Naomi avait fait des pieds et des mains pour s’envoler au Mexique avec Max. Depuis qu’elle avait demandé de reprendre l’affaire à Edgar, tout était presque en ordre. Elle savait très bien que ce redoutable avocat, dont la réputation n’était plus à faire, extirperait Liam de ses ennuis. Elle se rendait à la prison, ils étaient arrivés hier avec son mari et malgré que celui-ci essayait de la retenir à l’hôtel avec lui, Naomi ne pouvait plus attendre. Se faufilant hors de l’hôtel en cachette, elle était folle de devoir en arriver là pour aller voir son fils dans le taudis où les autorités mexicaines l’avaient enfermé. Une fois dans le taxi qui la conduisait, elle n’avait pas hésité à joindre Max –une fois sortie de sa prison, qui elle était dorée-  pour lui dire où elle se rendait et qu’il serait le bienvenue si il voulait assumer son rôle de père. Aucun bonjour n’avait été de rigueur aux employés de la prison, elle rêvait de les assassiner de ses mains tous ces mexicains à qui elle en voulait de voir ce fils dans ce trou à rat.

- Mon chéri, tout le monde se met en quatre pour te faire sortir de là, mentit Naomi en arrivant au parloir, dans le seul but de le réconforter.

Son appel à l’aide avait ressemblé à un poignard dans son cœur, maintenant qu’elle le voyait réellement traité comme un criminel, c’était certain … Toutes les personnes qui étaient impliquées dans cet affront qu’ils avaient causé à sa famille seront punis un par un. C’était impensable de voir son fils traitait de la sorte, ils étaient bien assez riches pour ne pas être rabaissé à la même justice que le commun des mortels.

- Edgar va te faire sortir d’ici, je te promets que ceux qui t’ont mis là payeront ! lui assura Naomi en contenant ses larmes et sa haine. Tu as été maladroit, c’est certain mais penses-tu que ce soit la seule raison ?

Elle essayait malgré elle, de ne pas se laisser enfumer l’esprit par ses sentiments et garder la tête froide pour s’imprégnait des ressentis de son fils dans le but de sa future vengeance.

Naomi se sentait impuissante et tous ses espoirs se remettaient sur Edgar et Max, jusqu’à ce que Liam incrimine ce dernier comme le responsable de ce qui lui arrivait. Elle ne voulait pas le croire, elle n’avait jamais trop songé que Max pourrait faire lui faire ça. Elle ne savait pas si la réalité était ainsi ou si c’était la jalousie et la compétition dans leur relation compliquée qui faisait parler Liam. Elle ne pouvait pas imaginer une seule seconde que Max, qui savait à quel point elle tenait à Liam, lui fasse une chose pareille. Elle admettait le fait que la relation qui liait les deux hommes n’était pas la plus exemplaire, mais en se débarrassant de Liam comme ça, c’était Naomi qu’il atteignait. Ils n’avaient aucun gêne commun, mais quand Liam cogna dans le mur de mauvaise qualité derrière lui, l’italienne se revit au même âge avec la même impulsivité. Cet excès d’agressivité la fit sursauter et la rendait un peu plus anxieuse, à l’idée qu’un maton l’ait vue et prenne des mesures punitives contre Liam.

- Par pitié, calme-toi Liam, dit-elle d’un ton sec pour être plus persuasive. Pourquoi ton père nous ferait une chose pareille, Edgar au contraire pense que cette traînée de Lilith à avoir quelque chose dans cette histoire …

Même si tout était contre Max, les accusations de Liam et son manque d’intérêt à trouver des solutions pour faire sortir Liam de cette situation, Naomi ne pouvait se résoudre à accuser son mari d’une telle chose.

Naomi lança un regard noir et furieux à son fils. Elle ne voulait pas qu’il se mette ce genre de chose en tête, car elle-même ne voulait pas y croire. Elle pensait naïvement que Max ne pouvait pas être à l’origine de l’arrestation de son fils. Plus Liam scandait que son emprisonnement était de la faute de son père, plus elle se convainquait du contraire. Elle ne voyait à présent qu’une seule personne assez bonne pour le rôle de la fautive, depuis qu’Edgar l’avait sous-entendu, c’était cette salope de Lilith et elle avait l’intention d’en découdre une bonne fois pour toute avec cette opportuniste.

- Arrête de juger ton père comme ça, lui ordonna Naomi. Je refuse d’entendre une accusation de plus, contente toi de te tenir à carreaux pour faciliter ta libération.

Elle regrettait déjà le ton sec qu’elle avait employé pour s’adresser à son fils, déjà beaucoup trop malheureux entre ses quatre murs. Si l’envie de le prendre dans ses bras dominait le reste de ses sentiments, elle ne voulait malgré tout pas qu’il s’obscurcisse le cerveau avec ses idées de vengeances. C’était l’affaire de l’italienne et ce sera Lilith qui payerait le prix fort. Bien qu’elle ne fût pas très convaincue de la visite de Max, elle espérait malgré tout qu’il pointe le bout de son nez.

- Il va probablement nous rejoindre, tâche d’être courtois et de ne pas lui manquer de respect.

Son cœur était en train de se déchirer en mille parties, elle avait l’impression d’avoir le rôle de la méchante. Elle avait tout fait pour son fils sorte de prison, elle s’était fait un sang d’encre pendant des jours, à n’en plus dormir les nuits quand elle imaginait son fils dans une prison mexicaine miteuse, elle avait couché avec Edgar pour s’assurer de sa loyauté dans l’affaire et Liam lui tournait le dos, maintenant qu’elle était venue au Mexique. Naomi se leva de sa chaise et s’approcha de son fils comme si elle se rendait accoster un félin en cage. Qu’il ne la regarde pas était une punition injuste, mais lui rappelait l’enfant qu’elle et Max avait adopté plusieurs années auparavant et qui malgré les années passées faisait toujours la tête dure. Elle le prit dans ses bras, grimaçant de douleur en se mettant à sa place quand elle vit sa main pleine de sang. Ses lèvres sur son crane l’embrassèrent.

- Tu ne tueras personne, mon chéri, lui dit Naomi. Je suis désolée de t’avoir envoyé dans ce pays maudit.

Elle le savait indomptable, il venait à nouveau de faire preuve de sa rétivité en la traitant comme ça. La main en sang, à des milliers de kilomètre de chez lui, enfermé dans une prison, il n’y avait qu’un insoumis pour bouder sa mère de la sorte et surtout quand l'on pouvait être si confiant dans ses accusations. Elle devait l’adoucir, en lui promettant de prendre compte de ses allégations.

- J’accepterai de parler de tes craintes lorsque tu seras hors de danger, pour le moment prends sur toi s’il te plait, l’implora-t-elle inquiète du scandale qu’il pourrait faire lorsque Max arriverait.

Naomi ne pensait pas réellement que Max viendrait, elle l’avait surtout espéré. Bien que surprise et soulagée de sa venue, comme si sa simple présence l’innocenté des accusations que lui portaient lui Liam, elle leva les yeux à sa remarque désagréable. Quand elle se dit un peu innocemment au fond d’elle-même qu’elle aurait souhaité le gifler, elle ne s’attendait pas à ce que son fils réponde pleinement à cette provocation avec les poings. Pendant moins d’une seconde, elle resta bouche bée. Avant de se mettre à hurler aussi fort que Liam et Max, se jetant sur eux. Magnifique portrait de famille. Ses phrases n’étaient pas distinctes, elles étaient un mélange de « Arrêter» et de « vous êtes fous », d’imploration, de larmes et de désemparèrent. Jusqu’à ce qu’un poing vienne cogner son visage, Naomi resta stupéfaite se tenant la partie de son visage qui avait été frappée.

La scène était surréaliste, Naomi voulait disparaître. Dans un monde idéal, comme par magie elle apparaîtrait dans une de ces soirées mondaines où elle aimait tant pavanée, elle ferait marche arrière en empêchant son fils de partir au Mexique. Sa famille serait sauve et non complètement brisée comme elle l’était dans ce parloir mexicain miteux. Elle ne voyait aucune issue, elle détestait Max qui traitait Liam comme le dernier des chiens et osait lui poser un ultimatum, entre lui et son fils. Elle en voulait également à Liam de ne pas savoir se contenir, si il avait écouté ses recommandations, l’italienne savait qu’ils n’en seraient pas là. Du moins, que les provocations de Max n’auraient servies à rien, car Naomi savait qu’elle était l’unique fautive de cet emprisonnement ; Qu’elle n’aurait jamais dû envoyer son fils dans ce pays. Elle se jeta sur son fils qui était au sol, immobilisé par les décharges électrique du Taser.

- Tu es complètement fou, Max… dit-elle encore sous le choc et les yeux larmoyants.

Elle voyait sa vie s’effondrer, elle connaissait la dure réalité que plus rien ne serait comme avant après tout ce qui venait de se passer. Elle ne savait pas combien de temps les négociations d’Edgar prendrait, mais elle espérait voir son fils sortir de cette prison rapidement, car effectivement elle comptait bien rester au Mexique. Il était hors de question dorénavant de rentrer au Canada sans Liam.

- Je reste ici, lui répliqua sèchement Naomi. Nous emménagerons dans le loft du Club, le temps que tu mettes de l’ordre dans tes idées.

Le cœur de Naomi était déchiré. Autant de haine dans sa propre famille l’abattait. A tel point que lorsque Max lui fit ses excuses, elle ne fit preuve d’aucune compassion, ni aucun enthousiasme. Cela lui paraissait juste normal et pas assez en même temps. Elle lui en voulait beaucoup. L’élan de raison dont il avait fait preuve, lui permettrait seulement de ne pas dormir seul. Elle était déçue et même si elle aimait énormément, elle ne voyait en lui qu’un connard dans cette prison mexicaine. Elle posa malgré tout une main tendre sur son visage et une autre la main de son fils. Tous les trois par terre étaient ridicules. Quand Max fit la promesse à Liam qu’il le ferait sortir d’ici, Naomi fut soulagée. Elle ne savait pas qui était responsable de cette arrestation et n’avait pas vrraiment besoin de Max pour que son fils sorte de prison puisqu’Edgar s’occupait de tout. Mais dans le pire des cas où son mari avait vraiment été impliqué dans cette kabbale, elle savait que maintenant il ne ferait plus rien pour aller contre sa libération, elle en était persuadé. Et dans le cas, où il n’avait rien avoir avec tout ça, elle trouvait dommage qu’il ait fallu un échange de coups de poings et des giclées de sang pour qu’il s’implique vraiment dans la libération de Liam.

- Après cette charmante visite, commença Naomi sur un ton amère et ironique. Nous allons rentrer et tu en feras de même très rapidement, même si je dois faire exploser cette prison pour t’en faire sortir.

Elle se mit debout et repassa stupidement sa robe à l’aide de ses mains. Elle ne souriait pas, elle était fatigué et avait hâte plus que jamais que cette mascarade cesse. Autant Max par son comportement irresponsable, que Liam par son attitude chevronné l’avait agacé. Elle rentrerait à l’hôtel, appellerait Edgar pour qu’il se dépêche de libérer son fils et se saoulerait au bar du palace dans lequel ils résidaient temporairement. Elle jeta un coup d’œil sur le taser de Max.

- Tu n’as pas eu de mal à le faire rentrer ici, tu devrais pouvoir convaincre ces ploucs de laisser mon fils le garder sur lui ? demanda-t-elle sans vraiment attendre une réponse négative. On est dans le tiers-monde, ça ne devrait pas poser soucis.