Aujourd’hui, Ian était vraiment mort. L’enterrement avait été assez douloureux, mais la légation chez le notaire serait la dernière étape avant que ses proches commencent réellement leur deuil. Barbie n’avait finalement pas décidé de s’envoler pour Tel Aviv, l’idée lui avait effleuré l’esprit mais sa mère lui avait gentiment dit d’assumer ses actes jusqu’au bout. Elle avait voulu partir vivre à Degrassi contre son avis, puis elle s’était rapprocher de Ian malgré sa désapprobation. Barbie pendant cette époque insouciante avait quelque peu négligé son autre famille, celle qui l’avait élevé et maintenant elle payait. Saraï lui avait dit de se débrouiller toute seule, lui répétant que les gens ne se jetaient pas quand on le voulait et qu’elle avait foiré son éducation. Bon. Pour cette funèbre occasion, Barbie s’était vêtue d’un costume noir cintré qui lui donnait un air garçonne. La populace de Degrassi aurait adoré que ce look osé lui donne l’air d’une gouine et vienne confirmer les bruits qui couraient sur elle, mais hélas ses lèvres pulpeuses et ces longs cheveux noirs attachés en queue sur le côté venaient tempéraient cet accoutrement androgyne. Barbie avait les larmes aux yeux en entendant Ian qui lui disait qu’il ne serait pas là pour son mariage, il lui offrait la rivière de diamant de sa grand-mère. Elle se dit qu’elle n’oublierait jamais de la porter si elle venait un jour à se marier... pour Ian. Ces pensées sentimentales s’interrompirent violemment quand la suite arriva. Cet enfoiré était sérieux quand il lui disait de se tourner vers Becca Cooper s’il lui arrivait quelque chose ? Elle avait les yeux écarquillés. Qu’est-ce que Warhol et elle avaient en commun avec cette famille de puritains ? Elle calcula d’abord quand est-ce qu’elle allait avoir 21 ans, elle eut envie d’hurler au scandale dans la salle mais elle se retint. Elle ne pouvait même pas refuser la tutelle de Becca, si elle le faisait elle tirerait alors une croix sur l’ensemble de son héritage. C’était un peu comme les dettes, soit tu les payais soit tu refusais le reste en même temps que ton obligation de les payer. Les mauvaises nouvelles allaient de plus belle quand Ian dit qu’il léguait la maison à Manu Davis. Barbara ne comptait pas vivre dedans de toute façon, même avant d’apprendre qu’elle aurait l’obligation d’aller chez Becca.. Mais elle restait légitimement à ses vrais héritiers, elle aurait pu se mettre d’accord avec Warhol pour la vendre ou quelque chose comme ça. Elle mit un coup de coude à Warhol qui commençait à devenir grossier et attirait au passage les regards condescendants de certaines personnes de la salle.

- Calme-toi, on va trouver une solution, dit-elle pas trop convaincue avant de tourner son regard vers sa cousine, l’implorant d’avoir une bonne idée.

Le visage de Barbara se crispa quand Charlie dit qu’elle ne voyait aucune solution. Elle prenait conscience de la réalité petit-à-petit, de toute façon si même l’intrigante Charlie Thomas n’avait aucun plan à proposer, elle devait se faire une raison tout comme Warhol ; si ils voulaient leur héritage, ils devaient vivre chez les Cooper et être à la merci de cette cul-bénit de Becca. Barbie touchait son collier avec agacement, la situation était stressante et ses perles de Lapis Lazuli en payaient les frais. Il faisait chaud dans le bureau du notaire, les sièges rembourrés sensé être confortable devenaient insupportables et un instant, Barbie crut qu’elle était en train de faire un malaise. Pourquoi avait-elle été enfantée par un grand gamin irréfléchi ? Elle leva les yeux au ciel en écoutant l’hypothèse de Warhol sur la mort de Ian.

- Je te l’ai dit ; il s’est tué devant moi, dit-elle froidement.

Elle aurait pourtant aimé oublier ce moment dramatique de sa vie, elle entendait encore les bruits de son arme à feu, la même douleur et incompréhension en voyant son père ensanglanté sur leur luxueuse maison qui serait dorénavant habitée par Manu Davis.

Barbie faisait la moue. Elle n’imaginait pas du tout que l’après mort de Ian se passerait comme ça. Elle s’imaginait déjà ne pas changer son train de vie habituel, communiquer quelques fois avec sa mère comme elle avait l’habitude de le faire avant que Ian décède. Mais il semblait bien que tout le monde l’avait lâché, Ian le premier… Quel connard. Barba acquiesçait quand Charlie disait qu’il fallait qu’il s’occupe de récupérer leur dû, sans passer par la case Becca. Elle jeta un regard méprisant en direction de Becca, avant de s’adoucir un peu par instinct. Elle ne devait pas se montrer trop garce avec, il fallait qu’elle se la mette dans la poche et vu comme elle avait l’air naïve ce serait un jeu d’enfant. A condition que Barbara ne se montre pas trop hostile. Se ravisant, elle lui fit un sourire, pas trop joyeux qui convenait à ce genre de situation et un signe de la tête, quand Warhol se leva vers elle pour lui tendre un mouchoir. Bon, il se tenait correctement pour une fois, les Cooper n’allaient pas les prendre en grippe d’entrée de jeu.

- Ian avait un viol sur la conscience, dit-elle à sa cousine sur le ton de la confidence. Je ne comprenais pas trop, je croyais qu’il planait.

Barbara essuya une larme qui coulait sur sa joue. Même après qu’il les ait laissés dans une merde monumentale, Barbie continuait de pleurer son père. Il lui manquait terriblement. Le voir parler dans cette vidéo lui avait donné le temps d’un instant l’impression qu’il était toujours en vie. Elle éclairci un peu sa voix qui avait été nouée en repensant à ce triste matin, avant de poursuivre son récit.

- J’ai fini mon café d’une traite, quand j’ai entendu un coup de feu. Je me suis retournée, il était au sol.

Barbie secouait de la tête de gauche à droite quand sa cousine disait que Ian était défoncé au moment des révélations. Bon il était défoncé comme à toute heure de la journée, mais justement ce petit détail faisait sûrement que la drogue n’atteignait plus sa lucidité. La scène revenait dans sa mémoire, il avait l’air si sincère quand il lui avait confessé ses méfaits. Pauvre papa, il ne pouvait rien dire. Barbie avait tellement envie de le voir pour lui donner une grosse gifle avant de lui faire un gros câlin et resté des heures dans ses bras. Petit à petit, elle comprenait que tous les moments qu’elle enviait Charlie d’avoir passé avec Ian, tous ces moments elle les avait largement rattrapé pendant ces longs mois où ils avaient fait connaissance. Malgré le baiser de sa cousine sur ses joues, en pensant à son père de nouvelles larmes se mirent à couler sur ses joues rosées par le blush et la chaleur de la pièce. Elle les essuya rapidement et se leva de sa chaise repassant sa veste de smoking de la main, remettant son collier en lapis lazuli en place.

- Il était hyper sincère, je retrouverais cette salope de sainte nitouche qui a fait culpabiliser mon père jusqu’à ce qu’il se tue, dit-elle en serrant des dents.

Elle mit sa main devant la bouche. Ce qu’elle venait de dire était juste horrible, on aurait dit qu’elle était possédée par le même esprit maléfique qui habitait Edgar Shawell. Immonde. Pauvre fille, elle n’avait pas forcé Ian à la violer. Logiquement, un viol ce n’était pas ça. Son père était un porc, c’était comme ça, un porc mort mais il n’y pouvait plus rien, ni elle, ni personne. Elle donna la main à Charlie, tout de suite après s’être emportée ne lui laissant pas le temps de réagir.

- Allons voir ce guignol, dit-elle en acceptant la proposition de sa cousine.

Chloé Kennedy avait bon dos, même si Barbie aurait été trop contente de l’incriminer dans le décès de son père, elle savait très bien que cette pauvre dealeuse n’y était pour rien. Mais même si elle n’était pas d’accord avec sa cousine sur les circonstances de son suicide, elle partagea volontiers une gorgée d’alcool de la fiole de Charlie. Mon dieu, Barbara avait l’habitude de boire et n’avait pas hésité à vider le mini bar de sa chambre au Hilton, mais ce que Charlie trimbalait dans son sac était tout bonnement dégueulasse tellement le breuvage était corsé. Elle avala avec difficulté, mais reprit une deuxième rasade qui, aux vus des évènements journaliers, était de circonstance. Elles avancèrent jusqu’à celui qui avait volé une partie de l’héritage de Warhol et Barbie, même en deuil les deux cousines restaient divines. Barbara mit ses grosses lunettes noires pour cacher ses yeux rougis par ses pleurs précédents, elle ne voulait pas que le connard qui allait dormir dans ses draps pense que c’était sa nouvelle acquisition qui avait abîmé ses jolis yeux Elle était ici pour la forme, la maison de Ian lui appartenait ainsi qu’à Warhol, c’était légitime et juste. Il y avait beau avoir des millions qui l’attendaient sur un compte bloqué, Barbie ne voulait pas partager ce qui lui revenait de droit avec des inconnus de la famille. Ni un baiser contrairement Charlie, ainsi elle resta en retrait, glaciale au possible, quand sa cousine embrassa Manu au coin des lèvres. Si la situation n’était pas aussi dingue, elle aurait probablement rigolé en écoutant sa cousine. Charlie savait être poétique pour agresser les gens avec politesse. Barbie se contentait de s’accrocher à son bras et sur jouait sa peine pour faire culpabiliser Manu.

Dieu seul savait ce que ce connard de Manu allait faire chez elle. Cette pensée lui donna la nausée. Il se permettait en plus d’emettre un jugement sur leur comportement. Pourtant s’il y avait bien des personnes qui avaient perdu un proche ici, c’était Barbie, Warhol et Charlie. Même cette Becca n’avait pas à piouner dans son coin, elle n’était rien pour le clan Thomas. Enfin, maintenant elle était leur tutrice légale aux dernières nouvelles mais ce problème s’arrangerait sûrement par la suite. La remarque de Manu sur ce qu’il pensait convenable comme attitude dans « un moment pareil » piqua Barbara. Elle lui jeta un regard glacial, après avoir enlevé ses lunettes pour mieux le fusiller du regard.

- Après avoir volé ma maison, vous allez peut-être voler notre deuil, lui lança-t-elle sur un ton acerbe.

Les deux adolescentes étaient après lui et les questions, ainsi que les répliques sèches, fusaient. Barbie pressa le bras de sa cousine et remit ses lunettes mouches. Elle tourna sa tête en direction de Charlie et lui parla comme si Manu n’existait pas.

- J’ai jamais vu ce pique-assiette avec mon père.