Visite à Diane

Depuis que Diane lui avait sauvé la mise en empêchant son arrestation, Lucas avait insisté pour lui verser tous les mois une somme d'argent. C'était pas grand chose parce que depuis la fin de son mariage Lucas devait payer une sorte de pension alimentaire. Laureen avait refusé mais il avait insisté. Si elle ne voulait pas de son argent, elle n'avait qu'à le donner à ses enfants. Il les avait mis au monde et il voulait les assumer. Il gérait un petit fast-food de quartier et c'était peut-être moins glorieux qu'une cadre supérieure mais Lucas avait au moins l'impression de participer à leurs vies. Laureen les lui avait déjà arraché en s'exilant à Paris, elle ne pouvait en plus lui refuser de s'impliquer dans les dépenses qu'engendraient leur éducation. Lucas se sentait seul malgré la présence d'Adriana dans sa vie. Il n'osait pas s'ouvrir à la nouvelle femme qui partageait son existence parce qu'il gardait en tête ce qu'il avait fait à cette pauvre fille. Elle avait été assez sympa pour ne rien dire sur cette nuit étrange ce qui faisait que Lucas se sentait encore plus redevable envers elle. Il ne savait pas comment exprimer sa reconnaissance si ce n'est avec un chèque et des excuses bredouillées. Lucas frappa à la porte de chez Diane avec appréhension comme à chaque fois depuis six mois.

- Bonjour Diane je suis venu vous apporter votre chèque.

Lucas le déposa sur un coin de la table avant de frotter nerveusement ses mains sur son jean. Il tapota un instant son index contre l'autre avant de tourner le dos à la babysitter. Il ferait mieux de foutre le camp d'ici avant qu'une nouvelle crise ne l'envoie chez défintivement chez les fous en compagnie de son fils. Il décampa comme si l'appartement avait été en feu puis arrivé au bout du couloir fit quelques pas en arrière.

- Vous savez que je suis désolé Diane ? Pas vrai ? J'ai besoin que vous le sachiez et de vous le redire parce que j'ai honte en repensant à ce que je vous ai fait.

Invité

Diane s'affairait au sein de la nouvelle petite demeure qu'elle louait, grâce à l'argent de ce niais de Lucas Johansson, le formidable père de famille qu'elle avait joyeusement fait passer pour un illuminé. La jeune femme ne gardait plus aucune séquelle de la soirée mouvementée qu'elle avait passé à ses côtés, ou se grand malade avait manqué l'égorger comme une truie. Bref, ce cinglé sur pattes, passait généralement une fois par mois, lui porter son chèque, son remerciement en quelque sorte de lui avoir épargné l'asile. Au fond, Diane savait qu'elle n'était qu'une garce et que ce fric était un sacré sacrifice pour Lucas, mais c'était la vie, et elle pensait vraiment mériter de vivre dans le coton, après avoir vécu dans la misère. Elle méritait cet argent...Certes, elle l'avait poussé à bout, mais servir de punching-ball n'était pas encore un service qu'elle offrait gratuitement. Alors comme d'accoutumée, elle ouvrit la porte, avant de se pousser bien à l'écart de la pièce, dans le recoin le plus sombre, afin de pouvoir sourire de son malheur sans être vue, afin de jouer le petit animal apeuré. La blague. Dans son recoin, vêtue d'une longe robe blanche, Diane ressemblait à un ange, et même s'il lui semblait avoir ponctionné tout ce qu'elle pouvait de ce pauvre type qui avait tout perdu, elle pensait pouvoir encore se servir de lui. Il lui était après tout, grandement redevable.
Et voilà que le pauvre homme disait avoir honte de son comportement. La double blague. Diane pensa qu'il était temps qu'elle sorte de l'ombre, maintenant qu'il songeait sans doute avoir repris de la confiance en lui, ou du moins du contrôle sur sa pauvre personne. Elle s'approcha alors de lui, ses longs cheveux blonds encadrant son parfait visage pour se mettre face à lui et lui adresser un sourire :

"Je sais Lucas...Ce n'était pas votre faute. Vous étiez perdu. Je sais ce que c'est de se sentir totalement abandonné par sa famille et je ne pourrai jamais vous blâmez pour ça..."

Diane maîtrisait beaucoup mieux son accent norvégien désormais, et parlait presque parfaitement bien anglais. Elle attrapa alors sa main dans la sienne, pour murmurer doucement :
"Prenez moi dans vos bras Lucas. Prouvez-moi que vous n'êtes pas cette brute."

Diane avait toute les caractéristiques d'un ange. Elle était belle et une illusion d'optique de son cerveau malade lui donna l'impression qu'elle avança vers la porte en volant. Lucas se frotta les yeux pour retrouver ses esprits et esquissa un sourire désolé à l'adresse de la babysitter lorsqu'elle lui répéta les raisons qui le poussait depuis plusieurs mois à lui laisser un chèque. Il avait une faute à expier et il ne comptait pas arrêter avant que Diane estime qu'il est payé sa dette à la société. Diane était la victime idéale, elle ne cherchait jamais à le faire culpabiliser et avait l'air de toujours lui trouver des circonstances atténuantes.

- Vous êtes bien trop gentille avec moi Diane.

Lucas secoua la tête négativement quand Diane lui proposa de la prendre dans ses bras. Il n'oserait jamais ne serait-ce que reposer un seul de ses doigts sur elle. Il se souvenait parfaitement de cette nuit avec elle. Son cerveau refusait d'effacer ses souvenirs affreux. Il tendit un premier bras avant d'ouvrir le second pour accueillir Diane à l'intérieur. Pour lui faciliter la tâche il s'avança mais vraiment un tout petit peu parce que c'était comme gênant de la serrer contre lui après tout ce qu'il lui avait fait subir.

Invité

Diane se délectait de la scène qui s'offrait à ses yeux. Lucas semblait plus faible que jamais, sa face candide, ses bras à demi-ouvert. Son sadisme lui donnait même cruellement envie de le faire à nouveau passer pour un fou, c'était si simple d'emprunter la petite voix de Laureen, de se faire passer pour elle, de parler comme si elle était elle. Si le stratagème avait marché une fois, Diane avait la certitude que le pauvre cerveau malade de l'homme cédérait encore, mais il était vraiment hors de question de se farcir à nouveau des coups et des bleus, elle avait quelques projets en tête, et les yeux au beurre noir, ne lui faciliterait vraiment pas la tâche.
Jouant sur ce speudo côté angélique qu'elle disposait depuis qu'elle était née, elle s'approcha de Lucas, faisant le pas fatal. Se blotissant contre lui, elle posa doucement sa tête sur l'épaule de son "bourreau", articulant dans un petit murmure :

"Tout va bien Lucas. J'ai confiance en vous, je sais que vous me ferrez aucun mal."

La vérité, c'est qu'elle était prête à lui foutre le plus magistrale coup de genoux du siècle, s'il essayait de lever à nouveau la main sur elle. Redressant le visage, collant pratiquement son nez contre celui du pauvre homme, elle ajouta :

"Laureen vous manque ?"

La chaleur qui se dégageait de Diane lui donnait l'impression qu'il n'allait pas tarder à suer à grosses gouttes. La babysitter ne l'attirait pas à cause de son jeune âge mais grâce à sa bonté. Il lui avait vivre le pire et par ce geste il avait l'impression qu'elle ne lui en tenait pas rigueur. Lucas était prêt à lui rendre tous les services qu'elle lui demanderait c'était la moindre des choses. Il manqua un battement lorsqu'elle prononça la prénom de sa femme. Il marqua un silence avant de se lancer.

- Non. dit Lucas sans ciller.

Il savait au fond de lui que c'était un mensonge. En fait la Laureen qui lui manquait était celle d'avant Nicholas. La femme fidèle et amoureuse qu'il avait cru voir en elle, lui manquait atrocement. La souillon qu'elle était devenue aujourd'hui ne l'intéressait pas. Il ne prenait jamais de nouvelles d'elle auprès de ses enfants. Quand il avait appris par Matt qu'elle était en couple avec Andreas il s'était muré dans un silence mental qui l'interdisait même de prononcer le prénom de sa femme à voix haute. Ils avaient des enfants, un lien qui les unirait pour toujours mais leur mariage ne valait plus rien pour lui. Elle l'avait détruit sur cette plage Events Beach et il ne serait plus jamais possible de reconstruire la confiance qu'elle avait détruit.

- Mais mes enfants oui. Ils me manquent horriblement.

Invité

Toujours dans les bras de Lucas, Diane se rapprocha encore un peu, venant parfaitement écraser sa poitrine contre son torse. Chose qui la répugnait au plus haut point. Ce genre de rapprochement, avait toujours tendance à lui coller la nausée, mais la jeune norvégienne s'empressait de ne pas s'attarder sur ce qu'elle qualifiait de léger détail, après tout, fallait bien souffrir pour être belle, ça ne devait être la même pour être riche. Laissant doucement glisser ses longs ongles sur la nuque de l'homme, elle n'avait qu'une envie, les enfoncer dans la chair et lui arracher la peau, de lui affliger continuellement cette atroce douleur comme châtiment éternel afin qu'il paie pour chaque coup qu'il avait pu lui porter. Mais Diane, se résonnait, songeant que la détresse mentale était bien pire que la douleur physique, en analysant sa réaction, alors qu'elle avait prononcé le prénom de son ex-épouse, elle avait vu à quel point cela l'affectait encore, que par sa réponse froide et catégorique ainsi que son empressement à dévier le sujet. Elle esquissa un large sourire, son visage masqué par l'épaule de Lucas et reculant son visage, pour le rapprocher toujours plus près de ses lèvres, elle répondit :

"Je comprends. Cela ne doit pas être une situation des plus agréables pour eux aussi. Et puis la solitude doit sûrement vous tuer à petits feux. En tout cas c'est ce que je ressens moi. Chaque mois j'attends avec impatience votre visite, sans jamais oser vous parler. Vous m'avez manqué Lucas. J'aimerai tellement être davantage proche de vous, vous aider à traverser toutes ces épreuves."

Lucas était niais face à Diane c'était comme s'il n'avait plus conscience des choses, aveuglé par la beauté angélique de la jeune fille au pair. Il arrivait à peine à soutenir son regard et avait la sensation d'être tétanisé. Son corps ne répondait plus mis à part ses lèvres qui s'activaient en parlant et en parlant remplissant les oreilles de Diane de choses inutiles. La jeune Karlsen n'avait sans doute pas demandé tout ça. Il était tellement pénible mais heureusement il en avait conscience. Il voyait ses lèvres s'approcher, et son corps fin se presser contre le sien beaucoup plus costaud. Lucas n'avançait ni ne reculait. Non, il se contentait de parler et de parler en espérant qu'il se faisait des films et que ça n'était pas en train d'arriver. Il n'allait pas encore abusé de innocente norvégienne.

- Vous m'êtes déjà d'un grand soutien Diane. Je vous assure et j'aimerais vous rendre la pareille. En vous invitant à dîner par exemple ? Ou en vous donnant encore plus d'arg... Je sais bien que vous n'êtes pas vénale mais... Je pourrais être votre ami aussi mais je suis vraiment nul en relation amicale.

Lucas parlait pour ne rien dire. C'était plus facile pour supporter la présence de Diane si près de lui et de son visage. Il déglutit et tenta de trouver une échappatoire mais ses pieds refusaient de lui obéir à l'inverse de sa bouche qui débitait des tas d'informations. En espérant que l'une d'elles parviendrait à lui faire avoir un déclic qui l'aiderait à ne plus regarder les lèvres de Diane comme si elles l'hypnotisait.

- Adriana est ma nouvelle fiancée et on voudrait avoir un enfant alors je vous recommanderais et je suis sûr qu'elle voudra...

Invité

Lucas était un véritable moulin à paroles, il passait son temps à meubler le silence, révélant à quel point il était un homme lâche et peureux. Diane n'avait pas besoin de plus pour comprendre comment fonctionnait le jeune papa et c'était sans doute pour ça que sa chère ex-femme Laureen avait tout laissé tomber pour le premier...Même la plus niaise et romantique des femmes avaient besoin d'un peu d'action au bout d'un moment. D'ailleurs Diane se fatiguait à trouver comment toujours aller un peu plus loin sans que cela ne parraisse choquant ou bien ne brusque le pauvre homme...tout en sachant que la plupart des mâles de Degrassi lui aurait déjà arraché la moitié de ses vêtements. Au moins, ça le rendait quelque peu different de la masse. Peut-être un peu plus respectueux que tout ce qu'elle avait croisé de masculin jusqu'à aujourd'hui, si on foutait évidemment de côté le fait que c'était un taré sur pattes. Mais, pouvait-elle réellement le blâmer pour ça ? Elle-même possédait tout un tas de travers qui l'obligeaient constamment à attaquer les autres la première, tout ça par peur d'être prise au dépourvu. Elle était au fond une grosse insensible repoussant la douceur, trouvant uniquement ses marques dans la douleur. C'était aussi peut-être pour ça qu'elle avait ressenti le besoin de se blottir contre lui, son cerveau de parano, la forçait constamment à forger des plans tordues, mais étrangement, là, elle ressentait juste l'envie de stopper tout ça et de finalement le laisser tranquille.

Un peu perturbée par ce qu'elle ressentait, Diane resta un instant interdite. Elle fit même un pas en arrière afin de dégager son corps menu des bras de l'homme. Pourquoi faisait-elle ça ? Pourquoi avait-elle envie de l'épargner alors qu'il méritait les plus grands maux. Elle ne savait pas. Quoi qu'il en soit, Lucas était bien plus semblable à elle, qu'elle ne voulait le croire et peut-être que c'était ça qui la poussait à se reculer, alors qu'il était si faible face à elle, alors qu'elle aurait encore put abuser de ses troubles. Et finalement elle se gifla mentalement, gardant la face. Et pourquoi pas merde ? Il n'était qu'un putain de con capable de lever la main sur elle...mais...

Diane secoua la tête, n'aimant pas le moins du monde ce qu'il se passait en elle et surtout ce qu'elle ne contrôlait visiblement pas. Se jetant à nouveau dans ses bras, elle opta pour le forcing, elle s'empara alors de ses lèvres, l'embrassant de toute son âme, l'embrassant comme elle n'avait jamais embrassé avant...Sauf Will peut-être. Et totalement paniquée par ce qui se tramait en elle, elle changea d'avis, remarquant sa faute, ou du moins ayant l'envie pressante de se frapper la tête première contre les murs. Repoussant Lucas de toutes ses forces, elle s'écarta, se mettant le plus loins possible de lui, pour hurler à pleins poumons :

"Dégagez Lucas ! Partez ! C'est pas vous, c'est moi ! Vous n'êtes pas fou, c'est de ma faute... C'est moi qui fais du mal aux autres, pas vous !"

Lucas la regarder sortir de ses bras sans rien dire. Un vent froid s'était emparé de lui maintenant qu'elle avait quitté ses bras. La présence de Diane à ses côtés, faisait remonter à la surface, la peine qu'il ressentait depuis le départ de Laureen. Diane lui rappelait sans cesse son épouse et elle le rendait nostalgique. La faute à ses yeux clairs et à sa voix douce qui le transportait au temps où tout allait bien dans son mariage. Il baissa les yeux, comme s'il avait commis une faute. Il fut le premier surpris de la voir se jeter dans ses bras. Il posa sa main sur l'arrière de cette tête, presque machinalement, ses doigts caressèrent la masse de cheveux blonds de l'adolescente. Elle avait l'âge de sa fille, c'était complètement déraisonnable. Il était encore marié e déjà fiancé à une femme superbe. Diane rendait vous les hommes peut-être qu'il aurait dû écouter plus attentivement le message que Jerrod son ex employeur avait tenté de lui faire passer. Elle avait une emprise folle sur lui alors qu'ils se connaissaient à peine. Les lèvres de Diane s'appuyèrent contre les siennes et il ne put que naturellement répondre à cet appel embrouillé. Il ne parvenait pas à décrypter le message qu'elle tentait de lui faire passer mais il répondait présent. Lui montrer qu'il était là, pour elle et qu'il ferait n'importe quoi pour elle. Il ouvrit les yeux et tenta de s'approcher de Diane tout doucement, pour ne pas l'effrayer.

- Vous ? Mais c'est vous qui m'avez aidé Diane ! Vous avez été présente pour moi et mes enfants. J'ai besoin de vous, je veux que vous fassiez partie de ma vie.

Pourquoi ? Il ne le savait pas lui même ? Il avait la sensation qu'il aurait toujours une connexion avec Diane, elle avait été là quand Laureen lui avait tourné le dos. Elle avait supporté les coups sans rien dire alors qu'ils ne lui étaient pas destiné. Il savait qu'une adolescente comme elle n'avait rien envie de partager avec un pauvre taré de trente-sept ans comme lui mais s'il y avait une chance qu'il puisse la garder près de lui, il la saisirait.

Invité

Diane resta un instant interdite, les yeux ronds. Lucas ne la repoussait pas, au contraire, il refesait un pas vers elle, lui disant qu'il avait besoin d'elle et la jeune femme ne savait litteralement pas quoi faire face à cette situation. C'était la première fois qu'elle admettait haut et fort, faire du mal à quelqu'un. A vrai dire, jusqu'à présent, elle avait toujours réussi à travailler sa conscience, parce qu'au fond, le mal qu'elle répendait n'était que réponse au mal qu'on lui avait fait, au mal qu'on lui ferait sans le moindre doute si elle osait un seul instant baisser sa garde. Alors, elle resta là, muette, ne sachant pas quoi faire, elle qui comprenait pour la première fois de sa vie qu'elle était peut-être allée trop loin, tellement loin que ce pauvre Lucas prenait ses paroles pour ce qu'elles n'étaient pas. Il devait sans doute penser qu'elle ne se sentait pas à la hauteur face à ce qu'il avait enduré ou une connerie dans le même genre. La jolie blonde baissa la tête, les larmes aux yeux, jamais elle n'avait pleuré devant quiconque sans que cela soit forcé ou joué...Elle se sentait simplement mal devant la détresse qu'il dégageait, elle en était foutrement responsable.

"Vous vous trompez Lucas, je ne suis rien qu'un fléau... Je détruis des familles, à défaut d'en avoir une. Vous devez vous battre pour Laureen...Il y a peut-être encore de l'espoir...Après tout, l'espoir fait parti intégrante de l'amour..."

Qu'est-ce qu'elle en savait au fond ? Rien, foutrement rien. Alors elle restait là, à sortir tout ce blabla sans queue ni tête, tout ce blabla pour qu'il fuit, qu'il comprenne que sa place n'était pas ici, que personne n'avait sa place auprès d'elle.
Une larme glissa sur sa joue, comme pour ponctuer ses mots. Elle savait qu'il risquait de quitter la maison à tout moment, elle savait qu'il ne ferrait plus aucun pas en sa direction.

L'amour ? L'espoir ? Il n'y croyait même plus. Pareil pour Laureen et lui. Elle l'avait trop trompé et utilisé l'excuse de son refus pour s'être mise avec Nicholas puis Andreas. Il aurait tellement préféré qu'elle assume sa part des fautes et il aurait ensuite endossé les siennes. Mais Laureen avait toujours cru qu'elle était meilleure que lui. Il l'avait déjà vu quand elle avait couché avec Ian et quand elle s'était à peine excuser. Elle s'était toujours cru plus belle et plus intelligente que lui et peut-être avec raison. Avec lui, il se sentait comme un moins que rien. Ca n'était qu'auprès de Diane, qu'il avait l'impression d'être peut-être quelqu'un de bien qu'on avait pas besoin de relooker comme voulait le faire Adriana. Il aimait voir les yeux de l'adolescente briller légèrement en le regardant, elle avait l'air de l'admirer pas comme sa fille qui avait le même âge et le regardait déjà avec mépris. Il avait besoin de Diane parce qu'elle le faisait se sentir comme un homme. Il encadra son visage avec le sien, le coeur blessé en voyant des larmes faire briller ses yeux. Il fronça un peu les sourcils sans comprendre de quoi s'accusait Diane. Elle ne pouvait pas être cette personne mauvaise qu'elle décrivait. Un fléau ? Il la considérait plutôt comme un bonheur dans sa vie. Il voulait l'écouter, la réconforter, entendre ce qu'elle se reprochait et lui montrer qu'elle se trompait. Une jeune fille aussi douce, dont les lèvres s'unissaient si désespérement aux siennes ne pouvait pas être mauvaise.

- Qu'est ce que vous avez fait ?

Il relâcha le visage de Diane pour prendre sa main. Un courant électrique le traversa quand sa paume entra en contact avec la sienne. C'était comme revenir à la vie alors que ce geste était anondin. Il était dingue. Il était toujours le même fou qu'il était lorsque Laureen l'avait quitté. Il ne pouvait être que dingue pour craquer pour une adolescente qui avait l'âge de sa propre fille. C'était peut-être parce qu'elle était le reflet de sa propre fragilité. Quoiqu'il en soit, il savait qu'il n'avait pas d'excuses et qu'il devait peut-être suivre le conseil de Diane et fuir au plus vite.

Invité

Une larme glissa sur la joue de la jeune femme. Lucas était si candide et innocent. Lui avouer la vérité n'allait que le pousser davantage au fond du gouffre ou du moins lui faire perdre le peu de confiance en lui qu'il avait du conserver depuis l'échec de son mariage. Peut-être était-il plus malin qu'elle l'épargne, qu'elle reste le petit ange blond, tout en l'éloignant de façon plus subtile. Diane ne savait pas, ne savait plus. Se retournement de situation ne lui correspondait guère, jamais elle n'avait pris la peine de s'arrêter un instant afin de juger son comportement, de porter un jugement critique sur ce qu'elle faisait, se persuadant plutôt continuellement de faire les bons choix pour son avenir. Après tout, si elle n'avait pas manipulé le pauvre Lucas, cela ferait belle lurette qu'elle serait de retour dans sa Norvège natale, là où il n'y avait aucun espoir pour les filles aussi ambitieuses qu'elle.
Diane commençait doucement à suffoquer à l'intérieur d'elle, peu importe au moins ça étouffait les sanglots qui menaçaient continuellement de s'échapper de sa poitrine. Elle ressentait cet étrange besoin d'affection, de tendresse, celui qu'elle avait pourtant toujours détesté, toujours repoussé, le même désir qui lui faisait une peur bleue, qu'elle pensait n'être jamais capable de contrôler. Au moins, dans la douleur, elle savait à quoi s'en tenir, elle savait garder la maîtrise d'elle-même, alors que la tendresse impliquait à son gout trop de sentiments inconnus pour qu'elle prenne le moindre risque.

Diane avait envie de fuir, de prendre les jambes à son cou, de quitter la pièce, de prendre le premier vol direction la Norvège, peut-être que là-bas, elle retrouverait le cran qu'elle était en train de perdre face au jeune papa. Peut-être que...
Bancale, elle avait l'impression que son corps ne répondait plus, qu'il ne lui obéissait plus. Elle avançait en direction de Lucas, comme une poupée désarticulée, pour venir de manière pour le moins spontanée se loger à nouveau dans les bras de l'homme, pour encercler son visage de ses mains, pour prendre possession de ses lèvres, pour l'embrasser à nouveau comme plus tôt. Diane avait beau ne pas comprendre ses gestes, elle avait besoin d'aller au bout, de goûter pour la première fois à ça, de ne plus agir de la sorte par simple manipulation. Elle se laissait aller et savait d'or et déjà qu'elle risquait d'en perdre des plumes mais elle n'avait plus envie de songer à ça, d'être cette fille là, toujours sur la défensive. Elle avait juste envie d'être une femme et d'être dans les bras de Lucas...même s'il devait la repousser de la façon la plus brute qui soit.

Lucas attendait la révélation de Diane en sachant d'avance qu'une personne qui se confessait de façon si prenante et réaliste à lui, ne pouvait que se repprocher des crimes mineurs. Diane était si belle et si vraie avec lui, loin de l'hypocrisie perpétuelle de sa femme et de ses amis Nicholas et Rain, qu'il refusait de la croire capable du moins crime. Même si elle avouait et que les preuves étaient contre elle, il persisterait à la croire innocente. Cette larme qui glissait sur sa joue, c'était comme ses propres doutes qui rampaient sur Diane sans jamais l'enlacer pour se personnifier en elle et le faire douter. Maintenant il avait l'air de savoir ce qu'il voulait et c'était Diane. Voir sa poitrine se soulever, son visage torturé par les larmes qui menaçaient d'y rouler, lui donnait envie de la protéger. Il ne s'était jamais auparavant senti maitre de la situation, surtout avec les femmes. Elles avaient toujours tendance à le prendre de haut et à le dominer, surtout sa dernière fiancée Adriana qui avait un sacré caractère.

Il avait envie de lui résister, parce que la morale - très présente chez lui - réprouvait son acte, il n'avait le droit de commettre l'adultère, de posséder les lèvres de cette adolescente qui même si elle avait les formes provocantes d'une femme restait une mineure. Les sensations de son corps tentaient de corrompre la raison de son esprit. La bataille s'annonçait pénible surtout que ses lèvres lui résistaient refusant d'arrêter ce baiser. Pire il l'intensifiait, l'embrassant de plus belle, la soulevant de terre pour dévorer son cou et sa poitrine. Il avait envie de déchirer, sa robe blanche, symbole virginal et la posséder toute entière. Les lèvres de Lucas embrassaient presque sauvagement la bouche de Diane, sa passion était telle qu'il ne lui laissait presque aucun répit. Il la voulait, il la désirait. Briser ce tabou et les régles qu'il avait lui-même établi et respecté depuis des années, rendaient la situation encore plus excitante. Il avait plaqué Diane contre un mur, écartée ses jambes pour y placer son corps et soulever son corps qu'il embrassait sans discontinuer.

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