[Niiiiickel !   ...Eum pardon :   ]

Une heure de colle... L'une des rares de son existence. A vrai dire, Beverly pouvait les compter sur les doigts d'une main. Non pas lèche-botte, mais tout simplement assez maline pour ne pas se faire prendre lorsqu'elle faisait une connerie, la brunette n'avait pas pour habitude de s'asseoir à ces tables usées, témoins de longues et interminables heures d'ennuis à en croire les tags et autres gravures qu'elles portaient. Déjà assise, comme si sa ponctualité lui permettrait d'en finir plus rapidement, elle était parée pour jongler entre des micro siestes et une observation intensive de l'horloge ; uniquement pour se concentrer sur autre chose et ignorer l'existence de Cruz. Car une heure de retenue pouvait s'avérer encore plus horrible lorsqu'on la passait avec un idiot.

D'ailleurs, le voilà qui entrait en scène. Déposant un paquet devant le nez de Beverly, il lui demandait de le transmettre à Prudence. Aussitôt, elle pensa à Beth et ses mises en gardes... Ou plutôt ses ordres. C'était dans ce genre de situation qu'elle devait dégainer le fameux taser ? Elle poussa légèrement le paquet. « J'donne dans le babysitting, pas la livraison Preston. Tu y passeras à ta mère, ou je sais pas, devant la porte genre ''cadeau d'un admirateur secret'' ! » Elle lui fit un clin d'oeil et croisa les bras sur le bureau.

Cruz insistait, et ça, Beverly l'avait bien évidemment envisagé avant même de lui mettre un stop. Non mais sérieux, est-ce qu'elle avait une tête de coursier ? En plus, elle savait d'avance que ce cadeau finirait probablement à la poubelle une fois que Beth aurait été mise au courant de son existence et surtout de sa provenance. Bev' se ferait passer un savon par sa patronne, amie ou non de sa mère... Elle avait des consignes à respecter concernant la garde de la petite Prudence, à qui elle s'était assez rapidement attachée, et la première était la suivante : Pas de Cruz, d'aucune manière. La jeune femme soupira, laissant tomber sa tête en avant, comme si elle était déjà fatiguée face à son entêtement. « Si ta mère veut pas que tu la vois, elle ne voudra pas non plus d'un cadeau. » Elle avait l'impression d'expliquer à un enfant qu'il fallait qu'il connecte ses neurones et redescende sur terre.

« Donne-lui toi-même ! Je ne veux pas être mêlée à vos embrouilles familiales. » Elle restait sérieuse, ne pliant pas alors qu'il la fixait avec insistance. Les bras toujours croisés, elle s'appuya contre le dossier de sa chaise, et hocha négativement la tête. Sérieux, il y avait quoi de compliquer dans le fait de se débrouiller tout seul ? Il était bien assez grand pour s'installer avec la blonde qui lui servait de copine, il pouvait porter un cadeau chez sa propre mère, non ? Il avait vraiment peur qu'elle le tue ou quoi ? Elle repensa alors au taser... Aïe ! C'était pour ne pas imaginer des choses sordides qu'elle refusait de s'occuper de ce qui ne la regardait pas chez les Preston !

« Sauf que Prudence est un bébé, sous la responsabilité de sa mère, optionnellement la tienne. Je ne suis que la baby-sitter, Cruz. Je fais ce qu'on me demande. » Y compris ce qu'on lui interdisait. Il avait beau avoir l'air contrarié par l'entêtement de Beverly, elle faisait mine de s'en moquer. Comme elle lui avait précédemment dit : elle ne voulait pas être mêlée à leurs histoires. Il lui était déjà difficile -voir impossible- de comprendre ce qui se passait sous leur toit, à part en faisant ses propres hypothèses. Peut-être que Beth n'avait pas supporter l'idée que son fils s'affiche avec la Kennedy et sa réputation plutôt bancale. Peut-être qu'il lui avait fait une énorme scène, virant dans le mélodrame de l'adolescent incompris et que ses mots avaient dépassé sa pensée -ou non. Quoiqu'il en soit, Beverly n'était absolument pas concernée et elle le faisait bien savoir.

« C'est quoi en plus ce truc ? » Elle releva un sourcil, et jeta un regard en direction du paquet. Non pas qu'elle ait décidé de lui rendre ce service, mais tant qu'à faire, autant savoir ce que c'était au cas où elle le reconnaisse plus tard parmi la montagne de jouets, peluches et affaires de Prudence – dans le cas où le présent aurait réussi à franchir le palier de la porte des Preston. Car ce renseignement lui serait utile ! Histoire de le planquer en présence de Beth, qui pétait un câble à la simple évocation de Cruz. « T'aurais facilement pu embobiner une cruche littéralement fan de toi et inconsciente pour froisser ta mère. C'est pas mon cas. »

Le professeur qui était chargé de les surveiller perdait patience. Il suffisait à Beverly de relever le regard pour en faire le constat. Et pourtant, il n'intervenait pas. Sans doute parce qu'il savait par avance que les adolescents ne prendraient pas la peine de le calculer. Collés pour collés, ils ne craignaient pas grand chose pour le coup, si ce n'était un prolongement de la peine... Chose que le dit professeur préférait éviter pour profiter de son temps libre autrement qu'en surveillant de sales gamins pourris gâtés. Beverly aussi aurait préféré être ailleurs que dans cette salle de classe, à côté de Cruz. Même si ce dernier devenait presque touchant avec ses cadeaux mielleux et niais pour sa cadette... Il gardait sa tête à claque dont Bev' se moquait de temps en temps. « T'aurais pu faire plus original. Genre "Mon frère est un crétin, mais je le vis bien.", non ? » Elle n'avait pas l'intention de cesser ses provocations, afin de ne pas lui laisser l'occasion de se glisser dans une brèche et de la faire plier.

C'est qu'elle risquait gros en allant à l'encontre des recommandations de Beth. Et mine de rien, elle l'aimait bien ce petit job ! Prudence était un amour. S'il l'aimait tant que ça, sa petite sœur, il pouvait bouger son cul pour lui apporter ce cadeau en main propre, qu'importe son différent avec sa mère. « Chieuse, tu dis ? Considère-toi comme un privilégié alors, je ne le suis pas avec tout le monde ! » Elle lui fit un clin d’œil, ne manquant pas de relever le semblant de compliment qu'il avait formulé. Ouais, c'était du vite fait, mais être plus maline que les pimbêches qui peuplaient ce lycée, c'était non négligeable !

Mignon ? Oui, peut-être... Le geste était certes adorable, mais ça restait le cadet des soucis de Beverly. Il lui demandait d'aller à l'encontre des directives de Beth, et donc de la provoquer. Ses moqueries semblèrent toucher Cruz, puisqu'il répliquait de manière assez agressive. Pour changer... Ô mots doux ! « Ça aurait eu plus de gueule ! Et personne ne se serait approché d'elle comme ça -et donc me ferait chier pendant notre balade au parc ! » Elle ponctua sa remarque d'un clin d’œil, prouvant alors qu'il pouvait la traiter de chieuse et de casse-couille : ça ne lui faisait ni chaud, ni froid ! Il avait cherché à la blesser, formulant alors des hypothèses à son sujet et celui de son entourage. Pas assez aimée ? Beverly n'était pas de cet avis. En tout cas, elle ne souffrait d'aucun manque d'attention ou d'affection. « On ne réagit pas forcément comme toi, pauvre petit garçon qui attire l'attention comme il peut... »

Il voulait la titiller ? Elle pouvait jouer sur ce même terrain. Beverly croisa les bras sur son bureau et fixa Cruz avec un sourire en coin. C'était dingue comme sa technique semblait rodée. Il avançait quelques arguments ou pseudos observations... Puis il posait une question stupide ! « Tu portes un peu trop d'intérêt à ma vie sentimentale et sexuelle, Preston ! » Elle jeta un coup d’œil à l'horloge de la salle de classe et soupira. Seulement dix minutes... Quelle horreur !

La réaction de Cruz lui sembla quelque peu démesurée lorsqu'elle laissa sous-entendre qu'on l'importunait lorsqu'elle promenait la petite Prudence. Elle arqua un sourcil, surprise. Apparemment, ils étaient de frappés de famille, c'était dans le sang. Il fallait vraiment faire attention à ce qu'elle pouvait dire ou faire en leur présence, sous peine de crouler sous les questions, voir même de les énerver. « Hey... Relax ! Ta sœur ne craint rien si de temps en temps une maman lui fait un compliment dans le parc. Moi ça me gave, mais elle... Ça ne change rien à sa vie de bébé ! » Beverly se mit à rire doucement, incapable de se retenir devant le coup de speed de Cruz. Le portrait de sa mère, flippant ! Allait-il lui proposer de se balader avec un taser lui aussi ? Une arme peut-être ? -Oui, Bev' percevait Cruz comme une version encore plus poussée de sa mère. Soit capable de pire !

Concernant sa vie privée, elle hocha négativement la tête. Ça ne la dérangeait absolument pas, puisqu'en aucun cas elle ne dévoilait quoique ce soit à ce sujet. Il la pensait asexuée ? Parfait ! Au moins, il allait peut-être la laisser tranquille. D'ailleurs, s'il pouvait passer le message à son obsédé de meilleur ami, ça pourrait faire des vacances à la jeune Watson ! Warhol était du genre gros lourd, à lui faire des propositions dès que leurs chemins se croisaient. « Que tu sois une fouine devrait me déranger ? » Elle laissa échapper un nouveau rire, agaçant le professeur à l'autre bout de la classe.

Il y avait ''prudent'' et... ''paranoïaque''. Beverly en venait vraiment à se poser des questions sur la famille Preston, qu'elle côtoyait depuis son plus jeune âge. A croire qu'il se tramait quelque chose juste sous son nez et qu'elle ne captait rien. En tout cas, elle était encore bien loin de la vérité, ne se doutant pas des scandales qui pouvaient éclabousser ces gens que tout Degrassi admirait depuis des lustres. « Oui bah ça va, je fais attention à elle. » Avec la liste de recommandations que lui avait fait Beth, elle avait plutôt intérêt à être vigilante. Au début, elle avait même redoublé d'attention jusqu'à en faire des tonnes car elle était persuadée que sa patronne la faisait suivre, épiant le moindre de ses faits et gestes.

« Mais je n'ai rien à cacher justement... » Elle hausse les épaules, pensant que jusqu'à présent elle avait bien montré à tout le monde qu'elle se moquait de ce qu'on pouvait dire à son sujet, des apparences qui régissait le lycée. Elle avait envoyé chier les So Cool, embrassé un véritable looser en public, passait pour une lesbienne -quoique là, ça devenait gênant par rapport à Tallulah, qui y croyait dur comme fer. Enfin bref, Beverly avait jusqu'à présent tout fait pour rester elle-même, sans se soucier du reste. Cruz ne l'avait pas vu avec un mec ? Elle glissait sa langue dans la bouche d'autrui plus rarement que pouvait le faire Charlie Thomas par exemple. D'ailleurs... « Assurément... pas toi ! » -commença-t-elle par répliquer au sujet de la potentielle humidité de sa petite culotte. « Pas assez... Eum... » Elle en cherchait ses mots. Mature ? Peut-être. 

Quand la plupart des filles se serait offusquée d'avoir une telle conversation avec Cruz -ou bien se seraient bêtement livrées à lui dans l'espoir de retenir son attention et d'obtenir davantage de lui ; Beverly préférait entrer un peu dans son jeu. Elle restait assez évasive dans ses réponses, le provoquait un peu, et surtout s'en amusait. Alors quand il se risqua à approcher sa main d'elle en prétextant vouloir vérifier, elle ne perdit pas son sourire en coin et s'empara de son poignet, fermement. Elle fit remonter cette main baladeuse au niveau du bureau et l'y plaqua. « J'ai dit que ça n'était pas toi, Cruz. » Il se fit plus moqueur, utilisant alors les rumeurs qui circulaient à son sujet. Beverly leva les yeux au ciel, amusée. « J'aurais justement dit le contraire, tu vois ! »

Quitte à se taper un obsédé, elle aurait peut-être céder face à Warhol. Une fois passée dans son lit, elle aurait pu le considérer comme une BA. Du genre ''Je me suis tapée un chieur de service, et j'ai pu profiter de son corps d'athlète à défaut de sa conversation -car cette dernière s'avérait inexistante''. « Mais continue de penser que j'aime les filles, tu seras peut-être moins chiant. » Elle allait en rajouter une couche quand, malheureusement pour elle, le professeur décida de faire acte de présence en s'approchant d'eux. Il les fixa un instant, avec un air des plus sérieux, presque méchant. « Oui, monsieur ? … Je suis désolée, Cruz a terriblement besoin de parler, le silence l'angoisse apparemment. Chacun ses soucis, hein ! »

Ah bah voilà ! Il était long, mais il avait finalement compris le message. On ne tente pas de toucher sa culotte sans y avoir été invité, question de principe. Elle était bien loin du stéréotype de la nana simplette qui écarte les cuisses à tout bout de champ afin de faire plaisir aux puissants du lycée. Quoique... Était-il encore dans ce cercle de privilégiés ? Je veux dire réellement intégrer à la bande des gars cool et très prisé. Depuis qu'il sortait avec l'autre blonde à la réputation de camée de service, ses chers amis semblaient faire la gueule. En tout cas, cela amusait beaucoup Beverly, qui avait l'impression d'avoir sous les yeux un remake bancale des feux de l'amour, avec amour, trahison, pouvoir...

Pour assouvir sa soif de curiosité, Cruz en arriva à vouloir marchander ces informations sur elle. Il voulait lui promettre quelque chose en retour, mais fut coupé dans son élan par l'arrivée du professeur. Bien sûr, il chercha à s'en débarrasser, alors que la brunette l'observait sans broncher. Elle s'appuya contre le dossier de sa chaise, croisa les jambes, et détailla alors l'homme et l'adolescent. A son histoire de mathématiques, elle fit un effort considérable pour ne pas pouffer de rire. Ouais, ils avaient bien une tête à résoudre des problèmes du cours élémentaire ! Sans un mot, mais avec un regard à la fois hautain et fatigué, le professeur déposa une copie double et un crayon à papier sur chacun des bureau et leur désigna le tableau noir. « Pourquoi ne faut-il pas faire perdre son temps à l'infirmière scolaire ? » Il tapota sur le cadran de sa montre, comme pour leur dire que le temps était compté et qu'ils devaient se bouger. Beverly en perdit son sourire et soupira. « Fais chier... »

Beverly jeta un simple coup d'oeil à Cruz lorsqu'il fit une réflexion sur son manque de politesse, et soupira une nouvelle fois tout en s'emparant de son crayon. Sérieusement ? Une dissertation sur un sujet aussi pourri que l'infirmière et ses occupations ?! Bien sûr, il fallait y percevoir un exercice de réflexion, afin d'assimiler que le mensonge était une mauvaise chose, qu'il ne fallait pas se moquer des adultes et du personnel du lycée. Ils étaient ici pour veiller sur eux et non être pris pour des pigeons... Pourtant, c'était tellement drôle par moment ! Mordillant son crayon -neuf, elle avait pris soin de vérifier avant!- la brunette partit à la recherche d'arguments. Improvisant totalement ce devoir dont elle se foutait éperdument, elle laissa glisser la mine sur la feuille immaculée :

Beverly a écrit:

Pourquoi ne faut-il pas faire perdre son temps à l'infirmière scolaire ?
Par Berverly Watson

Contrairement à ce que beaucoup de lycéens imaginent, l'infirmière scolaire n'est pas simplement là pour tenir à jour les fiches « maladies et allergies » des élèves de Degrassi ou en surveiller d'autres qui feintent des maux de ventre pour sécher un cours, comme Cruz Preston...

Elle entama alors un petit récit, où l'infirmière était une sorte d'ange gardien. S'appliquant sur la formulation de métaphores, elle dressait un tableau de la parfaite infirmière, loin de celle qui travaillait ici. Mais elle se moquait d'écrire des choses censées ou non, puisqu'elle cherchait seulement à prouver qu'elle n'avait rien à faire dans cette salle de détention. Sa dissertation n'avait, dans le fond, rien à voir avec l'infirmière. C'était une manière de se décharger de toute responsabilité. Le petit ange, c'était elle ! 'Suffisait de la regarder... La feuille fut très vite griffonnée, alors que de son côté Cruz rayait un à un ses arguments.

Cruz a écrit:

Pourquoi ne faut-il pas faire perdre son temps à l'infirmière scolaire ?
Par Cruz Preston

Tout d'abord je tenais à vous remercier d'éveiller nos jeunes esprits avides de connaissance en leur proposant un samedi après-midi de disserter sur des sujets au combien passionnant. Chacun le sait une infirmière scolaire est une personne très occupée qui gère des tas d'urgences comme des opérations à coeur ouvert. En entrant sans y être convié dans son bureau je pourrais donc compromettre la vie d'un patient en ramenant mes microbes de l'extérieur.

Pire et si notre infirmière scolaire était en fait une terroriste sous couverture comme on le voit souvent dans la série 24 ? Sauf que je ne suis pas Jack Bauer moi. Ni aucun d'entre nous d'ailleurs et surtout Beverly Watson qui, même si elle est lesbienne, ne sait pas tirer avec une arme à feu...

« Occupe toi de tes fesses et regarde ta feuille ! » Elle esquissa tout de même un sourire et termina alors sa rédaction. Elle corrigea quelques fautes à l'aide d'une rapide relecture, puis se leva de sa table pour rendre sa copie. Au passage, Beverly se risqua à demander si, maintenant qu'elle avait terminé, elle pouvait quitter les lieux. Le professeur la toisa en fronçant les sourcils, sans un mot. Ok, elle avait compris le message. Elle retourna s'asseoir et s'enfonça dans son siège, les jambes étendues en avant. Tout semblait se passer au ralentit, même si l'exercice imposé avait occupé son esprit quelques instants, lui faisant perdre quelques horribles minutes d'ennuis. Fixant l'horloge, elle tapotait son crayon contre le bord de la table, en variant le rythme. Ça devait être des plus agaçant pour les autres, mais elle s'en fichait pas mal.

Cruz avait dû raconter de ces conneries... Du genre qu'il ne fallait pas déranger l'infirmière car elle était payée pour s'occuper seulement de sa petite personne, lorsqu'il faisait semblant d'être malade pour entraîner des adolescentes hors des salles de classe pour les tripoter. C'était bien ce qu'il avait fait avec elle, selon sa version ! Quel obsédé !

Il fallait se faire à l'évidence, elle qui n'avait pas pour habitude de faire coller, elle était coincée ici. Aucune négociation possible, et un camarade de cellule lourd comme jamais ! Par chance, il arrivait à lui décrocher quelques sourires, sans quoi elle aurait tenter de couper sa respiration jusqu'à tomber dans les pommes pour qu'on la conduise à l'infirmerie, histoire de trouver une véritable utilité à l'employée occupant ce bureau. Elle, qui avait déjà rendu sa copie, voyait celle de son voisin atterrir sur sa table. Cruz voulait apparemment son avis, sur un chef d’œuvre dont il semblait fier. Elle le regarda, un peu étonnée, puis reporta son attention sur la copie.

Le début eu le mérite de l'amuser. Est-ce que venant de lui c'était si surprenant ? Pas vraiment. Au moins, il allait l'aider à appuyer sa propre rédaction et son désir de passer pour une pauvre victime, élève studieuse prise dans un traquenard. La fin fut tout de même moins amusante, bien que puérile. « Tu prends des risques en avançant des choses dont tu n'es pas certain. » Parlait-elle du fait qu'elle ne savait pas tenir une arme ? Ou bien de sa prétendue homosexualité ? Les deux, peut-être ! « C'est super Cruz ! Tu t'es donné du mal, félicitation ! » Elle lui rendit sa feuille avec un sourire moqueur.