Business first ? Or personal interest ? (Beth)

Laureen avait un problème. Bon elle en avait plusieurs. Mais celui ci était de ceux que l'on ne peut résoudre sans un bon avocat. Et comme le hasard faisait bien les choses, il se trouvait que l'une de ses amies les plus proches était avocate. Beth. Les deux femmes s'étaient considérablement rapprochées depuis quelques temps, surtout depuis que Laureen avait écouté les conseils de Beth et avait tout fait pour sauver son fils en perdition en partant à Paris pour l'emmener dans l'un des meilleurs centres pour jeunes à problèmes. Et que Beth avait décidé de lui confier certains de ses ennuis avec ses fils, et son ex-mari. Même si Laureen n'était pas fan de son nouveau fiancé, la jeune maman garda ses impression pour elle, car elle ne voulait pas mettre à mal son amitié un peu particulière avec l'avocate. La jeune femme débarqua en trombe dans les bureaux de Spencer and Associates. Elle n'avait pas pris de rendez-vous. Tant pis, Beth ne lui en voudrait pas pour cet affront. Du moins Laureen l'espérait. Elle trépigna légèrement dans l'ascenseur, qui semblait plus long que prévu. Dès que les portes s'ouvrirent, la jolie dominicaine sorti de l'ascenseur et marcha d'un pas rapide vers le bureau de Mme Spencer. Qu'elle trouva vite. Elle se retourna, légèrement dépitée, et s'apprêta à partir quand elle remarqua Beth qui sortait d'un des bureaux adjacents.

- Beth ! Enfin te voilà ! Il faut que je te...

Laureen se rendit compte que son éclat de voix n'était pas passé inaperçu. De nombreux employés du cabinet sortirent de leurs bureaux, légèrement inquiets. Car peu de personnes osaient apostropher Beth de la sorte, sans risquer l'immolation ou pire encore. Certains finirent par se détendre en voyant qui venait de parler. En effet, ils connaissaient les relations des deux femmes et savaient qu'elles étaient amies. Même si cela n'avait pas toujours été le cas. Mais un regard de Beth suffit à la plupart d'entre eux - voir tous - et ils se dépêchèrent de retourner à leurs tâches parfois barbantes. Laureen sourit à Beth, légèrement honteuse. Son entrain avait été un peu plus vif que prévu mais elle avait absolument besoin de parler à son amie. Elle reprit d'un ton plus égal.

- parles. Pourrait-on discuter dans ton bureau ?

Elle fit la bise à la mère de la petite Prudence et la laissa les diriger vers le plus beau et plus grand bureau de tout l'immeuble.

De temps à autre, Beth aimait s'échapper en s'enfermant dans son bureau chez Spencer and Associates. Son bureau professionnel était en quelque sorte sa bouffée d'oxygène, et dans le contexte actuel, il lui arrivait même de rentrer du bureau à minuit passé. Histoire d'éviter un maximum son futur mari, et d'éviter de sombrer dans une profonde dépression.
La brillante avocate venait de raccrocher au nez d'un confrère, qui venait de lui annoncer que son cabinet allait attaquer une de ses clientes pour diffamation. Beth avait encore une fois su régler le problème avec tact et surtout de façon radicale, et le pauvre avocat minable de second zone venait de se prendre une chasse mémorable qui allait rester à jamais graver dans sa carrière professionnelle. Beth Preston trouvait toujours les bons arguments, elle repérait immédiatement les points faibles de ses adversaires, et c'est pour ça qu'elle était si redoutable et la meilleure dans son domaine.

Beth avait besoin de prendre l'air. Une pause s'imposait. Alors qu'elle sortait tout juste de son bureau, complètement écarlate suite à l'altercation avec Me Bean, Beth entendit quelqu'un hurler, et hurler son nom ... Sans réfléchir, et par réflexe, sans même savoir qui réclamait après elle, elle se mit elle aussi à crier :

- Est-ce que j'ai une tête à ce qu'on vienne me déran ...

Sa phrase resta en suspend quand elle se rendit compte que l'attaque surprise provenait de Laureen, une de ses amies, d'ailleurs, à vrai dire, l'une de ses seules amies. Beth avait rarement eu d'amie, du fait de son caractère si prononcé, et ce depuis la plus tendre enfance, alors après toutes les épreuves qu'elle était en train de traverser, même si elle voulait se persuader que l'amitié ne servait à rien et que dans la vie, elle n'avait besoin de personne, elle se radoucit, ne voulant pas essuyer à nouveau un échec cuisant d'une tentative d'amitié de la part d'une personne qu'elle considérait, ce qui là aussi, était chose rare.

Elle s'empressa donc de revêtir son plus beau sourire, un beau sourire ultra bright à la Beth Preston, qui pouvait paraître faux et surjoué, mais qui en réalité ne l'était pas. Beth avait juste besoin de toujours être dans l'excès, surtout en société.

- Laureen ! Quelle mouche t'a piquée ! En effet une discussion plus discrète serait préférable.

Les deux femmes entrèrent dans le bureau magnifiquement décoré par une décoratrice de renom, sur les directives bien entendu de Mrs Preston ! BEth lui fit signe de s'asseoir sur l'un des fauteuils chaleureux et confortables qui se trouvaient dans la partie détente de son bureau, prit place elle aussi en s'asseyant avec élégance, et sourit à nouveau à son amie, un sourire moins forcé et plus sincère.

- Que t'arrive-t-il ? Me dit pas que tu t'es mise dans un sale pétrin en essayant de tuer quelqu'un. J'ai décidé de lâcher les affaires d'homicides, ça faisait trop monter ma tension ...

Laureen suivit Beth dans son bureau et regarda cette dernière s'installer sur l'un de ses somptueux fauteuils. Elle en fit donc de même et décida de ne pas trop tarder, car elle sentait que son amie voulait connaitre la raison pourquoi elle avait débarqué en trombe dans ses bureaux. Elle sourit en entendant la jeune femme parler d'homicide. Non, depuis 20 ans, Laureen n'avait tué personne. Et encore, elle n'avait pas tué Gabriel, c'était Lucas qui s'en était chargé. En le poussant de la falaise. Mais bon, ça, personne n'avait besoin de le savoir. C'était leur secret à eux.

- Encore désolée. Je sais que tu es très occupée avec ton mariage... D'ailleurs en parlant de ça si tu as besoin que je revois encore une fois avec les organisateurs...

En effet, son parcours de responsable de communication aidant, Laureen avait conservé de très bonnes relations avec de nombreux organisateurs de mariages et avait aidé Beth à trouver l'équipe parfaite pour organiser son futur mariage. Et bien que la jolie dominicaine aurait adoré parler de cela plus longtemps, elle n'oubliait pas pourquoi elle était venue et surtout que Beth devait avoir autre chose à faire, sachant qu'elle n'avait pas pris de rendez-vous - bien qu'elle n'avait pas besoin de rendez-vous pour voir son amie. Elle s'ajusta sur son siège et se reprit, un petit sourire contrit aux lèvres.

- Je m'égare. Désolée. J'ai besoin que tu m'aides avec un problème d'ordre personnel... Mais qui nécessite un avocat.

Respirer, souffler... La jeune femme semblait avoir oublié comment faire. Elle parlait vite, sans prendre le temps de ralentir. Elle avait l'impression que le temps jouait contre elle, et qu'il allait la rattraper à tout instant pour lui retirer tout ce qu'elle avait pris le temps de construire. Elle entortilla une mèche autour de son doigt comme elle faisait toujours lorsqu'elle était stressée et ce, depuis qu'elle était petite. Maudit tic. Et maudits problèmes. Elle souffla un bon coup comme pour se donner du courage et décida de se lancer. Après tout, Beth était certes son amie, mais elle était surtout une excellente avocate. Et il n'y avait qu'elle qui pouvait l'aider.

- Voilà, comme tu le sais, Lucas n'a pas franchement apprécié mon escapade à Paris avec les enfants, et ce, même si c'était pour le bien d'Erwan. Il a cependant compris pourquoi je l'ai fait. Seulement voilà, sa nouvelle et merveilleuse nouvelle petite amie a décidé de lui mettre en tête l'idée de me poursuivre en justice pour avoir emmener les enfants loin de lui. Et donc de réclamer la garde exclusive. Elle déteste les enfants, mais elle serait prête à n'importe quoi pour me faire du mal. Et Lucas est tellement obnubilé par elle qu'il se laisse manipuler. Je ne sais plus quoi faire...

Laureen semblait à bout. Elle en avait marre de toutes ces idioties, qui ne lui donnaient que des mots de tête. D'un air légèrement désespérée, elle regarda son amie, qui était celle qu'elle considérait comme sa dernière chance.

Quand il avait fallut choisir les témoins de mariage, Beth s'était tournée naturellement vers Laureen. Et elle n'avait pas été déçue de son choix puisque cette dernière avait pu la mettre en relation avec les meilleurs. Enfin, personne ne pouvait répondre exactement aux exigences ultra pointues de Mrs Preston, mais en tout cas, ils faisaient plutôt bien l'affaire. Peut-être ne voudraient-ils plus jamais entendre parler d'elle, ou de Laureen, après ce mariage, mais ça, Beth s'en fichait.

- T'inquiète pas, tout est sous contrôle. Par contre, il faudra qu'on trouve un moment toutes les deux pour aller ensemble choisir les fleurs. Je ne fais pas confiance aux goûts d'Edgar pour m'aider à trancher.

La parenthèse mariage refermée, Beth retrouva son professionnalisme et écouta avec attention, non pas son amie, mais sa cliente. Elle était soulagée d'apprendre que Laureen n'avait rien fait de grave, car même si, en règle général, se défouler avec des affaires bien corsées lui permettait d'oublier ses soucis, elle ne se sentait pas trop de taille à affronter l'Everest en ce moment. Alors quand Laureen eut fini de lui raconter son souci, elle ne put que se frotter les mains, afficher un grand sourire, et penser que tout ceci ne serait qu'un simple jeu d'enfant. Elle se leva d'un bond, se dirigea vers son bureau, attrapa quelques dossiers et de quoi écrire, et commença à griffonner quelque chose sur son bloc notes. Elle regarda Laureen et lui dit enfin :

- Ne t'en fais pas, on va en faire qu'une bouchée de ces deux là.

Elle lui prit la main, et la serra, pour lui montrer qu'elle était là et qu'elle pouvait compter sur elle. Puis, elle mit de côté à nouveau leur amitié et se mit au travail :

- As-tu déjà vu Lucas avoir un geste déplacé envers les enfants ? Les a-t-il déjà frappé ? A-t-il déjà été seul avec vos filles ? As-tu remarqué un peu trop de complicité avec ses filles ? Et elle, tu l'as déjà vu s'occuper de tes enfants ? As-tu une raison de penser qu'elle est violente avec eux ? Il me faut toutes les preuves que tu pourras trouver, ou créer, qui prouveront qu'ils mettent en danger les enfants. Ça va être sanglant, Laureen. Ça va être sale, mais ça en vaut la peine. Tu dois te battre pour eux.

Ne dites jamais à Beth qu'elle est extrême, non jamais. Car rien ne fait peur à Beth Preston, pas même le fait de prouver qu'un père a eu des attouchements envers ses jeunes enfants, ou qu'une belle-mère frappe les enfants de son nouveau mari. Même sans aucun fondement.

Laureen acquiesça sagement en entendant Beth parler. Pas de soucis pour les fleurs, c'était déjà prévu dans son planning qui ne laissait pas place à l'imprévu. Comme celui de l'avocate d'ailleurs. C'est aussi pour cela que les deux jeunes femmes s'entendaient si bien. Elles connaissaient le sens des responsabilités, et n'avaient pas peur de prendre part à des conflits souvent contrôlés par la gente masculine. Elles siégeaient toutes deux aux conseils d'administration des entreprises respectives de leurs pères, et bien que beaucoup y voit du piston, leur travail et leur acharnement avaient forcé le respect de leurs ainés et de leurs employés. Laureen secoua la tête lorsque Beth évoqua des gestes déplacés qu'aurait pu avoir Lucas envers ses enfants. Bien qu'elle comprenait où son amie voulait en venir, elle ne pouvait s'empêcher de penser au ridicule de la situation. Lucas, violent envers leurs enfants ? Ou pire encore ? Jamais de la vie. Celui-ci préfèrerait sans doute se couper tous les membres avant d'oser lever ne serait-ce que le petit doigt sur leur descendance, qu'il avait toujours trouvé parfaite, à leur image. Ou plutôt à l'image de Laureen. Il lui avait souvent dit qu'il avait une chance inouïe qu'elle l'ai choisi, et ce, même si la jeune femme pensait souvent que c'était le contraire. Elle revint à l'instant présent et se concentra sur Beth et ce qu'elle avait à lui répondre pour l'aider à préparer la contre-offensive.

- Beth, tu sais très bien que Lucas est parfait avec les filles. C'est le père idéal. Par contre avec Erwan... Non oublies, même s'il ne l'a jamais accepté comme son fils, il a toujours été bon. Quoique souvent pressé de l'interner. Quand à elle... - Laureen avait encore du mal à dire le nom d'Adriana-pute - Je ne lui fais pas confiance autour de mes enfants. C'est pour cela qu'ils vont le moins souvent possible chez leur père. Autumn m'a dit qu'elle lui a proposé à plusieurs reprises de la "brancher" - elle mima les guillemets - avec des clients. Et qu'elle voyait en Ana et Linor un fort potentiel. Mais bon, après tout, rien d'étonnant à cela, vu comment elle a traité sa propre fille. Manny n'a jamais compris comment une enfant aussi douce que Selena pouvait venir d'un monstre comme elle.

Laureen n’était définitivement pas comme Beth. Elle était quelqu’un de raisonné et de juste. A sa place, Beth n’aurait pas hésité une seconde à accuser son ex mari des pires horreurs : attouchements sur ses enfants, viol de la baby sitter, coups et blessures volontaires sur sa personne. Elle serait même allée jusqu’à s’esquinter elle-même – en évitant d’abîmer son parfait visage bien sûr -, si cela lui avait permis d’obtenir gain de cause et d’empêcher son ex d’approcher ses enfants et de faire partie encore de leur vie. Oui, Beth n’avait aucun scrupule à employer les grands moyens, et ça lui avait toujours réussi. Ce tempérament lui venait de son père, et elle en était fière. Ado, elle avait même fait croire que sa gouvernante avait volé sa médaille de baptême, uniquement pour que ses parents la renvoient. En réalité, Beth avait perdu sa médaille au cours d’une partie de jambes en l’air avec Adrian, et il était hors de question qu’elle reconnaisse ses erreurs.
Le fait que Laureen décrive Lucas comme le père idéal avec ses enfants contrariait quelque peu les plans de l’avocate. Mais quand elle évoqua Adriana, cette femme sans aucune classe ni élégance, Beth ne put s’empêcher de se frotter les mains. Elle lui servait de l’or sur un plateau.

- Ok, passons le côté glauque pour ton ex. Concentrons-nous sur Adriana. Déjà, il faudrait que je puisse entendre ta fille. Le reste sera un jeu d’enfant, et obligera Lucas à faire un choix : renoncer à sa pute, ou à ses enfants. Je te jure, cette femme n’aura plus l’occasion d’approcher ne serait que d’un cheveu de tes magnifiques poupées.

Elle s’empressa de griffonner à nouveau quelques notes en guise de mémo qu’elle relierait plus tard. Elle releva la tête et conclut en disant :

- Mais je te préviens, il faut t’attendre à ce que tout ça ne soit pas très catholique. Il va falloir que tu arrêtes d’être trop gentille Laureen, et de toujours vouloir dire la vérité. Parfois, les mensonges sauvent des vies. Crois-moi, je sais de quoi je parle.

Du sale. Beth lui demandait de se préparer à faire dans le sanglant. Et bizarrement, l’idée de couper l’herbe sous les pieds d’Adriana, et de faire comprendre à Lucas que sa future ex-femme aurait toujours un coup d’avance sur lui faisait quelque peu plaisir à Laureen. Mais elle n’en était pas pour autant mesquine et essaya de trouver de quoi nuancer les propos de Beth qui semblait prête à monter sur son cheval de justice pour se battre férocement et tout ravager sur son passage. Laureen sourit légèrement en entendant son amie parler de mensonge, un terrain sur lequel les deux femmes avaient beaucoup de pratique.

- Crois-moi Beth, je sais également de quoi tu parles. Le mensonge ne m’a jamais dérangé, surtout quand il était nécessaire et qu’il me permettait de protéger les gens que j’aime. Et tu le sais aussi bien que moi.

Le petit regard entendu de Laureen suffit à Beth pour se souvenir de certains des petits secrets de son amie. Sans lui avoir tout dit – car la jeune dominicaine elle-même ne tenait pas toute la vérité – Beth était au courant de son histoire passée avec Gabriel, avant qu’elle arrive à Degrassi et de tous les problèmes que cela avait engendré. Mais Laureen n’avait pas encore révélé sa nuit passée avec Gabriel, juste avant l’explosion, ni même son kidnapping. Car même si elle adorait Beth, elle ne se sentait pas encore prête à partager ce lourd secret avec l’avocate. Après tout, celle-ci aussi avait des secrets bien cachés pour la jeune femme. Elle reprit doucement.

- C’est juste que… Ce n’est pas de la faute à Lucas s’il n’a pas les pensées claires en ce moment. Il a toujours été trop fleur bleue et prêt à faire n’importe quoi pour me satis… pour satisfaire la femme qu’il aime.

A force d’avoir été dans la seule femme dans la vie de Lucas, elle n’avait pas encore l’habitude de ne pas se placer comme la femme qu’il aimait plus que tout. Décidément, Laureen se trouvait de plus en plus pathétique.

En temps normal, Beth aurait explosé et aurait secoué son amie, lui disant qu'elle devait se ressaisir, se battre, sortir les griffes et tout faire pour salir et même enterrer son ex. En temps normal, Beth aurait fait semblant d'écouter Laureen mais aurait monter une attaque offensive sans consulter son amie et l'aurait mise devant le fait accompli le jour du jugement. En temps normal, Beth aurait tout fait pour que cette affaire ne s'éternise pas, pour qu'Adriana disparaisse de la vie de Laureen mais aussi de Lucas.
Sauf que Beth comprenait Laureen. Laureen était encore attachée à son ex mari tout comme elle l'était encore à Adrian malgré toutes les épreuves qu'ils avaient traversé et qui les avaient déchirés. Après tout, tout comme Beth et Adrian, Laureen et Lucas avaient fondés une famille ensemble, ils avaient tout partagé pendant des années, et voir son couple voler en éclat, ce n'est jamais agréable.
Beth compris qu'elle devait se calmer, et se comporter, au moins pour quelques minutes, en amie et non pas comme une avocate ultra efficace mais sans scrupules.
Elle adressa donc à Laureen un regard compatissant et compréhensif, et dit d'une voix douce.

- Laureen ... Es-tu toujours amoureuse de Lucas ?

Beth invitait Laureen à la confidence entre amies, car elle sentait que Laureen avait un poids sur les épaules dont elle devait se débarrasser. Et elle aussi. Peut-être lui avouerait-elle qu'Adrian est de retour en ville et qu'il n'a pas signé les papiers du divorce ... Au lieu de faire comme si tout allait bien, elle aussi ...

Beth venait-elle sérieusement de lui demander si elle était toujours amoureuse de Lucas ? Son amie la connaissait suffisamment pour savoir où était la vérité. Bien sûr qu’elle aimait Lucas. Elle l’avait toujours aimé. Il était le seul qui avait toujours compté. Alors oui, elle avait fauté, mais Laureen n’avait jamais vu son futur et sa vie avec un autre homme que lui. Dès l’instant où elle l’avait rencontré, c’était comme si son passé n’avait jamais existé. Presque comme si elle s’était offerte une seconde virginité. Et même si Gabriel était revenu dans leur vie, mais il en avait été chassé bien vite pour les laisser enfin vivre heureux et amoureux comme au premier jour. Alors certes ils avaient désormais des différends, mais la jolie dominicaine espérait secrètement qu’ils finiraient par se remettre ensembles. Car c’était après tout là où ils devaient être. L’un avec l’autre et leur famille complète. Mais en même temps, il avait choisi de vivre sa vie d’une autre façon. Et elle ne pouvait lui imposer sa présence s’il ne voulait plus la voir. Mais par contre, elle pouvait empêcher que ses enfants aient à souffrir de la situation en fréquentant notamment la nouvelle copine de leur père. Lucas était trop borné et stupide lorsqu’il était amoureux pour voir la vérité en face, mais Laureen connaissait exactement le genre de personne qu’était Adriana. Et ce n’était absolument pas quelqu’un de bien. Elle avait commis plus de fautes et de délits aux yeux de Laureen que personne – hormis Gabriel – n’en aurait jamais commis. La jolie dominicaine soupira doucement avant de se concentrer de nouveau sur son amie, qui semblait attendre sa réponse avec impatience. Elle tenait absolument à lui faire comprendre son point de vue pour qu’il n’y ait pas de confusion.

- Beth… Tu connais ma réponse. C’est comme si je te demandais si tu étais toujours amoureuse d’Adrian. Et ce même si tu comptes épouser Edgar. Mais il est avec Adriana, et je refuse que cette femme pose ne serait-ce que le regard sur mes enfants. Elle est toxique.

Beth connaissait en effet la réponse de son amie, mais ce qu'elle voulait surtout savoir, c'était si elle était prête à tout faire pour le récupérer plutôt que se démener à faire de sa vie un enfer. Beth comprenait aussi en tant que mère que Laureen ne supporte pas qu'une autre femme puisse interférer dans leur éducation. Là dessus, Beth avait toujours été claire envers Adrian. S'il se remariait, ou s'il fricotait avec la moindre minette, jamais elle n'autoriserait qu'une autre femme puisse s'occuper de leurs enfants qu'elle. Et les nourrices ou jeunes filles au pair qu'elle engageait. De toute façon, jamais Beth n'aurait cédé à Adrian une quelconque garde des enfants. Elle ne lui aurait jamais fait confiance.
Beth acquiesça du regard et attrapa la main de son amie, comme pour la réconforter. Car après tout, même si cette situation n'était pas récente, elle en souffrait toujours autant.

- Je sais ce que tu ressens Laureen. Jamais de la vie je ne laisserai une autre femme que moi s'occuper de mes enfants ... et même si cette autre femme était toi ou Ridley. On va se concentrer sur Adriana, et je te promets de ne pas incriminer Lucas devant le juge. Enfin, pas trop.

Beth se mordilla la lèvre, nerveuse. Elle hésitait à parler d'Adrian à Laureen, de peur que cette dernière la ramène à la réalité : elle devait épouser Edgar et Adrian l'avait déjà trop fait souffrir. Elle toussota, écrit en gros ADRIANA sur sa feuille qu'elle entoura plusieurs fois en rouge, puis se lança :

- En parlant d'Adrian, il vient de m'apprendre qu'il refusait de divorcer. Tu y crois à celle là ?

Beth se mit à rire nerveusement, pour ne pas fondre en larmes.

Laureen était entièrement d'accord avec Beth. Personne ne saurait aussi bien qu'elle comment s'occuper de ses enfants et surtout pas une femme comme Adriana. Elle était le mal personnifié et peu importe ce qu'elle ferait, jamais elle ne la ferait changer d'avis sur elle. Pour Laureen, Beth avait entièrement cerné le problème et savoir que Lucas serait quelque peu épargné par toute cette guérilla lui mettait un peu de baume au coeur. En entendant son amie parler d'Adrian, la jeune femme ne put s'empêcher d'avoir un pincement au coeur pour Beth. Son histoire avec le basketteur avait été très compliquée et elle était loin d'être finie. Et elle savait mieux que personne que malgré les apparences, son amie souffrait particulièrement de la situation.

- Je te mentirais en disant que ça m'étonne. Adrian et toi avez vécus tellement d'épreuves... Et malgré l'infidélité, il reste l'homme de ta vie.

Comme pour réconforter son amie qui semblait sur le point de craquer, Laureen s'installa aux côtés de Beth et la serra dans ses bras. Elle était exactement dans la même situation que Beth et la comprenait plus que jamais. Lucas était l'homme de sa vie, et le divorce dont tout le monde parlait n'avait toujours pas été signé, preuve que leur amour était encore très fort malgré les disputes et les infidélités. La dominicaine relâcha quelque peu la pression sur son amie et attrapa ses mains pour lui montrer qu'elle serait là pour elle quoiqu'elle choisisse.

- Et toi ? Qu'est-ce que tu penses de tout ça ? Y a t-il une chance pour votre couple ? Et pour que tu mettes fin à cette mascarade avec Edgar ?

Laureen n'avait jamais caché son aversion pour Edgar Shawell. Elle ne l'avait rencontré que quelques fois au cours de diners organisés par Beth, et n'avait pas du tout été séduite par ses manières de manipulateurs derrière ses costumes de créateurs - oui oui, ça rime.

Beth aurait aimé que son amie la raisonne et lui dise qu'elle ne devait même plus penser à Adrian ne serait-ce qu'une seconde, et qu'elle devait tout faire pour obtenir les papiers du divorce définitivement signés et ainsi pouvoir épouser Edgar en secondes noces. Mais son amie lui tint le discours inverse, preuve au fond qu'elles se connaissaient bien. Seules les personnes qui ne connaissaient pas personnelle Beth Preston pouvaient croire au mariage de Shawell et Spencer.
Laureen avait mis le doigt exactement là où il fallait, mais aussi là où ça faisait mal : malgré tout ce qu'ils avaient pu traverser - et même si officiellement Adrian était le seul à avoir été infidèle - ils étaient fait l'un pour l'autre et pour la vie. Ca ne faisait aucun doute. Tout comme Laureen et Lucas au fond.

- Oui, tu as raison ... un peu comme toi et Lucas finalement ...

Beth avait dit cela calmement. Elle sentait les larmes monter. Son amitié avec Laureen lui permettait de craquer, même si elle n'aimait pas ça. Recevoir l'étreinte de son amie la rassura et lui donna la force de se confier. En ce moment, elle acceptait de se dévoiler, de faire tomber le masque et d'afficher ses faiblesses. Elle ne pleura pas, mais elle en était proche. Parler lui ferait du bien et la libérerait.

- Mon Dieu Laureen, si tu savais comme je l'aime. Quand je l'ai revu, j'ai cru mourir, et maintenant que je sais qu'il veut tout faire pour me reconquérir, je craque encore plus. Mais Edgar ne permettra pas une telle chose. Parfois, je me demande si je vais pouvoir être à nouveau heureuse ...

Beth serra fort les mains de Laureen. Elle aurait aimé lui demander de l'aide, mais elle savait qu'elle était dans une impasse, et que la seule issue était fatale.

Aux yeux de la mère de famille nombreuse, Adrian était un peu comme Lucas. Tous deux avaient été noyés par l'ambition de la femme de caractère qu'ils avaient pris pour épouse, et le seul moyen de compenser avait été de tromper la femme de leur vie avec quelqu'un de leur passé. Mais à la différence de Lucas, Adrian avait au moins le cran de revenir et de chercher à réparer ses erreurs. En refusant de signer les papiers du divorce, il montrait à Beth qu'il tenait encore à eux et qu'il n'avait pas fini de se battre pour elle. Et rien que pour ça, il avait mérité un peu du respect de la dominicaine - bien que les infidélités dont il avait fait preuve ne parvenaient pas à être compensées. Laureen aurait adoré que Lucas en fasse de même mais visiblement son mari ne devait pas tenir suffisamment à elle pour que ce soit le cas. La jeune femme préféra donc se concentrer sur son amie, qui semblait plus que jamais avoir besoin de son soutien.

- Beth... Tu n'arrêtes pas de me parler de ce qu'Adrian veut, de ce qu'Edgar veut. Mais toi, qu'est-ce que tu veux réellement ? Il faut que tu arrêtes de laisser les autres diriger ta vie, car même si d'extérieur tu sembles tout contrôler, on sait toutes les deux que tout ça te fais terriblement souffrir... Et s'il y a une personne qui ne devrait pas souffrir, c'est bien toi.

Oui, Laureen pensait vraiment que son amie méritait d'être heureuse et que la souffrance n'avait pas lieu d'être dans sa vie. Beth était quelqu'un d'exceptionnel quand on prenait la peine de la connaitre et même si la dominicaine se doutait que son amie lui cachait encore des choses - elle même n'étant pas en reste - elle savait aussi que Beth n'avait pas forcément imaginé sa vie comme ça, avec tous ces déboires et ses ennuis. Tout comme elle d'ailleurs.

Les paroles de son amie résonnèrent dans la tête de Beth Preston. Elle avait vu juste : Beth avait laissé les autres diriger sa vie depuis le jour où elle s'était laissée aller, depuis le jour où Cruz était devenu sa plus grosse faiblesse. Depuis cet instant, elle n'avait plus rien contrôlé de sa vie, et n'avait tenté à chaque fois que des sauvetages, comme ce mariage avec Shawell. Aujourd'hui, elle était prisonnière de sa propre vie. Mais Beth estimait qu'elle le méritait. C'était une sorte de peine qu'elle s'infligeait à purger elle-même, pour ce qu'elle avait fait. Peut-être qu'une fois mariée à Edgar, elle arriverait à se pardonner ce qu'elle avait pu faire et pourrait reconstruire sa vie. Adrian avait tout fait foirer. Maintenant, il était lui aussi sa nouvelle faiblesse et Beth était prêtre à prendre des risques démesurés pour lui. Pour qu'ils puissent vivre heureux, ensemble.
Laureen était trop gentille envers elle, mais elle ignorait à quel point Beth était coupable dans tout ça et méritait ce qu'il lui arrivait.

- Ce que je veux vraiment, c'est revenir en arrière, mais ce n'est pas possible ...

Beth soupira et baissa les yeux.

- Tu es adorable Laureen, mais crois moi, je mérite tout ça et le bonheur n'est plus pour moi ...

Elle ne pouvait pas en dire plus à Laureen, car elle en mourait si son secret se savait, mais elle ne pouvait pas non plus laisser son amie croire qu'elle méritait d'être heureuse, car ce n'était pas le cas.

Laureen comprenait où son amie voulait en venir, mais elle ne parvenait pourtant pas à croire qu'il s'agissait bien là de Beth Preston. Où était passée la femme combative qu'elle connaissait ? Elle ne pouvait pas croire qu'il y avait des épreuves suffisamment difficiles qui avaient fait de cette guerrière amazone une femme abattue par des problèmes qui lui paraissaient insurmontables. Or, rien n'était insurmontable pour l'avocate en temps normal. C'était d'ailleurs pour cela qu'elle l'avait choisi pour la représenter dans son divorce avec Lucas qui n'allait sans doute jamais avoir lieu. Laureen reprit les mains de son amie et força cette dernière à la regarder dans les yeux.

- Tu n'es pas une sainte, et alors ? Personne ne l'est. On a tous fait des choses dont on est pas fiers pour en être là où en est et après ? Personne n'a le droit de te juger ou de te pousser à te dénigrer. La Beth Preston - Laureen avait bien insisté sur le nom de famille marital de son amie - que je connais ne laisserait personne l'arrêter et se mettre entre elle et ses objectifs. Soit heureuse Beth, et vis ta vie comme tu l'entends. Demain il sera peut-être trop tard...

Laureen ne savait pas trop d'où lui venait toutes ses bonnes paroles, et surtout pourquoi elle se permettait de donner ce genre de conseils à son amie vu qu'elle n'en appliquait pas la moitié mais elle devait à tout prix l'empêcher de sombrer. La forte et indépendante Beth qu'elle connaissait aurait réglé tout cela en deux temps trois mouvements. Elle n'avait pas envie de voir son amie se dévaloriser sous prétexte qu'elle avait fait des erreurs. Laureen était elle même une pécheresse invétérée, mais elle savait aussi que si elle ne cherchait pas elle même à se saisir du bonheur qui lui était dû, personne ne le ferait à sa place. Et il était temps que Beth se remémore à quel point elle était forte et indépendante. Et surtout qu'elle n'en faisait toujours à sa tête.

» Beth, Beth, Ma douce Beth...
» Loan's personal diary - 2014 -
» Maman & avocate Beth
» Commissariat : Convocation de Beth
» Edgar+ Beth = Edgethcest - Keep It In The Family

Business first ? Or personal interest ? (Beth)

Business first ? Or personal interest ? (Beth)

Sujets similaires

Sujets similaires