Cours de grec ancien, 15h27. Charlie bailla pour la quatorzième fois en l'espace de 15 minutes. Elle avait beau s'étirer, se frotter les yeux, photographier sournoisement le cul de Esther Spectra qui avait mis un pantalon taille basse qu'il laissait voir sa raie de fesse pour ensuite publier le cliché sur sa page Twitter, rien ne parvenait à la sortir de sa léthargie. Elle avait choisi l'italien en option sur les conseils de sa mère et elle s'en voulait terriblement d'avoir naïvement pensé qu'un seul des mots qui pouvait sortir de sa bouche repulpée avec de l'acide pouvait être de bons conseils. Aucun So cool ne suivait ce cours ennuyeux avec elle, ils avaient tous opté pour un cours de sociologie pendant lequel ils pouvaient parler des conflits mondiaux mais qui prenait très vie un ton de cours sexuel pendant lequel chacun pouvait des questions tendancieuses sans passer pour un idiot ou un pervers. Nouveau bâillement. 15h28. Dans deux minutes le supplice sera terminé.

"Vous devrez tirer au sort votre partenaire et faire un exposé sur le Dieu grec de votre choix. Charlie c'est à vous. Charlie ?" Charlie cligna plusieurs fois des yeux en réalisant qu'on s'adressait à elle. Elle reprit rapidement sa contenance avant de quitter son bureau et de prendre un petit papier dans la boite que son professeur lui tendait.

Code:

Connor Del-Rossi Sparks

Charlie avait lu à haute voix le nom de son ex-meilleur-ami-de-la-vie qui la boudait depuis maintenant des mois. Quelle merde. La sonnerie retentit et malgré les demandes du professeur tous les élèves quittèrent précipitamment la salle sans demander leur reste. Charlie récupéra son sac à sa place avant de traverser la foule compacte des élèves pour retrouver Connor qui se récupérait des livres dans son casier.

- Je te propose un truc : Aphrodite déesse de l'amour. Je fais la première partie toi la seconde.

Charlie avait parlait très vite et sans même attendre une réponse de la part de son traite-de-Connie, elle lui tourna le dos et s'avança dans le couloir en direction de son casier.

Charlie leva les yeux au ciel en voyant une adolescente se prendre littéralement au cou de Connor. Jennifer Morisson. Une salope du 4ème cycle qui ne paierait rien pour attendre. Dès la fin de sa conversation avec Connor, elle s'assurerait qu'une réputation de salope la précède. Charlie pensait à un coup tordu du genre prévenir les parents de Jennifer qu'elle avait une MST ou avertir les professeurs qu'elle était née avec un pénis mais qu'elle ne tenait pas à ébruiter la nouvelle.

- Tu ne connais rien du tout Connor, crois moi. Si tu avais un minimum d'intelligence tu arrêterais de jouer au petit con prétentieux. Tu trompes peut-être les autres, mais je te le dis tu ne fais pas le poids face à une fille comme Diane. Un jour où l'autre elle t'écrasera.

[i]Charlie avait souvent comparé Diane à sa personne, la blondeur scandinave en plus. Diane était une adversaire redoutable même si elles ne s'étaient jamais frontalement affrontées. Elle savait que Connor n'était qu'un pion sur son échiquier et qu'il n'avait pas le charisme d'un Preston pour figurer à ses côtés au sommet de la pyramide sociale de Degrassi ou devenir le mari riche à millions avec lequel la scandinave rêvait de finir ses beaux jours. Mais son Connie avait d'autres qualités que les deux autres n'auraient jamais et c'était pour cela qu'il avait toujours bénéficier de sa protection et de ses confidences. Mais maintenant qu'elle le voyait se frotter à toutes les pétasses de Degrassi, Charlie se demandait si ce garçon n'avait jamais existé.

Charlie détestait ce sourire amusé que Connor se permettait d'afficher. Elle le voyait se pavaner dans les couloirs accompagné de filles si peu classes que même Chloé Kennedy aurait pu soutenir la comparaison avec elles. Est ce que son fidèle bras-droit était tombé si bas pour qu'il se vante de coucher avec les premières pétasses qui ouvraient les cuisses. Visiblement oui. Charlie l'empêchait d'être en couple pour son bien. Elle l'aimait et jusqu'à présent aucune fille n'avait été à sa hauteur. Même Cammie sa BFF pour la vie, certes magnifique mais aussi con qu'un trombone. Non personne au monde ne méritait l'attention et les douceurs de son Connie, à part elle évidemment.

- C'était donc ça Connor ? Ta queue te démangeait et Diane te fait des prix pour que tu puisses coucher avec toutes ses copines prostituées.

Quel petit con. Rien que l'imaginait en train de faire l'amour avec toutes ses filles lui donnaient envie de marquer sa joue en le griffant violemment. Au lieu de ça elle le toisait, splendide et hautaine, prête à déverser tout son fiel. Si Connor refusait de revenir au bercail, elle lui rappellerait pourquoi il n'était pas bon de se mettre à dos la Queen Bee de Degrassi. Elle le traiterait comme un nuisible et elle l'exterminerait lui et sa slovaque.

Hj : J'ai pas fait mieux :-/

Il doit arrêter de la provoquer et redevenir obéissant

Charlie avait parfaitement conscience de sa force. Elle savait qu'elle n'y était pas allée de main morte. D'ailleurs sa paume était rouge et elle sentait le sang pulser au bout de ses doigts. Elle se sentait soulagée mais elle savait que ce geste marquait un nouveau tournant dans sa relation avec Connor. Elle venait de réaliser que son ancien meilleur ami était une personne orgueilleuse et il ne lui pardonnerait pas facilement de l'avoir gifler devant tout le lycée. D'ailleurs il se vengea puisqu'elle sentit une pression douloureuse sur son poignet. Charlie se retint de lâcher un petit cri de souffrance. Plutôt crever que de laisser voir encore à Connor qu'il pouvait réveiller quelque chose chez elle, même si c'était de la douleur. Elle avait pourtant du mal à lui dissimuler sa colère et sa jalousie. Elle détestait qu'il lui parle de Cammie et qu'il soit si épanouit loin d'elle alors qu'elle était censée être tout pour lui.

- Te surestimes pas Connie j'ai le moyen de te faire redescendre.

Charlie se pressa contre le corps de Connor pour être assez proche de lui afin de lui cracher son venin. Elle leva son genou d'un geste net et hop un coup dans les parties ! Une technique de Papa Jimmy Brooks. On ne devenait la reine de Degrassi sans savoir un minimum se défendre contre les attaques des pervers un peu pressants.

Dans ses rêves 

Le jeune homme ne se surestimait pas au contraire. Il se donnait la valeur que la jeune femme avait toujours refusé de lui accorder. Il n'était pas assez bien pour elle selon ce qu'elle lui disait. Désormais, Connor savait que c'était faux et qu'en fait, c'était le contraire qui se produisait. Elle n'avait tout simplement jamais été à la hauteur pour lui. Etre aimé par quelqu'un de cette façon n'était pas fait pour Charlie Thomas, qui ne connaissait que la violence, le mépris et l'infidélité. Des valeurs sans doute héritées par ses chers parents. Charlie oubliait sans doute que Connor la connaissait par coeur. Et ce, depuis l'enfance. Il était au courant pour les techniques de self-defense de son beau père et c'est donc tout naturellement qu'il para - à quelque centimètres du but - le genou de la jeune femme, qu'il attrapa, sans avoir pour ambition de le lâcher. Si quelqu'un passait dans les couloirs à ce moment précis, il aurait pu trouver leur position plus qu'étrange, car le jeune homme tenait toujours le poignet de Charlie et maintenant il retenait son genou en l'air. Mais Connor n'en avait désormais que faire des politesses, elle était allé trop loin en voulant abimer son précieux service trois-pièces, et ce n'était pas quelque chose que le jeune homme pouvait pardonner. Comme s'il allait pardonner quelque chose que Charlie Thomas faisait désormais. Il approcha ses lèvres de l'oreille de la jeune femme, comme pour lui susurrer des mots doux. La situation ne l'amusait plus du tout, elle devenait passablement ennuyeuse. Il était temps que cela cesse.

- N'abîme pas ce qui ne t'appartiens pas Charlie. Sinon tu pourrais te retrouver dans une position que tu n'aimerais guère... Et ne m'appelle plus Connie, tu as perdu ce droit il y a un moment.

Puisque Connor était une sorte de Super-Mario et qu'il parvenait à dévier ses attaques avant même qu'elle ne les donne jouer avec lui n'était plus assez intéressant. D'un coup de hanche, Charlie se dégagea de son emprise, désireuse de mettre de la distance entre eux très rapidement. Ses mains sur elle, l'avait jadis chamboulée, maintenant elle l’écœurait. Elle ne savait pas encore comment, ni quand, mais ce qui était certain c'était que Connor Del-Rossi-Sparks venait de passer en tête de liste de ses ennemis à détruire. Il n'y avait plus de Connie. Très bien, elle s'arrangerait pour ce fait soit tout à fait réel.

- J'ai tous les droits Connie, je suis Charlie Thomas.

Elle lui tapota la joue comme elle aurait flattée le flanc d'une brave bête obéissante. Une dernière caresse avant le coup de poignard entre les omoplates. Charlie avait déjà une idée brillante. Elle n'avait maintenant plus aucun scrupule. Connor l'avait trahi de la plus basse des façons, il paierait donc au prix fort. Un dernier sourire et Charlie tourna le dos à Connor agitant sa main quelques secondes en guise d'adieu.

(fini pour moi ;p)

Super-Mario 

Connaissant Charlie, Connor savait que rien n'était réglé entre eux. Bien au contraire. Et que surtout, la jeune femme n'abandonnait pas aussi facilement. Sa retraite aussi rapide que soudaine ne pouvait signifier qu'une chose : elle avait un plan. Et le jeune homme allait souffrir. Enormément souffrir. Il ne prit même pas la peine de relever lorsqu'elle le tapota sur la joue, trop occupé à réfléchir déjà à une contre-attaque. Il ne fallait pas qu'il se laisse avoir, et il fallait qu'il prévienne toutes les personnes qui lui étaient proches. Car Charlie Thomas était connue pour être la reine des garces, et elle n'hésitait pas à vendre père et mère si cela pouvait servir ses intérêts. Intérêts qui semblaient pour l'instant diriger vers la destruction du jeune homme. Connor soupira légèrement, quelque peu lassé par toute cette merde. Qu'il regrettait le temps simple où Charlie n'était pas une connasse, et où ils n'avaient que faire des autres et de leur réputation, et préféraient passer tout leur temps ensemble, à rire et à rêver. Que cela lui semblait loin désormais. Mais il n'avait pas envie de revenir en arrière, car il fallait que Charlie comprenne qu'il n'était plus un toutou obéissant, mais qu'il était désormais quelqu'un sur qui il fallait compter. Connor rajusta son sac sur son épaule avant de se diriger vers son prochain cours, où il était déjà en retard. Il ne savait pas pourquoi, mais il sentait que leur exposé - sur Apaté - n'allait pas être une partie de plaisir.