Peinant à retirer son masque de nuit, Barbara essayait de trouver une motivation digne de son nom pour sortir de son lit douillet. La matinée de cours s’annonçait barbante, ses draps et son King Size, eux lui criaient de rester. En voyant la honte qui lui serait infligée, si elle venait à louper son année, Barbara posa enfin les pieds au sol avant de s’étirer gracieusement. Enfilant sa robe de chambre La Perla en satin de soie, ultra chic et couture avec ses petites broderies aux manches, elle se rendit dans la cuisine pour petit déjeuner. En général, Barbie ne mangeait jamais le matin, elle avait rarement faim et quand elle cédait à la tentation des petits plats de la cuisinière de Ian, elle filait tout droit aux toilettes munie de sa meilleure amie et alliée minceur : sa brosse à dent. Mais cette posture dégueulasse dans laquelle elle se retrouvait assez régulièrement, elle ne s’en vantait pas et préférait parler de gênes quand on lui demandait quel était son secret de beauté pour être si maigre.

- Tu es matinal, s’adressa-t-elle à Ian, légèrement endormie tout en se préparant son café.

Regarder son café couler était presque hypnotisant et quand sa tasse fut remplie, elle arrêta la machine mécaniquement et se retourna face à Ian, attendant une réponse à sa remarque sur son réveil matutinal.

Barbara haussa les épaules en voyant que Ian l’ignorait complètement, il devait être bourré ou encore shooté par ses médicaments. Barbie s’amusait des pseudos dépressions de son père, comme si prendre des médicaments et faire mine d’être au bord du gouffre était une façon de se donner en spectacle. Elle-même était une drama queen, voir que son père biologique était du même acabit était assez plaisant. Ça devait être la magie des gênes qui leurs offrait tant de similitudes. Elle s’approcha de lui, sa tasse de café à la main et le bras sous sa –fausse- poitrine, moulé à la perfection par son kimono en soie La Perla.

- Ta tasse empeste la Vodka, qu’est-ce qui t’arrive ? demanda-t-elle pour jouer le jeu de son père qui devait encore chercher un moyen de s’élever des masses.

Barbara trouvait toujours que Ian avait l’air ridicule quand il remettait son rôle de père en question. Elle l’adorait, mais ses interrogations paraissaient parfois idiotes. Quand elle avait appris son existence, elle s’était très vite liée à lui. Elle n’avait jamais vraiment eut de père, elle adorait le premier mais ils ne se voyaient que trop rarement car quand elle n’était pas à New-York, Barbie passait le plus clair de son temps dans des avions avec sa mère et son père avait beaucoup de travail. Ian était aussi riche que ses parents, mais il avait plus de temps libre pour elle. Elle comprenait pas toujours que la situation était difficile pour lui, elle avait déjà eu des parents mais lui n’avait jamais eu d’enfant légitime. Elle sourit un peu amusée quand il mit sa tête sur ses genoux.

- Je suis très heureuse de vivre avec toi, si c’est ce que tu veux savoir, lui dit-elle en passant sa main dans les cheveux de son père. Qu’est-ce qui te fait penser que tu es un mauvais père ?

Ian n’avait rien d’un père comme les autres, c’était une réalité. Même si il avait élevé Barbara depuis sa naissance, il n’aurait jamais été conforme. Mais Barbie se complaisait dans cette relation.

Violer une femme ? Barbie écarquillait les yeux en entendant cette révélation. Dans un premier temps, son père était trop sexy pour violer qui que ce soit, c’était plutôt lui à ses yeux qui devrait se faire violer à longueur de journée à l’instant où il mettait un pied dehors. Puis dans un second temps, c’était un crime. Barbara n’avait rien contre la délinquance, la pègre, la mafia, les trafiquants de drogues, les putes etc.. Violer quelqu’un c’était juste tordu et dégueulasse, mais comme elle savait qu’elle serait prête à enterrer le cadavre d’une personne que son père aurait pu tuer, elle ne se laissa pas aller plus longtemps à la faiblesse naïve des masses et de leur bonne morale. Elle était rationnelle.

- Qui as-tu violé ? lui demanda-t-elle comme une mère demanderait à son enfant s’il avait fait une bêtise.

Elle ne prêta pas trop attention à l’envie de son père d’aller en cure, le pauvre un mannequin retraité aussi riche que lui, quand il ne violait pas des saintes, n’avait que des cures et des croisières à faire. Peut-être songerait-elle à s’incruster une semaine avec lui.

Barbara écarquillât les yeux quand son père commença à lui parler de promesse. Elle se dit qu’il était en bad ou quelque chose comme ça. Quel violeur promettait à quelqu’un de ne pas dévoiler le nom de sa victime. Elle essaya de ne pas relever sa phrase, de passer outre. Barbie avait vécu une enfance heureuse, du moins matériellement comme tous les enfants de son rang. Son père étant la plupart du temps occupé professionnellement, elle n’avait jamais eu la chance de passer beaucoup de moment avec lui. Quand sa tante Chanel lui avait avoué que son père biologique n’était nul autre que Ian Thomas, elle avait vu l’opportunité de faire la connaissance d’un père. Si sa mère était un peu réticente à l’idée que sa fille –qui était partie vivre avec (à l’époque) sa meilleure amie canadienne Charlie- rencontre son vrai père, elle avait fini par accepter cette situation. Pour rien au monde aujourd’hui, et même si leur relation n’était pas commune à celle qu’un père et sa fille entretenaient, Barbara voulait perdre Ian. Elle eut envie de le gifler pour le réveiller et que ce discours morbide cesse de sortir de sa bouche, mais cette gifle se transforma en baiser qu’elle déposa sur le front de Ian.

- Arrête de raconter n’importe quoi, dit-elle sèchement après l’avoir embrassé. S’il t’arrivait quelque chose, j’ai ma mère. Elle se retint de parler de son père pour ne pas enfoncer encore un peu plus Ian. Ce que je ne veux surtout pas, c’est te perdre … papa.

Becca ? Qu’est-ce que Becca Cooper venait avoir à faire là-dedans. Barbara ne comprenait pas trop pourquoi son nom arrivait dans leur conversation comme un cheveu dans une soupe.

- Becca ? demanda-t-elle un peu perdue. Maintenant, dis moi pourquoi tu parles de toi comme si tu allais mourir ?

Le discours d’Ian était beaucoup trop solennel pour Barbara, elle le trouvait flippant et elle commençait à s’en agacer légèrement. Maintenant il l’appelait même Barbara. Elle arqua un sourcil étonné, même ses profs ne l’appelaient plus comme ça. Elle repassa sa main dans les cheveux d’Ian.

- Promis, lâcha-t-elle pour le contenter sans vraiment grande sincérité.

Elle ne comprenait pas où il voulait en venir. Avec tous ces médocs qu’il ingurgitait à longueur de journée, ce ne serait pas étonnant s’il en devenait suicidaire. Cette pensée lui glaça le sang, son père trouverait toujours un moyen de se faire remarquer et de faire parler les masses. Avant qu’ils se rencontrent, il voulait changer de sexe et maintenant cette folie lui est passée comme une envie de pisser. Il était hors de question que quoique ce soit arrive à Ian Thomas.

- Je veux venir avec toi à Cancun … lui dit-elle avec une voix trop mignonne pour elle.

Code:

"Warhol, Barbie, Charlie, Adam... Je vous aime les enfants. Jade promets moi que mon enterrement sera le plus grand show de l'année.

Becca tu as été ma lumière durant ses jours sombres. Envoie moi une carte postale du paradis quand tu y seras. Le saint père ne t'attend pas avant 95 ans pas de bêtises."

Barbara accueillit le baiser de son père en fermant les yeux, avant de se replonger dans sa tasse de café. Cette discussion l’avait un peu refroidie, mais maintenant elle pensait beaucoup à Cancun et les moments qu’elle pourrait passer avec Ian. Tellement motivée, que pour une fois elle avait même envie d’aller en cours même si elle était mitigée à l’idée de laisser son père seul dans son état. Elle se dit qu’elle passerait un coup de fil à Chanel pour qu’ils sortent ensemble durant la journée. Être cloitré chez soi, à recasser les pires souvenirs, certains plus réels que d’autres, était une chose très peu conseillée pour les gens souffrant de dépression. Elle but son café, le finissant d’une traite.

- Bon, je monte me pré… commençai-t-elle à dire tout en se levant, lorsqu’un coup de feu retentit.

Elle poussa un cri de surprise n’assimilant pas vraiment le bruit à une arme feu, puis se retourna. Elle vit son père au sol, le crane baignant dans le sang. Elle était paralysée devant son corps sans vie, comme si le temps lui avait semblait s’arrêter. Elle avait l’impression d’être immobile ainsi depuis une heure au moins et d’entendre le moindre bruit de son corps, le flux de son sang jusqu’à ses pulsations cardiaque. Puis Barbara se jeta au sol. Elle hurlait si fort, pourquoi personne ne venait voir ce qui se passait dans la maison des Thomas. Elle était désemparée et son cri ressemblait à celui d’une victime de la torture, il venait du fond de son corps. Elle ne savait pas comment expier sa tristesse, comment supporter ce drame, elle se tirait les cheveux tout en continuant d’hurlant à la mort, de lui demander pourquoi en somme.

- Charlie… Charlie… Charlie, viens vite ! Ian est mort, criait-elle à sa cousine qui venait de répondre au téléphone.