Il part, il revient, elle part, elle revient et... [Sean]

Cela faisait presque un mois que Mandy avait laissé Sean, seul sur le toit d'un immeuble avec pour seule compagnie une magnifique bague de fiançailles. Mandy n'avait pas eu peur, elle était sûre et certaine qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Mais sur le coup, elle s'était enfuie. Non par crainte, mais seulement parce qu'elle était déçue. Après tant d'années, elle avait tellement espéré que Sean ferait tout pour elle. La demander en mariage était un fait trop simple comparé à son voyage New York/Degrassi. Plus le temps passé, plus elle avait compris qu'il ne reviendrait pas. Elle en souffrait, beaucoup trop. Elle avait tout essayé. Elle sortait tous les soirs, faisait de nouvelles rencontres et s'amusait comme une folle. Mais elle avait toujours la poitrine en feu, ce manque qui l'a brulé de l'intérieur. Elle avait perdu Sean une fois et ne désirait pas refaire la même erreur.

Ce matin là alors, elle se vêtue de sa nouvelle robe rose étincelante et estivale. Elle prit son temps pour parfaire ses cheveux et son visage. Elle s’était regardée dans la glace, avec ce même sourire triste qu’elle arbore depuis presque un mois. Elle avait beau se faire la plus belle possible, elle savait que Sean ne la regarderait même pas. Il passerait au dessus de ça. Sur le trajet, elle avait acheté un repas mexicain pour deux à emporter. Sean avait toujours aimé ça. Elle aurait aimé y glissé une bague de fiançailles pour se rattraper, mais ce n’était pas ce qu’elle désirait au plus profond d’elle. Elle ne voulait pas revivre ce qu’elle avait vécu à ses premières fiançailles avec Sean. Elle n’était pas prête à affronter un nouvel échec. Peu être était-ce donc de la peur, de la peur du vide qu’il pourrait laisser derrière lui une nouvelle fois. Elle avait trop besoin de lui.

Dans sa voiture, garée devant la maison de Sean, elle resta dix bonnes minutes à se demander si sa visite n’était pas maladroite voir carrément déplacée. Les larmes lui montèrent aux yeux et elle mit de nouveaux dix minutes à les faire disparaître presque complètement. Elle poussa la portière et prit son sachet de nourriture et son sac. Son estomac était retourné et elle n’avait même pas faim. De toute façon, ce n’était pas bien étonnant. Elle avait perdue l’appétit depuis longtemps. Elle se dirigea vers la porte d’entrée et frappa plusieurs fois, en priant pour que Sean soit seul. Ces derniers jours, elle s’était inquiétée que la rage porte Sean vers Ellie et qu’il se redécouvre un amour pour sa cousine.

Sean venait de finir sa série de pompe journalière. Il avait pris cette habitude d'heure quotidienne de sport auprès de son père, puis de son frère. Ses courts séjours en prison lui avait fait continuer et son passage dans l'armée avait fait de cette heure de sport une tradition.Malheureusement il avait essayé en vain d'inculquer le goût de l'effort à son fils mais Noah était un fainéant et si il arborait quelques abdos c'était seulement grâce aux chromosomes de sa mère. Sean attrapa sa serviette poser sur le rebord d'une machine quand il entendit la sonnerie retentir dans toute la maison. Il s'épongea un peu le front et attrapa sa bouteille d'eau posée sur une table non loin de là. Sean songea immédiatement à Ellie dont il s'était rapproché ces derniers temps à moins qu'il ne s'agisse de Noah qui avait la fâcheuse habitude d'oublier ses clés. Sean descendit les escaliers avec rapidité et ouvrit la porte avec le même enthousiasme qui retomba subitement en découvrant son invité. Mandy. Ils s'était à peine croisé depuis leur moment privilégié sur le toit.

- Qu'est ce que tu veux ?

Sean ne pouvait pas s'empêcher de se montrer désagréable. Le refus de Mandy l'avait blessé. Lui d'habitude si renfermé, il avait mis son coeur à nu. Sean ne disait jamais ce qu'il ressentait vraiment ou très rarement. Ca n'était pas son genre de crier je t'aime sur les toits et encore moins de demander les filles en mariage. Quand il avait posé son genou à terre il s'était sincèrement engagé envers Mandy. Sa réponse négative l'avait détruit, anéanti. Au fond de lui, même si il souriait, il souffrait toujours. Sean posa sa main sur la porte pour faire montrer qu'il allait l'a fermer dans quelques secondes si la jeune femme ne lui donnait pas immédiatement une bonne raison de la laisser ouverte.

Evidemment Mandy ne s'était pas attendu à un accueil chaleureux et elle n'avait même pas espéré plus qu'un simple Bonjour froid et distant. Mais même préparée, la phrase qu'avait lâchée Sean lui fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Son regard se posa alors su Sean pendant une demi seconde, se qui lui parut une éternité. Elle avait l’impression de redécouvrir sa silhouette, son visage, son sourire, ses rides anxieuses, son regard profond. Elle hésita une dernière fois. Partir et ne jamais revenir ou rester et se jeter à genoux. Elle lâcha un petit sourire puis afficha un sourire ambitieux quand Sean plaça sa main sur la poignée comme si Mandy était une commerçante qui faisait du porte à porte et qu’il allait grossièrement lui fermer la porte au nez. Devinant qu’elle ne rentrerait pas chez lui, elle se lança dans son monologue qu’elle n’avait pas du tout préparé.

- Ca fait un moment que j’attends ton coup de téléphone. J’aurais pensé qu’un homme prêt à s’engager à vie en se mariant, aurait au moins pu donner de ses nouveaux non ? Un homme amoureux aurait aussi pu tout faire pour la fille aimée ? Sean, si j’ai dit non ce n’est pas parce que je ne voulais pas être ta femme. J’en rêve depuis… toujours. Mais je ne sais pas, j’aurais aimé que tu fasses un peu plus. C’était peu être gamin, mais ça m’a parût trop facile. Je suis revenue. De New York je suis venue jusqu’ici. Pour seul espoir de t’apercevoir dans la rue et de voir que tu allais bien. Alors sur le moment j’ai pensé que ça ne se valait pas… J’en ai eu marre d’être la pauvre potiche qui t’attendait, qui venait à toi et qui faisait tout pour te récupérer. J’en avais marre de te courir après. Et c’est ce que je fais encore aujourd’hui. Mais j’ai eu peur. Peur que le scénario de nos premières fiançailles se répète. Comme aujourd’hui j’ai peur de t’avoir perdu une fois pour toute…

Mandy se rendit compte alors qu’elle avait tout déballé, qu’elle n’avait rien gardé pour elle. Même dans les situations où on a beau dire qu’on disait toute la vérité, tout ce qu’on avait sur le cœur, on ne le faisait pas réellement. Mais là tout était sorti. Tout était sorti car cette fois Mandy n’avait pas de plan de secours. Soit elle restait pour Sean, soit elle repartait à New York. Son travail était finit ici. Mais cela, elle ne désirait pas le confier à Sean. Elle ne voulait pas que son choix se fasse à cause de son départ par peur de changer d’avis un jour. Non, ce qu’elle voulait c’était de savoir ce qu’il voulait aujourd’hui même.

- Sean je suis désolée, vraiment. Je m’en veux de t’avoir laissé comme ça, j’aurais dû m’expliquer tout de suite. Ca aurait évité bien de choses j’en suis sûre. Mais je ne peux pas revenir en arrière alors… C’est tout, je voulais juste t’expliquer ce que j’avais eu sur le cœur ce jour là. M’excuser de t’avoir abandonné et… je t'ai... enfin je veux dire… tu me manques. Beaucoup.

Sean laissa sa main sur la porte les yeux baissés sur ses doigts calleux contre le bois, lui qui ne baissait jamais les yeux devant personne et qui n'hésitait à se battre contre plus fort que lui était presque terrifié en face de Mandy. Il pouvait encaisser les coups de poings mais pas les coups de coeur, Sean savait qu'il était vulnérable et que Mandy possédait toutes les clés pour le blesser. Il se fit violence pour ne pas refermer la porte et écouter la jeune femme. A la fin de son discours il releva la tête et prit quelques secondes avant de parler la gorge enrouée par l'émotion. Comment ne pas être séduit et conquit ?

- Tu me manques aussi. Beaucoup.

Le coeur de Sean avait parlé à sa place. Il ne pouvait pas nier la chair de poule et les frissons qui le parcourait quand Mandy était là en face de lui. Pourtant la peur l'empêchait à chaque fois de lui dire ce qu'il ressentait. Il avait bien pensé à lui courir après mais laisser tomber lui avait semblait être la même solution. Il avait toujours eu tendance à se résigner très vite à croire qu'il n'était pas assez bien pour les gens. Maintenant il se rendait compte qu'il n'avait pas tort. En restant renfermé sur lui-même à s'appitoyer sur son sort Sean s'appercevait qu'il avait même pas fait d'efforts pour récupérer celle qui pensait être la femme de sa vie. Décidément il n'était bon à rien. Pour le militaire il semblait évidemment que les choses devaient s'arrêter ici entre eux.

- Mais tu as raison la catastrophe de nos premières fiançailles ne doit pas se répéter. Je pense qu'on est incompatibles Mandy, on est destinés à se faire souffrir. Alors oublie moi et j'essaierais de faire pareil de mon côté.

Le cœur de Mandy fit dix bons dans sa poitrine. INCOMPATIBLES. Depuis quand devait-on être compatibles ? Ses sentiments pour Sean lui étaient tombés dessus, elle n’avait rien demandé. Mais ils étaient bien là, au plus profond d’elle-même et la tuait à petits feux. Mais Mandy s’était jurée que c’était bien la dernière fois qu’elle venait relancer Sean, qu’elle lui ouvrait son cœur et lui offrait tout. Elle sentie un poids dans sa main puis ses yeux se posèrent sur le sachet carton qui contenait la cuisine préférée de Sean. Sans même y réfléchir, n’y même le commander, elle le laissa tomber à terre. Elle se força à ne pas pleurer, elle brûla de l’intérieur toutes les larmes qui montaient. Avec Sean il lui était impossible d’être en colère, avec lui elle était toujours triste ou heureuse. Mais cette-fois elle comprit qu’il ne disait pas ce qu’il pensait, mais ce qu’il voulait réellement. Il était surement encore amoureux d’elle mais avait tourné la page. Il avait réussit quelque chose que Mandy avait échoué depuis longtemps. Ce n’était pas une question de chance ou de celui qui aimait le plus, mais tout tournait autour de l’envie. Il fallait en avoir envie et Mandy s’y refusait. Elle se mordit la lèvre, cherchant ses mots, tant dis que son regard se posa dans les yeux de Sean.

- C’est peu être plus simple comme ça. Je suis désolée de t’avoir une nouvelle fois dérangé.

Elle n’avait pas dit ça sur un ton énervé, ni remplit de méchanceté. Son ton avait été très neutre, peu être trop. Elle avait été sincère. Elle était désolée, désolée d’avoir encore insisté devant un homme qui ne voulait plus d’elle. Et de ce fait, elle en était certaine. Elle pencha la tête vers sa voiture et reposa son regard finalement sur Sean. Sur celui qui avait toujours été l’homme de sa vie.

- Je pars.

Et ce n’était pas une phrase en l’air.

Un frisson parcourut l'échine de Sean quand les yeux bleus profonds de Mandy s'ancrèrent dans les siens. Elle semblait si bouleversée. Tout ça à cause de lui. La peine qu'il venait de provoquer chez elle lui déchirait le coeur et pourtant il était incapable d'y mettre en fin en lui avouant qu'il était dingue d'elle. Que c'était même au delà de ça. Qu'il s'agissait d'un amour infini qui le bouffait littéralement et que sa seule présence à côté de lui... Il l'aimait. Mais ses lèvres restaient closes et ses yeux se fixèrent stupidement sur le carton de nourriture apporté par Mandy. Il ne parvenait pas à se baisser pour le ramasser. Il restait là à le regarder pour éviter le regard de la femme qu'il aimait et pour s'éviter la douleur de la perdre à nouveau sans son consentement. Là c'était plus rassurant de savoir qu'il la perdait à cause de sa lâcheté même si c'était toujours douloureux. Les mains de Sean tremblaient tellement qu'il dû les appuyer l'une contre l'autre pour le dissimuler à Mandy.

- Tu retournes à New York...

Sean voulait paraître froid mais le ton de sa voix était affecté. Il aimait Mandy plus que tout au monde mais son orgueil prenait le pas sur le reste et une fois encore il prenait le risque de la perdre. Il était tellement habitué à son désert affectif qu'au fond il le trouvait plus attirant et rassurant qu'une relation passionnelle avec la femme de sa vie.

- Je te souhaite bonne chance Mandy.

Mandy ne sut que dire pendant quelques instants. "Bonne chance", c'était donc tout ce qu'il avait à dire ? Si un jour il y avait eu un mythe « Sean Cameron » il n’existait plus aujourd’hui. Elle se mordit la lèvre, et lâcha un petit rire jaune et nerveux. Pourquoi Sean et Mandy devaient toujours faire dans le compliqué ? dans la dépression ? dans le je t’aime mais on ne doit pas être ensemble ? Mandy se cru alors dans un film, dans un très mauvais film d’amour où tout le monde est compliqué pour très peu de choses. Est-ce que sa vie se résumait-elle donc à ça, un film avec un bon casting mais un très mauvais scénario ? Peu être que Sean avait raison, peu être qu’ils n’arriveraient jamais à s’entendre et à vivre un parfait amour. Peu être. Mais Mandy aurait voulut seulement essayer, rien qu’essayer. Elle sourit à Sean.

- Oui, je pars Sean. J’ai encore un peu de travail, mais ça ne devrait pas me prendre trop de temps… et puis plus rien ne me retiens ici ap…

Mandy ne finit pas sa phrase. Elle ne désirait pas que cet échange finisse mal, et que Sean voit à quel point elle était fou de lui. A quel point il l’a blessé à ce moment même. Elle jeta un regard à sa voiture, et se demanda si il fallait qu’elle parte maintenant ou pas, si la conversation était vraiment finie, si leur histoire touchait à sa fin. Elle reposa son regard sur Sean.

- Merci. Je te souhaite d'être heureux Sean.

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