Barbara attendait la suite des évènements quand Ugo se révéla aussi odieux que sa nouvelle personnalité l’exigeait. Elle resta bouche bée en l’écoutant déverser des horreurs sur son père. Même celui à qui il avait volé la place ne se permettrait jamais de dire des choses pareilles à quelqu’un, bien entendu encore moins à Barbie. Une violente agitation parcouru son ventre, la même qu’elle aurait pu avoir dans un ascenseur descendant d’un étage. Sauf que celle-ci lui donnait carrément envie de vomir, les paroles d’Ugo étaient inhumaines. Elle revoyait toute la scène dans sa tête, quand elle entendit le bruit de l’arme à feu de son père retentir dans la pièce et qu’elle le découvrit défiguré gisant sur le sol, une fois qu’elle se retourna. Ce souvenir resterait à jamais graver dans sa mémoire, aussi affreux était-il. Les larmes commencèrent à monter à ses yeux, elle contenait plus de haine envers l’affront d’Ugo que de la tristesse suite au douloureux souvenir qu’il lui avait infligé. Elle n’allait pas pleurer devant cette tripotée de connards, c’était hors de question. Elle ravala ses larmes, mais pas sa haine. Barbie n’avait rien dit de mal pour qu’on se comporte comme ça avec elle, elle avait seulement félicité cette garce de Beth. Au contraire, elle avait même pris sur elle. Les mots de Cruz qui lui disaient de rester ici étaient inaudibles, elle ne pensait qu’à ceux de son frère. Le temps de reprendre ses esprits, elle sortit quelques secondes plus tard sans avoir prêter attention à ce que disaient ceux qui restaient dans la chambre de la Reine Mère. Comment Charlie pouvait-elle sortir avec quelqu’un qui salissait à ce point la mémoire de Ian, son oncle ? Elle était indigne d’être une Thomas.

Alors que les deux frères Preston étaient en pleine conversation, Barbie fit irruption dans le couloir folle de rage. Si Ugo avait trop pris confiance au point de ne plus se souvenir quelle sombre merde il était auparavant que ce soit dans les So Cool ou même au sein de sa propre famille, elle allait le lui rappelait. Ses nouveaux muscles ou implants, elle s’en fichait clairement. De toute façon, si il la battait -et le diable savait qu’il en était capable-, il serait fichu. Charlie aimait assez sa cousine pour ne pas s’afficher avec son agresseur, sous leurs rivalités entre deux parties de jambes en l’air : l’unité familiale était de rigueur. Elle s’approcha de lui le défiant du regard et lui donna rapidement un coup de genoux dans les couilles, avant de lui offrir un crachat qui, à défaut de sa trajectoire initiale -son visage-, retomba sur son crâne sans bouclettes.

- Pour qui tu te prends à parler de Ian Thomas comme ça, sal rat ? lui cria Barbie.

Tellement le choque avait laissé place à la colère, ses veines devaient probablement ressortir sur son visage habituellement de poupée. Elle était furieuse. Elle aurait pu lui réserver le même sort que Ian s'était lui-même infligé, elle l'aurait fait.  

Spoiler:

A peine avait-il passé le seuil de la porte qu'il entendit les mots « grossesse » et « futur époux »... De quoi le surprendre, et même quelque part le blesser par la violence de cette annonce. Les mots avaient eut l'effet d'un coup de poing, cependant Adrian restait de marbre. Il n'arrivait sans doute pas au bon moment, et en voyant l'expression complètement abasourdie et décomposée de Beth, le choc était partagé. Ce fut la réaction démesurée de Cruz qui le sortit de cette bulle cauchemardesque, alors qu'il lui balançait un truc en lui hurlant de partir. Mais pour qui se prenait-il se sale gamin pourri gâté ? Adrian avait l'impression de se retrouver des années en arrière, devant un petit garçon trop possessif envers sa mère et capricieux au possible : Cruz, enfant. Il fronça les sourcils en fixant celui qui restait son fils, et épousseta sa veste de costume. Son fils n'était plus en âge de se faire disputer et reprendre. Or, il ne semblait pas avoir acquis assez de maturité pour se comporter comme un homme. Adrian allait-il taper un scandale ou se donner en spectacle en remettant les idées en place à Cruz ? Sûrement pas. Le self contrôle était de rigueur, et il n'eut à vrai dire même pas le temps de réellement réagir que déjà, Ugo s'emballait et entraînait son aîné en dehors de la chambre. Il lâcha quelques horreurs au passage, surprenant à nouveau son père d'un tel comportement.

Beth se mit à crier, utilisant le peu de force qu'elle avait encore... Adrian se rapprocha du lit, mais se stoppa aussitôt en entendant la belle demander de l'aide aux jeunes filles encore présentes dans la chambre, niant une éventuelle grossesse. Malgré lui, son regard était plus dur que d'ordinaire, un peu fermé... Il réagissait instinctivement, préférant se protéger d'une quelconque maladresse aussitôt regrettée ou d'un mot de travers. Il ne savait pas vraiment comment gérer le truc, et la voir ainsi, l'entendre prononcer son prénom comme une supplication, lui déchira le cœur. Sans un mot il s'approcha et déposa un baiser sur son front. Il devait parler aux médecins pour en avoir le cœur net... Leurs fils ? Pour l'instant, il ne s'en préoccupait absolument pas. Qu'ils s'entretuent dans le couloirs, va !

Barbie avait encore le cœur qui palpitait à cent à l’heure son pauvre Papa, son nom sali de la sorte dans une discussion d’adolescent. Lui qui était si illustre, charmeur et fêtard était relayé au simple rôle de tâche sang par ce petit con de Preston. Mais finalement la vérité était telle, elle se demandait à qui elle en voulait le plus. Ian de l’avoir abandonné ou Ugo de lui avoir rappelé par ses mots le sang abondant qui avait dégueulé sur le marbre de sa cuisine un lundi matin ? Barbara fronça les sourcils en écoutant Ugo, n’avait-il pas d’autre arguments pour se justifier que de toujours remettre ses actions sur le dos de son frère et inventer des si grosses au sujet de ce dernier. Que Cruz fantasme sur sa mère était une chose, comme Ugo l’avait précisé, c’était le syndrome d’Œdipe. Une théorie freudienne qui était largement rependue chez les enfants, Ugo n’avait pas précisé à quelle époque.

Elle s’apprêtait à rire, pas que se venger de Cruz ne lui aurait pas fait plaisir, mais elle ne voulait pas lui porter atteinte avec des allégations fausses. Mais quand Cruz ne nia pas et prétexta même que sa mère avait aimé ça. Barbie porta sa main à la bouche. Elle crut vouloir vomir, encore. C’était tout simplement dégueulasse et sûrement vrai, horriblement vrai. Même si la vérité était difficile à avaler, Cruz ne se justifiait pas plus que ça. Sa mère était une vraie salope incestueuse, Barbie s’était toujours doutée que cette mégère avait un pet au casque. C’était sûrement Beth qui l’avait violé enfant pour lui retourner le cerveau et lui faire croire qu’il aimerait ça plus tard. Tarée. Barbie n’avait jamais été partisane du mythe de Beth Preston, mais pour le coup il s’effondrait totalement. Elle n’était effectivement pas prête d’accepter la relation de Cruz et Barbie à l’époque. Ses yeux se posèrent sur Cruz, il n’était que la victime le pauvre, d’une criminelle sexuelle. Pourquoi n’avait-il jamais parlé de ses problèmes à la police ou même à elle, son amie, son amante et son ex. Parce qu’il était tout aussi taré que sa mère, la Famille Preston entière était tarée. Elle lui donna une grosse gifle écœurée et sans pitié, ça ne pouvait pas être pire que se complaire à s’introduire dans le vagin ridé de Beth Preston.

- Immonde, cracha-t-elle pleine de dégout. Ton père le sait ? demanda-t-elle sérieusement avant d’ajouter un peu plus de sarcasme. Il participait peut-être…

Dans cette tragédie familiale, Barbie en parfaite égoïste se sentait malgré tout lavée et purifiée. Elle avait si souvent culpabilisé d’aimer sa cousine plus qu’elle ne l’aurait dû. Mais franchement, tout était permis maintenant : No limit, tant qu’elle ne pousserait pas les portes du vice comme ces malades de Preston.

Aussitôt Barbie eut elle parlé que le vilain Ugo lui vomissait sur ses chaussures. Il avait vraiment une dent contre elle, mais elle comprenait qu’il puisse être aussi dégouté d’une telle condition familiale. Elle accepta son mouchoir sans un regard et se baissa pour essuyer ses chaussures. En plus de cette révélation monstrueuse, l’odeur du vomi d’Ugo lui donnait des nausées. Les vomis en général l’appelaient à vomir elle-aussi. Mais encore une fois, elle prit sur elle pour se retenir. Nul doute que dès son retour chez Becca, elle passerait un long moment dans les toilettes à purger les aveux indigestes qu’on lui avait fait ce soir. Comment pourrait-elle les tenir secrets ? Elle regarda Cruz, de ses yeux elle parcourut les traits de son beau visage. Ce soir, il était terrible et magnifique.

- Je me fiche de ta perverse de mère, mais… commença Barbie.

Elle déposa une main sur la joue de Cruz, même incestueux elle avait l’impression de l’adorer toujours autant qu’avant. Si elle ne s’était pas promise de ne plus lui adresser la parole, elle l’aurait embrassé. Elle retira brusquement sa main, retrouvant ses esprits et rejeta un nouveau regard condescendant vers son ancien amant.

- Pour notre amitié passée, je me tairais, continua-t-elle avant de prendre le chemin de la sortie.

Elle n’avait plus rien à faire ici. Comme promis, elle prit la direction de la sortie de secours ne voulant pas avoir à faire aux journalistes. Elle n’avait rien gagné en venant ici, à part un énorme dossier sur l’ancien roi de Degrassi.

Décidément, la place de Chloé ne devait pas être ici. Cette impression ne cessait de s'amplifier, lui donnant l'impression d'être dans un monde parallèle, qui n'était pas le sien. Les codes de ce milieu -s'ils existaient- lui étaient complètement étrangers. Elle était perdue au milieu de tout ce monde, et les réactions de chacun l'amenait à penser qu'elle ferait mieux de tourner les talons et de s'en aller très loin. La colère de Cruz l'avait même fait sursauter... Et puis, après une rapide analyse de ce geste, une certaine douleur lui avait étreint le cœur. Ça n'était peut-être pas un fils blessé qui parlait, mais un amant jaloux. Non seulement ça lui donnait la nausée, mais ça lui faisait un mal de chien de l'imaginer ainsi. Le drame familial Preston la mettait mal à l'aise, et son silence ne pouvait plus durer. Elle n'allait pas faire comme cette hypocrite de Charlie, en interprétant le rôle de la belle-fille parfaite. Non seulement elle n'allait pas au bras d'Ugo, mais en plus elle faisait des tonnes. Chloé avait pu découvrir une Beth bien plus décontractée et naturelle lors de leur dernière entrevue, et l'adolescente avait su apprécier cette simplicité chez elle. Du coup, elle comptait ne pas tricher avec la mère de famille : ces affaires ne la regardaient pas. Elle était là pour Cruz, pour le soutenir...

Et elle avait l'air de donner dans l'inutilité la plus complète, dépassée par les événements. Le père des garçons semblaient ailleurs, un peu secoué lui aussi. Quand aux autres, ils avaient disparus dans le couloirs. S'en était trop pour Chloé. « Je vous souhaite un bon rétablissement Madame Preston. » -lâcha-t-elle d'un coup, brisant le silence qu'elle avait tenu jusqu'ici. Elle esquissa un léger sourire, salua d'un signe de tête Adrian qu'elle avait déjà rencontré à Los Angeles, puis s'excusa. Tout le monde revint près de Beth, alors qu'elle décidait de partir. Cruz rassurait sa mère, lui disant qu'elle allait rester à son chevet. Et que Chloé aussi pouvait demeurer présente à leurs côtés. « Je vais vous laisser en famille, Cruz. » N'ayant elle-même pas de réelle famille, elle n'allait rien faire de plus pour eux si ce n'est les regarder se déchirer de la sorte. Et ça : très peu pour elle.

Tout se déroulait peut-être trop vite pour le père de famille qui s'était attendu à trouver son épouse seule dans sa chambre. Au lieu de ça, il avait eu droit à une scène exagérée au possible, un vase en miettes à ses pieds, une troupe d'adolescents perturbés. Alors que Charlie s'exécutait et emballait les affaires de Beth, que la blondinette les regardait avec des yeux de poisson rouge, Adrian s'était rapproché de Beth. Doucement, il avait caressé son front comme pour essayer de la rassurer. Mieux valait cela que de se concentrer sur ce qu'il venait d'apprendre et donc ce qu'il ressentait par rapport à cette annonce. Il allait lui dire qu'il s'absentait quelques instants pour voir leurs fils mais il n'en eut même pas le temps. Ugo faisait déjà un réapparition très furtive, avec un teint blafard et des yeux vitreux. « Ugo ? » Le jeune homme ne répondit même pas à son père, ordonnant à Charlie de quitter la chambre. Cela ne présageait rien de bon, et alors qu'il allait le retenir pour échanger quelques mots avec lui, Ugo tourna les talons avec sa petite amie et son frère aîné prit sa place.

Adrian fronça aussitôt les sourcils en le voyant se rapprocher du lit de sa mère. Puis il porta son attention sur la jeune femme qui l'accompagnait. Choé -qu'il avait rencontré auprès d'Ugo- s'excusait et annonçait son départ. « Vraiment ? » ...Alors que Beth souhaitait les garder auprès d'elle, chose qu'Adrian ne cautionnait pas tellement. Elle n'avait pas à parler de tout ça avec eux. Surtout pas son fils, tordu comme il était. « Cruz, laisse ta mère se reposer. Rentre avec ta copine. » Il avait volontairement accentué le mot ''mère'', tout en regardant  l'adolescent d'un œil mauvais. Avant que Beth ne le contredise, il s'avança d'un pas et lui montra d'un simple signe de tête la sortie.  C'était un ordre, qu'il le veuille ou non. Il n'était qu'un gamin ici, et il fallait bien qu'il se fasse à l'idée. Il salua poliment l'adolescente, qui pour sa part s'avançait donc vers la porte de sortie, ayant capté le message. « On vous donnera des nouvelles. Ou vous repasserez. » Mais c'était peu probable qu'il la trouve dans cette même chambre.

Littéralement, Chloé avait l'impression de se retrouver en plein milieu d'un combat de coqs... Il ne manquait que quelques spots éblouissants, des parieurs bruyants et des liasses de billets pour donner à cette comparaison un peu plus de réalisme. Les Preston bombaient le torse, cherchaient à s'impressionner mutuellement et se provoquaient, dans une rivalité malsaine. Ils étaient père et fils... Se comportaient comme les amants d'une même femme, en compétition pour conserver les faveurs de la belle. En tout cas, c'était le scénario qui se déroulait dans la petite tête de l'adolescente, qui se montrait de plus en plus écœurée. Elle aurait pu ne pas être présente, ou même ne pas exister, qu'il en aurait été de même aujourd'hui, dans cette chambre d'hôpital. Kennedy avait l'impression d'être invisible : une ombre, un courant d'air... Adrian semblait tout à fait d'accord pour qu'elle s'en aille, demandant même à ce qu'elle embarque avec elle son fils aîné. Cruz restait planté là, n'ayant pas la moindre envie de s'en aller. Il provoquait, riait pour faire part de toute son ironie... Et en un sens, il l'ignorait.

Chloé détourna finalement son regard et fut stoppée malgré elle avant d'avoir pu atteindre la porte de sortie. Le retour d'Edgar venait à nouveau de lui glacer le sang, d'autant plus qu'il avait apparemment appeler du renfort pour épauler la grosse brute qui lui servait de larbin garde du corps. Instinctivement, comme pour se protéger, elle croisa les bras sur sa poitrine et recula de quelques pas pour finir acculée contre le mur. Elle tentait de fuir le regard de l'homme de main de Shawell, mais était tout bonnement incapable de le quitter des yeux, craignant qu'il ne repose ses sales pattes sur elle. Sans un mot, elle adressa un regard à Cruz, mi-apeurée, mi-suppliante... Sans succès puisque ce dernier préféra s'adresser à sa mère, jouant sur la corde sensible du chantage affectif pour qu'elle cède et contredise son époux. Il n'était pas prêt à la laisser, Chloé le devinait sans mal... Aussitôt, elle repensa à ses projets de fuite, d'échappatoire, et le tableau se teinta de noir. Peut-être qu'il ne serait jamais capable de l'emmener loin de tout cette merde et de l'aimer elle... Elle, et personne d'autre.