre de mise en scène avec Allan, mais ce n’était qu’un jeu qui l’excitait. Hors là, elle se sentait sale à l’idée d’être réellement obligée de le faire. Ses yeux étaient face au sexe en érection de Karim, le batard en revanche était vraiment excité par ce renversement de situation. Si elle n’avait pas eu une arme froide contre sa tempe, Barbie aurait pu lui mordre et s’en allait en courant. Elle ferma les yeux, la bouche close, espérant que ces quelques secondes de noir allaient retarder le déshonneur à venir, si elles n’avaient pas le mérite de faire disparaître Karim. Dieu merci, une voix familière vint déranger les intentions de Karim et sauvait Barbara avant qu’elle se souille. C’était Moke, une de ses amies, qui par la grâce de Dieu passait par là. Le destin faisait bien les choses finalement.

Barbara détourna la tête quand Karim donna des à-coup sur ses lèvres, avant d’être rappelé à l’ordre par le bout froid de son pistolet. Elle ouvrit les yeux. Moke était une de ses grandes amies de fête, elles étaient les reines de toutes les soirées avec leurs danses endiablées. A l’époque où Barbie buvait pour s’amuser et pas pour noyer son chagrin et allait faire des scandales devant les maisons de ses exs. Elle l’avait d’ailleurs connu plus réactive et plus agressive avec les mecs qui devenaient un peu lourds durant leurs épopée festives. Qu’attendait-elle pour prendre une barre de fer et défoncer le crâne de ce connard. Elle lui jeta un petit regard effrayé, pour la manier un peu, qu’on se rappelle qu’elle était là. A genoux, avec un canon de révolver pointer sur son cerveau. Telle père, telle fille.

- Laisse-moi partir, implora-t-elle Karim.

Ces mots lui auraient arraché le cœur et son égo dans d’autres circonstances, mais instinct de survie oblige, elle n’avait carrément rien à foutre de paraitre pathétique. Elle voulait juste se sauver et courir au premier poste de police.

Code:

Je t'en ferais une tout à l'heure pour me faire pardonner...

Dure journée. Barbie regarda l’arme de Karim, quand celui-ci lui dit de se relever, avec toujours autant d’effroi. Quel taré. Barbara accepta volontiers la main de Moke qui venait l’aider à se relever. Heureusement qu’elle était là, par pour l’aider à se relever, mais car sans Moke, Barbie aurait certainement fini violée sur le terrain vague par Karim, humiliée et sans voiture. Barbie souffla en regardant l’état de sa voiture, si elle avait su elle serait allée la récupérer en douceur avec Moke, plutôt que de la fracasser dans un excès d’hystérie à fin que Karim ne puisse la vendre. Barbie allait avoir un sacré malus sur son assurance, comme le commun des mortels, puisqu’elle ne voulait pas avoir à demander de débloquer un peu de sous sur son compte à Becca. Elle était beaucoup trop fière.

- Jte demanderai même pas d’où est-ce que tu connais ce taré, dit Barbie, en voulant bien entendu en savoir plus que ce qu’elle laissait sous-entendre.