Cela faisait une semaine que Barbara résidait dans l’une des suites de l’Hilton de Toronto. Une semaine qu’elle avait découvert la cervelle de son père Ian explosée sur le marbre de la maison où elle avait vécu ces derniers mois. Une semaine que ce connard de lâche l’avait abandonnée et ruinait tous ces rêves d’une relation de famille idéale. Pour ça elle le détestait, mais rien qu’en pensant à la haine qu’il avait déclenché en elle quand il s’était tiré comme un parfait bâtard, elle se mettait la tête dans l’oreiller de son king size. Elle hurlait, le mordait, tapait dedans. Elle répétait inlassablement des séries de « connards, connards, connards » comme une enfant autiste dans le coin de sa chambre. Elle vidait le mini-bar et dormait. Elle détestait Ian Thomas, elle avait l’impression que le plus elle allait l’insulter et cracher sur sa mémoire, le plus elle aurait de chance de le revoir ; qu’il vienne la disputer pour ce manque de respect mais rien. Elle pleurait tout le temps, pour une fois ce n’était pas le cannabis qui lui explosait les yeux. Elle n’en fumait même plus, elle n’avait aucune envie de sortir pour en acheter et encore moins de faire venir un de ses dealers ici, elle ne voulait pas qu’on sache où elle était. Seule sa mère le savait puisqu’elle payait la chambre et entretenait sa fille à distance. Rien que pour ça, elle en voulait encore plus à Ian. Pas qu’elle était hyper vénale, mais dire merde à ses parents et aller dépenser celui d’un nouveau papa avait été un grand moment de sa vie. Aujourd’hui, elle était de retour à la case départ et était obligée de rendre des comptes à sa mère envahissante. Barbie ne pouvait pas croire qu’elle se retrouvait seule, elle était partie vivre à l’Hilton de son plein gré. Non seulement, elle n’avait pas voulu rester dans la maison où son père s’était suicidé et en plus, elle préférait partir d’elle-même plutôt qu’être contrainte par la présence agaçante de Carly. Elle n’était plus rien du vivant de Ian, mais puisqu’ils n’étaient pas encore divorcés, Carly avait autant le droit que les enfants légitimes de Ian de disposer des biens du défunt. De toute façon, qu’est-ce qu’elle foutait encore là ? Barbara se disait qu’elle ferait mieux de rentrer chez ses parents, soit chez son ancien paternel à New-York ou alors partout et nul part à la fois avec sa mondaine de mère. Elle avait trouvé un foyer, une famille et des amis stables. Coussin. Cri. Pleure. Barbie regrettait cruellement toutes les fois où elle n’avait pas réussie à appeler Ian « papa ». Elle avait envie de lui dire qu’elle l’aimait et que ce n’était qu’une couille-molle de l’avoir laissé tomber.

- C’est Barbie… dit-elle d’une voix triste quand son interlocuteur décrocha son téléphone. J’en peux plus, hurla-t-elle difficilement en explosant en larme.

Barbara hochait la tête comme si Cruz pouvait le voir à travers le téléphone quand il lui dit qu’il arrivait. Ses larmes n’arrêtaient pas de couler sur ses joues rosies par l’énervement et la chaleur de la chambre. Toutes les fenêtres étaient fermées dans la suite, Barbara se décida à les ouvrir puisque Cruz était en chemin. La chambre était saccagée, des bouteilles d’alcool vides et d’autres à moitié jonchaient le sol, des cendriers pleins, des boites de pizza, des pots de crème glacé et beaucoup de verre explosé. La plupart du temps, il provenait des miroirs que Barbie avait massacré dans des élans de colère, des verres qu’elle échappait lorsque l’ivresse se faisait trop forte ou des bouteilles qu’elle envoyait contre les murs en imaginant son père lâche qui s’était suicidé derrière son dos, dans leur salon. Le téléphone sonna, elle répondit au réceptionniste de laisser monter Cruz. Elle était au dernier étage du bâtiment, elle se coucha sur le lit le temps que son ami arrive jusqu’à sa chambre et quand il arriva, elle se dirigea vers la porte après ses deux coups. L’ouvrit, se jeta dans ses bras en larme et se hâta de fermer la porte avec ses jambes durant son étreinte, pour être certaine qu’aucun journaliste se jette sur eux.

- Merci d’être là, dit Barbie dans le creux du cou de Preston. Je deviens folle…

Elle se retira. Elle regarda tout autour d’elle puis baissa la tête, honteuse de l’accueillir dans un bordel comme celui-ci. Une chance qu’elle aimait les bains, sinon elle n’aurait même pas pris la peine de se laver tellement elle se sentait mal. Elle en prenait beaucoup, mais à l’eau savonnée se mélanger souvent des verres d’alcool qu’elle plongeait dans la baignoire en s’endormant.

Est-ce qu’elle avait mangé ? Bien entendu, elle s’enfilait des pots de crèmes glacées à longueur de journée, ainsi que des pizzas. Evidemment, elle ne les prenait pas celles de l’hôtel. Elles étaient beaucoup trop saines et gastronomiques pour son état, elle demandait au room service de lui apporter celles de la pizzeria du coin. Barbara ne leur ouvrait même plus la porte lorsqu’ils arrivaient pour lui porter sa nourriture, elle demandait à ce qu’ils la laissent devant la chambre et elle attendait qu’ils soient partis pour ouvrir. Ils pensaient cette manière de faire légitime puisqu’elle venait de perdre son père, un célèbre mannequin et qu’elle n’avait absolument parlé à la presse depuis ce tragique suicide. La vraie raison était surtout qu’elle ne voulait pas qu’ils voient l’état de la chambre, tout était brisé et Barbara congédiait les femmes de ménages tous les matins. De toute façon, elle ne sortait jamais le bout de son nez dehors, hormis quand il s’agissait d’ouvrir la poignée, se baisser, récupérer une commande et de se refermer à nouveau. Elle se contenta de faire non de la tête, quand Cruz lui demanda si elle avait mangé quelque chose. Honnêtement, malgré les pizzas et les glaces, Barbie buvait plus qu’elle ne mangeait. Elle s’assit sur un fauteuil, dont l’un des accoudoirs avait visiblement servi de cendrier puisque Barbie avait écrasé une cigarette à moitié fumée dessus. Elle s’en alluma une, une chance que contrairement à l’herbe, le room service pouvait lui apporter ses précieux paquets .A peine sa cigarette allumée, Cruz lui demandait de le rejoindre sur le lit pour manger. Elle recracha un nuage de fumée issue de sa première et dernière taffe, laissa sa cigarette se consumer seule dans le cendrier et d’un pas nonchalant rejoignit Cruz. Elle eut un sourire en voyant le repas, il était plus chic que ses pizzas mais beaucoup moins nutritif, mais l’attention la touchait.

- Je suis sûre que j’ai choppé un début de cirrhose, cette semaine. Et toi, tu veux me faire boire de l’eau ? dit-elle en souriant sans vraiment être convaincue qu’elle avait réellement envie de sourire.

Tout en finissant sa bouchée, elle se leva et pris une bouteille de Campari Soda dans le mini-bar et en donna une autre à Cruz. Elle la déboucha et le regarda avec tendresse. C’était un vrai ami, même si c’était le seul qui avait su où elle était. Cette pensée la fit pleurer, elle jugea que c’était le bon moment pour finir la fiole d’alcool amère d’un trait sec.

- Je suis désolée, je fais que me lamenter, dit-elle d’une manière à peine audible alors que ses mots étaient étouffés par ses sanglots. J’aurai pas dû t’appeler, tu ne devrais pas me voir comme ça.

Que Cruz précise qu’Ian était un homme bien qui manquait à tout le monde ne réconforta pas Barbara. Elle avait envie de lui hurler qu’il lui manquait encore plus, mais elle se maîtrisa, Cruz était si gentil d’avoir fait le déplacement jusqu’à elle, il ne méritait pas d’être traité comme ça. D’ailleurs, elle n’avait pas téléphoné à Charlie depuis les funérailles de son père. Elle lui en voulait d’avoir connu Ian plus longtemps qu’elle, elle adorait toujours sa cousine mais pour le moment sa vie était rythmée par son deuil. Elle repensait toujours à la manière dont Ian traitait Charlie, elle était déjà jalouse de son vivant mais maintenant qu’il était mort, c’était pire. Elle ne pût s’empêcher de se remémorer la fois où il lui avait acheté son cabriolet, il était immatriculé "Princess" et ce détail l’avait fait sentir fière devant sa cousine présente lors du don. Mais elle avait vite déchanté quand il avait annoncé en avoir acheté un pour Charlie, ça avait profondément agacée. Plus encore quand celui de sa cousine était immatriculé "Queen". Connard. Elle allait vendre ce foutu cabriolet sur le champ, tant pis si elle le regretterait une fois que la raison et les souvenirs de la tendresse que Ian lui offrait reviendraient à la surface. Pour le moment, dans ce carnage qui lui servait de suite, elle ne voyait que le négatif. Le baiser que Cruz déposa sur son crâne lui fit couler quelques larmes, il lui rappelait le dernier que son père avait déposé au même endroit, quelques minutes avant de se tirer une balle dans la bouche. Elle posa ses mains délicatement sur les joues de Cruz et lui offrit le premier sourire naturel depuis qu’il était arrivé.

- Merci d’être là, dit-elle. Qu’est-ce qui se passe à Degrassi ? lui demanda Barbie avant de porter un toast de caviar à sa bouche.

Barbie baissa les yeux, peinant à déglutir son toast quand Cruz lui dit que personne ne comprenait son geste. Elle probablement encore moins que les autres, n’avait pas réalisé pourquoi il avait décidé de partir si brutalement. Il avait tout pour être heureux. Niaisement, les quelques minutes avant le final de la vie de son père, Barbara avait pensé que son jeu de caliméro était encore une extravagance pour se faire remarquer. Une extravagance de la même espèce qu’il l’avait poussé à décider de changer de sexe, ce qui était assez glauque pour quelqu’un d’aussi hétérosexuel que Ian Thomas. Mais non, il était sincère quand il lui disait qu’il allait mal. Le souvenir de ce matin morbide que les questions de son ami avaient obligé Barbara à revivre lui fit couler quelques larmes silencieuses sur ses joues de poupée.

- Je crois qu’Ian se reprochait quelque chose d’assez grave, commença doucement Barbara. Quelques minutes avant de se tuer, continua-t-elle en butant sur le dernier mot. Mon père m’a parlé d’un viol… puis m’a conseillé de me tourner vers Charlie, Jade et … Becca Cooper, au cas où quelque chose lui arriverait.

Elle soupira légèrement après ces explications un peu confuses qu’elles n’arrivaient pas à assembler entres elles.

- Quelle version les gens ont-ils décidé de colporter ? demanda-t-elle après avoir soupiré.

Effectivement, Ian pouvait avoir toutes les femmes qu’il voulait. Toutes étaient assez pied, mais Barbara savait que l’histoire de la vie de son père avait démontré qu’une seule avait mis longtemps à céder : la très pieuse Becca Cooper. Peut-être était-ce elle la femme qu’il avait violée, surtout qu’il avait très vivement recommandé de se tourner vers Becca si jamais il lui arrivait quelque chose. Becca était mariée, elle ne voulait peut-être plus de lui dans son lit et Ian l’aurait peut-être forcé. Barbie pris un ton grave.

- Non, il était le violeur Cruz, reprit-t-elle Cruz qui n’avait pas compris. Je ne sais pas qui a été sa "victime".

Maintenant, plus que jamais elle voulait savoir ce qu’on disait. Qui pouvait résister à un "tu veux vraiment le savoir ?", personne n’en était capable. Ces réponses étaient toujours annonciatrice de mauvaises choses, mais elle décupler la curiosité. Leurs vérités restaient blessantes, mais Barbara s’y attendait. Barbara posa sa main à l’endroit où Cruz lui avait donné un baiser pour la réconforter.

- Dis le moi, dit-elle les yeux baissés sur le plateau, que Cruz avait fait porté, prête à entendre les ragots.

Barbara fit mine de réfléchir, même si elle pensait déjà connaître la réponse, puis elle se contenta d’hocher la tête de droite à gauche en guise de non. Donner des noms potentiels aggraverait l’affaire, ça finirait par se savoir et les gens saliraient la mémoire de son père. Elle savait que Cruz ne le répéterait pas par pur plaisir de colporter des ragots, ils étaient amis. Mais il suffisait qu’il pense le dire à quelqu’un de confiance qui le répéterait finalement à quelqu’un d’autre pour qu’au final tout Degrassi soit au courant de cette histoire de viol.

- Ian était défoncé à longueur de journée, dit Barbara pour qu’ils ne reviennent plus sur ce sujet qu’elle voulait maintenant minimiser.

Les gens avaient forcément raconté que Barbie était la raison de son suicide, elle eut un rire jaune en entendant les ragots qui courraient à Degrassi. Cela lui fit un petit pincement au cœur, mais moins qu’elle aurait imaginé. Elle était Barbara Thomas. Elle ne s’était jamais préoccupée des masses et de leurs avis. A ses yeux, c’était tous des connards de prolos qui ne lui arrivaient pas à la cheville et depuis quand une princesse s’occupait de ce que pensaient les gens qu’elle regardait de haut.

- Tu me trouverais sexy, si je me retrouvais en plein cœur d’un drame familial ? lui demanda amusée Barbie. Ce ne sont que des beaufs, tout le monde se soucie de ma famille quand eux demeurent dans l’ombre, continua-t-elle sur un ton plus vindicatif sans attendre de réelle réponse à sa première question.

Barbie avait envie de répondre qu’elle aussi, elle trouverait Cruz tout le temps sexy mais elle aurait eu l’air niaise et se retint. Enfermée dans sa prison dorée qu’elle s’était infligée seule depuis une semaine, Barbara ne savait qu’en était-il de la relation méprisable que Cruz entretenait avec Chloé. Les efforts de Charlie pour accélérer le processus de séparation de Cruzoé n’avait pas dû porter leurs fruits, Chloé était comme la mauvaise herbe. Elle se doutait que ça n’avait pas fonctionné, le plan de Barbie était beaucoup plus élaboré et réfléchi. Sa cousine avait été trop impulsive, elle espérait que malgré ces tentatives irréfléchies qui avaient animé sa soirée, le plan initial ne soit pas trop saboté. Barbara eut honte de penser à ces histoires alors qu’elle pleurait son père depuis une semaine, elle se rendait compte à quel point elle pouvait être égoïste, comme la populace de Degrassi la décrivait si souvent. Elle s’efforça de ne pas aborder ce sujet pour se donner bonne conscience. Loupé, doublement égoïste, elle s’imaginait quelle tournure aurait pu prendre cette visite de réconfort si Cruz était célibataire. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait avec lui dans cette chambre, elle en était sûre mais elle voulait un peu plus que ça. Tant pis, Ian méritait d’avoir une fille égoïste comme elle, la question lui brûlait les lèvres.

- Comment va Chloé ? lui demanda Barbie l’air de rien.

Charlie avait peut-être réussie finalement, si Cruz n’avait pas l’air très enclin à discuter de Chloé, c’était probablement pour une bonne raison. Parfait. Elle put difficilement s’empêcher de le prendre dans ses bras comme pour le réconforter alors qu’elle avait surtout besoin de presser son corps contre le sien. Après un câlin comme ça, c’était le moment idéal de faire sa déclaration. Elle n’en était pas trop sûre encore et la présence de Cruz la faisait encore plus douter, mais Barbie voulait quitter Degrassi. Enfin, c’était dans ses moments de solitude à l’hôtel qu’elle avait songé à partir. Mais elle voyait bien qu’elle avait quand même des amis dans cette ville, des amoureux, de la famille et parfois les trois en même temps. Pas grave, elle fera mine de changer d’avis plus tard, voir la réaction de Cruz l’intéressait. Elle retira son étreinte.

- Ces câlins vont me manquer quand je vais retourner vivre à New-York, soupira-t-elle.

Barbie espérait que Cruz soit déçu, ses yeux encore humide et sa confusion de cette semaine seule lui empêchaient de sonder son esprit correctement pour voir sa vraie réaction. A l’instant où elle s’apprêtait à répondre, elle n’avait plus l’intention de partir. Mais ce n’était pas vraiment un mensonge puisqu’elle avait imaginé cette possibilité toute la semaine, même à l’instant précis où elle avait découvert la tête de son père en bouillie, tapissant le marbre de sang. Elle fit une légère moue.

- Oui, enfin New-York ce serait chez mon … elle ne savait plus trop comment l’appeler, déjà bien avant la mort de Ian. Le père qui m’a élevé, trancha-t-elle. Mais peut-être, je rejoindrai ma mère à Tel Aviv, je ne me suis pas encore décidée.

Tel Aviv était encore plus loin que New-York, si vraiment Barbie manquerait à Cruz, ce dernier aurait pu se consoler en se disant que Toronto était à seulement 2h d’avion de New-York. Tel Aviv était très loin et même si Preston avait largement les moyens de s’offrir des allers-retours, il en avait pas forcément le temps se disait-elle.

- Je n’ai plus vraiment rien à faire ici, j'étais en vacance chez Charlie quand j'ai appris la vérité sur Ian et si je suis restée c'était pour me rapprocher de lui, conclue-t-elle avant de poser sa tête, un peu lasse, sur l’épaule de Cruz et de soupirer.

Barbie sourit en écoutant Cruz, de toute façon elle ne partait plus mais elle se demandait quand est-ce qu’il allait se décider à lui sauter dessus pour l’embrasser. Charlie n’avait peut-être pas gagnée finalement, cette pensée l’excéda. Ses amis lui auraient manqué si elle était partie, effectivement. Elle ne put s’empêcher d’hausser furtivement les sourcils quand Cruz dit le nom de Charlie. Pourquoi ? Etait-ce évident qu’elle comptait pour elle, ou parce que Barbie lui en voulait toujours pour les fois où elle avait accaparé l’attention de Ian ? De toute évidence, Barbara voulait continuer à faire durer le suspense sur son départ. Se faire désirer, comme l’égocentrique qu’elle était. Cruz la redressa, lui disant qu’elle ne pouvait pas leur faire ça. Un instant, elle trouvait sa réaction un peu exagérée, elle n’était pas le messie même si parfois elle s’en persuadait.

- Vous allez terriblement me manquer, lâcha-t-elle dans un sourire. Surtout toi.

Elle se leva du lit, le plateau de caviar était encore plein. Elle n’avait plus faim, elle ne retombait pas dans ses périodes obscures d’anorexie contrairement à ce que Cruz avait l’air de penser. Elle avait étouffé son chagrin dans les pizzas toute la semaine et certains emballages vides pouvait encore le témoignaient. Elle se dirigea vers le bureau qui était dans un bordel monstre, mais malgré ça elle ne peina pas à trouver son paquet de cigarette et s’en alluma une, puis jeta le paquet et son feu qui était à l’intérieur vers Cruz pour qu’il se serve.

- Je vais louper le mariage de ta mère, dit-elle adossée contre la fenêtre en recrachant sa fumée de cigarette. Remarque, ça lui fera plaisir de ne pas m’y voir, je crois… se dit-elle à elle-même. Tu y vas accompagné ?

Ce n’était pas très étonnant que Cruz n’était pas décidé à aller au mariage de sa mère, tout le monde savait très bien qu’il n’aimait pas Edgar, ce sentiment était d’ailleurs partagé par plus d’une personne. Barbara, elle comptait bien y aller, mais elle ne devait pas censé oublier qu’elle avait annoncé son faux départ à Cruz. Quelques jours avant la mort de Ian, elle s’était rendue voir Liam qui revenait de "vacances". Elle lui avait proposé d’aller au mariage avec elle, dans le but de rendre jaloux Cruz. Après une semaine à se morfondre, voilà que les intrigues recommençaient et Barbie se sentait l’âme d’une gagnante. Elle fit mine d’avoir oublié quelque chose.

- Liam m’avait demandé d’être sa cavalière ! dit-elle comme si ce détail venait de lui revenir.

Bon Liam n’avait rien demandé du tout, c’était Barbie qui avait fait la demande et elle ne savait même pas si du côté du bad boy des So Cool, cette soirée était toujours d’actualité. Comme pour pousser le vice un peu plus loin, elle qui avait été motivée par le fait de rendre Cruz jaloux lorsqu’elle avait bloqué Liam dans sa ligne de mire, Barbie allait bien supposer rester pour tenir son engagement auprès de Liam, alors qu’elle avait comprendre à Cruz que sa personne ne la faisait pas changer d’avis quant à ses ambitions d’exil.

- Je devrais rester pour le mariage, je n’ai pas envie de l’abandonner comme ça, dit-elle en faisant mine de réfléchir. Dire que j’ai failli être demoiselle d’honneur de ta mère.

Barbara était assez paradoxale, elle adorait faire partit de l’élite et elle aimait rappelait qui était. Elle aimait mystifier sa famille, claquer un smic pour une robe et le PIB d’un pays africain pendant ses vacances à l’autre bout du monde. Mais elle était ouverte, quand il ne s’agissait pas de Cruzoé et elle n’était pas sectaire. L’un de ses proches amis était issue d’une famille de vaux-rien, une de ses proches amies était Moke qui ne faisait ni partit des So Cool et encore moins de l’Elite. Liam avait beau être un sang-de-bourbe (la référence ), elle l’adorait.

- Je l’adore, dit-elle comme si c’était une évidence.

Cruz n’avait toujours pas l’air de céder, il n’était pas jaloux. Il ne comprenait rien. Barbie en avait marre de ce petit jeu, elle lui tourna le dos et se décida d’être plus franche. Dos à lui, comme si dans cette position ce serait plus facile de s’abaisser à lui avouer, elle tira une latte sur sa cigarette.

- Ridicule, pas horrible. Mais j’aurai été heureuse, car ça voudrait dire que tu aurais toujours été mon cavalier…