Kate commençait à flipper de plus en plus à l’approche de son exposition. Toujours rien de bien, elle sentait très clairement qu’elle allait passer à côté d’une rare occasion de se faire un nom dans le monde artistique. Elle s’en voulait et elle en voulait encore plus à Taylor, qui si il ne l’avait pas laissé tomber comme une vieille chaussette n’aurait pas emmené avec leur relation son talent. Tout avait commencé du jour de leur rupture et aujourd’hui, elle ne produisait toujours plus rien de ce dont elle était capable avant. C’était en regardant un reportage sur le Pape du Pop Art que lui était venue cette idée. Andy était capable de rendre célèbre n’importe qui, n’importe quand et à durée limitée. Elle en était persuadée, si elle utilisait une personne célèbre comme une chanteuse ou une actrice pour son exposition, cela l’aiderait énormément à triompher. Elle avait jugé bon pour une fois de faire jouer les relations de sa très chère cougar de mère. En effet, en tant que styliste, sa mère avait souvent l’habitude de fréquenter des gens assez médiatisés pour aider Kate. Comme Manny Santos, qui après que Kate eut fait des pieds et des mains auprès de Maya pour un rendez-vous avez l’actrice allait la retrouver au restaurant. Elle avait laissé entendre qu’elle était un fan invétéré, mais c’était faux. Ses films étaient beaucoup trop commerciaux et donc trop fade pour Kate qui aimait les choses plus marginales et moins populaires. C’est muni d’un kimono noir et or de la marque Versace qu’elle avait trouvé dans une friperie et d’une paire d’escarpins empruntée à sa mère, que Kate fit une entrée fracassante à l’Atys.

- Pardonnez-moi, je suis morte de honte, s’exclama-t-elle sans prendre la peine de réellement saluer son rendez-vous.

Elle cacha son visage dans ses mains pour mimer au maximum sa désolation sans se rendre compte qu’elle passait pour une folle. Sa prof de yoga lui avait conseillé d’extérioriser au maximum ses pensées par les gestes. L’exubérance était soi-disant la meilleure amie de l’empathie et de la communication entre les êtres.

- Vous avez goûté les mini-brochettes de légumes en m’attendant, elles sont délicieuses, la questionna-t-elle sur un ton inquiet en gardant ses mains sur le visage et les ouvrant seulement pour laisser passer le son de sa voix.

Kate enleva subitement ses mains de son visage, dévoilant son visage rayonnant et ambitieux à sa célèbre interlocutrice. Elle passa nerveusement ses mains dans ses cheveux, elle avait bien l’impression que ce rendez-vous enquiquiner l’actrice. Elle était déjà arrivée en retard à ce dîner, ce qui lui foutait déjà la honte, mais à présent sur place elle se demandait si son idée –qu’elle pensait si visionnaire- allait être si facile que ça à proposer à quelqu’un de l’envergure de Manny Santos. Au début, elle, qui avait toujours en horreur les films trop commerciaux et se tournait plus facilement vers le cinéma indépendant, s’était dit que profiter de la notoriété de Manny serait simple comme bonjour. Mais en sa présence Kate se rendait compte que cette fille n’était pas une star pour rien. Elle avait tellement de charisme que quand elle lui avait demandait si elle était bien Kate, elle avait eu envie de lui répondre « Oui, Madame ! » et se cacher sous la table. Elle s’efforça de garder son sang-froid.

- Effectivement, c’est moi ! lui dit-elle enjouée. Je suis désolé, vous devez sûrement mieux avoir à faire que diner avec moi ?

Kate s’efforça de sourire quand Manny lui dit qu’elle était ravie de rencontrer des fans. Elle jugea vraiment inutile qu’elle ne s’était jamais vraiment intéressée aux Blockbusters dans lesquels Manny avait joué. C’était trop populaire. Quand l’actrice lui demanda si elle avait choisi son repas, Kate hocha frénétiquement la tête. Oui, elle avait choisi. Il était temps de passer aux choses sérieuses, elle tenta de prendre la posture très convaincante d’un prédicateur chrétien de la Sunbelt. Il lui fallait à tout prix Manny Santos comme modèle dans son exposition, la notoriété de la mexicaine serait un énorme coup de pouce dans sa carrière artistique.

- Oui j’ai choisi les spaghettis à la Pistache, lui dit-elle trop contente de son choix.

Elle se redressa, puis fixa Manny dans les yeux.

- Mais le plus important, c’est vous que j’ai choisi Manny Santos, s’enthousiasma Kate en battant des bras un peu partout comme le font les prédicateurs un peu tarés qui animent les foules et déchaînent les passions. Vous allez être mon modèle... ? demanda-t-elle en l’implorant légèrement.

Quelle idiote, elle faisait tous les processus de demande dans le désordre. Elle était tellement impatiente d’exposer son idée géniale à Manny Santos et lui demandait d’être son modèle, qu’elle avait carrément oublié de lui dire qu’elle était une artiste. Oui elle avait la prétention de se qualifier artiste et ce malgré qu’elle n’ait plus rien fait de bien depuis sa rupture avec Taylor. Mais aujourd’hui, elle pouvait le dire haut et fort, son talent était revenu et pas qu’un peu. Déjà, elle savait quelles étaient les œuvres qu’elle allait exposer, du moins une et en plus, elle avait trouvé l’outil de communication idéale, cette outil s’appelait : Manny Santos.

- Pardon, rougit-elle. Je suis artiste.

Kate avait peur que le Dieu Soleil se retourne contre elle, profite de l’incivilité des hommes et de leurs attaques contre la couche d’ozone, pour bruler la planète terre. Ce serait bien fait, ils l’avaient bien mérité. Mais le plus tard serait le mieux et comme elle voulait à tout prix devenir connue pour son art, elle espérait que le Dieu Soleil revoit ses plans de destruction de la planète à plus tard. Pour ça, elle allait le contentait en disant la vérité à Manny. Au pire, le Dieu Soleil n’existait pas, au mieux elle éviterait de se jeter le mauvais œil sur sa future carrière.

- Je ne suis pas fan de vous, j’ai inventé cette "vérité alternative" pour pouvoir vous approcher, dit-elle en baissant la tête, avant de la relever pour l’implorer à nouveau. J’ai besoin de vous !

Kate afficha un immense sourire satisfaite lorsque Manny lui demanda ce qu’elle devait faire. Voilà, c’était signé, Manny était d’accord et Kate allait devenir une artiste reconnue. Tout était bien qui finissait bien. Elle eut un moment d’arrêt quand même, son sourire était resté figé et intacte alors qu’elle était en train de prendre conscience que sa muse était loin d’avoir accepté puisqu’elle ignorait encore quelle était l’œuvre que son image allait inspirer. Gros blanc, mais dieu soit loué toujours un gros sourire était présent sur le visage juvénile de Kate. La bobo se racla légèrement la gorge en priant intérieurement que Manny avait un esprit assez ouvert et était assez stylée pour comprendre la démarche.

- Vous et vos formes que tous les hommes et toutes les femmes adorent, commença-t-elle emportait par l’adrénaline et recommençant à parler comme un prédicateur du sud des États-Unis. Allez devenir l’Origine du Monde selon Kate Richardson.

Elle applaudit légèrement pour mieux convaincre Manny que son idée était géniale.

- Mais attention, dit-elle sur un ton un peu plus sérieux. Ce sera un moulage de vos fesses et non pas un tableau de votre vagin, là est l’innovation ! conclue-t-elle avec un sourire charmeur et pleine d’assurance.

Kate avait son visage qui s’illuminait quand Manny lui dit qu’elle adorait l’idée. En fait, elle n’avait pas été si difficile à convaincre que ça. Si une actrice comme Manny Santos aimait ses idées et était en plus d’accord pour y participer sans chichis, ça voulait dire que son exposition aurait un franc succès… Elle aurait sûrement tout un tas de commande. Elle se voyait déjà en train de donner des interviews pour des magazines hyper chics mais que personne ne lisait jamais. Mais elle déchanta très vite quand Manny poursuivit en lui parlant de son image, qu’elle ne pouvait pas accepter à cause du regard des autres. Son visage se crispa, elle se demandait pourquoi les gens se mettaient toujours tout un tas d’obstacles et s’obstinaient à se ranger dans des attitudes trop conformistes pour être vivable. Si elle adorait l’idée, bordel, pourquoi elle s’occupait du reste ? De toute façon, elle voulait ses fesses. Pas ses pieds ou ses mains, c’est son gros cul plein de charme et invitant aux fantasmes qu’elle avait dans la tête. Puis les pieds, c’était la partie la plus laide du corps humain, aucuns pieds ne vaudraient le cul de Manny Santos, ni même les siens.

- Vous frustrez vos envies pour votre image, constata Kate, un peu pour elle-même. Excusez mon insolence, mais si vous adorez l’idée pourquoi vous vous freinez ?

Manny avait certainement bien compris que son idée de pied et de main était pourrie, n'était pas artiste qui veut comme Kate serait certainement une très mauvaise actrice. La jeune hippie attrapa sa boisson puis la sirota avec sa paille, tout en regardant Manny, confuse comme si elle regardait une toile de Picasso -en plus jolie-, attendant réellement une réponse à sa question existentielle.

Si les mots de Manny Sexy Santos avait été des pénis, ils auraient probablement donné le meilleur orgasme de la courte de vie de Kate Rosenfeld. Sa culotte était intacte et son vagin bien serré depuis que Taylor-connard l’avait plaqué pour Aimée, mais malgré tous ces obstacles Kate poussa un long gémissement. Grâce aux Dieux, aussi bon et long était ce fameux gémissement, il ne ressemblait pas à une simulation de film porno pour autant. Il était plus similaire à celui que Marilyn Monroe aurait pu pousser quand elle quitta ce monde merdique dans une défonce monumentale. Néanmoins, la jeune artiste se ressaisit, elle ne voulait pas paraître désespéré pour autant, elle était digne. Le buste bien droit et un sourire ravissant au visage…

- Vous n’allez pas le regretter, inch’Allah ya Rabi, dit-elle comme une buisines woman qui venait d’apprendre qu’elle était promue… enfin dans le genre workingirl libanaise. J’opère dans une maison abandonnée au Terrain Vague, la plupart du temps.

Quelle conne, crédibilité = zéro. Venait-elle de proposer à une actrice ultra médiatisée de modeler ses fesses dans un squat des hippies style ? Même Kate, aussi folle pouvait-elle être, avait une certaine notion de la décence qui bannissait ce genre de proposition.

- Non, chez moi on sera plus tranquilles, se rattrapa-t-elle légèrement. Je suis au centre-ville, je vis chez ma mère : Maya Rosenfeld.