Ce nouveau sms fit rire doucement Chloé. Elle l'avait un peu en travers de la gorge en réalité, l'imaginant se faisant « royalement chier » en compagnie de Barbie. Il se foutait peut-être de sa gueule en fait avec ce message. La jeune femme préféra l'ignorer, mettant son portable sur silencieux et le glissant dans sa poche arrière. Elle se resservit un verre, et se dirigea vers la sortie pour aller prendre un bol d'air. Elle étouffait ici et avait surtout besoin de se griller une cigarette. Elle récupéra un de ces fameux tube de papier garnis dans son paquet ; la dernière. La boite en carton termina sa course dans une poubelle voisine, alors qu'elle logeait la clope derrière son oreille. Une nouvelle gorgée de vodka pour la route et...

La porte s'ouvrit, sur Cruz et Barbie. Chloé en sembla surprise, avec un petit air qui sonnait comme « Déjà ? Quelle efficacité ! » Elle pencha légèrement la tête sur côté et mis quelques secondes avant d'afficher un grand sourire, faux. « Je ne suis pas armée ! » -lança-t-elle en levant les mains au niveau de son visage, en faisant référence à cette fameuse hache de guerre. Tout ce qu'elle avait envie d'enterrer c'était le corps trop maigre de Barbara. « Vous m'excuserez, j'avais besoin d'air ! Il fait une de ces chaleurs ! » Chloé se décala, retenant la porte grande ouverte et passa à côté de Cruz. « Je comprends ton message. Grosse ambiance ! » Peut-être que la vodka ajoutée à ce coup de chaud lui faisait tourner la tête. Ou pas !

Barbara ne comprenait pas trop le sens de la recommandation de Cruz, sur le moment elle flippa un peu. C’était assez étrange qu’il la mette en garde contre Charlie, enfin pas tant que ça. Mais puisque la personne qu’elle taisait le nom depuis tout à l’heure était justement sa cousine machiavélique, le temps d’une demi-seconde elle se demanda si Preston se doutait de quelque chose. Puis finalement, non. Tout le monde méritait de se méfier de Charlie, elle pouvait être le diable incarnée et malgré ses sentiments assez confus à son égard, Barbara le savait très bien et contenta d’acquiescer l’air de rien. Le chemin du retour, beaucoup plus silencieux, paraissait être passé beaucoup plus vite que l’aller. Quand ils arrivèrent enfin et que Cruz poussa la porte du lycée, probablement des restes de l’éducation que sa folle de mère lui avait donnée, les adolescents tombèrent nez-à-nez avec Chloé. Il parlait d’enterrer « la hache de guerre », chose à laquelle elle aurait trouvé une excuse pour décliner la proposition si elle en avait eu le choix. Devant le fait accompli, Barbara rebroussa chemin pour se positionner sur le côté de la porte. Quitte à être obligée de parler à Chloé Kennedy, autant que ce soit à l’abri des regards indiscrets.

- Bonsoir Chloé, s’efforça-t-elle de dire bien consciente que la situation prêter à confusion.

Elle n’était pas trop gênée par cette situation équivoque, le fait que Chloé s’imagine tout un tas de chose tordues qui attiseraient sa jalousie l’amusait un peu, à condition que le pitt-bull ne lui saute pas au visage. Elle ne savait pas trop quoi dire à cette fille qu’elle qualifiait souvent de clocharde parvenue depuis qu’elle leur avait volés leur ami.

- Tu passes une bonne soirée ? demanda Barbara à Chloé sur un ton trop enjoué pour être honnête, sans vraiment se soucier du message dont elle était en train de parler et qui avait l’air de la concerner.

« Elles ont débarquées en avance ? » Elles, les fameuses règles qui faisaient parler plus d'un homme, outil magique pour tenter de tacler la gent féminine. « Elles... t'emmerdent ! » -aurait répondu Chloé si elle avait laissé s'exprimer sa plus profonde colère. Néanmoins, elle n'avait pas encore atteint un tel niveau d'agacement. Sur son visage pouvait se décrypter les prémices d'une tempête, habituels lorsque l'on froissait la jeune femme ou qu'elle avait l'impression d'être prise pour une idiote. Oh ça, elle en avait horreur et ne pouvait pas s'empêcher de l'exprimer malgré elle. Son corps la trahissait à nouveau, alors qu'elle se forçait à sourire. Cet élan de presque sympathie transpirait l'hypocrisie. Impossible pour elle d'aller prendre ce bol d'air qui lui aurait été si bénéfique, puisque Cruz la retenait par la taille. La pression de sa main sur sa hanche avait le don de la faire frémir, néanmoins son sale caractère lui interdisait de se radoucir pour si peu. « Non, heureusement pour toi… » Sans quoi, il aurait pu tenter d'encercler sa taille à plusieurs reprises qu'elle aurait tout fait pour s'en dégager.

Barbie s'était quand à elle décalée, se montrant agréable, aussi étonnant que ça puisse paraître. L'adolescente avait dû sniffer une ligne de coke, n'ayant pas réellement conscience qu'elle s'adressait à Chloé. Ça n'était pas possible autrement ! « Super ! » -répliqua la Bad Circle, en levant à nouveau le coude pour boire. Ne bronchant pas alors que Cruz la retenait contre lui, encore moins lorsqu'il déposa un baiser sur son front, Chloé reprit : « Et vous ? Ça se passe bien ? » Vous êtes à la cherche de capote peut-être ? J'en ai aperçu à l'entrée ! ...Elle se surprenait elle-même en gardant une voix posée, presque naturelle, alors qu'à l'intérieur elle bouillonnait littéralement. Possessive ? Chloé le découvrait en tout cas. Et pourtant, dans d'autres circonstances, elle n'aurait sûrement rien dit ou penser de tel. Il faut dire que Cruz et Barbie avait une relation assez... particulière, que Chloé avait du mal à cerner. Et lorsque c'était ainsi, la jolie blonde se positionnait sur la défensive, ayant l'habitude de prendre des coups.

Barbara trouvait ça un peu écœurant de voir Cruz et Chloé se laîcher partout sans aucune impunité, bon elle exagérait certainement mais c’était assez gênant en effet. Ce n’était pas vraiment le contact physique qui la rebutait, mais plutôt l’attitude mielleuse qu’adopter Preston quand il était avec Chloé. Elle essayait de regarder ailleurs, pas seulement lorsqu’ils se faisaient des mamours comme le diraient les couples idiots et naïfs, mais même autrement. Elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait ici, elle qui était parti à la recherche de son sac pour aller vider la cave de Ian tranquillement avec Cruz. Elle se sentait obligé de ne pas être méchante avec Chloé par respect pour Cruz avec qui elle venait de passer un moment, mais c’était aussi assez difficile d’être sympa avec une fille aussi peu civilisée et quand bien même tellement bouseuse. Le So Cool ne s’en était pas encore rendu compte mais sa copine devait avoir ses règles genre tous les jours pour être aussi imbuvable, bien que pour une fois Kennedy paraissait dangereusement calme. Elle haussa légèrement les sourcils vers Chloé, tout en lui adressant un sourire plus-hypocrite-tu-meurs.

- On s’apprêtait à partir chez moi pour siffler deux-trois bouteilles de mon père, dit-elle aussi posée et naturelle que Chloé. C’est une chance que j’ai oublié mon sac, Cruz t’aurait loupé sinon, conclue Barbie avec un clin d’œil.

Le clin d’œil était de trop. Barbara ne savait pas ce qui lui prenait, elle était du genre à éviter Chloé comme la peste. Même avant cette idylle entre Cruz et Kennedy, Barbara voulait avoir à faire le moins possible à elle. En fait, elle remarquait que les filles du Bad Circle lui faisaient plus peur que les garçons qu’elle avait l’habitude de rencontrer pour acheter de l’herbe ou de la cocaïne ou encore certains qu’elle voyait comme des amis ou plus si affinités. Chloé devait être la plus flippante dans son esprit depuis que cette chienne de Lily-Rose était hors compétition, maintenant que Barbara fréquentait assidûment son père et qu’elle avait le contrôle sur la situation.

Warhol Empire a écrit:

Qu'elle était belle, mais surtout, qu'elle était chiante. Charlie était la reine de l'effet douche froide. L'effet kiss cool si vous préférez ! Elle était du genre à le chauffer si fort, à lui provoquer une érection si violente qui lui faisait limite mal, et à lui foutre la bite dans un seau de glaçons pour mieux le faire redescendre sur terre dans la seconde qui suivait.
Warhol soupira à sa remarque. Il avait pris du temps à se préparer pour cette soirée, il avait même pris une douche, ce qui avait supposé pour lui de laisser seule Merveille pendant quelques minutes dans son lit. Warhol Empire était victime de sa propre fille, et pouvait dorénavant devenir l'égérie du parfum "ça sent le bébé". Il était condamné à sentir les Huggies toute sa vie. Ou du moins jusqu'à ce que Merveille soit propre.
Il afficha une petite moue qui disparu aussitôt quand Charlie demanda malgré tout des nouvelles de sa fille. Elle connaissait ses deux points sensibles : le sexe et sa fille. D'ailleurs, les deux sont étroitement liés, l'un ayant entraîné l'autre. Il sourit même, car décidément, Charlie faisait tout pour le faire rager en baptisant Merveille tous les jours d'un nouveau petit sobriquet ridicule.

- MER-VEI-LLE va bien ma chérie. Mais elle irait encore mieux si elle avait enfin une maman. La pauvre a tout juste 2 mois et ne connaîtra jamais la chaleur des seins maternels.

Le regard de Warhol dériva à la fin de sa phrase, se posant en synchro sur la poitrine de sa petite amie, le faisant presque baver.

Siffler deux-trois bouteilles, hein ? Dans l'esprit de Chloé, ça allait bien au-delà d'une cuite entre copains, et elle n'aimait pas ça du tout. Pourtant elle s'était surprise à afficher un petit sourire mesquin. « Ah tu l'as dit ! Quelle chance ! » Elle devait sautiller sur place de bonheur et lui exprimer toute sa reconnaissance pour avoir oublié son sac et donc ne pas être actuellement la tête au-dessus de la braguette de son mec, ou...? Quelle horreur, elle en arrivait presque à se comporter comme ces hordes de petites princesses hypocrites et superficielles, qui se faisaient risettes pour mieux frapper une fois que la rival avait tourné les talons. Sans rien ajouté, elle stoppa la main de Cruz qui lui caressait le bras, préférant qui cesse tout de suite d'essayer de l'amadouer avec quelques gestes tendres. Elle n'avait pas envie de douceur, et il pouvait carrément s'estimer heureux qu'elle soit encore là, restant polie.

Peut-être pas pour longtemps en fait... A la suggestion de Cruz, elle lui lança un bref regard et se tourna ensuite vers Barbara. Elle ne se sentait absolument pas concernée par cette petite soirée improvisée version So Cool. Justement, Chloé ne faisait pas partie de ce clan, couple ou non avec un Preston. Elle savait pertinemment qu'on ne pouvait pas la blairer -ce qui s'avérait réciproque. Et même si ça avait été le contraire, supporter Warhol... non merci ! Se détachant doucement de Cruz, elle récupéra la cigarette qu'elle avait glissé sur son oreille. Dans l'immédiat, elle aurait été partante pour quelque chose plus fort, mais elle était restreinte à cette pauvre clope. « Et bien... Bonne... Descente de cave ? » Elle haussa les épaules, désigna sa cigarette comme pour faire comprendre qu'elle s'éclipsait, puis relâcha pour de bon la main de Cruz.

Pour une fois qu'elle n'avait rien eu à dire en arrivant à une soirée de lycée, il fallait tout de même que quelque chose vienne la chagriner... Royalement l'emmerder, plutôt ! D'une franchise presque tranchante, la blondinette avait un mal fou à dissimuler son mécontentement. Elle faisait illusion comme elle pouvait, avec son ironie habituelle et ses sourires faux-culs. Mais Cruz devait parfaitement deviner que ça n'allait pas et qu'elle voulait s'en aller. Elle faisait d'ailleurs tout son possible pour se frayer un chemin jusqu'à la sortie, prétextant une pause clope alors qu'elle avait pour but de sauter dans sa voiture et rentrer à l'appartement. Précédant peut-être son retour d'une petite balade nocturne, qui sait ? En tout cas, finir dans la cave du père de Barbie ne faisait pas partie de ses plans...

Seulement Cruz insistait. Ses mots sonnaient comme un ordre, chose qui irrita davantage Kennedy. Elle luttait pour ne pas lui envoyer un verre au visage en guise de douche froide pour lui remettre les idées en place. Faire un effort... Se tenir là, devant eux, c'était déjà un effort en soit. Rester polie et faussement agréable en était un autre. Elle le fixa quelques secondes, sans un mot, et finit par craquer. Stoppant un lycéen qui sortait sûrement pour s'isoler et fumer son joint tranquillement, elle lui emprunta son briquet et alluma sa cigarette. Chloé inspira profondément, tirant sur la clope, et souffla la fumée sur Cruz. Elle lui faisait comprendre qu'elle le faisait son effort, mais qu'il allait en payer le prix fort.

Barbara se demandait où elle avait fourré les pieds en adressant la parole à Cruz. Pas qu’elle ne l’aimait, bien au contraire mais la soirée prenait une tournure complètement surréaliste. Elle était pourtant à peu près sûre de ne pas être défoncée, elle se pinça discrètement. Non elle ne rêvait pas, Chloé était assez hypocrite pour paraître polie et Cruz s’imaginait déjà faire la fête chez les Thomas avec tous les So Cool en omettant le fait que Charlie ne pouvait plus le blairer depuis qu’il s’acoquiner avec Kennedy. Ne voulant pas trop le briser dans son élan, Barbara se contenta de faire un grand sourire en ayant l’air hyper emballée. Elle n’était pas plus dérangée que ça à l’idée d’une réunion So Cool chez elle malgré toutes les tensions dans le groupe, mais elle prit un sacré coup quand Cruz proposa à Chloé de venir. Charlie allait la tuer, c’était sûr. De loin, elle vit sa cousine regardait en leur direction, un peu lâche et préférant se décharger de toute responsabilité, elle lui fit signe de venir les rejoindre.

- Bon, on va proposer cette after à Charlie !

Réalisant qu’une souillon du Bad Circle allait rentrer chez elle, Barbara commençait à mémoriser quels seraient les objets de valeurs à cacher en entrant dans la maison. A peu près tout, c’était peine perdue. La maison de Ian devait avoir la même valeur que celle d’un prince arabe. Elle fut coupé dans ses pensées matérialiste à la venue de Charlie, avant même que celle-ci balance une saloperie à l’égard de Cruz et Chloé, Barbara prit la parole.

- Cruz et Chloé proposent qu’on aille faire after chez moi, ça te tente ? demanda innocemment Barbara tout en se préparant psychologiquement à un drame futur.