Chanel entamait sa seconde journée à la mairie en tant que figurante. Amie de longue date d'Edgar Shawell, elle avait à sa demande, financée une partie de la campagne de Ryan. Chanel avait ensuite pu négocier un poste de porte-parole au cabinet du maire. Un travail qui lui permettait de recevoir un salaire confortable et encore plus d'invitations à des expositions et des galas de charité. Chanel aimait avoir enfin un vrai travail, c'était comme si elle se mêlait aux petites gens. Elle pouvait enfin savoir ce que ça faisait de rentrer - faussement - harassée du travail et d'avoir un patron incompétent. Chanel avait la sensation d'être dans un show permanent. Tous les regards étaient braqués sur elle et pour alimenter les ragots, elle changeait de tenue trois par jour et avait déjà changé deux fois d'assistante. Chanel avait aussi l'intention d'exploser le montant de ses notes de frais exprès pour faire enrager le gentil Ryan Cooper qui ne la supportait déjà plus. Mais le coincé du cul lui devait bien ça. Sans elle pas de mairie et de nananère chanté à Rain Evans. Elle croisa ses jambes fines et s'alluma une cigarette malgré la pancarte rouge qui l'interdisait. Une habitude chopée en France et dont elle était incapable de se défaire. Elle souffla la fumée au visage de l'une des conseillères municipales avant de continuer à faire semblant de traiter des dossiers en sifflant des lattes. Elle pianota sur son téléphone deux messages quasiment identiques, à l'intention de son fils et de sa nièce. Noah et Barbara était invité à la rejoindre pour les déjeuner. Quand sa filleule arriva dans les couloirs de la mairie, de sa démarche si parisienne, Chanel lui demanda :

- Excuse moi quelques secondes.

Chanel s'occupa de signer quelques papiers sans importance avant de se revenir vers sa nièce qu'elle embrassa sur le front, dégageant quelques mèches de jais de son visage au passage, en souriant et en la complimentant sur ses chaussures. Elle se dirigea ensuite vers l'immense bureau qui lui avait été attribué et referma la porte derrière elles.

- Vietnamien ou libanais ? demanda Chanel en décrochant le téléphone blanc vintage qui se trouvait sur son bureau d'époque pour passer la commande à son assistante.

- Viêtnanmien. répondit Ian en poussant les portes du bureau de Chanel qu'il embrassa légèrement sur les lèvres avant de faire la bise à Barbie.

Ian prit place sur l'un des fauteuils et rabattit ses Raybans sur ses yeux rougis par les excès de la veille. Son costume à 5000$ était froissé et ça ne le rendait que plus chargement. Il s'alluma un cigare avant de l'écraser dans le cendrier le plus proche comme si le simple de fumer était un geste trop épuisant. Finalement il retrouvait de sa joie de vivre et son enthousiasme en se rapprochant de sa fille qu'il comptait prochainement déshéritée au profit de son fils Adam pour la mettre sur ses genous et la faire sautiller sur ses genoux comme si elle n'avait que quatre ans et n'avait jamais sucé de bites.

- Comment est ce que vous allez les puces ?

Ian colla un énorme baiser sur la joue de sa fille avant de lui faire une tresse avec les cheveux qui pendouillaient sur l'une de ses épaules.

En recevant le texto de Chanel, Barbara s'était vite préparée. Un déjeuner en famille parfait. En entrant dans la mairie avec sa démarche assurée, Barbie s'imaginait dans le rôle de femme politique ça lui plaisait bien. Surtout en entendant ses Jimmy Choo faire un bruit dingue sur le carrelage, ça faisait encore plus femme d'affaire glamour. Ses chaussures que Chanel avait remarqué, ce qui n'avait pas déplut à Barbie venant de la part de son idole de toujours : Sa tante.

- Parfait, j'adore le vietnamien. enchérit Barbie avec un ton vraiment convainquant.

Pas la peine de préciser que de toute façon toute matière grasse -ou non d'ailleurs- rentrant dans son estomac en ressortait immédiatement. Barbie fit un bisou à sa tante préférée pour finir sur les genoux de Ian. Vraiment, elle avait l'air cruche entrain de sauter sur les genoux de son papa comme quand elle avait 5 ans - bien qu'elle ne le connaissait pas encore, enfin pas celui là-. Mais c'était cool. De toute façon Barbara allait être entouré de personnes chers à son coeur le temps d'un déjeuner, elle n'avait pas à se plaindre.

- Tout vas pour le mieux pour ma part. Et vous ? Noah ne va pas tarder ?

Noah avait été collé puis viré pour avoir fait l'idiot durant son heure de colle. Le système canadien était complètement idiot. Comment pouvait il se sentir puni si on l'autorisait à sécher les cours. Il se trouvait donc libre comme l'air à midi au lieu de faire des équations à deux inconnus. Ca n'était pas pour rien qu'il embrassait tous les matins son reflet dans le miroir. Il était un génie. Noah reçu l'ordre express de sa mère de venir déjeuner avec lui par texto. Il refusa d'y répondre parce qu'il avait un autre plan, s'acheter des pétards avec son argent de poche. Il dirait à sa mère qu'il était en cours et que c'était pour ça qu'il n'avait pas pu venir. Il gambadait dans la rue lorsqu'il fut presque renversé par une voiture grise.
"Oh non" gémit Noah alors qu'il se faisait entrainer de force dans le véhicule. Sa mère lui avait carrément envoyé un chauffeur. Noah bouda pendant tout le trajet et ensuite pendant qu'il avançait dans le couloir, toujours sur bonne escorte. Le coup de "vous avez une tâche là" ne marchait pas avec le mec balaise qui l'accompagnait. Noah ne retrouva le sourire que quand il entendit la voix de Barbie.

- Je suis là cousine ! dit Noah en claquant une bise à sa cousine.

Il l'aimait bien Barbie malgré tout ce qu'on pouvait raconter sur elle. Elle était comme sa mère, bien trop bien pour une ville comme Degrassi. Il s'y ennuyait toujours à mourir malgré les pets qu'il faisait au visage de Billie et les sales coups qu'il jouait à son meilleur ami Taylor. Noah avait hâte que sa mère lève enfin la punition pour qu'il puisse retourner vivre avec elle à Paris et non à Degrassi. Son nouveau travail était aussi inutile qu'une ampoule économique. Ryan et la ville ne se rendrait même pas compte de sa disparition. Le mariage de son père avec Ellie laissait en plus supposer qu'il allait avoir une belle-mère et un demi-frère ou une demi-soeur à supporter. Noah avait toujours tout fait pour rester enfant unique au point de se circoncire lui-même le jour des fiançailles de Chanel. Un acte qui avait fuir son futur et richissisme époux à l'autre bout du monde. Noah était comme ça un enfant dans un corps d'adolescent assez charmant selon ce qu'on comptait faire avec. Il s'asseya sur le bureau de sa mère et balança ses jambes d'avant en arrière dans le vide.

- Qu'est ce qu'on bouffe ? Un truc sérieux j'espère parce que vos algues et vos sushis ça va deux minutes.

Noah détestait que sa mère lui rappelle tout le bien qu'elle faisait pour lui même si son action était assez limitée. Lui faire manger des sushis pour lui permettre de garder sa ligne n'était pas le geste le plus maternel qu'il connaissait. Chanel aurait pu faire au moins semblant de lui tricoter un pull au lieu de ça elle lui rappelait que son père était un mec sans talent et sans argent et que son sang coulait dans ses veines, pour genre toujours.

- Putain maman tu es S U P E R C H I A N T E. Super chiante quoi. dit Noah après avoir épelé les mots d'une voix de gamin insupportable.

Il détestait entendre les remontrances de sa mère qui lui rappelait sans cesse à quel point son père était un gros nul. Pourtant ça ne l'avait pas empêché de coucher avec de gros nul avant de l'abandonner à ce même gros nul. Dire que Sean perdait des centaines de dollars en payant un pédopsychiatre - comme s'il avait encore dix ans - alors que le problème venait de la réputation que Chanel avait fait à son père durant des années. Il jeta un regard amusé à Barbie qui parlait de son petit ami Cruz-le-nul-je-suis-le-roi-du-monde. Sa cousine méritait mieux que ce mec vantard toujours dans les jupes de sa mère ou dans le cul plat d'une fille du Bad Circle. Blablabla coup de foudre. Conneries et super conneries. Un tas de clichés qu'il aurait préféré ne pas attendre sortir de la bouche de sa cousine adorée. Finalement Barbie était peut-être aussi chiante que sa mère. Il se leva à son tour et se posta derrière Barbie qui regardait par la fenêtre.

- Le mec le plus beau de Degrassi hein ? Le plus intelligent et le plus sympa étaient déjà pris ? Cruz craint, son frère encore plus et sa mère est encore plus tarée et psychorigide que la mienne. Tu essayes d'être la nouvelle Charlie ou quoi ?