Qui aurait cru que Chloé Kennedy aurait été capable d'éprouver des sentiments si forts ? De se donner à quelqu'un de la sorte, et d'aimer jusqu'à s'en faire mal ? Sûrement pas elle, alors qu'elle dealait sur le terrain vague et envoyait chier le premier crétin qui osait mater ses fines jambes. Personne n'aurait parié sur elle et son sale caractère pour le rôle de la petite amie possessive. Pourtant, c'était là tout ce qu'elle était peu à peu devenue, prétendant protéger sa liberté sans échapper aux liens qui l'unissait à Cruz, à cette relation destructrice. Pressant son petit corps contre le jeune homme, elle le suppliait silencieusement, du bout des lèvres, de la garder sienne. Elle l'embrassait avec une fougue incroyable, trouvant dans ces baisers le peu d'oxygène dont elle avait besoin.

Cruz la souleva, glissant ses mains sous ses cuisses alors qu'elle venait encercler sa taille de ses jambes, son bassin fermement appuyer contre le sien. Elle se retenait à ses épaules, sa nuque, incapable de se détacher de ses lèvres. Une fois dans la chambre, la passion fut loin de s'estomper. Chloé préférait jouer les amnésique l'espace d'un instant, si elle pouvait se sentir aimée et désirée une dernière nuit. Elle sentit la main de Cruz glisser jusqu'à son shorty, et ne fit rien pour le stopper. Lui mordillant la lèvre, elle l'encourageait même à continuer.

Ayant totalement lâché prise, la jeune femme ne se fit pas prier pour répondre au baiser de son amant, entamant de leurs langues un ballet enflammé. Chloé frissonnait de plaisir entre les mains expertes de Cruz, alors qu'il ôtait le peu de vêtements qu'elle avait sur elle. Ses mains se promenaient sur ses courbes, effleuraient ses lignes, faisait battre son cœur à tout rompre. Lorsqu'il fit sauter l'agrafe de son soutien-gorge, Kennedy revint à la charge, nichant son visage dans le creux de son cou pour y déposer des baisers brûlants. Cette tension presque bestiale, ce désir si charnel, ce peau contre peau, lui faisait un effet indescriptible. Il se recula, admirant alors la nudité de l'adolescente, prête à s'offrir de nouveau à lui. Elle aimait ce regard de braise posé sur elle, cette bouche qui ne tarderait pas à se délecter de sa peau douce.

Cruz chercha à nouveau ses lèvres, alors que pour sa part ses mains glissèrent sur son torse pour se poser sur cette maudite serviette de bain. Il était temps de rétablir une égalité... Elle aussi voulait profiter de son corps, redessiner du bout des doigts ses muscles tendus alors qu'il lui faisait l'amour. La serviette tomba de ses hanches, Chloé souffla à son oreille qu'elle le désirait tout autant. Lorsqu'il la fit basculer sur le lit, elle retrouva avec bonheur le corps de Cruz. Elle l'invita entre ses cuisses pour qu'il en devienne son captif.

Quitte à tout perdre demain, autant profiter de cette nuit pleinement, d'en savourer chaque seconde. Se livrant à Cruz, elle dévoilait ce que bien souvent elle retenait, de peur qu'il n'obtienne davantage d'emprise sur elle. Peut-être qu'il n'en avait pas conscience, et c'était bien ce qu'avait espérer Chloé jusqu'à présent, pour ne pas prendre un risque quelconque de souffrir davantage. Cruz lui faisait mal, tout comme elle le blessait en retour. Pourtant, le poids de son corps sur le sien n'avait rien de plus rassurant à cet instant précis. Elle sentait tout le désir qu'il éprouvait pour elle, tout contre l'intérieur de sa cuisse... Et lorsqu'il prit possession d'elle, unissant leur deux corps, celui de la belle se tendit doucement. Elle se mordit la lèvre, se cambrant doucement en dévoilant alors son cou gracile. « Cruz... » Chloé étouffait quelques gémissements, son bassin allait à la rencontre du sien avec envie et sensualité. Non, il n'y avait rien à faire... Ses courbes épousaient sa musculature à merveille, elle était intimement convaincu qu'il était fait pour elle, pour la combler. Il fallait qu'il le comprenne ! Toujours dans cette folle précipitation, Kennedy captura ses lèvres chaudes. Elle cherchait à croiser son regard fiévreux, ses mains posées de chaque côté du visage de Cruz.

Elle aurait pu se perdre dans ce regard qu'elle avait pendant longtemps fuit, auquel elle s'était efforcée de mentir. Mais ce soir, avec toute la volonté du monde, elle en aurait été incapable. Alors qu'elle caressait son visage, qu'elle avait réussi à retenir son attention et maintenir son regard, Chloé avait l'impression qu'il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Il pouvait sonder son âme, alors que petit à petit elle se laissait emporter par vagues de plaisirs dans les limbes de la jouissance. Sa main sur son sein, ces coups de reins... Tout était fait pour électriser le corps de la jeune femme. Ce corps qui se tendait dans l'effort et cette intensité au niveau de leurs bas ventre contrastaient avec la douceur de ses baisers. Kennedy glissa ses doigts dans les cheveux brun de celui qui demeurait encore son homme dans l'incertitude d'un lendemain heureux. Elle caressa ses lèvres à l'aide des siennes, soufflant tout contre sa bouche et laissant échapper de nouveaux gémissements à chaque poussées. Cette étreinte brûlante aurait pu durer toute une vie qu'elle n'aurait pas déranger la petite dealeuse, accroc à ces sensations. Sa main libre s'était crispée sur le bras de son amant, alors que ce dernier cajolait sa poitrine. Le moindre contact embrasait son petit corps, consumé par un désir violent qu'elle exprimait sans trop de retenue à présent.

HJ : Sauts périlleux... On est pas dans l'extrême là...

La nuit fut intense. Chargée d'émotions contraires, les sens en alerte et le corps prisonnier d'un plaisir incontrôlable. Chloé s'était endormie complètement épuisée, les jambes entremêlées à celles de son amant, le visage niché dans le creux de son cou. Elle avait lutté pour fermer les yeux le plus tardivement possible, afin de profiter de cette étreinte et de son parfum. Malheureusement la fatigue l'avait rattrapé et ce fut seule qu'elle ouvrit les yeux. Abandonnée dans un lit trop grand pour elle, recouverte de draps encore tièdes... Elle se frotta les yeux, regarda un peu autour d'elle, et finit par glisser ses fines jambes sur le bord du lit. Presque mécaniquement, elle tira sur le drap et s'avança jusqu'à la fenêtre. Elle ferma les yeux quelques instants. La belle avait un visage fermé, verrouillée par une expression complètement blasée. Cruz était sûrement parti. Elle ne lui trouva même pas l'excuse d'une douche, d'un café ou même d'un tour aux toilettes. Non, il avait dû s'enfuir comme un voleur.

Ne voulant pas s'infliger plus de douleur qu'elle en supportait déjà, Chloé prit la direction du dressing pour récupérer des affaires afin de l'imiter pour apprendre à réellement le détester. Du moins... essayer. Mais lorsqu'elle entra dans le dressing room, elle eut la surprise de le voir encore là, s'attelant à faire ses bagages. Mais bien sûr ! Comment avait-elle pu penser qu'il soit parti sans rien ?! Sans un mot, elle piocha dans un tiroir pour récupérer de la lingerie, puis sur une étagère pour le reste de ses affaires. Qu'aurait-elle pu dire ? Il l'avait baisé... en beauté.

HJ : Magnifique preuve d'amour !

Chloé avait bien vu ce qu'il faisait. Comment louper ce sac plein de vêtements, qu'il avait dû se hâter de remplir ? Mais aujourd'hui elle n'avait rien dit. D'ailleurs elle ne comptait faire aucun commentaire, puisque c'était à force de vouloir s'expliquer avec lui qu'elle avait fini par le faire fuir. Quelques heures auparavant, elle avait gémit son prénom et des mots doux à son oreille... Désormais elle était silencieuse et laissait le drap glisser sur ses formes alors qu'elle enfilait ses sous-vêtements. Elle n'avait pas envie de le regarder s'en aller, tout comme il avait refuser de la voir quitter l'appartement la veille. Il resta un moment près d'elle, alors qu'elle faisait en sorte de se couvrir un minimum... Jusqu'à ce qu'il vienne contre elle et dépose un baiser sur son épaule dénudée.

Il voulait manger quelque chose avec elle... Il faisait semblant que les choses allaient bien alors qu'il venait de terminer sa foutue valise. Elle lui aurait bien mis dans la tête si elle avait eu la force de batailler à nouveau contre lui. Mais ce fut l'inverse. Elle se retourna et vint déposer un baiser à la commissure de ses lèvres. « Je n'ai pas faim... -commença-t-elle, se retenant de dire qu'elle n'avait en fait pas envie de participer à cette comédie dans leur propre appartement, pour fermer les yeux sur leurs soucis à défaut de pouvoir véritablement fermer leurs blessures respectives. - Mais va manger si t'as envie. » Elle esquissa un léger sourire, trop faible pour être véritablement crédible, et se laissa tout de même entraîner dans la cuisine. Elle n'en pouvait plus de mener cette bataille contre eux.

Chloé s'était laissée entraîner dans la cuisine, sans grande conviction. Elle était un peu perdue dans le brouillard entre le comportement presque naturel de Cruz et ce qu'il faisait une fois qu'elle avait le dos tourné, soit sa valise. Mais elle ne s'était absolument pas attendu à ce qu'il s'excuse. C'était assez surprenant, qu'en moins de vingt quatre heures il le fasse deux fois de suite. Il déposa un baiser au niveau de ses yeux, et vola finalement ses lèvres. Chloé craqua et y répondit avec tendresse. Elle était bien trop faible face à lui...

« J'ai pas l'impression que t'ai envie qu'on fasse comme si de rien était... » -souffla-t-elle doucement, tout en faisant un signe de tête en direction de la chambre et du dressing. Elle était calme, ne souhaitant pas repartir au quart de tour et jeter de l'huile sur les braises restantes de l'incendie de la veille. « Je me trompe ? »

La jeune femme se laissa entraîner dans les bras de son petit ami, comme si elle pouvait y trouver suffisamment de réconfort pour oublier tout ce qui s'était passé. Elle aurait aimé qu'en une simple étreinte, toutes ses peines soient balayées et envoyées au loin. Seulement, rien était aussi simple, surtout avec elle. Pour l'instant, elle ne savait plus trop à quoi s'en tenir, comment réagir et surtout agir. Cruz lui confiait qu'il voulait partir avec elle, loin de Degrassi. Les départs précipités étaient une marque de fabrique chez les Preston ? Ugo l'avait déjà emmené en Californie par le passé, allant s'abriter chez son père le temps de reprendre pieds dans cette vie de folie. Cruz aussi semblait animé par l'envie de disparaître avec elle, et dans le fond, elle savait qu'un tel pas vers l'incconu serait le meilleur moyen de les protéger tous les deux. Est-il seulement possible de fuir un monde ? Peu probable.

Elle le détaillait de ses yeux clairs, sans dire un mot. Elle buvait ses paroles, laissant son esprit s'évader, imaginant alors quel aurait pu être ce voyage à ces côtés. Puis il la ramena à la réalité, en lui parlant « des filles », sous entendu Charlie et Barbie, les pestes de Degrassi. « Ah bon ? » Il soupçonnait un complot contre sa personne. D'après lui, elles projetaient sûrement de faire tomber sa tête de petit roi des So Cool. Chloé savait que ce statut était important pour Cruz, qu'il chérissait cette place et qu'il ne supporterait pas cette chute. « A cause de moi, c'est ça ? » C'était elle qui salissait son image et faisait des vagues dans cette petite dictature, à la Charlie Thomas. Kennedy en avait conscience, et elle était désolée de ce qu'elle faisait malgré elle...

On avait beau dire que Kennedy n'était qu'une camée idiote, elle n'était pas non plus stupide. Elle savait bien que Charlie et une bonne partie de ses lèches bottes ne pouvaient pas se la voir. Chloé était un peu la fille à abattre, puisqu'elle avait éloigné Cruz de son clan. Et encore, c'était eux qui la jugeait comme tel. Après tout, Cruz était toujours un So cool. Elle n'avait pas cherché à le changer, à le façonner comme elle le souhaitait, à l'image d'un Bad Circle par exemple. Bien sûr, elle passait du temps avec lui mais elle n'avait jamais cherché à le couper d'une partie de sa vie. Elle savait que c'était bien trop important pour lui.

Alors certes, elle posait la question à Cruz, mais elle savait parfaitement qu'il s'agissait de ça. Et peut-être que tout reposait sur ça finalement... Il tenta de la ménager un peu, se montrant tendre avec elle. Chloé ne savait pas quoi dire, lui laissant alors un peu d'air, pour qu'il fume tranquillement sa clope. Elle allait sans doute devoir lui laisser du temps, pour qu'il fasse le point. Et ça lui faisait peur. Elle craignait que le choix soit vite fait. « Je suis désolée... » -lâcha-t-elle, en se servant un verre de jus d'orange.

Elle buvait quelques petites gorgées, gardait son verre tout contre elle et ne bronchait pas. Chloé préférait le laisser tranquille, pensant que de toute manière répliquer ou chercher à le faire parler de rimait à rien avec Cruz. Il avait l'air blasé, et elle était réellement désolée pour lui, alors qu'il pensait ne plus faire long feu parmi les So Cool. La jeune femme se décida à laisser de côté son verre et se rapprocha de lui. Doucement, elle lui prit sa cigarette et tira un longue bouffée dessus. Elle le fixait, plongeant son regard dans le sien, puis lui soufflait la fumer tout contre ses lèvres. « Tu es sûr ? » Son regard se voulait désormais plus doux, et elle espérait qu'il se rendrait compte de ses efforts.

Chloé avait l'impression qu'il cherchait à fuir Degrassi, à s'éloigner le plus possible de ses proches, de sa mère. Elle demeurait sûrement le problème, puisqu'il mentionnait son mariage et qu'il s'en servait même comme date de départ. Une sorte de décompte tordu d'après Kennedy, mais qu'elle se cacha bien de nommer ainsi. « Où veux-tu m'emmener ? » -lâcha-t-elle comme si de rien était, le plus naturellement du monde alors que sa question sous entendait qu'elle le suivrait.

Pour l'instant Cruz semblait être sûr et certain de ce qu'il avançait, déterminé à s'en aller une fois le mariage Spencer/Shawell célébré. Et Chloé était prête à le suivre. Après tout, qu'est-ce qui pouvait bien la retenir à Degrassi ? Elle mentait pour profiter d'une pseudo famille, elle dealait et traînait la plupart du temps avec des mecs peu fréquentables, la reine de ce merdier la détestait plus que tout... Alors si elle pouvait être là pour lui, rien ne pouvait l'empêcher d'écouter ses sentiments. Elle acquiesça silencieusement à tout ce qu'il lui disait, espérant pour lui qu'il se trompait et que Charlie ne serait pas aussi salope que ça... Cruz pris sa douche, et avant qu'il ne quitte l'appartement, elle lui vola un baiser. Elle serait là, elle s'accrocherait à leur histoire pour lui, pour eux...

END