{Chloé} Nouveau deal

Il l’aimait sa petite Lily et il voulait la protéger, et avant tout la protéger d’elle-même. Arthur ne pouvait plus la laisser se faire entraîner dans le tourbillon de la mort en se détruisant comme elle le faisait depuis la mort de son petit frère. Il s’efforçait alors d’être toujours là pour elle, présent à ses côtés, se dévouant pour faire les mauvais coups à sa place, pour ne pas qu’elle se fasse prendre, pour ne pas qu’elle prenne de risques. Il avait alors plus l’impression d’être devenu son ange gardien que son petit ami, mais il se contentait pour le moment de cette place, persuadé qu’un jour, Lily Rose ouvrirait les yeux et accepterait de se ranger et de partir avec lui loin de Degrassi pour fonder leur famille.
Ce matin là, Arthur se réveilla aux côtés de sa petite amie après avoir passé une nuit à faire l’amour avec elle, et en la regardant si apaisée, endormie à ses côtés, il eut envie d’écrire quelques vers sur elle et leur amour. Mais jamais il n’avait osé le faire, encore moins devant elle. Il savait qu’elle se moquerait, que les poèmes d’amour, ce n’était pas son truc et que ce n’était pas ça qu’elle aimait chez lui mais son côté vilain garçon. Alors il fit taire son envie d’écriture qui sommeillait en lui encore une fois et qui ne demandait qu’à sortir, et se contenta de l’embrasser tendrement avant de sortir des draps froissés par leurs ébats et d’enfiler ses fringues qui gisaient sur le sol. Un sourire aux lèvres très discret apparu alors sur son visage, ce qui était rare chez le garçon, en repensant à la façon dont Lily Rose s’était débarrassé de ses vêtements. Puis, une fois habillé, il quitta la pièce, la laissant seule endormie.
Il prit la direction de l’endroit où leur bande avait l’habitude de se réunir. Il avait intercepté la veille un texto de Chloé qui donnait rendez-vous à Lily le lendemain pour lui donner sa dose habituelle de came. Arthur touchait aussi à ça, mais actuellement il essayait d’arrêter et espérait que Lily allait suivre son exemple. Mais conscient que celle qui était à la tête des Bad Circle n’était pas prête à arrêter par elle-même, il décida de forcer un peu les choses et effaça le sms en question, et se rendit lui-même au rendez-vous, sans en toucher mot à Lily. Il savait que si elle l’apprenait, elle lui ferait une scène digne de ce nom, mais il voulait prendre le risque, et il savait qu’ils finiraient par se réconcilier, ils étaient fait l’un pour l’autre et ne pouvaient pas lutter contre ça.
Arthur n’aimait pas spécialement Chloé, mais parce qu’elle était comme lui au fond, il la tolérait et leurs rapports avaient toujours été amicaux. Quand il la vit posée sur un muret à attendre la venue de Lily Rose, Arthur s’approcha d’elle et lui dit :

- Salut, je suis venu chercher la part de Lily. Désormais, c’est à moi que tu enverras un texto pour m’avertir.

Cherchant une excuse pour justifier ce changement, il réfléchit un instant et dit :

- Lily pense que ça évitera d’éveiller certains soupçons … Les flics cherchent à démanteler le réseau.

Il s’approcha d’elle et tendit sa main, attendant que Chloé lui donne le petit sachet que Lily Rose aurait dû aller chercher elle-même. Chloé et Lily ne s’aimaient pas, il ne voyait donc pas de problème à ce que Chloé refuse de ne plus passer par l’intermédiaire de Lily, bien au contraire.

Mais qu’est-ce qu’elle foutait ?! Tournant en rond depuis dix bonnes minutes, Chloé commençait à sérieusement perdre patience. Elle avait donné rendez-vous à cette tarée de Lily-Rose, tout ça pour lui refiler sa came, et cette dernière trouvait le moyen d’arriver en retard. A tous les coups, cette garce prenait tout son temps, pensant que de toute manière Chloé n’avait que ça à faire. Mais faux ! Elle ne comptait pas lui consacrer tout son temps. Elle allait lui donner ce qu’elle lui avait demandé, récupérer ce qu’elle lui devait, et s’en aller régler d’autres affaires. Elle avait plus important à faire, comme préparer une commande bien spéciale. Si elle ne le faisait pas, la petite princesse Charlie allait lui tomber dessus, et n’allait pas la louper. Malheureusement un petit imprévu faisait tâche à son plan, et retardait alors tous ses projets, et donc de ce fait l’élimination de Lily-Rose. Il fallait donc vite y remédier. En y réfléchissant quelques instants, Chloé avait même pensé réserver à cette idiote le même sort qu’à Tessa, comme l’en avait chargé Mlle Thomas. Mais elle aurait été de suite visée, placée au centre de l’affaire, et ça : elle ne le voulait. Elle n’allait pas prendre de risques inutilement. Après tout, il y avait de nombreux moyens pour virer la brunette. De plus, elle jugeait le fait d’éjecter Lily-Rose de son trône bien plus amusant et satisfaisant si elle pouvait ensuite voir l’étendu des dégâts, admirer la façon avec laquelle on avait pu l’éliminer… Il n’allait lui rester que ses yeux pour pleurer, et la blondinette s’en réjouissait d’avance.

A sa grande surprise, c’est Arthur qu’elle aperçu au loin, se dirigeant vers elle. Mais qu’est-ce qu’il faisait là lui ? Ne bougeant pas de son muret, elle le laissa venir jusqu’à elle, ne lui prêtant pas la moindre attention, préférant de loin s’allumer une cigarette. Arthur avait toujours été une énigme aux yeux de Chloé. Ils ne s’appréciaient pas plus que ça, et la jeune Kennedy, en toute franchise, l’avait toujours trouvé assez spécial… Ou encore particulier pour ne pas dire étrange. Et il y avait quelque chose chez ce mec qui amusait Chloé, par le ridicule de la situation. En effet, elle le percevait non pas comme le petit ami de Lily-Rose, mais comme son toutou. Rien que ça ; c’était pathétique. Enfin elle se cachait de le lui dire, préférant conserver ce semblant de bonne entente entre eux.

Quand il se stoppa face à elle, annonçant alors qu’il était venu à la place de Lily-Rose, la jolie blonde ne pu s’empêcher de laisser apparaître un sourire un brin forcé, sur ses fines lèvres rosées. Et oui, un vrai petit chien !

« Elle n’est pas capable de venir chercher sa came ? Arthur… Quand est-ce que tu arrêteras d’être à sa botte ? »

demanda-t-elle en soupirant, levant les yeux au ciel.

Ca la dépassait… Lily-Rose était une grande fille. Elle savait se droguer, donc elle était capable de bouger son petit derrière pour venir chercher ce satané sachet, non ? Chloé fronça légèrement les sourcils aux paroles d’Arthur. Sa première réaction fut de se demander pourquoi. Il surveillait la conso’ de sa petite amie ou quoi ? Si c’était le cas, c’était vraiment mignon de sa part, mais… Non. Elle allait lui dire clairement qu’elle ne voyait en quoi il était concerné et qu’elle n’avait pas besoin de passer par son intermédiaire ; quand il ajouta que Lily-Rose préférait fonctionner ainsi. Les flics ? Effectivement, avec cette crétine mieux valait faire attention, et se préserver. Mais c’était étrange ; Chloé restait méfiante… D’après elle, Lily-Rose n’avait pas pour habitude de se montrer intelligente, ou du moins maline. Elle fixa Arthur, un brin hésitante, tirant une longue taffe sur sa fine cigarette, pour finalement expirer un nuage de fumée et lâcher :

« T’as cru que j’allais t’en faire cadeau ? Je n’suis pas la mère Noël. »

Arthur était nerveux. Il était pressé de quitter cet endroit et Chloé. La vue de la drogue provoquait chez lui des tremblements. Il était en manque, c’était certain, mais il se devait de tenir, de ne pas craquer, il devait le faire pour lui et aussi pour Lily Rose. Il voulait se prouver qu’il pouvait être fort et réussir quelque chose. Jusqu’à maintenant, il n’avait été que faible, le faible petit ami de Lily, chef de la bande, qu’il suivait dans toutes les galères, juste par amour. Il se trouvait pathétique. Il était drogué parce qu’il aimait une droguée. Le pire, c’est qu’il aimait ça. Il aimait quand lui et Lily Rose étaient défoncés en même temps, ils étaient tous les deux dans leur trip, et les parties de sexe qui suivaient étaient souvent les plus réussies … Mais Arthur voulait que tout ça change, il voulait que Lily lui fasse réellement l’amour, totalement clean et consciente, car il savait que le plaisir n’en serait que meilleur. Alors il se ressaisit, et essaya d’oublier qu’il allait être en possession de poudre magique, et profita de l’occasion pour faire fermer le clapet de Chloé.

- La ferme Chloé. Le jour où tu sauras ce que le verbe aimer veut dire, on en reparlera.

Puis, il fouilla dans ses poches et prit plusieurs billets, bien plus que ce qu’il devait à la petite dealeuse. Il lui lança les billets à la figure, la laissant elle-même les attraper au vol, et lui dit, tout en arrachant de ses mains le petit sachet que Chloé lui devait :

- Considère ceci comme un petit bonus, une générosité de ma part …

Si Arthur payait aussi généreusement Chloé, c’était uniquement pour acheter son silence, afin que Lily Rose n’ait jamais vent de toute cette affaire. Il espérait bien que Chloé comprenne le nouveau deal qui s’installait entre eux. Mais Arthur avait la gerbe. Il venait de donner tout le blé qu’il avait gagné honnêtement pour la première fois de sa vie, grâce à Dan qui lui avait donné une avance sur sa prochaine paye. Et là, il venait de tout claquer, pour tromper sa petite amie … Bien sûr, c’était pour son bien, mais il se sentait vraiment coupable. Il n’avait jamais menti à Lily Rose et il se sentait mal. Alors il ajouta, pour s’assurer que cette petite blonde idiote n’aille pas tout gâcher :

- Considère que je paye ainsi ton silence, en plus de la came …

Plus Chloé l’observait, et plus elle percevait ses faiblesses. Elle reconnaissait les signes et symptômes d’un état de manque parmi tant d’autres, et chez Arthur s’en était presque trop facile. D’une évidence incroyable même ! Sa façon de regarder le sachet suffisait pour en venir à de telles conclusions. Ce qu’il pouvait paraître faible… A un tel point que Chloé trouvait même ça exaspérant. Mais qu’est-ce que cette potiche de Lily-Rose pouvait-elle bien lui trouver ?! Ca dépassait complètement la jeune Kennedy, qui à l’instant même s’amusait bien de l’état du jeune homme. Pitoyable, voilà tout ce qu’elle avait à dire. Il s’emportait avec une telle rapidité, lui priant alors de se taire. L’amour ? Mais depuis quand ce sentiment était compatible avec leur petit clan ? Il était complètement idiot, ou il n’avait toujours pas compris qu’au sein des Bad l’amour n’avait pas sa place ? Elle le dévisagea, puis laissa apparaître un sourire moqueur. Parlez-lui de sa chère et tendre aimée, et voilà qu’il partait au quart de tour.

« Aimer ne veut pas dire être soumis ; du moins pas chez moi. Après, chacun son truc ! »

Provocante, encore et toujours… Qu’on lui réponde c’était une chose, et elle ne s’en plaignait jamais, contente d’avoir en face d’elle quelqu’un qui tentait de lui rabattre son clapet. Mais de là à ce qu’on lui demande de la boucler, il y avait des limites à ne pas franchir. Ok, elle y prenait en note. Une fois Lily éjectée de sa place de leader, elle s’empressera de virer par la même occasion ce petit prétentieux. Cependant, pour le coup, Chloé ne laissa rien paraître de sa susceptibilité passagère. Elle le fixait, attendant qu’il lui donne l’argent nécessaire pour qu’elle lui cède la drogue. Comme si elle allait lui en faire cadeau ! Et puis quoi encore ? Elle serait même aller jusqu’à demander à Will de lui casser la gueule, alors qu’ils faisaient partis du même groupe de dégénérés.

Les billets ? Il les lui jeta… La blondinette les rattrapa au vol, et Arthur termina par lui arracher le sachet des mains. Oh ! Il allait se calmer l’abruti de base, car sa patience avait des limites ! Il se trouvait généreux ? C’était plutôt à elle de le dire, puisqu’elle avait pris le temps de l’écouter ! Elle le fixa, relevant légèrement les sourcils, n’étant pas franchement convaincue. Il payait son silence ? Hop, hop, hop !

« On ne m’achète pas… Je la boucle si j’en ai envie, dommage pour toi… Si je n’ai pas de raison de parler, tu n’as rien à craindre. »

Il croyait qu’il allait lui dicter sa loi ? La bonne blague ! Qu’il retente sa chance le petit, ça ne marchait pas avec elle !

Arthur était en manque. Il savait qu’il avait fait une erreur en venant chercher cette putain de dose à la place de Lily Rose. Il était bien trop faible, il n’y avait qu’à voir comment il réagissait avec Chloé, et devant ce petit sachet de poudre blanche. Arthur n’avait rien de comparable avec les autres mecs de la bande, à côté, il faisait petit agneau.
Alors, dans un excès de colère, réagissant afin de ne pas rester ce petit enfant de cœur qu’il était en train de devenir à force d’être amoureux de Lily Rose et de traîner avec des personnes un peu plus fréquentables comme Dan ou Jane, Arthur attrapa Chloé par les cheveux. Cette petite garce n’allait pas faire sa loi devant Arthur, il allait lui faire comprendre qui il était, qu’il était celui qui couchait avec la chef de leur bande et qu’elle lui devait forcément le respect. Et apparemment, elle ne comprenait pas quand on le lui expliquait de la façon douce, alors il allait être ce garçon violent que l’on attendait qu’il soit. Il plaqua la blonde aux cheveux frisés contre un mur rugueux et commença à lui retirer ses vêtements violemment, déchirant même son haut qu’il envoya valser quelques mètres derrière lui. Elle allait comprendre qu’il la dominait, qu’il commandait, et qu’elle n’avait pas son mot à dire. Il l’embrassa violemment, la mordant jusqu’au sang, après avoir plaqué sa tête contre le mur, ne se préoccupant pas de savoir si cela avait provoqué un hématome ou si du sang coulait de son crâne. Il plaqua son corps contre le sien, l’empêchant de se débattre, et écarta ses cuisses fines avant de la pénétrer violemment, une main posée sur sa bouche et l’autre sur ses seins. Il la souilla jusqu’à ce que la jeune femme tombe par terre, tremblante. La regardant avec mépris, il lui cracha dessus et lui dit :

- Chacun son truc en effet. Alors ferme la devant Lily.

Il donna un coup de pied dans les côtes de Chloé, toujours à terre, avant de s’éloigner, la laissant pour morte dans la boue du terrain vague, nue et souillée.

Voilà ce qui venait de se passer dans la tête d’Arthur qui avait imaginé tout ceci de toute pièce. Il se faisait peur à lui-même, il ne savait pas s’il avait vraiment envie d’être ce genre d’homme, c’était sûrement le manque qui lui faisait penser cela. Il avait juste eu besoin de se sentir un peu viril face à Chloé. Il savait que c’est ainsi que d’autres mecs de sa bande se seraient comportés, Will par exemple, mais Arthur ne voulait pas leur ressembler. Il avait toujours respecté les femmes, il adulait Lily Rose et était son ange gardien depuis leur plus tendre enfance, et il aimait tendrement Loan, sa meilleure amie. Jamais il n’aurait pu ne serait-ce que lever la main sur une fille, alors encore moins faire ce que son inconscient venait de lui faire penser. Il n’avait rien fait de tout cela à Chloé, il s’était contenté de rester debout devant elle. Et, comme culpabilisant d’avoir pensé à violer et violenter Chloé, il lui dit :

- On se les gèle ici, ça te dit un café ? Je te l’offre.

Chloé était loin de se douter qu’en ce moment même Arthur était complètement entrain de délirer, se prenant tout simplement pour ce qu’il n’était pas. Il était loin d’être la violence incarnée de cette bande de dégénérés à laquelle ils appartenaient tout deux. Il était sans doute le plus inoffensif des membres masculins des Bad, et il ne pouvait rien contre ça. Chloé ne pouvait pas s’empêcher de le détailler, de la tête aux pieds, remarquant le moindre petit signe de manque chez lui. Dans d’autres circonstances, s’il n’avait pas été le petit copain, et donc lèche-botte de service de Lily, elle se serait laisser à penser, ou même lâcher avec peu de sérieux un simple : « Bichette… ». Mais là, c’était nettement différent ; ses pensées ressemblant davantage à quelque chose du genre : « Bien fait pour sa gueule ! »

Non pas qu’elle ne l’appréciait pas, même s’il n’était pas son grand pote ; mais il lui tapait un peu sur les nerfs avec cet habituel comportement de mouton, bien incapable de faire ce que bon lui semble sans penser à sa crétine de copine. S’il y avait bien quelque chose qui l’insupportait, c’était ça. Sans arrêt à se demander comment Lily allait le prendre, comment Lily allait réagir, ce que Lily allait dire et blablabla… Incroyable comme cela pouvait s’avérer être gonflant ! A ses yeux il fallait prendre le courage d’assumer pleinement ses actes et ses pensées, ainsi que ses idées, sans se soucier du reste. Bien sûre, à l’écouter, ça avait l’air super facile, et elle le croyait réellement, ayant toujours réussi à le faire jusqu’à présent. Enfin pour Arthur il y avait une raison à tout ça, et c’était l’amour. Bah voyons ! Elle était bien bonne celle-là ! Il avait beau la remettre à sa place, lui rappeler sans arrêt que les sentiments amoureux semblaient être incompatible avec son cœur, elle ne pouvait pas s’empêcher d’en venir à la conclusion qu’il était tout simplement aveuglé par cet amour, et qu’il en devenait complètement con.

Sa proposition la sortie de ses rêveries, alors qu’elle comptait machinalement les billets verts. Elle ? Faire confiance ? M’oui, il y a des limites tout de même ! Et puis c’était devenu un réflexe, sans doute car elle ne voulait pas demander à Will d’aller récupérer l’éventuel manque. Elle reporta son attention sur lui, glissant l’argent dans sa poche, et haussa les épaules.

« Oh, et bien si tu l’offres, pourquoi pas ! »