"Preston dribble et marqueeeeeeeeeeee.... avant de s'évanouir". C'était comme un gros trou noir. Cruz célébrait le but qu'il venait de marquer au cours d'une partie de football entre potes quand il s'était évanoui comme une héroine des films guimauves que les filles adoraient. Depuis qu'il vivait avec Chloé il n'avait plus sa gouvernante allemande qui s'assurait qu'il engloutissait bien chacune des saucisses huileuses qu'elle lui préparait. Ce matin son petit déjeuner c'était composé d'une tranche de brioche et d'un verre de Grey Goose. Avec cette chaleur et l'effort physique qu'il avait fourni il était peu étonnant qu'il se retrouve maintenant à l'hôpital. Aux urgences depuis trois heures on lui accordait aucune attention. Il pensait même qu'on l'avait oublié quand il reconnu sa mère qui marchait à grand pas vers lui l'air forcément inquiète. Il ne savait même plus depuis quand il ne l'avait pas vu. Mais son coeur savait que ça faisait trop longtemps.

- Tout va bien Beth... Maman je veux dire tu peux y aller. Ils auraient pas dû t'appeler et te déranger.

Cruz baissa les yeux et se mit à triturer sa perfusion. Tout valait mieux plutôt que de la regarder.

"Madame Preston ? Ici le service des urgences, je vous appelle car nous avons pris en charge votre fils, Cruz Preston. Il ne peut pas rentrer seul, merci de venir le chercher au plus vite".

Beth eut à peine le temps de bredouiller une petite réponse que déjà la standardiste avait raccroché. Elle ne lui avait même pas dit ce qui était arrivé à son petit protégé ! Quelqu'un avait-il tenté de l'empoisonner ? Avait-il voulu mettre fin à ses jours ? Était-il gravement malade ? Toutes les hypothèses se bousculèrent dans sa tête, empêchant Beth de penser avec efficacité. Mais au bout de quelques minutes, la mère de famille finit par atterrir et se pressa de quitter son bureau en attrapant au vol quelques affaires qu'elle enfouie dans son sac à main.
Une fois arrivée à l'hôpital, elle ne mit pas longtemps à trouver son fils. La célébrité a au moins le mérite d'obtenir certains passe-droits. Une infirmière en stage se fit un plaisir de conduire la célèbre Beth Preston au chevet de son fils adoré. Beth lui glissa alors un petit billet et lui demanda de les laisser seuls. Elle n'avait même pas cherché à savoir ce qu'il lui était arrivé, elle avait juste besoin de le voir.
Alors qu'elle s'approchait de lui, elle l'entendit lui parler, presque en murmurant. Ses quelques mots sortant de sa bouche lui serrèrent le cœur. Cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus. Elle mourait d'envie de le prendre dans ses bras. Elle se contenta de lui caresser la joue, comme le ferait une mère avec son fils fiévreux, et lui sourit :

- C'est normal que je sois venue Cruz, je suis ta mère, tu ne me dérangeras jamais.

Elle se pencha un peu plus vers lui et murmura :

- Comment te sens-tu ? Que t'est-il arrivé ?

Beth trouvait la scène surréaliste. Mais ils étaient en public, elle ne l'avait pas revu depuis leur rupture, et depuis sa visite à Chloé, elle avait décidé de se comporter en mère. Du moins, essayer. Même si au fond, elle mourait d'envie de lui dire qu'elle ne pouvait vivre sans lui.

Cruz ferma les yeux incapable de ne pas fondre en larmes en sentant le contact de sa main sur sa joue. Beth se rendait-elle compte que cette main sur sa peau le rendait fou de désir ? Il détourna la tête pour abréger le contact et sa souffrance. Il savait qu'il n'avait pas tourné la page et sa réaction en sa présence ne faisait que de le confirmer. Pourtant il était si heureux avec Chloé. Il n'en était pas à dire que c'était la femme de sa vie mais c'était en tout cas la seule qui était parvenue à presque égaler la Madone. Cruz afficha un air d'enfant bougon et récalcitrant. Il espérait qu'en se montrant infect Beth partirait et retournerait aux préparatifs de son mariage.

- Je vais bien je veux pas que tu t'inquiètes ça me gêne que tu aies tout arrêté pour... moi.


Il ne le méritait pas. Après tout le mal qu'il lui avait fait en la quittant pour Chloé et en abandonnant le manoir. Cruz avait occulté tous ces souvenirs bien trop douloureux. Il se disait quand les ignorant ils seraient plus faciles à oublier. Mais la présence de Beth lui rappelait la force de leurs sentiments. A force de la tripoter, Cruz arracha sa perfusion. Il laissa retomber en silence le fil en plastique et attendit qu'une infirmière vienne par sa présence interrompre ce moment embarrassant et briser le silence qui s'était installé entre eux.

Beth aurait aimé lui dire que pour lui, elle pouvait tout arrêté, tout quitter, même Edgar. Un seul mot de lui suffirait à la faire annuler le mariage et à partir à l'autre bout de la planète avec lui et leur fille. Mais quelque chose en elle lui disait que jamais Cruz n'aurait le courage de lui dire les mots qui la ferait vaciller, il n'était encore qu'un enfant, son enfant pour la vie, et il attendait trop de sa vie de luxe pour oser prendre un nouveau départ avec Beth.
Elle se contenta donc de l'écouter lui dire encore et encore qu'il n'avait pas besoin d'elle. Pour elle, ça signifiait ça. Elle se dit même que sa présence ici n'était qu'une erreur, que si on l'avait appelé elle, c'était uniquement parce que Cruz n'avait pas pensé à changer son dossier médical et à notifier que désormais, la personne à appeler était Chloé, et non Beth. Sa mère. Sa mère. Sa mère. Ces mots s'entrechoquaient dans son esprit avec ses autres pensées. Cruz attendait sûrement que Beth se comporte comme tel désormais, d'ailleurs, son attitude lui faisait penser à ses premières années, quand Cruz était encore si petit, si fragile et attaché à elle. A l'époque déjà, Cruz était jaloux de son père et n'arrêtait pas de dire à sa mère, quand elle venait le rejoindre, la nuit, quand il venait de faire un cauchemar, qu'il ne fallait pas qu'elle laisse papa pour lui ... Pourtant, elle le faisait volontiers, de laisser son père pour lui. Elle se pencha alors un peu plus sur lui, lui offrit un sourire apaisant et lui dit :

- Tu sais bien que pour toi, je déplacerai des montagnes. Ne t'en fais pas, ça va aller. Je vais te ramener chez nous ...

Elle se stoppa net dans sa réplique. Il n'y avait plus de nous. Le manoir était désormais d'un vide considérable. Elle ravala sa salive qui s'était accumulée dans sa bouche, et dit, la boule au ventre :

- Enfin chez toi ... chez toi et Chloé.

Au même moment, une infirmière arriva pour remettre la perfusion de Cruz. Beth la dévisagea et lui envoya un regard qui tue, et lui dit sèchement "Je m'en occupe, je sais comment faire. Laissez nous seuls". Telle une infirmière douce et soucieuse du bien être du patient, Beth attrapa le fil de la perf de son fils et s'affaira à le rebrancher. Elle avait passé plus de deux mois à faire ses gestes il y a de ça bientôt 12 ans, quand Ugo, son autre fils, avait été hospitalisé pour une méningite. Il ne manquait plus que la blouse et Beth aurait pu rejouer le remake d'un vieux fantasme de la jolie infirmière !

Chez nous. Les mots s'imprimèrent dans la tête de Cruz et dans sa chair. Par ce "chez nous" il comprenait chez "Edgar et moi". C'était ce que le manoir était devenu leur maison, leur foyer. C'était sans doute dans ce lit où ils avaient fait l'amour et conçus Prudence que son Oncle Edgar faisait maintenant des choses qu'ils refusaient d'imaginer avec Beth. Enfin avec sa mère. Parce que c'était ce qu'elle était sa mère, la personne qu'il l'avait mise au monde. Il devait l'aimer mais comme un fils aimait sa mère. Il devait se reprendre, ne pas perdre pied, rester l'adolescent insouciant qu'il était avec Chloé. En quittant le manoir Cruz avait trouvé la paix, qu'il avait perdu avec Beth obsédé qu'il était par elle et leur histoire. Sa bouche devint pâteuse quand elle lui parla de chez lui et de Chloé. Une fois de plus l'image de la blonde se supperposa sur celle de Beth et son coeur reprit presque un rythme normal.

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Il y a un lit là-bas enfin mes affaires sont... Comment va Oncle Edgar ?

Il bafouillait comme un enfant, comme l'enfant qu'il redevenait devant elle. Face à Beth Cruz se sentait à la fois comme un moins que rien, surpassé, ébahi par tant de beauté. Mais en même temps il se sentait capable de tout. Comme d'arracher cette perfusion qu'elle lui remettait pour la plaquer contre le mur et lui fait l'amour. Il n'avait aucune envie de penser à son "Oncle Edgar" mais il ne pouvait pas penser à ce qu'il ferait si Beth et lui se retrouvaient seuls chez lui.

Si Beth s'évertuait et se forçait à rappeler à Cruz qu'elle était sa mère et rien d'autre, Cruz réussissait parfaitement à lui rappeler qu'il était son petit garçon, et qu'elle, elle allait épouser d'ici quelques semaines son horrible oncle Edgar, qui l'avait tant répugnée et qui pouvait être ... son père, vu son grand âge ! Cette pensée lui souleva un haut le cœur. Et lui fit monter les larmes aux yeux. Tant de gâchis.
Alors que son corps tout entier lui criait de déposer un baiser sur la bouche asséchée de Cruz, Beth se mordit la lèvre et répondit à la question de son fils :

- Ne t'en fais pas, Edgar est sous contrôle, et comme je te l'ai promis, notre secret sera à tout jamais gardé.

Elle baissa les yeux, le regard embué par les larmes, elle pouvait à peine plonger son regard dans celui de son ancien amant.

- C'est ma punition pour t'avoir fait tout ce mal ... murmura-t-elle ...

Beth se retourna pour attraper les affaires de Cruz. Elle déposa sur le lit son jeans et sa chemise, et, complètement perdue, ne sachant plus si ses gestes étaient ceux d'une mère ou d'une maîtresse, commença à retirer le pyjama d'hôpital de Cruz, afin de l'aider à enfiler ses vêtements.

Notre secret. Ca y il avait à nouveau la tête qu'il tournait. Cruz passa sa langue sur ses lèvres, humidifiant un peu sa bouche rendue sèche par le stress et l'angoisse. L'angoisse que Beth le touche à nouveau comme elle l'avait fait en arrivant. Il avait l'impression que sa peau lui brûlait à l'endroit où ses doigts étaient entrés en contact avec sa joue. Ce seul souvenir qui datait pourtant d'à peine quelques minutes fit jaillir le désir en lui qu'il contenait depuis trop longtemps. Dans son ample pyjama d'hôpital, assis, il arrivait à dissimuler à Beth ce que son corps ne parvenait plus à réprimer. Il sursauta lorsqu'elle entreprit de le déshabiller. Il se dégagea rapidement presque avec violence pour protéger ce qui lui restait de pudeur et de fierté. Cruz avait l'impression d'avoir à nouveau 14 ans. Cet âge ingrat où les garçons ne sont que des hormones en fusion. Devant Beth il se liquéfiait il fallait qu'il parte vite et loin d'elle.

- Tu le penses vraiment ? souffla Cruz en fuyant le regard de Beth. Il réajusta son pyjama que Beth avait commencé à défaire. Tu crois vraiment que tu m'as fait du mal ? Beth... Maman... Tu m'as rendu si heureux... C'est moi qui te demande pardon.

Cruz essaya rageusement du poing la larme qui était parvenue à perler au coin de ses yeux. Agacé par sa propre faiblesse, il tira rageusement sur son pyjama ignoble pour le retirer lui-même.

Beth ne put retenir ses larmes. Des larmes chaudes et salées coulaient le long de ses joues qui commençaient à la brûler. Elles coulaient en silence. Beth ne pouvait plus parler, elle avait un nœud dans la gorge. Si elle avait pu, elle aurait attrapé le premier scalpel qu'elle aurait eu sous la main et se serait ouvert les veines. Elle aurait pu aussi avaler une boîte entière de médicaments ou se pendre avec le tuyau de perf de Cruz. Car Beth était tout simplement un fantôme depuis qu'elle avait franchi la limite, depuis qu'elle avait fait l'inacceptable, l'inavouable et l'impensable avec son fils, la chair de sa chair. Voir Cruz, à quelques centimètres d'elle et si vulnérable était insoutenable. Elle culpabilisait de lui avoir fait vivre cet enfer, de l'avoir plongé dans son délire, dans son erreur, dans ce crime. Elle culpabilisait de l'avoir fait père et de le priver de sa fille. Elle culpabilisait de l'aimer. Elle était la pire mère du monde et méritait le bûcher.
Face à elle, Cruz lui parlait, lui disait des choses qui lui faisait mal et lui donnait envie d'hurler. Comment pouvait il, lui, l'enfant, lui demander pardon, alors qu'elle était l'adulte, le parent, qui avait abusé de lui. Elle ne méritait aucun pardon.
Beth était faible. Incapable de se contrôler, de tourner les talons et attendre Cruz dehors afin de le ramener chez lui comme l'aurait fait n'importe quelle mère normalement constituée, elle se jeta sur lui au moment où il retirait son pyjama, l'enlaça, éclata en sanglots et lui murmura à l'oreille

- Je t'aime Cruz.

Le coeur de Cruz rata un battement. Il n'avait pu accepter les larmes de Beth. Il l'aimait trop pour accepter qu'elle pleure par sa faute même s'il savait que depuis leur rupture, elle avait souvent dû en verser. Sans doute au point de ne trouver le repos que dans les bras d'Edgar. Cruz essuya délicatement les larmes qui embuait les yeux de Beth.

- Je t'aime aussi.

Cruz souleva les hanches de sa mère et embrassa ses lèvres pour la première fois depuis des mois comme il en avait rêvé malgré son amour pour Chloé. Le choc était brutal. Il ne s'était pas préparé à ressentir autant de sentiments à la fois. Il avait l'impression de toucher du doigt les flammes de l'enfer. c'était mal mais en même temps si bon. Il avait envie de la prendre sans attendre. Ils avaient trop attendu et puis ça serait peut-être la dernière fois qu'il aurait l’occasion de lui faire l'amour. Dans ce même hopital à moins qu'il ne s'agisse de celui de Toronto, Cruz avait promis à Chloé qu'il n'approcherait plus sa mère. Il avait tenu le coup bien plus longtemps qu'il ne l'aurait voulu. Mais comme il aiamit le dire les promesses étaient faites pour être brisée. Celle-ci ne dérogerait pas à la règle mais Chloé n'en saurait rien. Cruz ne réfléchissait pas, cherchant avidement la langue de Beth, pressant son corps contre lien. Son bassin allait à la rencontre du sien, dans une envie furieuse de la pénétrer et de la posséder sans attendre.

- Non ...

Beth, toujours en larmes, tremblait de tout son corps en sentant celui de Cruz contre le sien. C'était comme si tout venait de s'écrouler autour d'elle, comme si elle se retrouvait propulser dans une autre dimension, dans un autre monde où aimer Cruz serait permis. Mais le retour à la réalité fut brutal, et elle se sentit obligée de se ressaisir immédiatement. Après tout , elle était l'adulte, la mère, elle devait faire cesser cette situation au plus vite pour le bien être de Cruz.

- Cruz, je suis ta mère. On ne peut pas.

Ces mots lui transpercèrent le cœur et la clouèrent sur place. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle était en train de dire ça et de repousser le jeune homme. Elle se mordit les lèvres et tenta de cacher ses sanglots. Elle était couverte de sueur suite à ce léger moment d'égarement qui l'avait tant chamboulée.
Elle s'éloigna de Cruz, cela lui paraissait au-delà de ses forces. Elle dut se faire violence pour détourner son regard de celui de son fils. Comment pouvait elle lui dire l'aimer et quelques secondes plus tard le rejeter de la sorte ? Elle se détestait. Si Prudence n'avait pas existé, elle se serait donné la mort. Même si en tant normal, elle trouvait que se suicider était réservé aux faibles, elle aurait considéré son geste comme de l'euthanasie car elle était devenue une personne qui faisait souffrir son fils. Et toute personne qui faisait souffrir l'un de ses enfants se devait de mourir. En l'occurrence, elle devait mourir.
Elle allait partir en courant de cette pièce où la tension sexuelle était devenue insupportable, mais regarda une dernière fois Cruz, ses yeux remplis de désespoir et lui dit :

- Promets moi de récupérer Prudence et de prendre soin d'elle s'il m'arrive quelque chose ...

Cruz avait envie de la retrouver et de la forcer à la prendre de force peut-être. Puis Cruz repensa à Chloé, il savait que Beth avait raison. Mais c'était tellement dur de résister maintenant qu'il avait succombé à la tentation.

- Qu'est ce qui pourrait t'arriver ?

Cruz, inquiet, cherchait une réponse dans le regard de sa mère. Il avait peur pour elle. Il craignait qu'Edgar ne s'en prenne à elle. Pourtant ils avaient l'air si amoureux sur la couverture des journaux dont ils faisaient la couverture depuis l'annonce de leur relation.

Beth tremblait de tout son corps. Elle tremblait de désir et de peur à la fois. Se sentir si proche de Cruz et devoir s'éloigner de son corps brûlant était trop insupportable pour elle. Elle mourait de désir pour lui, et ce désir la faisait mourir à petit feu.
La question de Cruz était si naïve. Cruz n'était encore qu'un enfant, comme s'il n'était pas conscient des risques qu'ils prenaient, des conséquences d'une telle relation. Mais surtout, il ne se doutait pas que depuis qu'il avait quitté la maison, Beth n'était plus que son propre fantôme et que bien souvent il lui arrivait de penser de mettre fin à toute cette souffrance.
Beth s'approcha à nouveau de Cruz, juste quelques secondes, juste pour sentir à nouveau son souffle et son regard se poser sur elle.

- Edgar finira par comprendre que notre mariage n'est qu'une mascarade. Il ne supportera pas de savoir que j'en aime un autre que lui, que je t'aime toi, et toi seul.

Elle baissa les yeux. Son être tout entier criait à Cruz de la prendre dans ses bras, de la serrer fort, de la protéger et de ne plus jamais la quitter ... mais tout ceci était impossible et elle le savait, le risque était trop grand.

- Il me fait peur.

Elle l'aimait pourtant elle le fuyait. Cruz était frustré. Il aurait voulu lui faire l'amour comme avant et réfléchir après. Il était en colère de parler d'Edgar alors qu'ils auraient pu s'embrasser. C'était de la faute de Beth si Edgar était rentré dans l'équation. Elle aurait dû l'attendre amoureusement dans leur manoir avec Prudence.


- C'est pourtant toi qui est parti le trouver.

Cruz ne pouvait pas s'empêcher de se montrer dur quand il imaginait sa mère dans les bras d'Edgar. Il ne la croyait pas quand elle disait qu'elle avait fait ça pour le protéger. Il y avait bien d'autres hommes qu'Edgar. De toute manière, même si Beth avait choisi quelqu'un d'autres, Cruz aurait trouvé à redire.

La colère de Cruz retomba comme un souffle. Les larmes de Beth avaient de l'effet sur lui, il n'avait jamais réussi à y rester insensible. Il avait conscience des sacrifices de sa mère pour lui mais son immaturité et sa jalousie la faisait le rejeter.


- Pardon.

Cruz s'approcha maladroitement de Beth. Il avait peur de mettre un pas l'un devant l'autre encore blessé par le rejet de Beth il y a quelques minutes.

- Tu veux dire qu'Edgar est au courant ?

Un test adn ? C'était comme ça que cet enfoiré d'Edgar tenait Beth. Cruz avait eu beaucoup d'estime pour son oncle et il aurait sans doute été admiratif si l'araignée Shawell n'avait pas piégé sa mère. Cruz s'en voulait de la laisser seule endurer tant de souffrance. Pour une fois Cruz ne se défilerait pas. Il était un mauvais père pour Prudence parce qu'il était trop jeune et trop stupide mais il sauverait au moins sa mère d'une vie horrible auprès de l'avocat.


- Tu l'épouseras donc mais ce mariage ne durera pas. 

Si Beth avait décidé de prendre ce mariage en guise de fardeau, Cruz pouvait bien prendre aussi un fardeau si cela pouvait débarrasser sa mère. Il prit sa main dans la sienne et s'approcha de l'oreille de Beth pour lui murmurer son futur plan.

- Tu deviendras veuve.

Entendre de la bouche de celui qu'elle aimait d'un amour inconditionnel qu'elle allait épouser Edgar la fit frissonner. Elle pensa "plutôt crever", mais elle savait qu'elle n'avait pas le droit d'être faible à ce point, qu'elle ne pouvait pas abandonner Prudence. Pas volontairement. Elle savait qu'elle n'avait pas le choix, que ce mariage était la seule solution pour qu'Edgar les laisse tranquilles.
Cruz était si naïf, s'il pensait que c'était si facile. Jamais Edgar n'acceptera un divorce. Sauf si elle avait elle aussi quelque chose de solide contre lui. Elle allait lui répondre qu'il ne fallait pas espérer, Cruz la surpris en lui prenant la main et en lui murmurant à l'oreille trois mots qui la firent presque autant vibrer que s'il lui avait dit qu'il l'aimait. Cruz était prêt à tout pour elle, finalement.
Beth lui sourit. Elle enfouit alors sa tête dans le creux du cou de Cruz, juste quelques secondes, juste le temps d'en profiter un peu, et surtout de retrouver ses esprits. Elle ne pouvait pas laisser Cruz se mettre en tête de tuer Edgar. C'était bien trop dangereux pour lui.

- Cruz, promet moi de ne rien faire d'idiot. Prends ce mariage comme un nouveau départ pour toi, et ne te préoccupe pas de moi.

Elle serra la main de Cruz si fort qu'elle devait lui broyer les os de la main. Mais elle avait besoin de le sentir pour se sentir vivante. Dans un murmure, elle ajouta :

- Oh mon dieu, j'aurai tant voulu que tu sois à sa place.

Cruz caressa les cheveux de sa mère qui avait niché sa tête dans le creux de son épaule.


- Impossible et tu le sais.

Cruz referma sa main par dessus celle de sa mère qui était broyée par sa mère mais il sentait à peine la douleur. Il ne percevait que sa force. Il lui envoyait sa détermination. Cruz avait pris sa décision. Il avait tout perdu mais il pouvait encore sauver sa mère avant de partir avec Chloé.

- J'empoisonnerais son repas, tout se passera bien, tu verras.

Beth voyait Cruz sous un autre jour, pour la première fois. Malgré son idée absurde de tuer son oncle, il se comportait en adulte, en protecteur. Bien sûr, Beth ne pouvait pas le laisser faire cette folie, même si elle devait reconnaître que tout serait plus simple si en effet cet enfoiré crevait à leur mariage, Cruz ne pouvait pas avoir de sang sur les mains, elle ne se le pardonnerait jamais. Et puis, la mort d'Edgar, au final, ne changerait pas grand chose, Beth serait toujours séparée du père de sa fille. Elle devait le dissuader de commettre une aussi grave erreur :

- Ne risque pas tout pour moi Cruz. Si tu veux vraiment me sauver, reviens vivre à la maison, viens avec Chloé, tout rentrera dans l'ordre et ... et tu verras Prudence grandir.

Cruz avait définitivement tourné la page, elle venait d'en avoir la preuve. Il semblait avoir retrouvé la raison, lui.

- Juste une dernière fois ... murmura-t-elle. Dans un sursaut de folie, elle l'embrassa passionnément.

Cruz rangea l'idée de meurtre dans sa tête mais savait qu'il y penserait plus que jamais quand Edgar unirait sa vie à celle de Beth.


- Non ça sera trop dur.

Avec Edgar qui avait manqué menacer Chloé et son amour malsain pour sa mère, la cohabitation était un projet fou. Encore plus depuis qu'Ugo l'avait supplanté en devenant le petit ami de Charlie. Ses volontés de meurtre envers son oncle l'avait ragaillardi. Il embrassa Beth avec passion et la renversa sur son lit d'hôpital. Cruz s'était toujours montré doux avec elle mais l'urgence de son désir le fit arracher les vêtements de sa mère. Il ne pensait plus rien sinon à elle.

Juste une dernière fois. Une dernière fois avant qu'il ne la donne à ce connard d'Edgar. Cruz caressa avec amour le corps de sa mère. Il regrettait de lui offrir une dernière nuit dans un endroit pareil. Mais le lieu ne comptait pas avec Beth dans les bras, même le terrain vague pouvait se transformer en une suite du Hilton. Il la pénétra dans un quasi soupir de soulagement, heureux de retrouver cette place qui lui avait tant manqué et qui était si agréable. Il embrassa sa poitrine remonta le long de son cou avant de baiser ses lèvres.

- Toujours.

La madone et lui seraient toujours liés. Par Prudence, par leur amour interdit...

Cruz n'avait l'impression de devenir un homme que dans les bras de sa mère. Plus il s'enfonçait en elle, plus il retrouvait ce prestige qu'il avait perdu - pour la bonne cause - en sortant avec Chloé. Il lui mordillait les lèvres impatient de la faire jouir pour se libérer ensuite. Il avait besoin de l'écraser de tout son poids pour être certain qu'il ne rêvait pas de ses retrouvailles qu'il espérait secrètement sans se l'avouer. Il se refusait à penser à Chloé qu'il aimait également à sa façon et qui serait sans doute blessée ou horrifiée en apprenant qu'il était retourné dans les bras de sa mère. Il avait honte mais le goût de cette honte était délicieux. Il avait le goût des baisers de Beth. Ses mains s'enfonçaient dans les cheveux longs et défaits de sa mère alors qu'il jouissait en elle dans un râle de plaisir. Cruz s'écroula contre la poitrine nu de Beth, encore épuisé par ses efforts.