Quel accueil… glacial. Laureen s’attendait à beaucoup de choses de la part de Lucas mais certainement pas à ça. Il devait être plus qu’heureux de savoir que leur fils avait tenté de mettre fin à ses jours alors qu’elle les gardait, cela devait lui donner un prétexte de plus pour lui montrer qu’en fin de compte c’était elle le monstre de l’histoire et que lui avait en quelque sorte le beau rôle. La jeune femme n’aurait jamais imaginé que son mari puisse être à ce point calculateur mais comme toujours, c’est lorsque l’on croit connaitre une personne que l’on se trompe le plus. Elle avait l’impression que son mari cherchait de plus en plus à ressembler à ces hommes qu’il méprisait tant et avec qui elle l’avait trompé. Des hommes comme Ian ou plus récemment Nicholas par exemple. Si c’était ça sa technique pour essayer de sauver leur couple et reformer leur famille, on peut dire que Lucas avait tout faux. Laureen savait pertinemment qu’elle exagérait les choses mais l’air totalement détaché et froid de Lucas la blessait plus qu’elle ne pourrait jamais le montrer. Et même s’il ne semblait pas au meilleur de sa forme, il donnait l’impression qu’il avait réussit à se faire à la situation, et qu’il s’en accommodait, comme s’il ne voulait plus retourner en arrière et essayer de sauver leur histoire. Tout ça donnait à Laureen des envies de vomir. Elle connaissait la différence entre Lucas et elle. Elle, elle ne se laissait – presque – jamais abattre même lorsque la situation était insupportable à vivre. Elle se doutait que Lucas aurait préféré la voir complètement anéantie, sans aucun repère, le suppliant de la reprendre, mais la jeune femme se devait de rester forte. D’une part parce que c’était dans son tempérament, et d’autre part parce qu’elle devait protéger ses enfants de tout ça. Elle avait pourtant l’impression que ça avait foiré, aux vues de ce qu’avait fait Erwan. Elle n’était plus aussi forte qu’avant, et elle le savait. Mais elle ne voulait pas donner à Lucas une occasion de la faire d’avantage culpabiliser, elle s’en voulait déjà assez comme ça. De toute manière son mari n’avait jamais réellement considéré Erwan comme son fils, même si la tentative d’Erwan semblait avoir fait comprendre à Lucas qu’il faisait fausse route et que leur fils avait besoin de ses deux parents. Laureen s’installa aux côtés du jeune homme sans le regarder, tout en cherchant ses mots. Elle voulait lui montrer qu’elle savait qu’elle était en partie responsable du geste d’Erwan, mais que si elle avait délaissé quelque peu son fils, c’était parce qu’elle ne pensait uniquement qu’à la façon de sauver son histoire avec Lucas, et ce jusqu’à cette fameuse nuit où son fils lui avait fait prendre conscience qu’elle devait se relever parce que ses enfants eux étaient toujours là et qu’ils avaient réellement besoin d’elle.
- Notre fils, ou plutôt mon fils, a voulu… Laureen n’arrivait toujours pas à terminer cette foutue phrase. Foutue phrase qui une fois prononcée lui montrerait alors toute la gravité du geste de leur fils, chose pour laquelle elle ne serait sans doute jamais prête. Un léger frisson parcourut son corps et elle dû se maitriser pour ne pas s’effondrer comme elle avait pu faire ces derniers jours en pensant au geste de son petit garçon. Et je sais que c’est ma faute. J’aurais dû plus m’en occuper, plus m’occuper d’eux, plutôt que de m’acharner à vouloir sauver quelque chose qui ne peut visiblement pas être sauvé. Mais j’ai retenu la leçon et je n’ai plus qu’une seule priorité maintenant, Erwan et les filles.