Cruz, fais moi l'amour ! [PV ... Cruz :P]

Le lendemain était arrivé. Beth avait accepté l'invitation à dîner de Joey, futur ex mari de sa cliente et amie Claire. Elle s'était totalement laissée envoûter par cet homme, juste grâce ou à cause de la magie que sa fille avait opéré sur lui. Beth se détestait. Elle était carrément paumée. Elle ne se reconnaissait plus. Où était donc passée la vraie Beth. La Beth qui avait un coeur aussi froid que la mer de Glace dans la vallée de Chamonix ? Son coeur était-il en train de fondre, tout comme cette dernière, mais cette fois non pas à cause du réchauffement climatique mais de ses putains de sentiments qu'elle éprouvait pour Cruz, qui se foutait complétement de sa gueule et de celle de leur fille.
Beth avait songé au suicide. Dans un moment de faiblesse extrême, elle avait voulu se tailler les veines avec le propre rasoir de son fils, avant de renoncer à cette idée, ne voulant pas faire de Prudence une orpheline, la pauvre n'ayant déjà pas de père. Elle avait pensé à quitter Degrassi, définitivement, laissant derrière elle tout son passé, et emportant avec elle uniquement sa fille et sa garde robe. Mais elle n'y arrivait pas. Quelque chose la retenait prisonière dans son immense manoir. Quelque chose, ou quelqu'un.
Beth avait attendu Cruz toute la nuit, il n'était pas rentré. Elle avait pleuré toute la nuit, et c'étaient d'énormes cernes qui lui bouffaient la moitié du visage que Beth avait eu à la place des yeux au réveil le matin. Après plusieurs heures avec un masque réfrigérant sur les yeux, ses paupières avaient dégonflés, mais son coeur était toujours autant en conflit.
Elle luttait contre plusieurs démons, contre plusieurs désirs, plusieurs plaisirs. Elle luttait contre son attirance évidente pour Joey. Elle luttait contre la cruauté extrême de Cruz envers elle. Elle aurait aimé avoir la force de l'envoyer ballader. De le quitter définitivement, et de voir ce que ça pouvait donner avec Joey. Il était bien plus mûr que Cruz, malgré tout ce que Claire avait pu dire sur lui, et Beth savait qu'elle pourrait faire de lui un beau - père presque parfait pour sa petite Prudence. Mais elle n'en avait pas la force. Elle n'osait pas faire ce putain de pas qui lui ferait franchir une frontière immense entre elle et Cruz.
Quand elle avait entendu la porte d'entrée claquer, signe du retour de Cruz, Beth attendit quelques minutes que ce dernier monte dans sa chambre. Elle devait lui parler. Le mettre au pied du mur. Elle devait le quitter.

- Cruz, je vais faire une bêtise si tu ...

Beth avait ouvert la porte de la chambre de Cruz sans même attendre qu'il ne lui dise d'entrer. Elle l'avait refermé immédiatement derrière elle. Elle était toute tremblante, elle avait les lèvres qui bougeaient toutes seules, comme si elle pleurait intérieurement, sans larmes et en silence. Elle allait faire une bêtise en effet. Elle allait s'adonner à un autre homme que Cruz. Le tromper. S'il ne lui prouvait pas son amour. Tout de suite et dans cette chambre, là où tout avait commencé, il y a de cela un an ...

- Cruz, fais moi l'amour !

Cruz venait de quitter la maison de Julian. Après sa confrontation avec sa mère, il avait fui comme le lâche qu'il était depuis plusieurs mois. Il avait erré dans la rue avant de vouloir rentrer pour la rejoindre et lui dire combien il l'aimait. Parce que ça aussi il ne pouvait pas le nier. Il était fou d'elle. Ça n'était pas seulement sexuel, c'était bien plus. Un lien indéfectible qui les liait depuis sa naissance. Ils se regardaient et se comprenaient immédiatement. Beth avait tout de suite senti sa douleur et son mal-être quand il se tailladait les veines pour extirper cet amour qui le brisait de l'intérieur. Cet amour interdit à cause de sang qu'ils avaient en commun. Cruz se sentait tellement moins désespéré quand Beth se refusait à lui en lui rappelant qu'elle était sa mère. Il souffrait le martyr en la voyant dans les bras d'Adrian mais au moins il n'avait pas l'impression de l'avoir corrompu. De l'avoir salie en la mettant enceinte. Elle avait porté l'enfant de son propre fils. Il ne se pardonnerait jamais de l'avoir fait tombé amoureuse de lui. Beth l'aimait tellement qu'elle était prête à tout pour lui, y compris accepter un simulacre de relation contre-nature. Cruz s'était levé du trottoir où il se trouvait pour rejoindre Beth quand une dizaine de personnes masquées lui tombèrent dessus. Les coups pleuvèrent sur lui et les insultes aussi. Quand une goulée d'air parvenait à entrer dans ses poumons il réalisa qu'il ne ressentait presque plus la douleur et que c'était probablement un coup de Charlie qui lui en voulait pour il ne savait pas trop quelle raison. Mais la reine des abeilles avait sûrement tout prémédité il reconnaissait bien son travail. Laissé en sang sur le goudron, Cruz s'était tant bien que mal relevé et était entré chez Chloé. C'était peut-être un signe. Obsédé par sa mère il se retrouvait chez celle qu'il croyait détester. Et ils avaient fait l'amour... Maintenant Cruz rentrait chez lui le corps couverts de bleus, la lèvre fendue et l'oeil gonflé. Il claqua la porte derrière lui avant de retirer son t-shirt et de le jeter dans un coin. Il mourrait d'envie de prendre une bonne douche et de dormir encore. Il sursauta quand Beth fit irruption dans sa chambre. Elle tremblait et il s'approcha aussitôt d'elle, près à l'enlacer et à la serrer contre lui. Il posa une main sur son épaule avant de la relâcher en entendant sa demande. Beth était tellement belle et excitante à ce moment là qu'il ne pouvait pas la regarder dans les yeux en lui disant non.

- Je peux plus... Beth je t'aime et tu le sais. Mais je suis désespéré. Cette relation incestueuse me dégoûte. Elle me donne envie de me flinguer. Je t'aime mais c'est... contre-nature. Et tu le sais.

Comme si manger des sushis sur un corps nu n'était pas contre-nature. Cruz oubliait bien vite qu'il avait tout fait au début pour mettre Beth dans son lit. Bien sûr il ne l'avait jamais considéré comme une vulgaire conquête. Il l'aimait sincèrement mais aujourd'hui maintenant que sa relation malsaine et masochiste avec Diane était terminée, il réalisait qu'il avait cherché à se punir pour cet écart moral qui le détruisait à petit feu. Il aimait Beth mais le peu de valeurs qui restaient ancrées en lui, lui interdisait de le faire. Le visage de Prudence le renvoyait à sa honte et à sa douleur, celle d'aimer sa mère. Celle qui l'avait porté. En couchant à nouveau avec elle, il briserait l'ultime tabou. Et au fond de lui Cruz Preston éprouvait désespérement le besoin d'être encore un adolescent comme les autres. Plus riche et plus beau que les autres mais pas un de ses alliénés qui avait des relations tordues avec les autres. Beth était sa mère, rien de plus. Il devait se le mettre dans le crâne et arrêter de la désirer pour aimer à nouveau. Maintenant il y avait Chloé enfin presque. Parce que son amour pour la blondinette était loin d'être une conviction. C'était une histoire compliquée entre haine et amour. La transition post-Beth risquait d'être compliquée.

"Je peux plus". Ces mots résonnaient dans le crâne de Beth qui était sur le point d'exploser. Les images de leur relation incestueuse lui revenaient en pleine face et la faisait se dégoûter. Qu'avait-elle fait à son fils ? Qu'avait-elle fait à son couple avec Adrian ? Elle avait pris tous les risques, elle avait tout quitté, pour son fils qui n'en valait même pas la peine mais à qui elle ne pouvait pas en vouloir. Il ne pouvait pas, et c'était normal. Normal, mais tellement insupportable pour Beth. Elle savait que ce n'était pas aussi simple qu'avec Adrian. Avec ce dernier, elle n'avait pas eu beaucoup de mal à le rendre complètement accro à sa petite personne, et Rebecca avait été d'une simplicité déconcertante à envoyer pendant plus de 20 ans hors de Degrassi. Elle n'avait aucun avenir avec Cruz, et désormais elle n'en aurait plus aucun avec Adrian. Elle n'avait plus d'avenir du tout. Comment pouvait-elle vivre après ce qu'elle venait de vivre, après ce qu'elle avait fait vivre à son fils ? La peine de mort existait encore aux Etats-Unis, elle allait s'exiler là bas et se rendre aux autorités. Elle n'avait pas la force de se tuer elle-même, un bourreau légitime fera donc parfaitement l'affaire. Sa dernière volonté serait que toute cette affaire ne s'ébruite pas, pour Prudence, qu'elle puisse grandir dans un univers sain auprès d'une famille adoptive, et pour Cruz, pour qu'il puisse se reconstruire après sa mort.
Bien que tremblante complètement sur ses 2 jambes, Beth ne pouvait pas rester une seconde de plus dans la chambre de Cruz, pas après que ce dernier l'ait si violemment rejetée. Elle ne pouvait pas rester en face de lui à regarder son corps meurtri de bleus qu'elle n'avait même pas vu à cause de son amour aveuglant pour lui. Elle était persuadée qu'il avait été tabassé à cause d'Ugo, qui était maintenant au courant de toute cette histoire et avait promis à sa mère de la venger. La venger. Elle se vengerait en tout cas, juste avant de rendre son dernier souffle, elle irait mélanger son souffle avec celui de Joey, pour une nuit, ou plus, jusqu'à ce que Beth se fasse trop horreur pour avoir trompé celui à qui elle avait juré fidélité éternelle pour pouvoir se tuer. Il fallait qu'elle parte, Cruz n'avait pas su la retenir. Elle devait partir le rejoindre.
Ne pouvant qu'ouvrir à peine la bouche sans en sortir un seul son après les paroles acerbes de Cruz, elle le regarda avec un mélange de haine et d'amour, de peine et de vengeance, d'incompréhension et de compréhension à la fois. Puisque leur histoire le dégoûtait, elle allait s'effacer, définitivement. Elle quitta alors précipitemment la chambre, courant se réfugier dans la sienne. Après s'être écroulée sur son immense lit qui avait été souillé par sa relation incestueuse, Beth eut la nausée et se précipita dans sa salle de bain privée, la tête penchée sur la cuvette des toilettes, elle faisait évacuer tout le mal qui était en elle, dégoûtée elle-même de la personne qu'elle était devenue. La tête dans les toilettes, le visage meurtri par les larmes, Beth essayait de reprendre sa respiration. Elle essayait de faire abstraction au fait que Cruz se trouvait sous le même toit qu'elle, dans la pièce voisine. Se relevant difficilement, elle entra dans sa douche et pensa à sa soirée avec Joey.

[Je suis désolé c'est court -_-']

Beth ne parla pas. Son silence était pire que tout. Il l'avait redouté tout autant que ses cris. Finalement il se rendit compte qu'il aurait préféré ces derniers. Peut-être qu'elle avait enfin compris ce qu'il tentait de lui faire réaliser. Beth avait enfin vu à quel point il été néfaste et combien il valait mieux pour elle rester loin de Cruz et de son amour toxique. L'adolescent la regarda partir les larmes aux yeux. L'eau salée qui pointait son nez au coin de ses yeux le brûlait à cause de son œil beurre noir et des griffures. Beth devait le hair et cette pensée lui était insupportable. Pourtant il savait qu'il devait l'accepter. Il n'avait pas le droit de lui courir après et de lui demander de sacrifier à nouveau sa vie entière pour lui. Il l'aimait trop pour la blesser. Pourtant ses pieds le portèrent jusqu'à la salle de bain privée de sa mère. Le souffle court il attendit quelques secondes avant d'entrer.

Cruz prit soin de fermer la porte de la salle de bain derrière lui. Warhol vivait avec eux quant à Ugo il était carrément revenu à Degrassi et pouvait toujours débarquer à l'improviste au manoir des Preston. Cruz ajouta une seconde sécurité en plaçant une chaise derrière la porte. En cas d'incendie, il regretterait sûrement ce geste dicté par sa paranoïa. Cruz s'engouffra dans la douche tout habillé mais heureusement pieds nus. Trempé par le jet brûlant il attrapa la main de Beth et la porta à ses lèvres, avec un gros pincement au cœur.

- Ne me détestes pas. Je t'en pries.

Il tomba à genoux devant Beth et posa sa tête sur son ventre nu et l'entoura de ses bras. Un peu comme un pèlerin en quête de vérité et de miracles qui s'agenouillait devant une icône.

L'eau chaude coulant sur son coprs parfait et nu lui faisait un bien fou. C'était sa méthode à elle pour se déstresser, même si elle était totalement meurtrie au fond d'elle. Elle avait toujours réussi à jouer la comédie, être malheureuse et paraître la plus heureuse au yeux des autres. Il n'y avait pas de raison qu'elle n'y arrive pas cette fois. Une fois sortie de la douche, elle se préparerait pour son rendez-vous avec Joey et passerait une bonne soirée, en apparence du moins. ELle était même prête à se laisser avoir dès le premier soir, même si c'était mettre un terme à sa légendaire réputation de femme fatale et intouchable. Elle s'en fichait maintenant, de sa réputation. Et puis, si cette relation naissante avec Joey ne réussissait pas à la combler, elle savait ce qu'il lui restait à faire, elle avait déjà pris rendez-vous avec le notaire pour mettre à jour son testament, et elle restait persuadée que la mort restait la solution la plus raisonnable dans ce cas.
Elle essayait tant bien que mal de faire abstraction à la présence de Cruz dans la pièce voisine. Après la scène où elle venait de se ridiculiser, et où il lui avait bien fait comprendre que leur couple était mort, elle ne s'attendait pas à le revoir. Pourtant, elle sursauta quand elle vit la porte de la cabine de douche s'ouvrir, et Cruz pénétrer à l'intérieur, habillé. Elle, elle était entièrement nue, et donc vulnérable. Il n'avait pas le droit, il avait l'avantage de son côté. Elle était comme la dernière feuille sur un arbre, prète à tomber au moindre coup de vent, et lui arrivait telle une tornade. Ces mots faisaient mal à Beth. ELle ne pouvait pas le détester. Elle ne le détesterait jamais. Elle n'en avait pas la force. Mais elle détestait ce qu'il lui imposait, ce qu'il lui faisait. Elle avait mal à cause de lui. Quand elle le sentit à ses genoux, sa tête contre son ventre, elle crut s'évanouir. Il lui renvoyait deux émotions totalement contradictoire en plein coeur : cette situation provoquait une tension sexuelle indéniable, mais en même temps la tête de Cruz contre son ventre lui rappelait l'époque où elle le portait, l'époque où il était enfant et aimait s'y blottir. Ces 2 sentiments étaient insupportables, elle ne pouvait pas les contenir en elle, c'était trop pour son être fragilisé depuis toute cette histoire.
Elle se laissa tomber à hauteur de Cruz, tremblant de froid malgré l'eau chaude qui continuait de couler le long de son corps. Elle avait l'impression d'être dans un cocon, enfermée dans cette salle de bain, et dans cette cabine de douche, comme coupée du reste du monde. Elle avait envie que le temps arrête de s'écouler et qu'ils restent pour toujours dans cet endroit isolé et protégé. Elle ne savait pas quoi dire à Cruz, pas quoi lui répondre. Si elle lui disait qu'elle le détestait, elle était une mère horrible. Si elle l'embrassait, elle était une pute. Entre être une mère indigne ou une pute, Beth ne savait pas quelle attitude choisir. Elle ne savait pas ce qui affecterait le moins Cruz.
N'écoutant alors que son coeur, l'espace d'une demie-seconde, Beth se colla un peu plus à Cruz et l'embrassa passionnément. Le baiser de la dernière chance. Le dernier baiser, peut-être. Mais un baiser qui puisait son énergie du fond de ses trippes. Puis, elle écarta sa bouche de celle de Cruz et lui dit :

- Je veux que tu me détestes. Je veux que tu me haïsses à jamais. Je veux que tu me crois morte. Je ... je ...

Si elle ne s'effondra pas, parce qu'elle avait assez pleuré, et qu'elle en avait marre de toujours pleurer devant Cruz ces derniers temps, qu'elle ne voulait pas qu'il ait pitié d'elle mais qu'il la maudisse, voire qu'il la raye définitivement de sa vie.

- Je ... Cruz, je vais voir un autre homme.

Un autre homme ? Cruz ne pouvait pas supporter une telle chose. Les mots de Beth le blessaient encore plus que les coups des poing qu'il avait reçu l'autre soir. Il pressa le corps mouillé de sa mère contre lui, ses vêtements étaient détrempés et il tremblait aussi. Il passa ses doigts dans les cheveux sombres de Beth pour l'embrasser encore et ainsi la faire taire. Il ne voulait l'entendre et accepter l'évidence qu'elle devait refaire sa vie loin de lui. Cruz le savait il avait tout fait pour l'éloigner d'ailleurs et pour pouvoir l'oublier. Il pensait avoir réussi. Même lui y croyait vraiment en rentrant dans sa chambre avant de la croiser. Il était persuadé que maintenant il pourrait étouffer cet amour malsain qu'il éprouvait pour la femme qui l'avait mis au monde parce que quand il avait couché avec Chloé hier soir, pour la première fois sa vie il n'avait comparé les courbes de la jeune fille avec celles de sa mère. Un petit miracle dans la vie sentimentale torturé de Cruz Preston. Il se releva rapidement les mains encerclant les bras de Beth pour qu'elle fasse de même. Il la plaqua contre le mur carrelé de la douche.

- Qui ? souffla t'il alors que l'eau continuait de ruisseler sur eux deux.

Il voulait vraiment savoir qui pourrait passer après lui. Qui pourrait lui faire l'amour avec autant de dévotion. Peut-être ce mystérieux ancien camarade de classe de la nuit dernière. Il fit glisser l'une de ses mains le long de la cuisse de Beth avant de ravir ses lèvres avant même sa réponse.

- Je ne serais pas jaloux. Murmura Cruz dans le cou de Beth qu'il suçotait avait de déposer des baisers sur sa gorge et ses épaules.

Cruz fit remonter son t-shirt qui avait maintenant l'aspect d'une serpillière pour le jeter hors de la douche. Son torse fin mais musclé fut immédiatement électrisé par le contact avec la peau moite de Beth. Il ne l'avait enlacé depuis combien de temps. Il ramassa avec sa langue une goutte d'eau qui serpentait entre ses seins. Il eut un sourire mutin pour elle qui démentait complètement sa phrase précédente. Bien sûr qu'il serait jaloux. Il ne supporterait jamais l'idée de la savoir dans les bras d'un autre et elle le savait puisqu'elle le connaissait mieux que personne. Mais il pouvait faire semblant d'accepter cette situation du moment qu'il savait qu'il demeurerait le seul dans son cœur.

Beth se sentait prisonnière. Prisonnière d'elle-même. Ce qu'elle était en train de vivre avec Cruz sous sa douche chaude était un véritable supplice. Elle ne pouvait pas se laisser aller. Il venait de la jeter. Il ne réagissait que comme un adolescent quelconque jaloux de savoir qu'il avait éventuellement un rival. pour Cruz, tout ceci ne devait être qu'un jeu. Il ne devait pas prendre leur histoire au sérieux, ce n'était pas possible. Pas après ce qu'il faisait vivre à Beth. L'enfer à côté avait un véritable goût de paradis. Même vivre avec Edgar serait plus agréable que subir au quotidien les doutes et les incertitudes de Cruz, ses trop nombreuses conquêtes, et tout ce qui constituait Cruz. Beth n'en pouvait plus. Elle devait songer à elle, et à sa fille. Peut-être que Joey ne serait certainement pas l'homme de sa vie. Elle ne songeait même pas vraiment à ne serait-ce que flirter avec lui. Mais en tout cas, elle savait qu'elle avait besoin d'autre chose, de passer à autre chose et surtout de s'échapper de cette bulle dans laquelle Cruz l'avait enfermé, en la mettant enceinte, puis en la rejetant. Elle devait être forte et s'en sortir seule, comme elle l'avait toujours fait. Elle était même prête pour ça à l'obliger de reprendre son rôle de simple aîné de la famille. Certes, il serait toujours chouchouté par rapport à Ugo, mais Beth n'irait plus glisser une main sous son caleçon quand elle en avait envie.
Elle décida donc de jouer franc-jeu avec lui, et de tout lui dire. Voire de lui faire mal en lui disant la vérité, en le repoussant définitivement cette fois, en le faisant sortir de sa douche qu'il n'avait plus le droit de partager, s'il ne voulait pas partager plus que cela avec elle. Elle se laissa embrassée et caressée quelques courts instants, profitant de ce dernier moment d'intimité avec l'homme qu'elle aimera à jamais, ferma les yeux, et se pinça les lèvres pour se forcer à réagir. Là, elle finit par lâcher:

- Joey. Cruz, arrête. Tu ne dois plus faire ça. Tu ne peux plus te servir de moi comme ça. Tu l'as dit toi-même : nous deux, c'est fini. Je préfère te quitter plutôt que de devoir me contenter de cela.

Elle le repoussa doucement, gardant malgré tout encore ses mains contre son torse nu. COmme il était bon de le sentir sous ses doigts fins. Elle savait qu'elle aurait du mal à l'oublier, mais pour leur bien à tous les deux, il le fallait.

Cruz ne pouvait rien dire. Qu'est ce que Beth voulait qu'il rajoute ? Elle le mettait ouvertement en concurrence avec un nabot, un homme exécrable, un vaurien, un infidèle, calqué sur le même modèle de son père Adrian. Un flambeur, vaguement beau gosse qui ne pouvait pas s'empêcher de baiser à tout va. Un homme sans classe pour lui qui ne valait pas Beth. Sa tendre Beth qui allait se rabaisser en se donnant à cet homme, à cause de lui. Il quitta la douche ruisselant comme anéanti, écrasé par le poids des révélations que venaient de lui faire sa mère. C'était lui qui lui avait demandé pourtant de le laisser tranquille et maintenant il souffrait dans sa chair d'entendre ses mots qui lui avait demandé de prononcer. Il chancelait presque. Cruz s'écroula sur le tapis de bain sans dire un mot. Il frissonnait. Il avait envie de vomir ou de se laisser mourir ici. Elle disait qu'il s'était servi de lui. Oui il avait couché avec d'autres mais c'était pour oublier la douceur de son vagin, la fermeté de ses seins... Enfin sauf pour Chloé parce qu'elle était vraiment celle qui se détachait des autres. Comme Selena. Un cœur sincère dans cette vague de chattes sèches et de seins ronds. Il ferma les yeux pour ignorer Beth, il ne savait pas ce qu'elle faisait. Il ne voulait pas le savoir. Il avait envie de pleurer, de sangloter comme un enfant pour faire passer cette boule qu'il avait dans la gorge. Il avait besoin de Chloé. C'était la seule qui pourrait lui hurler dessus et se moquer de cet amour crade qu'il portait à Beth. Il avait besoin d'elle. Chloé était la seule qui pouvait égaler sa mère. Elles étaient si différentes et incomparables que peut-être qu'elle pourrait lui faire passer le goût acide que cette histoire laissait dans sa bouche.

- J'espère que tu seras heureuse avec...

Il ne pouvait pas dire son prénom sans vomir. Alors Cruz se tut.

Hj: C'est court et nul. Pardon pardon.

S'il y avait encore eu un des immondes rasoirs d'Adrian dans la douche, quand ce dernier se rasait dans la douche en laissant pleins de poils disgrâcieux dans le bac de la douche, Beth se serait sûrement jeté dessus, et aurait fait couler tout le sang de ses veines. Elle serait morte, nue, sous les yeux de Cruz. Et ainsi se serait achevée cette histoire qui n'avait en vérité aucune fin. Ni lui ni elle n'étaient prêt à rompre totalement. Ils avaient beau s'éloigner l'un de l'autre, à chaque fois, ils retombaient mutuellement dans leurs bras. Ils étaient maudits, c'était tout.
Beth s'en voulait d'avoir été aussi cruelle, mais c'était son devoir. Elle était plus mature que Cruz, elle devait mettre un terme à cette mascarade. Même si c'était pour faire souffrir Cruz. Aux yeux de Cruz, il ne souffrirait sûrement pas bien longtemps, il irait vite se réfugier dans d'autres bras que les siens. Elle, par contre, se savait condamnée pour l'éternité à n'être plus que le fantôme d'elle-même, malheureuse et détruite à jamais à cause de l'amour de son fils. Mais elle acceptait sa punition, elle l'avait mérité.
Elle le laissa donc sortir de la douche, laissant couler l'eau sur elle, restant statitque. Puis, le voyant s'effondrer, elle finit par sortir. Elle s'accroupit à sa hauteur, et l'entoura de ses bras qui sentaient bons la vanille. Elle le serra fort, comme pour le consoler. Mais c'était aussi pour elle, pour sentir son corps contre le sien. Puis, face à l'impossibilité de Cruz de prononcer le nom de son éventuel futur amant, elle lui répondit :

- Tu étais le seul à me rendre heureuse Cruz ... mais je sais que je n'ai plus le droit de t'imposer ce rôle. Toi aussi, sois heureux, tu le mérites. J'espère que ... Chloé saura t'offrir tout l'amour que nous avions à te donner Prudence et moi.

Elle l'embrassa sur le coin de la bouche, et lui dit :

- Je t'aime pour toujours.

Puis, elle se leva et serra les poings, pour se faire violence. Elle ne supportait pas ce qu'elle venait de faire, ce qu'elle venait de dire. Elle envoyait directement Cruz dans les bras de cette moins que rien. Elle devait elle aussi se diriger vers son funeste destin, et donc commenca à se sécher pour enfiler une robe de soirée.

Prudence. Sa fille. Il l'avait presque oublié. La chair de sa chair confiée à un autre que lui. Il ne pouvait pas accepter ça. Pourtant il l'avait bien désiré. Se débarrasser de cette progéniture encombrante qui le forçait à prendre des responsabilités qu'il ne se sentait pas capable de supporter. Maintenant c'était Joey qui allait jouer les père de substitutions ? Ce salaud qui était incapable de gérer les siens ? Deux homosexuels refoulés. Cruz avait envie de cracher au visage de Beth comme un lama ou un Ugo à sa grande époque. La souiller comme elle le souillait en se mettant en couple avec cet énergumène. Il ferma les yeux plus forts pour ne pas la voir. Ne plus l'entendre l'accabler, lui dire que c'était de sa faute. Il avait refusé son amour et celui de leur fille. L'image de Prudence s'imposa à son esprit. Il passait à côté de ça. Pourquoi ? Pour qui plutôt ? Pour lui. Pour Chloé. Il s'obligea à penser à elle. A son corps, à ses yeux, à sa bouche, à son air froid et lointain... Cruz parvint à rester calme à ne pas sauter sur Beth à la ceinturer, pour l'empêcher de partir. Il retira ses vêtements pour entrer dans la douche et laisser l'eau couler sur ses blessures ravivant sa douleur pour éteindre celle qui lui serait le cœur. Dans quelques heures, Chloé allait venir le chercher et sa nouvelle vie allait commencer.

Fin.

» Si je t'arrose, tu fais quoi ? [Cruz]
» Je te la laisse, fais en ce que tu veux [UGO]
» Fais-moi planer et oublier. [Timothée]
» Enjoy the silence [Cruz]
» I need money (Cruz)

Cruz, fais moi l'amour ! [PV ... Cruz :P]

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