Coffee and cigarettes (Lux)

Ugo avait brièvement croisé Lux à la soirée des So Cool, celle ayant eu lieu dans la cave de Ian Thomas, et ayant un peu de mal à entamer une discussion sans être dérangé environ toutes les 3 secondes, Ugo lui avait envoyé un petit message à la fin de la soirée pour lui proposer de boire un café ensemble dès le lendemain.

Lux avait directement accepté ce qui avait ravi le jeune homme qui était content de passer un peu de temps en compagnie d’une personne pas du tout hypocrite, denrée rare à Degrassi. Néanmoins il se souvenait avoir senti un truc bizarre ce soir là, comme si la jeune femme n’était pas aussi naturelle et spontanée qu’avant… peut-être avait-elle des problèmes et lui, débile d’égoïste n’avait même pas pu le voir. Bref, Ugo était un ami minable et il espérait que ce petit café pourrait arranger les choses.

Assis à une table, il avait commandé deux cappuccino car il se souvenait que c’était le café préféré de Lux. La jeune femme fit enfin son apparition, et Ugo ayant encore mal au crane de la veille, se leva pour lui faire la bise.

Salut ma belle, désolé pour la tête de déterré… je crois que j’ai légèrement trop bu hier soir.

"Depuis quand t'es tu mise à boire ? Tu veux mourir avant l'heure c'est ça ? Tu ne peux plus continuer comme ça il faut que tu parles à Piotr tu es entrain de te détruire sans lui !". Blablabla. Encore et toujours le même refrain dans la bouche de la mère de Lux. La jeune femme n'avait jamais osé critiquer sa mère - ni qui que ce soit d'autre sans bonne raison - qu'elle adorait par dessus tout mais depuis qu'elle était revenue, celle-ci était plus qu'inquiète, et la couvait comme si elle avait encore 4 ans. Quand accepterait-elle de voir la réalité en face ? Lux allait bientôt mourir, et elle avait décidé d'arrêter de se morfondre et de se priver de tout pour prolonger sa vie ridiculement courte de quelques mois. Après tout, si son destin était de mourir jeune, autant ne pas partir sans rien avoir connu. Elle fut donc soulagée de voir le SMS de son Preston préféré qui lui proposait de fêter dignement leurs retrouvailles autour d'un café. La jeune femme enfila un jean et un pull noir - elle qui ne portait jamais de noir avant semblant être devenue accro - pour tenter de camoufler son manque de rondeurs flagrant et se rendit au Caf où Ugo l'attendait déjà à une table avec leurs cappuccinos. Le jeune homme la connaissait trop bien. Enfin, pas tant que ça car s'il savait... La jeune femme chassa cette idée - absurde - de son esprit avant de se laisser embrasser et de s'asseoir tout en écoutant l'explication d'Ugo.

- C'est pas grave mon bichon frisé... Mince faut vraiment que je te trouve un nouveau surnom, celui ci ne te convient plus du tout. Sexy Preston, ça t'irais ?

Lux fit un sourire angélique à Ugo avant de rigoler quelques secondes, comme pour donner le change. Ses excès en tout genre commençaient à dégrader sa santé et son cancer reprenait le dessus. La jeune femme refusait pour l'instant une nouvelle chimiothérapie mais elle savait que ce n'était plus qu'une question de jours avant qu'elle n'ait plus le choix. Mais pour l'heure, elle décida de faire abstraction de toute cette merde, et de se consacrer uniquement à Ugo, qui n'avait pas à subir les affres d'une personne mourante. Et ce même si cette dernière était une de ses plus proches amies.

« Mon bichon frisé », à croire que ce genre de petits noms ridicules allaient quand même lui rester ad vitam. Il ne put cependant s’empêcher d’esquisser un sourire parce que dans la bouche de Lux ça n’avait rien de méchant ni de réducteur, c’était simplement affectif, d’ailleurs elle proposait de changer le surnom en Sexy Preston et Ugo ne put s’empêcher de partir dans un petit fou rire, c’était ridicule !
Attrapant son cappuccino, il répondit, amusé par la jeune femme :

Et si tu m’appelais simplement Ugo ?

Trempant ses lèvres dans le café, il détailla pendant un court instant la jeune femme. Des grosses cernes sous les yeux, elle avait également les joues très creusées. Et cette fois-ci ce n’était plus une impression pour le jeune homme, Lux avait bel et bien perdu beaucoup de poids… il en était sûr car la dernière fois qu’il l’avait vu, elle était quasi nue dans sa chambre, alors il avait pas pu louper ses formes, ma foi plutôt sympathiques… et là en y regardant de plus près, elle avait quasi plus rien, quasi plus de poitrine.

Dis-moi, ils vous interdissent de manger dans le milieu de la mode ? Qu’est-ce qui se passe Lux ? Tu es pire que maigre là… Je ne veux pas jouer les grands frères protecteurs mais quand je te vois comme ça, je me fais du souci pour toi…

Entendre le rire d'Ugo avait quelque chose d'apaisant, de réconfortant. Cela lui faisait tellement de bien d'être de retour parmi les siens, même si elle avait adoré chaque minute de son voyage aux quatre coins du globe. Mais elle n'allait pas se mentir, rien ne pourrait jamais remplacer cette impression d'appartenir à une famille, et ce même si elle n'était pas de son sang. C'était exactement ce qui se passait avec Chloé et Ugo, qui avaient toujours été là pour elle, et ce, même s'ils ne savaient au final presque rien sur la jeune femme. Lux ne savait pas encore que dans quelques jours, elle révèlerait la vérité à Chloé. Mais pour l'heure, elle se concentra sur Ugo et lui fit un petit sourire charmeur en tout bien tout honneur avant d'avaler une nouvelle gorgée du précieux breuvage. Bon sang ce que c'était bon.

- Moui, pourquoi pas. J'essayerais sans doute un jour, Preston.

Lux avait vraiment cette fâcheuse habitude d'appeler les gens par leurs noms de famille. Mais ce n'était pas de sa faute, et si on la connaissait bien, on savait que c'était une sorte de protection, de rempart qu'elle instaurait entre elle et le monde extérieur. Éviter de trop s'attacher pour être ensuite blessée ou pire encore, faire souffrir les personnes qui tenait à elle lorsqu'elle allait mourir. Bientôt. Mais ça, Ugo ne le savait pas encore. Et ne le saurait surement jamais. Mais cela ne l'empêchait pas d'être observateur, et de lui faire les mêmes réflexions que la mère de la jeune femme. Et mince. Elle se para d'un beau sourire qu'elle voulut convainquant pour tenter de rassurer son ami.

- Je t'assures, tout va très bien. Pourquoi te mentirais-je ? Bon c'est vrai que la vie de mannequin n'est pas toujours rose mais je ne m'en sors pas trop mal je dirais. Mais toi sinon, tu es sûr que ça va ?

Menteuse. Et autruche par dessus le marché. Lux n'était pas bête, elle savait qu'elle ressemblait depuis quelques temps à un cadavre ambulant. Sa peau mate n'était plus si lumineuse, ses cernes semblaient impossibles à cacher - quoique vu que la jeune fille ne se maquillait pas, ce n'est pas comme si elle cherchait à tout prix à les cacher aussi - et tous ces vêtements semblaient désormais deux fois trop grands pour elle. Mais bon, avec un peu de chance, Ugo mettrait ça sur le compte de sa rupture et ne l'embêterait pas trop. Mouais. C'était mal connaitre son ami.

Elle essaierait un jour… ou pas, puisqu’elle l’appela finalement Preston. Chose dont Ugo était pas spécialement fan sachant que son débile de frère portait ce même nom de famille et le fait qu’on puisse l’associer à ce cinglé avait quelque chose de très énervant, mais bon, il ne pouvait pas vraiment en vouloir à Lux pour ça, c’était bien malheureusement son nom de famille, et il ne pouvait pas le changer… sauf s’il arrivait à convaincre quelqu’un de l’adopter ! Et pourquoi pas hein ?

De toute façon il ne pouvait pas lutter contre la jeune femme, elle était bien trop taquine. Résigné, il avala une nouvelle gorgée de café tout en l’écoutant dire qu’il n’avait aucun souci à se faire… Elle mentait. Ugo était plutôt facilement bernable mais Lux, elle, elle avait su lui mentir, c’était comme si elle se vendait en même temps… son regard fuyant quand elle prononçait le « pourquoi je te mentirai » était une preuve irréfutable. Pourquoi avait-elle alors ressenti le besoin de se justifier de la sorte ? Que se passait-il ? Etait-ce la faute de Piotr ?

Ugo grimaça, il ne savait pas vraiment s’il pouvait se lancer sur un terrain aussi glissant que le sujet Piotr… de toute façon il serait bien vite informé.

Lux, arrête de me prendre pour un idiot s’il te plait… Qu’est-ce qui se passe ? Tu rentres à Degrassi avec 10 bons kilos en moins, tu largues Piotr sans aucune explication et maintenant tu me mens ? Tu crois que les gens sont aveugles à Degrassi… Tout le monde parle de toi dans ton dos… Lux ? T’es en dépression ?

Bah oui, tout les symptômes collaient… si c’était pas une dépression Ugo se demandait que ça pouvait bien être !

Ugo n'avait fait que dresser le portrait de sa triste réalité. Alors oui, Lux avait sans doute l'air plus que pitoyable comme ça, avec ses kilos en moins, son look total noir et sa face creusée par la maladie - chose qu'Ugo ne savait pas - mais elle savait aussi qu'un peu de maquillage et des vêtements larges, elle pourrait passer pour une personne sans aucun problème. Elle décida donc qu'il fallait qu'elle commence à reprendre soin d'elle, car elle n'avait pas envie que tout le monde s'acharne à deviner ce qu'elle avait. Car Ugo avait peut être déclaré qu'il s'agissait sans doute d'une dépression, mais quelqu'un d'un peu plus fouineur et d'un peu moins regardant sur le bonheur de la jeune femme mettrait le doigt sur ce qui ne collait vraiment pas chez la jolie métisse. Son cancer. Sa foutue leucémie qu'elle cachait désespérément à tout le monde et qui commençait malgré elle à fuir. Piotr était déjà au courant, ce n'était plus qu'une question de jours avant que Kennedy ne l'apprenne - même si Lux ne l'avait pas encore décidé - et cela faisait déjà beaucoup trop pour Lux. Elle ne voulait pas non plus qu'Ugo la fuit en apprenant la vérité. Car elle en était certaine. Elle en était persuadée. Ugo allait l'abandonner dès qu'il allait connaitre la vérité. Ou alors elle allait devoir s'en éloigner après qu'il ait commencé à jouer aux grands frères trop protecteurs - comme il commençait déjà à le faire sans même connaitre la vérité. Et elle ne pouvait se permettre de le perdre lui aussi. Elle repoussa son café - son appétit et sa soif étant grandement diminués - et fixa son Ugo dans les yeux, pour lui montrer qu'elle ne fuyait pas et qu'elle n'allait pas se dérober.

- Comme si je m'intéressais à ce que les autres disaient sur moi... Preston, tu me connais, tu sais très bien que ce n'est pas mon genre la dépression. Et puis je te rappelle que c'est Piotr qui a rompu et non l'inverse.

Lux avait dû être une véritable autruche dans une autre vie, car elle savait éluder les questions des autres sans le moindre problèmes. Ugo était tenace, mais elle l'était tout autant, voir plus.

Lux avait visiblement pas envie de cracher le morceau… soit, il allait tout de même pas la supplier. Maintenant qu’il avait insisté, c’était à Lux de faire un pas vers lui, Ugo n’était en effet pas du genre à se mettre à genoux et là, il avait déjà bien insisté comparé à habituellement. Il haussa les épaules alors qu’elle répétait encore une fois que tout allait bien dans le meilleur des mondes, lui rappelant au passage qu’elle n’avait pas largué Piotr, que c’était plutôt l’inverse. Le jeune homme haussa les épaules, comment pouvait-il connaître la vraie version alors que la jeune femme, lui en avait jamais dit un seul mot. Elle était bien mignonne de rentrer et de faire l’autruche, de faire comme si rien n’avait changé mais sans un mot pour son entourage elle avait modifié absolument toute sa vie et maintenant elle s’étonnait presque qu’on lui pose des questions ou bien que la réalité est été déformée.

C’est difficile de savoir qui a largué qui, Lux… il aurait déjà fallu que je l’apprenne de ta propre bouche…
Tu vois à l’heure actuelle je me sens le cul entre deux chaises. Je ne sais pas du tout comment je dois me comporter avec toi. Tu rentres sans l’annoncer, tu fais des choix sans en parler autour de toi, il t’arrive des choses dont tu ne te confies même pas à ton entourage et tu t’étonnes qu’on soit inquiet pour toi ? Franchement Lux, si je n’avais pas grandi avec toi et si je ne savais pas qui tu es vraiment sous cette couche de maquillage, tu serais limite une étrangère à l’heure actuelle…

Ugo était peut-être un poil trop dur avec la jeune femme, même il était pas du genre hypocrite et encore moins du genre à faire semblant, alors maintenant soit les masques tombaient, soit ils étaient en effet bel et bien deux étrangers.

Lux manqua de lacher son cappucino en entendant la réponse d'Ugo. C'était la première fois qu'il lui parlait comme ça. Ils avaient toujours été francs entre eux mais là... C'était presque de la méchanceté gratuite et cela ne ressemblait pas à ce Preston là. C'était plutôt le domaine de Cruz ça. Mais bon, elle savait aussi que toutes ses dissimulations commençaient à peser sur ses proches. Et que la vérité allait finir par éclater tôt ou tard. Et il semblait qu'avec Ugo, le moment était proche. Mais genre hyper proche. Cependant, la jeune femme n'allait pas cracher le morceau aussi facilement. Ugo aussi avait énormément changé d'après ce que la jolie métisse pouvait voir, et pas forcément qu'en bien. Il semblait plus froid, plus distant et moins enclin à accorder le bénéfice du doute à qui que ce soit. Pourtant, il avait tout pour être heureux normalement. Un fils adorable, des amis super cool... Bon certes il lui manquait la vraie femme de sa vie mais Lux n'en avait aucun doute, il allait finir par la trouver. Car c'était son Ugo après tout. Toutes les filles craquaient forcément un jour ou l'autre sur lui. Sauf elle. Mais bon, c'était parce qu'elle avait rencontré Piotr. Quoiqu'avec ce genre d'attitude, pas sûr qu'une fille soit assez folle pour tenter le coup avec lui. Mais pour l'heure, ce n'était pas la vie sentimentale d'Ugo qui était en jeu, mais leur amitié. Il faillait qu'ils soient réellement honnêtes envers l'autre. Sinon, leur amitié fonçait droit dans le mur. La jeune femme croisa les bras sur sa poitrine - pas si petite que ça - et fixa son bichon d'amour dans les yeux, pour lui montrer qu'aucun d'eux n'allait se dérober.

- OK. Plus de mensonges. On se la joue franche. Tu commences. Qu'est-ce qui t'ai arrivé au cours de ses 6 derniers mois où je n'étais pas là pour que tu puisses avoir changer à ce point ? Réponds moi franchement, et je te dirais toute la vérité.

La démarche un peu sèche d’Ugo avait visiblement fonctionné puisque Lux venait complètement de changer de ton. Elle ne se cachait plus derrière une façade de faux semblants, elle faisait tomber le masque en adoptant un air plus froid et triste. Elle était partante pour désormais raconter la vérité et vu son air grave, Ugo regrettait presque déjà d’avoir insisté… et si ce qu’il apprenait était genre foutrement grave ? Quoi qu’il en soit, la jeune femme le laissait commencer… c’est vrai que son comportement pouvait être quelque peu déroutant, il n’avait plus grand chose à voir avec le garçon niais et trop gentil qu’il avait été jadis. Il soupira… par quoi devait-il commencer ? Tout lui semblait compliqué…

Par où commencer ? Il grimaça… il réclamait franchise à la jeune femme, alors qu’il se rendait compte que c’était loin d’être facile.

Avec Sellie, on a trouvé un compromis avec nos avocats, pour signer, non pas un divorce mais une annulation de mariage, ce qui serait bien plus simple à gérer vu nos jeunes âges. J’ai toujours pas signé les documents… j’ignore pourquoi… j’y arrive pas. Peut-être que j’ai peur de perdre ce dernier lien…Buvant une nouvelle gorgée de son breuvage, il ajouta : Tout était plus simple avant… quand Effy était là, ça m’empêchait de penser à tout ça… j’étais de nouveau un gamin… mais je comprends qu’elle est eu besoin de s’éloigner, mon passé avec Selena était trop dur à gérer pour elle et puis… Chloé. Je crois que Chloé était une sorte d’échappatoire, elle était la carte jocker de mon jeu, j’avais qu’à la choisir pour me sortir de ce bordel, mais elle a préféré Cruz en fin de compte.

Il haussa les épaules, mettre des mots sur ce qu’il tentait de refouler faisait un peu remonter tout ça à la surface… et c’était loin d’être agréable.

J’ai voulu jouer sur plusieurs tableaux en même temps et j’ai tout perdu… J’ai été qu’un pauvre connard… je peux plus me permettre de l’être, maintenant que Jude est là, c’est fini les jeux sentimentaux à la con… Il mérite de la stabilité…

Ugo Preston avait entamé la petite session "vérité". Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'avait pas épargné la jeune femme. Il lui avait - presque - tout révélé. Waouh. Il devait vraiment tenir à ce que la jolie métisse lui dise la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Mais Lux ne savait pas si elle était vraiment prête à tout dire à son ami. Elle adorait Ugo, il n'y avait aucun doute là dessus, mais elle savait pertinemment que le jeune homme ne serait plus le même avec elle lorsqu'il saurait la vérité à son propos. Il deviendrait un grand frère encore plus protecteur et insupportable qu'il ne l'était déjà, rôle qu'il s'était attribué de lui même, et ce, même s'ils avaient le même âge et que madame Preston faisait toujours tout pour les mettre ensemble. Mais pour le moment, ce qu'Ugo lui révélait était suffisamment important pour que Lux laisse de côté ses propres vérités. Peut être qu'absorbé par ses problèmes, Ugo en oublierait ceux de la jeune femme, et que cette dernière pourrait passer à travers les filets. La jeune femme joua avec son cappucino, qu'elle n'avait pas vraiment envie de terminer, et laissa le jeune homme finir de lui confier ce qu'il avait sur le coeur avant de prendre le temps de tout digérer pour être sûre de ne pas lui répondre quelque chose qui n'aurait pas de sens. Il était temps qu'elle redevienne une véritable amie, et pas seulement l'ombre d'une amie.

- Preston... Honnêtement, tu as laissé trop de femmes différentes diriger ta vie. J'aime beaucoup Kennedy et Santos, et tu sais ce que je pense de Presley, mais tu dois désormais te concentrer sur Jude et toi. La vie est trop courte pour que tu laisses toutes ces bêtises te bouffer. Comme cette guerre incessante avec ton frère. C'est un idiot, ça on le sait, mais il ne mérite pas que tu te détruise pour lui. Il serait trop heureux que ça arrive.

La jeune femme se gifla intérieurement en se remémorant ses paroles. Oui, la vie était trop courte, mais pas celle de tout le monde. Il fallait qu'elle arrête de lâcher des petites bombes comme celle là sinon le jeune homme allait finir par tout comprendre sans même que Lux ne lui dit quoi que ce soit. Elle reprit son cappucino et plongea les yeux dedans, comme si cela pouvait la faire disparaitre. Bah voyons.

Ugo avait tout balancé d'une traite, tout ce qu'il avait sur le coeur et c'était foutrement bizarre. c'était la première fois qu'il se confiait depuis bien longtemps et il pensait sérieusement que tout ça pouvait rester enfoui en lui... non tout était sorti et ça faisait un bien fou. Il était même limite étonné d'avoir réussi à trouver des mots à mettre sur ce qu'il ressentait, sur ce qu'il avait vécu, sur ce qu'il en concluait. Et Lux, elle avait raison sur toute la ligne, il se devait d'avoir désormais un maximum de stabilité pour le bien de son gosse, même s'il le voyait genre 1 heure une fois par semaine. (lol) Il hocha la tête, Jude et les études étaient désormais sa priorité, il se devait de devenir quelqu'un d'important pour le bien de son gamin, même s'il ne manquait actuellement de rien, il se devait de construire un foyer pour lui, comme un homme, comme un père.

Oui Jude est ma priorité... j'ai beaucoup de chance que Tallulah s'occupe aussi bien de lui, même si j'ai un peu peur qu'il devienne une gonzesse à force de trainer avec son clan de lesbiennes-cammioneuses...

Oui, les copines de Tallulah étaient loin d'être sexy, loin d'être comme dans les fantasmes du jeune Preston.. mais bon, ne nous éloignons pas du sujet. Fixant son regard dans les yeux de la jeune femme, il ajouta :

J'ai rempli ma part du contrat Lux, c'est à toi de cracher le morceau désormais...

Ugo était tout mignon à lui raconter toute la vérité - même si elle avait manqué de s'étouffer en l'entendant parler de l'influence que pouvaient avoir les relations de Tallulah sur son fils. Il avait l'air d'en avoir sur le coeur et Lux était plus que ravie de faire office de confidente. Elle avait toujours beaucoup aimé Ugo - et non Beth, ils n'allaient pas se mettre ensemble - et le considérait presque comme l'un de ses meilleurs amis. Et ce n'était pas peu de choses car Lux n'avait pas beaucoup d'amis. De connaissances oui, de fréquentations, énormément, mais de véritables amis... A vrai dire, elle n'en avait que deux. Chloé et Beverly. Et encore, elle n'avait pas révélé quoi que ce soit à Beverly. Et maintenant, il y avait Ugo. Son bichon frisé. Elle se disait qu'elle pouvait lui faire confiance, qu'il ne la trahirait pas et garderait son secret... Si elle se sentait prête à lui révéler. Mais elle avait tellement peur... Tellement peur qu'il la surprotège, qu'il décide qu'elle n'était pas assez grande pour prendre soin d'elle même et qu'il veuille l'enfermer dans une cage dorée où rien ne pourrait l'atteindre. La jolie métisse exagérait sans doute mais tous les hommes qu'elle connaissait et qui apprenaient la vérité devenaient comme fous et voulaient absolument la protéger. Elle était malade bordel. Personne ne pouvait faire quoi que ce soit pour ça - pas même les chercheurs les plus intelligents - et ce n'était pas en l'interdisant de faire quoi que ce soit qu'elle allait prolonger sa vie. Lux attrapa son cappucino et le touilla avec passion en décidant que puisque qu'Ugo avait mis cartes sur table, elle allait le faire aussi.

- Oh moi... C'est trois fois rien. Je suis malade. Une leucémie. Un cancer. Incurable. Et voilà tu sais tout. Mais bon c'est pas très grave hein. Par contre ça m'arrangerais que tu n'en parle à personne. Pas le genre de chose qu'on aime que les autres sachent.

La jeune femme avait dit ça d'un ton badin, comme si c'était une chose de tout à fait normal. Elle appréhendait quelque peu la réaction d'Ugo, mais espérait surtout qu'il allait garder son secret et ne rien dire à qui que ce soit. Et surtout pas à sa grande amie, cette fouine de Presley.

Lux n'avait pas failli à sa promesse, voilà qu'elle se mettait enfin à table... Et Ugo regretta assez vite d'avoir à ce point insisté parce que la jeune femme lui révéla, (le plus naturellement possible du monde), qu'elle était condamnée, la faute à un putain de cancer de merde. Ugo laissa son gobelet tomber lourdement sur la table du café. Il n'en croyait pas ses oreilles. Comment une jeune femme aussi pimpante et pleine de vie que sa Lux pouvait porter la mort en elle ? C'était juste pas possible. Elle était là en face de lui plus mince que jamais et il ne pouvait même pas se mettre à rire en lui disant "Putain t'es con Lux, tu m'as fait peur ! » parce que maintenant qu'elle avait craché le morceau, il savait que c'était vrai, il avait lu dans son regard la vérité, alors qu'elle avait essayée de paraître la plus détachée du monde face à ce lourd secret. Elle le laissait donc rentrer dans une intimité, dans une relation qui les liait désormais bien plus qu'avant. Elle souhaitait qu'il n'en parle à personne et elle n'avait pas de soucis à se faire avec ça, car les Preston avaient pas mal de lourds secrets inavouables en stock. Abasourdit, il avait du mal à se reconnecter à la réalité, parce que ce monde là était ma foi, vraiment trop cruel s'il choisissait de supprimer des personnes aussi douces et vrai que Lux.

Quel rôle devait-il jouer ? Le grand frère protecteur ? Non c'était une mauvaise idée, si Lux voulait se genre de relation là, elle aurait sans doute dévoilée la vérité à tout le monde...Décontenancé, Ugo savait qu'il devait désormais sortir de sa torpeur et réagir, car rester stoïque face à la jeune femme qui venait de vider son sac, c'était pas l'idée du siècle. Alors, il eu une idée... S'il s'était retrouvé à sa place, si c'était lui qui avait ce putain de cancer, il serait surement en train de profiter de la vie, de réaliser ses rêves en version accélérée. La regardant profondément dans les yeux, il répondit enfin :

Dis-moi trois de tes plus grands rêves.

Il se tue, attendant la réponse de la jeune femme... il savait déjà que les prochains jours et mois n'allaient pas être communs... mais peu importe, il voulait bien faire n'importe quoi de sa vie pour les 6 prochains mois si c'était les derniers de la jeune femme... lui derrière ça, il avait tout une vie pour se reconstruire contrairement à elle.

Lux était quelque peu préparée à la réaction d'Ugo. Elle attrapa des serviettes pour éponger les dégâts, tout en évitant de regarder son ami dans les yeux, de peur d'y lire quelque chose qu'elle ne supporterait pas. Elle se rassit plus tôt qu'elle ne l'aurait voulu, sa tête tournant légèrement. Elle tenta de faire bonne figure avant d'entendre la proposition d'Ugo. Il n'était pas le premier à lui proposer de vivre ses plus grands rêves, mais à dire vrai, son seul rêve était de vivre. Tout simplement. Vivre suffisamment longtemps pour épouser Piotr, vieillir à ses côtés, et lui donner cette magnifique petite fille dont il parlait souvent et qui aurait selon lui la beauté de sa mère et selon elle, les yeux de son père. Un parfait mélange d'eux deux. Et une parfait utopie. Mais bon, pour faire plaisir à son Preston d'amour, Lux fit mine de réfléchir à sa proposition.

- Hum... Choix difficile. Je voudrais... La paix dans le monde, la fin de la famine et coucher avec le plus sexy garçon de la ville - alias toi - et son frère, histoire de savoir ce que ça fait de se faire les deux Preston en même temps...

La jeune femme avait prononcé ces derniers mots sur un ton coquin qui ne lui ressemblait absolument pas. D'ailleurs, en voyant la tête de son ami, Lux ne put se contenir et éclata de rire. Elle essayait de mettre la tête abasourdie d'Ugo sur le compte de l'étonnement à cause de ce qu'elle venait de dire et pas sur le malheur de savoir qu'elle était condamnée. Elle ne le supporterait pas. Et puis, Ugo la connaissait, elle n'était pas comme ça. Le seul qui la faisait vibrer était un certain russe, qui n'avait pas vraiment envie de la voir en ce moment.

- Je plaisante Ugo, tu devrais voir ta tête ! Il n'y a rien que je veux vraiment, juste que les gens que j'aime soient heureux et ne soient pas tristes à cause de moi et de ma mort prochaine.

Et oui. Elle l'avait appelé par son prénom. Et elle en était tout aussi choquée que lui. Cela voulait-il donc dire qu'elle le considérait désormais comme faisant parti des personnes les plus importantes à ses yeux ? On dirait bien. Et merde. Elle devait arrêter de faire ça. De se dévoiler autant et de laisser autant de personnes l'approcher. Sinon ils allaient finir par souffrir atrocement lorsqu'elle ne serait plus là. Et être responsable de la peine de quelqu'un était une chose que Lux ne pouvait supporter.

Ugo s'attendait à des choses futiles et fofolles quand il avait demandé à la jeune femme de lui donner trois rêves... parce qu'en temps qu'ado, c'était surement davantage des choses qu'on pouvait espérer plutôt que la paix dans le monde. Pour la peine ça ressemblait à un mauvais discours de miss america. Il savait qu'elle avait prononcé ça de façon répétitive, presque trop travaillé... il n'avait surement pas été le seul à lui faire ce genre de petit discours là... mais oh zut, elle ne comprenait vraiment pas ou il voulait en venir. Il ne voulait pas se donner bonne conscience... il voulait la faire vivre en accélérer, faire des choses stupides avec elle pour qu'elle se sente en vie.
Le jeune homme fit une moue dégoutée alors qu'elle lui proposait un plan à trois avec Cruz... Oh mon Dieu... NEVER. Attrapant sa main, son regard était désormais animé d'une lueur peu commune.

Mais non Lux, ce n'est pas de ça dont je te parle... moi je te parle de faire une virée au mexique, juste pour tremper ses pieds dans l'eau et se défoncer à l'alcool sur la plage, de dormir sous les étoiles et puis de se baigner tout nu. Je te parle de faire des choses que tu aurais jamais eu le cran de faire !

Esquissant un large sourire il ajouta :

je t'écoute ! Maintenant, à cette instant précis marque le début de la vrai vie de Lux... Une vie où tu auras jamais été aussi vivante... t'es partante ?

Le jeune homme se leva de sa chaise puis lui tendit la main...

C'était donc ça. Ugo voulait faire vivre à Lux toutes les choses qu'elle n'aurait pas le temps de vivre et de découvrir en tant qu'ado puis jeune adulte. Car elle n'allait pas le voir cet âge adulte. Elle serait morte avant. Triste constat mais c'était la simple vérité. Seulement, le jeune homme avait l'air d'avoir décréter qu'il ne devait pas rester plus de 6 mois à la jolie métisse alors que son espérance de vie était située entre 2 et 5 ans. Mais bon, Lux se garda de le lui dire, car aux vues de ces derniers résultats, elle n'avait pas envie de faire des plans sur la comète, vu que ses années à vivre semblaient constamment être réduites. Et puis son bichon frisé préféré semblait paré pour répondre à n'importe lesquelles de ses demandes, même les plus farfelues. D'ailleurs, le plan façon Spring Breakers qu'il venait d'élaborer était quelque peu étrange connaissant les deux jeunes gens, mais Lux se sentait quelque peu revivre en l'entendant parler ainsi. Il avait raison. Ils avaient peu de temps à partager pour faire de ces années les plus belles qu'ils pourraient vivre. Et il ne fallait plus en gâcher une seconde. Ils allaient partir quelque part - et ce, même si elle venait à peine de revenir - et faire tout ce que la jeune femme avait refuser de faire de peur d'aggraver son cas et d'inquiéter ses proches. Ils allaient être deux gosses de riche qui ne se préoccuperaient de rien, seulement de faire de l'instant présent un moment mémorable. Et ils allaient commencé dès maintenant. Lux fouilla dans son sac et déposa de l'argent sur la table pour payer les deux cappucinos avant d'attraper la main de son Preston préféré et de lui faire le plus beau et doux des sourires. Grâce à lui, elle se sentait revivre. Et elle ne pourrait jamais assez l'en remercier. La jolie métisse hocha la tête pour répondre à sa question. Oui, elle était partante. Et ce, plus que jamais.

- Surprends moi Preston...

La jeune femme hôcha la tête avant de demander à Ugo de la surprendre. Elle avait compris le jeu, elle avait compris ou il voulait en venir. Il avait un tas d'idées plus débiles les unes que les autres en tête, et il rêvait de voir jusqu'où Lux était capable d'aller. Pour la première fois depuis des mois, Ugo redevenait un ado, accompagnée de sa sublime amie, avec qui il allait simplement se laisser aller et faire le fou.

Le jeune Preston hocha la tête à son tour, elle voulait qu'il la surprenne ? Non, c'est elle qui allait le surprendre ! Il esquissa un sourire en coin, avant de dire :

"C'est toi qui va me surprendre Lux... Monte sur cette table et chante-moi une chanson... genre comme si t'étais la plus scandaleuse rock star de Degrassi...j'ai hâte de voir ça !"

Lux avait-elle des vrais grosses couilles ?? Et bien le jeune homme ne tarderait pas à avoir sa réponse. En plus, elle pouvait s'estimer heureuse parce qu'il commençait le jeu de façon gentillet... si elle franchissait cette étape là, ils pourraient très bien monter en puissance pour la suite...

Lux écouta Ugo parler et se demanda pendant un court instant s'il n'avait pas perdu la tête. La première idée qu'il avait pour vivre leurs vies en accéléré était comment dire... bizarre. Chanter devant tous les clients du Caf et les déranger pendant leur café matinal ? Se donner en spectacle devant tous ces inconnus ? Quoi de plus facile pour la jeune femme, qui n'avait aucun problème à se mettre sous le feux des projecteurs, elle qui était habituée à la scène depuis toute petite - merci maman, merci papa. Et puis bon, ils n'étaient pas bien nombreux ce matin dans le café donc Lux n'aurait pas trop de monde à agresser avec sa jolie voix. Elle arqua un sourcil en direction d'Ugo, qui avait l'air tout content de lui avec son idée un peu stupide. Mais bon, elle l'appréciait tellement son petit Preston, qu'elle n'allait pas lui dire quoi que ce soit qui pourrait le blesser.

- C'est ça ton défi ? Preston, on dirait que tu ne me connais pas...

La jeune femme attendit que la serveuse débarrasse leur table avant de décider que non, c'était encore mieux si elle montait sur le bar. Elle s'y installa donc sous le regard interloqué de plusieurs personnes, dont le directeur de l'établissement, avant de se mettre à entonner de façon audible une de ses chansons préférée, "It Ain't Over 'til It's Over" - Lennyyyyyyyy . Sans être Mariah Carey, Lux chantait plutôt bien. Elle avait souvent posé sa voix sur certains des morceaux de son père, et savait donc la moduler à sa guise. Au début surpris, les clients du Caf se tournèrent peu à peu vers la jeune femme et se mirent à frapper des mains pour l'encourager. Après tout, un spectacle comme celui-ci ne se faisait pas tous les jours dans ce café. Après avoir chanter un couplet et un refrain, la jolie métisse s'arrêta sous les applaudissements avant de tendre la main vers Ugo, qui la regardait depuis le début. Elle lui fit un vrai sourire amusé, car il avait réussit à lui redonner une certaine joie de vivre - chose qui ne lui était pas arrivé depuis sa rupture avec Piotr. Et elle était prête pour tout ce qu'Ugo avait en stock. Mais pour l'heure, Preston devait lui prouver que lui aussi avait l'étoffe d'une grande gueule et pas... que la gueule justement.

- Et maintenant, accueillez comme il se doit Ugo Preston, mon lanceur de défis attitré !

Et Lux n'avait pas l'air d'avoir envie de décevoir le jeune homme. En deux temps trois mouvements elle était déjà debout sur le bar pour chanter un tube de Lenny K. Ugo resta un instant scotché sur sa chaise, un peu émerveillé par les talents vocaux de la jeune femme. Il ne connaissait pas du tout cette facette de sa personnalité et était un peu sous le charme. il découvrait pour la première fois de sa vie, non plus une amie mais une femme, qui partageait en plus la même passion que lui pour la musique. Amusé par l'ambiance que la jeune femme avait réussi à mettre dans le café, Ugo tapa à son tour des mains en rythme. Avant que cette dernière le pointe du doigt pour le présenter à toute l'assistance. Ugo ne se fit pas prier, il monta à son tour sur le comptoir, rejoignant Lux, pour saluer les gens, et entourer d'un bras la taille de la jeune femme. Il rattaqua en choeur avec elle une nouvelle fois le refrain. Tout en la regardant, un énorme sourire scotché sur les lèvres.

Sautant finalement du comptoir, il tendit sa main à la jeune femme, pour qu'elle le rejoigne sur la terre ferme et la tirant par le bras, il ajouta :

Aller, viens, on va se faire tatouer !

Décidément, ils en avaient des points communs. Le duo qu'entama les deux jeune gens eut le succès escompté - faut dire qu'Ugo chantait aussi très bien - et c'est sous de nombreux applaudissements qu'ils descendirent tous deux du bar. Et c'est à ce moment précis que le jeune Preston eut la folle idée de se faire tatouer. Lux fut quelque peu surprise, ce n'était pas vraiment le genre d'Ugo, mais elle se dit après tout, pourquoi pas. Elle qui en possédait déjà 3, se dit qu'un de plus n'allait pas être dérangeant. Surtout que celui ci serait en commun avec Ugo. Son Ugo. L'un de ses seuls véritables amis. Car les connaissances étaient nombreuses, mais l'amitié, la vraie, était une fleur rare et précieuse. Lux enleva ses cheveux devant ses yeux et fit en sorte qu'Ugo la regarde droit dans les yeux. Elle avait quelque chose à lui dire. Quelque chose de plus qu'important.

- Si tu t'en sens capable... Mais tu dois me promettre une chose avant que l'on aille plus loin. Promets moi que tu ne pleureras pas lorsque je mourrais, promets moi que tu continueras à vivre comme si de rien n'était, que tu élèveras Jude de la meilleure des façons qui soit, et que tu lui parleras de temps en temps de ta folle de voisine qui a débarqué un jour à moitié nue chez toi et qui...

Lux ne put finir sa phrase. Qu'allait-elle lui dire ? Qu'elle aimait Ugo comme un frère et qu'elle considérait Jude comme son neveu ? La jeune femme n'avait jamais réussit à dire "je t'aime" à qui que ce soit, mais elle essayait de le montrer à sa façon. Ugo avait dû le sentir, car depuis la naissance de Jude, même si Lux ne l'avait que trop peu vu, elle l'avait déjà couvert de mille et uns cadeaux différents. Oui elle faisait légèrement gaga, mais elle espérait que le futur jeune homme qu'il deviendrait se souviendrait d'elle. Et surtout que son père n'oublierait pas ses promesses. La jolie métisse espérait que Ugo avait compris ce qu'elle voulait dire, et qu'il ne lui ferait pas continuer. Elle attrapa sa veste et reprit la main du jeune homme qu'elle serra légèrement, pour lui faire comprendre qu'elle était prête à partir.

Bien sûr qu'Ugo s'en sentait capable. C'était juste un tatouage et même si actuellement il n'en avait aucun, il était simplement heureux de se dire qu'il allait marquer à vie son corps pour la mémoire de Lux. Que chaque fois qu'il verrait ce tatouage, il penserait à elle... une jolie façon de ne jamais l'oublier. La jeune femme ancra alors son regard dans le sien. Elle avait envie de partager avec lui des choses plus profondes, maintenant qu'ils avaient renoué officiellement et devant tout le Caf' leur amitié. Elle voulait qu'il promette de ne pas pleurer et tout un tas de choses qu'Ugo n'avait pas envie d'entendre. Du moins, pas maintenant. Ce n'était pas un dénie, c'était juste pas le moment... c'était juste trop tôt.
Le jeune Preston plaqua un doigt sur les levres de la jeune femme alors qu'elle attrapait sa veste, lui tenant fermement la main. Il prononça un simple "chut".

Puis, quitta le café à ses côtés. Dans la même rue, il y avait justement un tatoueur réputé, ce qui était parfait pour la suite de leur plan. D'un ton amusé, Ugo prononça enfin :

J'espère que tu es inspirée, c'est toi qui va choisir nos tatouages... et l'endroit... juste évite le petit dauphin sur la joue... sur la fesse ça me dérange pas, mais pas sur la joue hein ?

Et tout en riant, ils s'engoufrèrent dans la petite boutique du tatoueur. S'approchant du comptoir, Ugo ne put s'empêcher de regarder les vitrines de piercing... avant il n'aurait jamais eu le courage d'entrer dans un tel endroit.

Ugo était dans le déni. Lux pouvait le voir comme le nez au milieu de la figure. Il n'était pas le premier à ne pas répondre lorsqu'elle lui faisait promettre tout cela, et il ne serait pas le dernier à lui intimer le silence. La jeune femme décida de laisser cela de côté pour l'instant, car elle ne voulait pas gâcher ce moment, mais tôt ou tard, elle allait devoir le confronter à sa réalité qu'il avait tant voulu connaitre : elle allait mourir bientôt. Elle se laissa entrainer dans le salon de tatouage qui se trouvait pas très loin du Caf' et grimaça légèrement en entendant les propositions d'Ugo. Un dauphin ? Aucune chance, la jeune femme en avait bien peur. Et oui, Lux avait peur des dauphins. Bizarre ? Non, non, juste traumatisée. Elle esquissa un sourire en direction de son ami pour échapper à ses pensées tordues.

- Un dauphin ? Je pensais plutôt à un coeur avec nos initiales sur ton front ça serait mignon non ?

La jeune femme rigola doucement en imaginant Ugo avec ça sur le front. C'était ridicule. Mais il lui avait demandé de choisir, et elle n'allait pas le décevoir. Après avoir salué le tatoueur qui leur indiqua les catalogues, les deux jeunes s'installèrent sur l'un des canapés du salon et commencèrent à feuilleter chacun un des magazines, à la recherche de l'idée du siècle. Lux avait envie de trouver le tatouage idéal, car il allait être à l'image du lien qu'il y avait entre Ugo et elle. Fort et indestructible avec une profonde douceur et un immense respect. Et soudain, elle trouva son bonheur.

- Sérieusement, que penses-tu de celui-ci ? Sur notre poignet ou sur l'aine. Un truc discret, histoire que ta mère ne m'assassine pas avant l'heure.

Lux lui montra alors une croix ankh, symbole égyptien signifiant "vie". Car oui, la jeune femme était peut-être entrain de mourir, mais elle savait qu'elle allait vivre de merveilleux moments en compagnie du jeune homme, où elle se sentirait vivante comme jamais. Et elle avait dit à Ugo qu'il fallait qu'il célèbre sa vie, et non sa mort. Quoi donc de plus normal que de faire un tatouage qui vivrait avec lui pour toujours.

Alors que la jeune femme lui proposait de se tatouer un coeur sur le front avec leurs initiales, Ugo éclata franchement de rire, en imaginant la tête de con qu'il aurait en devant se trimbaler avec ça à Degrassi, il avait déjà naturellement une bonne tête de con, c'était pas forcément utile d'en rajouter. Assis aux cotés de la jeune, tout deux feuilletaient un catalogue, à la recherche du tatouage parfait. Et puis la jolie Lux eut une révélation, elle lui indiqua du doigt un symbole égyptien. C'était plutôt cool, c'était même une excellente idée. Ugo hocha la tête, ravi de la proposition de la jeune femme.

C'est parfait... ! Attrapant la main de la jeune femme, il la serra fermement dans la sienne.Je suis content de partager ça avec toi... Ca sera mon premier et mon unique tatouage. T'as pas idée à quel point c'est important pour moi.Alors que le tatoueur revenait près d'eux, Ugo ajouta à son attention : On est prêt ! Le jeune homme se leva, gardant la main de la jeune femme dans la sienne : Je dois t'avouer que j'ai les pétoches comme jamais... tu restes avec moi hein ??!

Lux fut ravie qu'Ugo soit d'accord avec son choix. Et surtout qu'il lui dise que ce serait son unique tatouage - ce dont la jeune femme doutait un peu - et que donc il lui serait très précieux. Elle ne put que sourire en entendant le jeune homme parler. Bien sûr qu'elle resterait avec lui. Autant qu'elle le pourrait, et que sa maladie le lui permettrait. Elle n'osait pas lui demander s'il serait prêt à venir la voir lorsqu'elle serait enfermée à l'hôpital pour sa chimiothérapie. Elle était sûre qu'il le ferait, mais elle n'avait pas envie de lui imposer ça. C'était bien trop dur pour elle, et elle ne voulait pas qu'il la voit au pire moment, au moment où elle était le plus faible. Elle voulait qu'il se souvienne d'elle comme de la pétillante Lux, qui adorait débarquer chez lui à moitié nue et avec laquelle il avait joué au petit couple lors de séances photos. Une heures et demie plus tard, et après bien des grimaces de la part du jeune homme, les deux amis ressortirent avec le même tatouage du côté gauche de leur bas ventre. C'était discret, et cela n'appartenait qu'à eux. Avant de sortir du magasin, Lux attrapa doucement la main d'Ugo pour le faire se tourner vers elle.

- Je ne suis pas la plus douée pour les mots mais... Merci.

Et là, la jeune femme fit quelque chose qui ne lui ressemblait absolument pas. Elle enlaça le jeune homme, une boule dans la gorge. Non, elle n'allait pas se mettre à pleurer, mais certaines émotions était plus dures à contenir que d'autres. Ugo lui offrait ce que peu avait su lui donner, c'est à dire quelqu'un sur qui elle pourrait toujours compter, qui ne la jugerait pas, et qui ne resterait pas focaliser sur sa maladie. La jolie métisse enfouie sa tête dans le cou du jeune homme, ne sachant comment mettre les mots sur ce qu'elle ressentait. Heureusement que personne n'était dans les parages, car ce qu'elle était entrain de faire était vraiment du anti-Lux. Elle haïssait les démonstrations d'affections en public, et même s'ils étaient toujours chez le tatoueur, c'est exactement ce qu'elle était entrain de faire. Décidément, Preston avait une influence bizarre sur elle.

Et voilà, Ugo était désormais marqué à vie de l'empreinte choisie par Lux. Tout deux partageaient désormais ce petit secret, cette union et cela renforçait leur amitié ainsi que toutes les choses un peu trop pudiques qu'ils étaient incapables de se dire. Alors que la jeune femme attrapait la main d'Ugo et le remerciait, le jeune Preston ne put s'empêcher de sourir parce que mine de rien, il avait réussi sa mission. Et c'était peut-être bien stupide, mais ça suffisait pour faire de lui le plus heureux des hommes.

Lux enlaça Ugo et il la serra contre lui, enveloppant ses fines épaules de ses bras, la rapprochant de son torse et callant sa tête contre la douce chevelure de la jolie brune. Elle sentait divinement bon et Ugo voulait garder cette image d'elle... il voulait s'imprégner totalement de cet instant pour s'en souvenir à tout jamais. De son sourire, de la douceur de ses cheveux, de son parfum. Pour la première fois depuis bien longtemps, Ugo était bien, et même si Lux se baladait avec une épée de Damoclès sur la tête, ils profitaient de l'instant. Peut-être qu'il était temps de mettre un terme aux challenges.

Et si on rentrait se poser devant un film... avec une demi-tonne de pop-corn ?