Un café... ! Il lui fallait un café sans plus attendre ! Son petit corps -sexy- réclamait sa dose, sous peine d'avoir un gros coup de fatigue dans la prochaine heure à venir et d'être littéralement sur les rotules. Faisant claquer ses talons sur l'asphalte, les bras chargés de son sac à main et de quelques affaires pour la petite Prudence, Beverly aperçut l'enseigne du bar -The Caf', pour être exact !- et ce fut un vrai soulagement. Elle allait pouvoir s'offrir un bon café crème, récompense ultime après avoir rendu service à sa génialissime patronne. Oui, l'adolescente s'accordait une pause caféine puisqu'elle était assez large dans son timing. Même carrément en avance ! Beth en serait sûrement étonnée et ravie, appréciant l'efficacité de sa baby-sitter. Il faut dire que c'était assez plaisant de s'occuper de la petite. Et tout travail agréable et apprécié se veut simplifié ! Heureusement, car il y avait certains à côté parfois difficile à gérer... Du genre Cruz, le frère de la pauvre gosse, à moitié frappé et aussi capricieux qu'un enfant de quatre ans. Oui, lui, il ne lui facilitait pas la tâche. Elle devait l'éviter, mais il cherchait à tout prix à se rapprocher d'elle pour atteindre la mini Preston, et il le faisait d'une façon assez lourdingue ! De quoi la fatiguer... Et donc la pousser à surconsommation de café.

En passant le seuil de la porte, Beverly fit teinter un carillon, ce qui lui valut quelques regards curieux. Elle s'approcha du comptoir, tout en lorgnant sur la banque à pâtisseries, et passa commande. La jolie brune pouvait presque sentir la crème fondre sur ses papilles, et l'acidité des framboises lorsqu'elle aller croquer dans la part de tarte qui accompagnerait son mug. Les effluves et parfums y étaient tout bonnement divins, de quoi séduire les plus réticents en matière de café. Elle préféra se décaler en attendant sa boisson, laissant sa place au client suivant, juste derrière elle.  

On déposa sa boisson sur son plateau, à côté de sa voisine la pâtisserie... Et alors que Beverly allait s'en emparer, on l'interpella avec un mouchoir en lui faisant remarquer que sa veste était tâchée. Ah... Yeurk ! Quelle horreur ! Voilà le second inconvénient, à l'égale de Cruz... Les retours non contrôlés de la petite, anéantissant une partie de la garde robe de la baby-sitter. Là, c'était vraiment gênant. Beverly en lâcha ses sacs, accompagnant le geste d'une grimace qui en disait long. Elle était même plus que significative, ne pouvant pas venir d'une jeune maman. Au contraire, une mère aurait réagit le plus naturellement du monde, n'y trouvant rien de bien dégoûtant puisque c'était dû à la digestion de sa petite merveille. Là, Beverly avait beau apprécier la jolie Prudence, il ne fallait pas trop en demander non plus. C'est donc avec un rictus dégoûtée qu'elle finit par ôter le vêtement. « Merci... » Elle prit volontiers le mouchoir et essuya comme elle pu la tâche, espérant silencieusement que ce serait rattrapable. La veste ? Impossible de la remettre ainsi ! Elle la plia soigneusement et la glissa dans un des sacs plastiques. Le mouchoir termina sa course dans une grosse poubelle, alors que Beverly faisait en sorte de débarrasser ses affaires du passage. « C'est sympa, de m'avoir prévenu... Sans quoi je me serais baladée avec ça encore un moment ! » Et bonjour le style ! Elle trouvait toutes ces jeunes mamans assez craignos, alors inutile de se coller une étiquette toute seule par simple faute d'inattention. Les Preston avaient beau être assez médiatisés, tout le monde n'était pas obligatoirement au courant de l'existence d'une baby-sitter... Alors l'identifier et la reconnaître comme tel, encore moins !

Sur ce point là, elles étaient d'accord : le vomi de bébé -aussi mignons puissent être ces petites créatures innocentes- était tout simplement répugnant. Sur son capital de choupinitude -oui, j'invente des mots- la jolie Prudence devait facilement en perdre quinze pour cent lorsqu'elle rendait son biberon. Et encore, quand je dis quinze, c'est qu'elle y allait de façon soft ! Beverly n'avait donc en rien dissimulé son dégoût, alors qu'au contraire elle prenait le plus grand soin à cacher la victime de cet attentat au lait en poudre, soit sa veste. Elle esquissa un léger sourire, remerciant la jeune femme pour son soutient. Gaby, disait-elle s'appeler. « Beverly. » Elle fit une petite pause, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille alors qu'elle se redressait après avoir poussé ses sacs. « Beverly Watson. »

La brunette prit alors le temps de détailler rapidement son interlocutrice. Si cette dernière avait eu l'oeil pour remarquer une tâche sur ses vêtements, elle pouvait bien se permettre de se faire une idée sur la personne qui lui faisait face. Fine, plutôt mignonne, avec un style assez simple mais étudié... Elle avait l'air plutôt cool ! ''Canon !'' aurait dit Tallulah, si elle l'avait accompagné. A cette simple pensée, son sourire se fit un peu plus franc. « On ne se serait pas déjà croisé ? Je sais pas... T'es au lycée ? » Elle désigna le sac de la jeune femme, devinant qu'il s'agissait peut-être de ses cours. Avec le monde qui arpentaient quotidiennement ces couloirs, c'était parfois difficile de s'y retrouver. Surtout que Beverly ne prêtait pas tellement d'attention aux commérages et ragots en tout genre.

Cette Gaby était donc du lycée. Avec le monde inscrit au sein de cet établissement, reconnaître les visages s'avérait parfois assez compliqué... En tout cas pour Beverly, qui la moitié du temps se faisait limite harceler et persécutée par les So Cool parce qu'elle avait refusé de lêcher les bottes à Charlie Thomas et l'autre moitié restait dans sa bulle, avec ses amis. Pas besoin de plus, non ? En observant la jolie blonde, elle pensa aussitôt qu'il était peut-être préférable qu'elle fasse plus attention aux gens qui l'entouraient, et cela au sens large. Elle passait peut-être à côté de belles personnalités... Oui, Gaby avait l'air cool. Dans le genre simple, sans prise de tête, sans désir obsessionnel de gravir les marches de la popularité... C'était le genre de trucs qui faisaient rêver les adolescents de Degrassi. Ce dont Bev' se moquait éperdument -sans doute parce qu'elle n'avait pas à faire le moindre effort pour se voir attribuer une réputation dorée (merci papa, merci maman).

Pour le coup, Beverly avait une excuse... Elle ne connaissait pas encore Gaby, parce que cette dernière était au lycée depuis peu. Forcément, avec l'agitation de son quotidien actuellement, la brunette n'y avait pas prêté attention ! Et ce n'est pas en retenue qu'on peut faire des rencontres vraiment intéressantes, elle l'avait découvert grâce à Cruz-l'attardé. La jeune fille récupéra sa boisson et lui proposa alors de s'installer à la même table. Un sourire étira les lèvres rosées de la miss Watson, qui accepta volontiers « l'invitation ». Elle poussa ses quelques paquets jusqu'à la table et s'y posa avec sa propre boisson. Machinalement, elle jeta un coup d'oeil à l'horloge du café, comme pour s'assurer qu'elle pouvait se le permettre. Oui, tout était bon. Elle allait grignoter un peu de temps sur son avance, mais tant pis ! Ça en valait sûrement la peine ! « C'est la première fois que tu viens au Caf ? Ou ça fait déjà un moment que t'es là et je suis simplement aveugle ? » Peut-être qu'elle était archi nouvelle ! Du genre à découvrir Degrassi et les alentours. Si c'était le cas... la pauvre ! Elle ne devait pas imaginer où elle était tombée. Beverly devait-elle la mettre en garde ou lui souhaiter la bienvenue en lui ouvrant en grand les bras ? Elle préféra ne rien faire. Oui, c'était préférable !

Beverly n'avait donc pas encore de soucis à se faire pour sa vue... La jeune femme n'était pas née dans le coin, connaissant Degrassi comme le fond de sa poche à tel point qu'elle aurait pu intégrer le décor. Elle lui confiait commencer à connaître les endroits sympas, et à cet aveu Beverly esquissa un sourire. La jolie blonde avait déjà trouvé le meilleur café du coin, et c'était déjà bien suffisant. Avec ces pâtisseries et ces douceurs caféinées, on pouvait aisément survivre. Puis elle lui demanda alors si, pour sa part, elle avait toujours vécu ici. « Par chance : non. » Elle ne pu s'empêcher de rire doucement. S'installer ici en pensant élever tranquillement ses enfants n'était que pure folie ! On prenait au contraire le risque d'en faire des psychopathes, des tueurs en série, et j'en passe des meilleurs.

Avec une mère chirurgienne et un père publiciste plein aux as, Beverly avait eu le bonheur de découvrir un tas d'endroits différents au cours de vacances et autres voyages. Elle se rendait de temps en temps chez ses grands parents dans l'Oregon, profitait de l'argent de son papa chéri pour s'ouvrir au monde. Ces avantages l'avaient peut-être sauvé en conservant son équilibre mental;chose qui ne semblait pas être donné à tout le monde à Degrassi. « Mon père est américain, j'ai pas mal bougé du coup... » -se contenta-t-elle de répondre, après avoir bu une gorgée de café. Beverly n'était pas du genre à étaler sa vie, se contentant du minimum syndical lorsqu'il fallait s'expliquer.

HJ : Je n'avais pas eu la notif !