Barbara appréciait ce moment où Charlie trouvait du réconfort en son épaule. Elle laissa échapper un petit gloussement quand sa cousine lui rétorqua qu’elle l’écœurait moins que Lux. Encore heureux pensait Barbie, mais ce qu’elle voulait ce n’était pas l’écœurer du tout. Barbara voulait que leurs moments ensemble, leurs instants d’intimité aussi pervers pouvaient-ils être la séduisent. Elle voulait que Charlie accepte qu’elles s’entendent et surtout qu’elle cesse de faire sa pétasse en sa compagnie. Qu’elle revoit l’ordre de sa liste de victime, qu’elle arrête de se tromper d’ennemis auquel cas toutes ses méchancetés –ou pire son indifférence-  qu’elle lui balançait en plein visage, ne feraient que précipiter son envie de l’asservir et de la mettre plus bas que terre. Pour qu’une bonne fois pour toutes, Charlie Thomas ait les idées en place. Barbara n’aurait pas peur de se dévouer pour la faire chuter de son piédestal, des cousines se pardonnaient tout, alors des cousines, qui se gouinaient, pouvaient tout se permettre. Elle se contenta d’un hochement de tête en guise d’approbation à Charlie qui allait leurs chercher à boire. Un remontant serait le bienvenu. Une fois sa cousine plus loin, Barbara en profita pour répondre à Cruz. Ses doigts embellis par sa manucure tapotant à toute vitesse sur le clavier : « Tu plaisantes ? Arrête de faire la couille molle ! Elle t’a assez humilié pour la soirée. » Envoyé. Relevant la tête de son téléphone, elle regarda au loin dans quelle direction sa cousine était partie chercher à boire et ne put s’empêcher de sourire en voyant où elle était réellement. Sous ses airs de connasse je-m’en-foutiste, Barbara savait que Charlie était en train de bouillir depuis tout à l’heure, regardant du coin de l’œil son petit ami en tripoter une autre. Barbara avait presque envie de donner une médaille à se benêt de Wharol, Charlie était l’arroseuse arrosée et Barbie se surprit à penser que c’était bien fait pour elle, espérant qu'une chose : Que la Queen se fasse rembarrer devant tout le monde.

Quoi de mieux qu'arriver avec un peu de retard à une soirée, aussi clandestine soit-elle ? On ne s'embarrasse pas de saluer tout le monde sous prétexte de les avoir précédé... On peut se permettre de faire un simple aller-retour si l'ambiance est à chier. Ou alors, dans le cas inverse, on estime débarquer au parfait timing. A en voir ce qui se passait dans l'enceinte du lycée ce soir-là, Chloé ne regrettait pas d'être passée. Plus elle arpentait les couloirs et plus l'ambiance se voulait démentielle ! Les gobelets d'alcool passaient d'une main à l'autre, quelques duos coquins se formaient ci et là, la musique échauffait les corps et les esprits. Sentant elle-même la chaleur lui monter à la tête, elle passa ses mains dans ses cheveux pour les rassembler sur une même épaule, exposant sa nuque aux infimes et rares courant d'airs. Bon sang ! Quelle idée d'avoir passé une telle tenue ?! -Même si ce jeans moulait ses fesses à la perfection ! Passant à côté d'un ''casier mini-bar'', elle s'empara d'une bouteille de bière et jeta un coup d’œil autour d'elle. Et dire que tout ce beau monde jouaient les angelots en temps normal...

C'est alors qu'elle aperçu une partie de la clic des So Cool. Comment aurait-elle pu les éviter ? Ils étaient présent, quelque soit la soirée en question... Charlie, collée à son Warhol... Et puis non loin, la cousine -elle aussi collante-, alias Polly Pocket ou la prothèse sur pattes. Et bien proche d'elle, un brun qu'elle connaissait que trop bien. Ah ouais... Ok. Chloé bu une longue gorgée de bière, tout en observant ce qui allait suivre. Autant admirer le spectacle, histoire de jauger ce qui pouvait se passer  ou non en son absence. Et encore, elle avait loupé pas mal de choses, dont un baiser mouillé et une érection.

« Tu viens danser ? » -souffla-t-on dans son cou, alors qu'on s'était posté juste derrière elle. Aussitôt, elle se retourna et colla la bouteille fraîche sur le torse de l'ivrogne qui osait partager son haleine alcoolisée avec elle, en se rapprochant autant. Le remballer ? Un regard noir suffisait pour lui faire comprendre qu'il pouvait toujours rêver. S'empressant de reposer son regard sur -optionnellement- son mec et la poupée gonflable qui se tenait tout près de lui, elle eu la surprise de voir qu'en l'espace de quelques secondes, ils avaient disparu de son champs de vision. « Et merde ! »

Barbara allait répondre au texto que Cruz lui avait envoyé, mais entre deux aller-retour sur instagram et autres réseaux sociaux, Preston était déjà là lui demandant si elle était prête à partir. Là tout de suite ? Barbara jeta un regard en direction de Charlie qui était censée lui ramener à boire mais qui était trop occupée à empêcher son copain de se décharger dans une énième traînée degrassienne. Reposant ses yeux marron sur Cruz, elle hocha la tête et se leva. De toute façon, elle n’allait pas passer sa soirée sur ce banc à regarder les scandales de sa Charlie, telle une potiche. Cette soirée était pourrie à ses yeux, mais si la populace de Degrassi et le commun des mortels s’amusaient alors son pari de fête clandestine dans les locaux du lycée pour le retour du spring break était réussi. Elle se leva, hochant la tête en signe d’approbation est commença à s’élancer avec Cruz vers la sortie. Elle espérait que Charlie les regarde du coin des yeux, s’imaginant toute sorte de saloperie. Une jalousie naissante, le Diable ne sachant plus où donner de la tête entre son petit ami s’acoquinant avec une catin et sa cousine incestueuse se faufilant dehors avec le mec qu’elle avait décrété être un pariât. Barbie avait une envie irrésistible de partir en fou rire en imaginant la tête de sa cousine en les voyant partit, c’était nerveux mais elle se retint.

- Je te comprends Cruz… par rapport à ta relation avec Chloé, se surprit à dire Barbara.

Ses mots étaient sortis tout seuls de sa bouche mais ils restaient vrais. Tout le monde était contre eux depuis le jour où ils avaient eu le malheur de s’afficher. Vivre pleinement, comme ils le faisaient, serait une chose que Barbie ne serait jamais capable de faire. Elle devenait presque admirative de cette union qui était ridicule aux yeux des gens comme eux.

Va te faire foutre, pensa très fort Barbie. D’où est-ce qu’il se permettait d’être aussi condescendant à son égard alors que de la soirée, elle avait dû être la plus sympa avec lui. Si Cruz avait été étonné de l’entendre compatir au sujet de sa relation avec Chloé et ce que les gens disaient d’eux, Barbie était toujours bouche bée en repensant à la manière dont il avait formulé sa question. Les lèvres entrouvertes et fixant Cruz, la jolie brune arqua un sourcil interloquée. Elle était assez blessée qu’on lui renvoie cette image d’elle au moment où elle faisait un pas vers Cruz en tachant d’être sympa. Quand on lui disait que c’était une odieuse pétasse belle-à-mourir, Barbara le prenait bien et s’en amusait, car elle espérait qu’on ne la réduisait pas seulement à ça. Mais dans une conversation aussi « sérieuse », où elle faisait part de ses ressentis à Cruz et qu’il la traitait comme si elle était incapable d’avoir le moindre sentiment, c’était frustrant. Surtout car c’était faux, Barbie n’était pas qu’une flambeuse qui se déchaînait en soirée avec ses amis tous riches, parfaits et superficiels.

- Connard, c’est plus fort que toi ? lui demanda Barbara. C’est pas la peine de t’en prendre à moi pour ce que Charlie t’a dit tout à l’heure.

Cruz qui s’excusait sur le parking du lycée, cela valait bien toutes les bouteilles de Cristal du monde. Et lorsque Barbara aperçut son regard qui appelait à l’apitoiement, elle fit signe de la main que ce n’était pas très grave. Elle savait qu’il sur-jouait, mais le fait qu’il prenne la peine de se faire pardonner la toucha et l’amusa au fond elle. C’est vrai que Barbara n’était pas très douée pour montrer sa part de sensibilité, peut-être car elle était plus souvent dans un état de demi-conscience en temps normal, mais puisque cette soirée était l’une des rares où elle n’était pas trop défoncée pour réfléchir, elle s’était laissée aller plus facilement aux confidences. Retirant son masque de connasse débarquée tout droit de Manhattan qu’elle aimait tant porter à Degrassi, Barbie avait été à deux doigts de dégueuler tout ce qu’elle ressentait pour Charlie à Preston, l’amour, la haine et tous autres sentiments qui la confirmaient dans l’étiquette de drama-queen qu’on lui avait si souvent collé. Et si Cruz trouvait que c’était une chance de la découvrir sous cet autre jour, la jolie brune, elle, pensait que c’était une faiblesse de se mettre autant à découvert.

- C’est juste que j’aie déjà été dans une relation impossible, expliqua Barbie. Contraire aux normes de notre milieu... Je suis sûre que Beth  a eu la même réaction que si tu lui avais dit que tu étais pédé quand tu lui as présenté Chloé ?

Elle prenait cet exemple car dans sa situation, le malaise était bien celui-là. Que ce soit sa cousine était encore excusable, Charlie avait toujours été sa meilleure amie avant que sa tante Chanel lui annonce que Ian n’était nul autre que son père et que de ce fait, Charlie devenait sa cousine. Mais gouine était une autre histoire, aussi bien pour elle-même que pour le regard des autres. La bourgeoisie et l’homosexualité étaient tolérées que durant les partouzes où les mœurs devenaient plus légères pour la bonne cause ou pour les artistes. Mais si Ian se fichait bien que sa princesse s’adonne à ces pratiques qui l’excitaient plus qu’autre chose avec d’autres protagonistes, sa mère et « son père de toujours » étaient une autre paire de manche.

Barbara savait qu’en sous-entendant sa relation avec Charlie, elle allait attiser la curiosité de Cruz et si elle avait prévu, dans un premier temps, de tout lui raconter en remplaçant le genre féminin par un masculin et citant le nom d’un new-yorkais qu’il ne connaîtrait pas. La jeune fille prit soudainement la flemme de déballer toutes ses bourrasques sentimentales au nez de Cruz. Elle se rétracta et d’un signe de la main balaya les mots de son interlocuteur pour lui signifier que « ce n’était pas important de savoir qui était-ce ». Elle rigola en écoutant Cruz, elle imaginait plus sa folle de mère lui infligeait des sévices punitives, dans le genre bourreau du moyen-âge commençant pas lui couper les couilles, le sexe et finir par le bruler vif. La rigide Beth Preston ne laissait pas son nom évoquer la tolérance.

- Ta mère me semblait un peu moins ouverte que ça lorsque l’on formait le plus beau faux-couple de Degrassi, dit-elle sur le ton de l’humour.

Les deux so cool se rapprochaient de la voiture de Barba, le cabriolet que son père lui avait offert, il y a quelques mois et qu’elle voulait déjà remplacer par une voiture plus imposante. Elle regardait Cruz du coin de l’œil, elle était quasi sûre qu’une fois qu’ils seraient arrivés chez elle, qu’avec un coup dans le nez, elle lui raconterait toutes ses nuits passées avec Charlie et sa réputation serait finie. Qu’est-ce que cette univers été oppressant, sa relation d’amour à la haine avec sa cousine tout autant.

- Je t’admire un peu de t’être affranchi des codes et d’avoir sacrifié ta réputation pour … Barbara cherchait le mot idéal pour décrire ce qu’elle avait en tête. Avoir plus "d’oxygène", finit-elle par lâcher en mimant les guillemets.

Cruz et Barbara avaient disparu de la circulation. Chloé avait scruté les alentours sans succès,se faisant finalement une raison. Elle aurait pu littéralement péter un câble en s'imaginant toutes sortes de choses, mais elle n'en fit rien. Elle attirait suffisamment l'attention sur elle par le simple fait d'être en couple avec le jeune Preston, alors elle jugeait bien inutile d'en rajouter une couche. S'il y avait bien quelque chose qu'un membre des Bad Circle préférait éviter, c'était bien ça. Ou alors, il fallait marquer les esprits lors d'une bagarre ou d'un règlement de compte. Ce soir, Chloé n'était pas d'humeur à rouer de coup de Barbie. Et puis se battre avec elle c'était prendre le risque de perdre sa main, retenue prisonnière par une poignée de cheveux laqués.

Chloé jeta un coup d'oeil à l'horloge qui tenait encore par miracle sur le mur du couloir, et siffla ce qui lui restait de bière. Il lui fallait quelque chose de plus fort, et tout de suite. Elle se fraya un chemin parmi les lycéens, attrapant à la volée un grand gobelet rouge dans la main d'un fêtard. Ce dernier s'en plaignit, mais elle l'ignora complètement et et réveilla ses papilles avec ce qui semblait être de la vodka pomme. Sirotant son verre, elle sentit son portable vibrer à nouveau dans la poche de son jeans. Le nom de Cruz s'était affiché sur l'aperçu du message... Elle soupira, se demandant ce que lui voulait le potentiel futur Ken de Degrassi. Lui avait-il envoyé une photo des nouveaux seins de Barbie ? Elle aurait pu cramer son portable en renversant son verre dessus à cette simple vision. Elle ouvrit tout de même le texto et manqua de s'étouffer. Il se foutait d'elle ? « Je fais la fête. Pas toi ? » Envoyé. Court, simple, efficace et un brin amer.

Que tu me prennes en levrette sur ma voiture, pour me faire oublier les femmes et plus particulièrement Charlie. Mais à part ça, la belle brune ne voyait pas trop quelle autre utilité pourrait avoir Cruz dans sa vie. Même si sa proposition partait probablement d’un bon sentiment et même si elle lui avait dit quelques instants plutôt qu’elle était un peu admirative de son affranchissement aux codes, Barbara n’était pas sûre de vouloir être aussi libre que lui. Malgré tous les codes de leur société, et même si parfois elle ne se gênait pas pour les envoyer voler, elle adorait ce monde superficiel dans lequel elle vivait. Qui est la plus belle, la plus populaire ou la plus camée ? Aimée sa cousine de toute ses forces, tout en voulant faire une guerre insipide pour la faire chuter de son trône. Elle s’en contentait très bien, bien que parfois l’atmosphère fût un peu lourde.

- Tu plaisantes ? dit-elle dans un rire un peu nerveux. Ce n’est pas parce que je te trouve courageux que je veux te ressembler, finit Barbie en passant sa main manucurée sur l’une des joues de Cruz.

Barbie n’avait pas ses clefs de voitures, elles étaient dans son sac à main. Un brin dubitative, elle eut un moment de bug sur sa voiture. Comme si elle essayait de trouver un moyen de la faire démarrer sans les précieuses clefs. Il n’y avait rien d’important dans son sac-à-main, tout était hors de prix et avait de la valeur mais rien n’était irremplaçable pour son porte-monnaie. Quoiqu’en y réfléchissant bien quelque chose n’avait pas vraiment de prix, c’était son portable et tous les sms salaces qu’elles s’envoyaient avec Charlie dans des moments d’euphories partagés qu’elle aimait relire quand elle était triste, sans oublier les photos de sa poitrine qu’elle envoyait régulièrement à Alan, lui qui était en quelque sorte le papa de sa paire de seins et qui en plus d’en être le créateur, était le principal bénéficiaire.

- Merde, j’ai oublié mes clefs, Cruz, dit Barbara avec une moue désolée. La cave de Ian devra nous attendre un peu, faut qu’on retourne chercher mon sac.

Ce nouveau sms fit rire doucement Chloé. Elle l'avait un peu en travers de la gorge en réalité, l'imaginant se faisant « royalement chier » en compagnie de Barbie. Il se foutait peut-être de sa gueule en fait avec ce message. La jeune femme préféra l'ignorer, mettant son portable sur silencieux et le glissant dans sa poche arrière. Elle se resservit un verre, et se dirigea vers la sortie pour aller prendre un bol d'air. Elle étouffait ici et avait surtout besoin de se griller une cigarette. Elle récupéra un de ces fameux tube de papier garnis dans son paquet ; la dernière. La boite en carton termina sa course dans une poubelle voisine, alors qu'elle logeait la clope derrière son oreille. Une nouvelle gorgée de vodka pour la route et...

La porte s'ouvrit, sur Cruz et Barbie. Chloé en sembla surprise, avec un petit air qui sonnait comme « Déjà ? Quelle efficacité ! » Elle pencha légèrement la tête sur côté et mis quelques secondes avant d'afficher un grand sourire, faux. « Je ne suis pas armée ! » -lança-t-elle en levant les mains au niveau de son visage, en faisant référence à cette fameuse hache de guerre. Tout ce qu'elle avait envie d'enterrer c'était le corps trop maigre de Barbara. « Vous m'excuserez, j'avais besoin d'air ! Il fait une de ces chaleurs ! » Chloé se décala, retenant la porte grande ouverte et passa à côté de Cruz. « Je comprends ton message. Grosse ambiance ! » Peut-être que la vodka ajoutée à ce coup de chaud lui faisait tourner la tête. Ou pas !

Barbara ne comprenait pas trop le sens de la recommandation de Cruz, sur le moment elle flippa un peu. C’était assez étrange qu’il la mette en garde contre Charlie, enfin pas tant que ça. Mais puisque la personne qu’elle taisait le nom depuis tout à l’heure était justement sa cousine machiavélique, le temps d’une demi-seconde elle se demanda si Preston se doutait de quelque chose. Puis finalement, non. Tout le monde méritait de se méfier de Charlie, elle pouvait être le diable incarnée et malgré ses sentiments assez confus à son égard, Barbara le savait très bien et contenta d’acquiescer l’air de rien. Le chemin du retour, beaucoup plus silencieux, paraissait être passé beaucoup plus vite que l’aller. Quand ils arrivèrent enfin et que Cruz poussa la porte du lycée, probablement des restes de l’éducation que sa folle de mère lui avait donnée, les adolescents tombèrent nez-à-nez avec Chloé. Il parlait d’enterrer « la hache de guerre », chose à laquelle elle aurait trouvé une excuse pour décliner la proposition si elle en avait eu le choix. Devant le fait accompli, Barbara rebroussa chemin pour se positionner sur le côté de la porte. Quitte à être obligée de parler à Chloé Kennedy, autant que ce soit à l’abri des regards indiscrets.

- Bonsoir Chloé, s’efforça-t-elle de dire bien consciente que la situation prêter à confusion.

Elle n’était pas trop gênée par cette situation équivoque, le fait que Chloé s’imagine tout un tas de chose tordues qui attiseraient sa jalousie l’amusait un peu, à condition que le pitt-bull ne lui saute pas au visage. Elle ne savait pas trop quoi dire à cette fille qu’elle qualifiait souvent de clocharde parvenue depuis qu’elle leur avait volés leur ami.

- Tu passes une bonne soirée ? demanda Barbara à Chloé sur un ton trop enjoué pour être honnête, sans vraiment se soucier du message dont elle était en train de parler et qui avait l’air de la concerner.

« Elles ont débarquées en avance ? » Elles, les fameuses règles qui faisaient parler plus d'un homme, outil magique pour tenter de tacler la gent féminine. « Elles... t'emmerdent ! » -aurait répondu Chloé si elle avait laissé s'exprimer sa plus profonde colère. Néanmoins, elle n'avait pas encore atteint un tel niveau d'agacement. Sur son visage pouvait se décrypter les prémices d'une tempête, habituels lorsque l'on froissait la jeune femme ou qu'elle avait l'impression d'être prise pour une idiote. Oh ça, elle en avait horreur et ne pouvait pas s'empêcher de l'exprimer malgré elle. Son corps la trahissait à nouveau, alors qu'elle se forçait à sourire. Cet élan de presque sympathie transpirait l'hypocrisie. Impossible pour elle d'aller prendre ce bol d'air qui lui aurait été si bénéfique, puisque Cruz la retenait par la taille. La pression de sa main sur sa hanche avait le don de la faire frémir, néanmoins son sale caractère lui interdisait de se radoucir pour si peu. « Non, heureusement pour toi… » Sans quoi, il aurait pu tenter d'encercler sa taille à plusieurs reprises qu'elle aurait tout fait pour s'en dégager.

Barbie s'était quand à elle décalée, se montrant agréable, aussi étonnant que ça puisse paraître. L'adolescente avait dû sniffer une ligne de coke, n'ayant pas réellement conscience qu'elle s'adressait à Chloé. Ça n'était pas possible autrement ! « Super ! » -répliqua la Bad Circle, en levant à nouveau le coude pour boire. Ne bronchant pas alors que Cruz la retenait contre lui, encore moins lorsqu'il déposa un baiser sur son front, Chloé reprit : « Et vous ? Ça se passe bien ? » Vous êtes à la cherche de capote peut-être ? J'en ai aperçu à l'entrée ! ...Elle se surprenait elle-même en gardant une voix posée, presque naturelle, alors qu'à l'intérieur elle bouillonnait littéralement. Possessive ? Chloé le découvrait en tout cas. Et pourtant, dans d'autres circonstances, elle n'aurait sûrement rien dit ou penser de tel. Il faut dire que Cruz et Barbie avait une relation assez... particulière, que Chloé avait du mal à cerner. Et lorsque c'était ainsi, la jolie blonde se positionnait sur la défensive, ayant l'habitude de prendre des coups.