Voilà des lustres que Liam était retenu au Mexique, il avait été emprisonné pour trafic de drogue et Naomi était au plus bas. Elle avait eu la mauvaise idée de l’envoyer rabattre quelques jolie Mexicaine pour trouver de nouvelles Call Girls afin de garnir le Diamant’s Club. Depuis maintenant quelque temps, Madame Kinney avait développé un tout nouveau réseau et avait réussi à infiltrer ses filles comme elle les appelait dans le monde financier de Toronto. Les traders étaient de gros consommateurs de prostituées et ses contacts canadiens commençaient même à la faire pénétrer à Wall Street, ce qui était plutôt une aubaine car les deux heures d’avion qui séparaient Toronto de New-York permettaient un bon suivi tout en touchant plus de clients. Si un jour, lorsqu’elle était jeune et fraichement arrivée à Degrassi, on lui avait dit qu’elle finirait comme son père, la jolie sicilienne aurait éclaté de rire et y aurait même trouvé une occasion de s’en remettre plein les narines. Bien que la cocaïne était toujours son pêché-mignon, avec le champagne et les cigarettes, Naomi était devenue responsable avec le temps. Elle avait appris à se débrouiller par elle-même lorsqu’elle était devenue pauvre, suite à la confiscation des biens de sa famille par la justice italienne. Evoluant comme une « belle amie » dans la société degrassienne, elle avait réussi à survivre dans son monde doré et sauvegarder son confort. Une première fois par feu-Romain et la seconde, grâce à Max. Dorénavant, Madame Kinney prenait souvent les reines, ne voulant ni dépendre de son père enfermé à Milan, ni de son mari. Mais aujourd’hui, Naomi était dans l’impasse de devoir faire appel à quelqu’un. Depuis que Liam avait été arrêté au Mexique en possession d’une grosse quantité de drogue, sa « mère » ne savait plus comment faire pour le ramener, il risquait très gros. Ni tueur à gage, ni pot-de-vin, ni Max ne pourraient le sortir de ce pétrin. Mais il y avait bien une personne sur qui Naomi pouvait conter et cette personne était son ami Edgar.

- Merci d’être venu, dit Naomi avec sincérité tout en posant ses fines mains sur celles d’Edgar. Je sais que tu sais apprécier le bon vin, j’ai fait venir cette bouteille de Romanée-conti, poursuivit-elle en désignant la dite bouteille. Tu vas l’adorer, finit par conclure Naomi dans un français parfait

Elle avait invité à dîner son ami ce soir, mais surtout son avocat. C’était le début de soirée, l’heure de dîner et Edgar venait seulement d’arriver. Naomi avait décidé de le convier dans le nouveau loft, qu’elle et Max avaient fait construire au-dessus de la boite. En bonne commerciale, c’était souvent que les gens importants du carnet d’adresse de Naomi avaient le droit à une soirée en sa compagnie à l’étage puis finissaient dans le carré V.I.P entourés des « perles Iannaci », comme surnommait Naomi ses plus belles prostituées. Tout ici avait été organisé pour séduire ses invités de marques, un chef étoilés, des bonnes, les meilleurs cigares et surtout un tas de Rolex que la maîtresse des lieux distribuait à ses amis, avant de leurs demander des faveurs ou par pure flatterie.

Un sourire apaisé s’était dessiné sur les lèvres de Naomi lorsqu’Edgar lui rappela sa fidélité. Edgar avait cette aura rassurante pour la jeune italienne, alors qu’il était effrayant pour bon nombre de personne, le célèbre avocat avait souvent arrangé les affaires de la famille Kinney. C’était un soulagement de l’avoir à ses côtés, car ce requin était un homme qu’il valait mieux compter parmi ses amis que ses ennemis. Mais malgré cette admiration que Naomi avait à son égard, la plaisanterie qu’il avait faite au sujet de son hypothétique 3ème mariage, la laissa quelque peu confuse. Le respect de Naomi pour cet homme avait des limites, elle préférait le considérer comme un frère protecteur plus qu’autre chose. A cette pensée, elle eut un léger moment de compassion pour Beth Preston qui se verrait probable dressé dans son futur mariage, elle qui avait la réputation d’être une femme forte. Si parfois il arrivait à Naomi d’appréciait d’être dominé, ce n’était que lors de rapports sexuel ou alors quand avec ses yeux pleins d’amour envers Max, elle aimait lui renvoyer une image de lui comme un homme fort à travers les comportements qu’elle entretenait pour donner un effet miroir à ses réactions laissant supposer que Monsieur Kinney portait la culotte. Mais c’était une preuve d’amour plus qu’autre chose et qui arrivait dans de rares moments, souvent c’était son tempérament de feu qui prenait le dessus. Dévastateur, au point de briser des services en porcelaine tout en hurlant vouloir la démission de Lilith –dont elle était terriblement jalouse- et qui à son plus grand désarroi n’avait pas l’air d’arriver. Le numéro de drague que la jeune –elle préférait qu’il en soit ainsi- Madame Kinney était en train de faire était dans le seul but d’avoir à nouveau la précieuse aide de l’avocat. Mais pour le moment, elle préférait encore continuer la flatterie avant de devoir l’implorer pour ses précieux talents juridiques.

- D’ailleurs, on dit que ce sera une superbe réception, il me tarde, commença Naomi en levant son verre portant un toast à l’union d’Edgar et Beth. Ta fiancée, telle que je la connais doit être impatiente et orchestrant l’organisation d’une main de maître ?

Naomi préférait attendre encore un peu avant de solliciter l’aide d’Edgar, il venait seulement d’arriver et Liam était en prison depuis deux semaines déjà. Elle ne voulait pas paraître impolie, mais surtout ne pas précipiter les choses au cas où son cher ami trouve l’affaire beaucoup trop périlleuse. Peut-être après le don d’une Rolex, Edgar sera plus enclin à se démener pour ramener Liam à la maison.

Naomi leva les yeux au ciel, cela faisait plusieurs jours que cette histoire lui polluait l’esprit. Même se délecter en admirant les fesses de Grant, son barman préféré, était devenu une distraction sans saveur. Elle pensait avoir inculqué la prudence à son fils Liam, mais il s’était fait avoir comme un débutant et à présent toutes les affaires de la famille risquaient d’en pâtir. D’une part que son fils soit dans une espèce de basse-fosse avec comme seule compagnie des gros mexicains sous-éduqués, l’affolait mais en plus elle avait peur que la police mexicaine collabore avec celle du canada. Et là son monde s’écroulerait, quand malgré les pots-de-vin, et autres faveurs, ne suffiraient plus à tenir éloigner les autorités de son réseau de prostitution. Edgar devait ramener Liam au bercail illico-presto et surtout effacer toutes traces de cette arrestation qui attirerait bientôt l’attention sur le buisines des Kinney si elle venait à s’ébruiter.

- Bon j’ai envoyé Liam faire le tour du Mexique pour rabattre quelques nouvelles putes, tu sais que les canadiens sont très friands des filles un peu exotiques, expliqua Naomi. Mais voilà, je ne sais pas si c’était pour mieux les amadouer, cet idiot leur a ramené de la cocaïne à foison et s’est fait prendre par la police le coffre rempli de poudre.

Qualifier son fils d’idiot dans de pareilles circonstances ne serait jamais arrivé à la belle italienne, qui avait l’habitude de mettre Liam sur un piédestal et le materner comme si il avait encore huit ans. Mais maintenant qu’elle savait son ami Edgar à ses côtés, elle savait qu’elle pourrait mettre une bonne gifle à son fils pour le punir quand il serait de retour à Degrassi, sain, sauf mais surtout en sécurité.

- L’argent n’est pas un problème, encore moins pour une raison comme celle-ci Edgar, tu le sais. Je sais être généreuse et puisque Max n’a pas l’air de bouger le moindre petit doigt, je prends les choses en main et tu es l’allié parfait, lui dit-elle en lui caressant légèrement sa main. Tu es toujours l’homme de la situation, lâcha-t-elle quelque peu admirative.

L’avertissement qu’Edgar faisait à Naomi au sujet de la dangerosité de la situation dans laquelle Liam s’était fourré lui glaça le sang. Elle n’aimait pas les petites gens, leur simple présence l’indisposait. Se mettre en tête que leurs semblables pourraient avoir l’audace de s’en prendre à son fils, la mettait hors d’elle. Mais elle ne laissait rien paraître se contenta de soulager ses craintes et sa haine en serrant fort le poing. Si l’un de ces misérables gueux s’avisait à toucher le moindre cheveu de son fils, Naomi se promettait intérieurement de poser des bombes dans toutes les prisons et bidonvilles du Mexique pour les éradiquer. En buvant une gorgée de vin, Madame Kinney tenta de relativiser un peu et mettre de côté ses aspirations à une hypothétique vengeance.

- Il n’a rien à craindre puisque tu es là, dit-elle en reposant son verre et laissant apparaître un sourire apaisé sur son visage trop lisse pour son âge.

Les Kinney pour avoir des ennemis en avaient, c’était une chose certaine. Mais de là à penser que l’un d’eux s’attaquerait à un enfant, c’était un autre. Naomi ne voyait pas vraiment qui elle aurait pu froisser au point que l’on veuille faire du mal à Liam, qu’on s’attaque à eux serait légitime mais pour la mésaventure de son fils, l’italienne rejetait plus la faute sur la malchance que sur un Homme. Mais peut-être était-elle à côtés et que pour cette affaire, elle voyait les choses avec les yeux d’une mère plutôt que ceux habilles qu’elle employait en d’autres circonstances.

- Eclaire-moi, tu es l’un des nôtres, Edgar ! demanda-t-elle. Dis-moi qui tu verrais capable de nous faire cet affront ? Si c’est confirmé, en plus de ramener Liam, il faudra faire tomber une tête pour réparer ce déshonneur ! Trancha-t-elle vindicative.

La moindre suspicion que cette salope de Lilith ait avoir quelque chose avec l’emprisonnement de son fils donna la nausée à Naomi, ce qui lui obligea à se masser légèrement les tempes. Elle n’avait jamais aimé cette traînée, elle n’était guère jalouse de toutes les putes qui couchaient avec son mari mais celle-là le côtoyait tous les jours. Sous la table, elle s’enfonça les ongles dans la paume de sa main tellement elle sera fort son poing. Des appels au meurtre résonnaient dans sa tête, « je vais la tuer » se répétait Naomi sans interruption. Tout ouïe aux mots que son ami Edgar prononçait, elle but une gorgée de Romanée-Conti tout en l’écoutant et lorsque le précieux liquide de Bourgogne coula dans sa gorge, elle se mordit les joues intérieures toujours sous l’énervement. Liam en prison par la faute de cette ambitieuse qui voulait lui voler son mari, cela faisait beaucoup de raisons pour tenter d’assassiner cette traînée que Naomi n’avait –de toute façon- jamais apprécié.

- Si c’est le cas, Prudence n’aura jamais à craindre que sa grande-sœur vienne lui dérober son héritage, dit-elle calmement. Je suis désolé Edgar mais il y a des limites à ne pas atteindre.

Sa grosse main, d’homme fort et puissant posée sur la sienne, faisait frissonner l’Italienne. Qu’il parte ! Elle ne comprenait pas se revirement de situation, lui qui semblait si à l’écoute de ses inquiétudes allait l’abandonner seule avec les homards qu’elle avait fait préparer spécialement pour lui. Elle posa sa deuxième main sur celle d’Edgar qui avait accentué sa poigne sur la première et se rapprochant de lui, se faisant glisser sur la banquette plus près de lui, Naomi prit le regard le plus persuasif qu’elle était capable de faire.

- Edgar… , dit-elle en passant ses doigts fins sur les plis de sa chemise pour mieux le convaincre. Tu m’as garantis que tu me ramènerais mon fils et tu sais que j’ai énormément d’estime, ainsi que d'admiration pour toi, continua Naomi. Tu ne veux pas m’abandonner ? finit-elle par lui demander inquiète de se retrouver seule avec ses problèmes.

Les relations homme-femme étaient des plus troubles en temps normal, mais quand l’une d’elles comprenait Edgar, elles le devenaient encore plus. Shawell n’était pas connu pour son respect envers la gente féminine et si Naomi faisait partie des rares dames qu’il avait la gentillesse de respecter, son instinct de mâle reproducteur restait immuable en toute circonstance. L’italienne ne s’attendait pas à ce que son ami voit une invitation à la copulation dans le jeu de charme qu’elle avait effectué sur lui lors de sa requête. Elle avait surtout voulu se révélait être un peu plus persuasive en se rapprochant si dangereusement près de lui, ses lèvres sur celles de Madame Kinney n’étaient pas condamnables. Naomi aurait dû mieux mesurer son gringue exercé dans le seul but d’avoir une réponse favorable et certaine de la part de son avocat pour ramener son fils sur le territoire. Si pendant une demi-seconde, Naomi eut envie de se retirer, elle s’en retint. Déjà trop seule à vouloir se décarcasser pour Liam, elle ne voulait pas prendre le risque de mettre en péril les futures opérations qu’Edgar allait mettre en œuvre. Comme pour ré-attester sa confiance en ses talents diplomatiques et ses méthodes peu catholique pour sauver ses clients, Naomi prolongea langoureusement le baiser d’Edgar. Ce ne serait pas la première fois qu’elle aurait une aventure extra-conjugale et même si elle n’avait jamais eu de rapport sexuel avec Edgar, le jeu en valait largement la chandelle. De ses doigts habiles (dédicasse), Naomi débouta le pantalon de son avocat d’ami et du dos de son autre main caressait sa mâchoire saillante tout en continuant de l’embrasser. L’image de son Liam à ses côtés était à présent sa seule motivation pour s’offrir à Edgar, elle en était maintenant persuadée son fils serait très prochainement de retour au bercail.

Fin ?