Eliminer sa rivale. [Chloé (a)]

Elle avait longtemps songer à faire faire le sale boulot par un tueur à gages. Un mec qu'elle paierait non seulement pour tuer à sa place, mais pour se faire prendre à sa place s'il se faisait démasquer. Elle ne voulait pas se salir les mains. Et puis, elle avait réfléchit, et elle aimait Cruz d'une passion tellement dévorante et destructrice, qu'elle voulait se débarrer elle-même de sa rivale. De celle dont Cruz a prononcé le prénom. Quoiqu'il se passe avec Cruz par la suite, elle devait éliminer Chloé. D'une façon ou d'une autre. La solution la meilleure, et la plus radicale, était de la tuer. Ainsi, plus de tentation. Plus rien. Elle serait réduite à un tas de chair bouffée par les vers dans une fosse commune. Une solution, plus soft, consistait à la défigurer, à vie. Cruz ne pourrait donc plus l'admirer, l'aimer, éprouver quoique ce soit d'autre que de l'effroi ou du dégoût en la voyant. Ou encore, la faire partir. Loin. Très loin. Dans un autre pays. Sur un autre continent. Sans laisser d'adresse, ni la moindre trace. Cruz se ferait alors une raison, et l'oublierait. Revenant alors vers Beth et leur fille, ils formeraient la famille dont ils rêvaient tous les 3.
Beth avait donc opté pour la dernière solution. La moins dangereuse. La plus politiquement correcte. Il lui suffisait d'offrir un chèque suffisamment convainquant à la faire partir, sans qu'elle cherche à savoir pourquoi.
Beth méprisait tellement les gens comme elle, qu'elle était persuadée que l'appel du fric suffirait à cette blondasse à accepter de quitter le pays sans demander son reste ! Le plus dur au fond avait été de trouver un prétexte pour la rencontrer. Il était hors de question pour elle de se déplacer sur les lieux de vie de cette fille. Elle devait la faire venir à elle. Elle avait donc fait rédiger une note à sa secrétaire, conviant la jeune femme à un entretien avec Beth Preston-Spencer, afin d'accepter de témoigner en faveur d'un de ses "amis" accusé de vol et de braquage à main armée. Bien entendu, BEth n'était pas l'avocate chargée de cette affaire, elle avait laissé cela à un avocat commis d'office, mais ça, personne n'était sensé le savoir.
Elle était donc dans son bureau, de bon matin, Prudence toujours avec elle. ELle était le portrait craché de Cruz. Et d'elle. Le parfait mélange. Personne autour d'elle n'avait jusqu'alors osé en parler. Après tout, Cruz était le fils d'Adrian, il était donc normal que la petite Prudence ressemble autant à son grand frère.
L'heure du rendez-vous arrivait. Nerveuse, Beth tripotait sa bague de plusieurs carats. Quand elle entendit sa secrétaire frapper à la porte, annonçant que son rendez-vous arrivait, elle se raidit. Se relevant immédiatement, elle se dirigea vers la porte pour ouvrir elle même son bureau et demander à la jeune femme d'entrer, claquant la porte au nez de sa secrétaire. Elle n'allait pas tourner autour du pot avec cette Chloé. Quel nom ridicule d'ailleurs. Après lui avoir fait signe pour s'asseoir, elle prit place elle aussi derrière son bureau et sortit son carnet de chèque.

- Combien pour quitter le continent ?

Chloé tenait fermement entre ses mains cette maudite convocation... Elle jouait même nerveusement avec la feuille de papier, le tournant et la retournant sans cesse, alors qu'elle était confortablement installée au fond du sofa. Elle jetait quelques regards à son téléphone portable qu'elle avait laissé devant elle, sur la table basse, se demandant s'il n'était pas préférable d'appeler et de dire que non, elle ne se pointerait pas à ce fichu rendez-vous. Comme si elle n'avait pas suffisamment à faire avec les Preston. Et puis Beth... Chloé avait quelques appréhensions à son égard. Sans trop vraiment l'expliquer, comme si son rôle de future « belle fille » lui collait à la peau au point d'en ressentir la frousse du personnage aux mots « Belle maman ». Aaah ! Et puis rien ne l'obligeait à témoigner pour ce gars en plus ! Parce que lui, n'aurait pas bouger son derrière pour lui venri en aide si Chloé s'était fait prendre. Egoïste ? Non... Prudente. Témoigner c'était se mettre en avant dans ce genre d'histoire, et ça, elle avait déjà suffisamment de mal à gérer les regards posés sur elle, dès qu'elle sortait le bout de son nez de la maison. Pourtant elle ne lâchait pas ce papier, et le relisait une nouvelle fois. Une fois la lecture achevée, elle se leva d'un bond du sofa, s'empara de son mobile, et récupéra son manteau dans l'entrée avant de filer en claquant la porte derrière elle. Elle s'y rendait... Elle ne savait pas dans quoi elle se foutait, mais elle s'y rendait. Pourquoi ? Imaginez la tronche de Beth en voyant débarquer la jeune femme qui avait refusé de témoigner pour son client, au bras de son cadet... Ah ouais, ça fait tout de suite moins rire ! Enfin Chloé était loin de se douter qu'il s'agissait d'une affaire plus délicate, la concernant. Pas de bol !

Une fois sur place, elle se présenta à la secrétaire, et cette dernière la fit patienter quelques instants. Machinalement, Chloé détailla les lieux d'un coup d'oeil. On lui indiqua le bureau, et c'est Beth qui lui ouvrit la porte, étonnant un peu la blondinette. Elle, elle s'était fait son petit scénario, trouvant Madame Preston dans un siège tellement grand qu'il aurait paru sur-dimensionné pour elle, la rendant gringalette et tout de suite moins impressionnante. Là encore : loupé ! Chloé entra, ne détachant jamais son regard de Beth, qui l'inivita à s'asseoir, avant de se placer à son tour de l'autre côté du bureau.

« Je vous demande pardon ? Combien pour quoi ? »

demanda-t-elle, surprise par cette question en la voyant sortir son carnet de chèque.

« Je ne compte pas m'en aller, Madame Preston. »

Oula... Là, elle sentait le coup fourré. B*rdel.

- Je suis sûre que vous vous fondrez parfaitement dans la masse en Russie. Ou en Pologne, je vous laisse choisir.

Beth, la grande Beth, était de retour. Capable de tout et surtout du pire pour protéger les siens, pour défendre ses intérêts et ceux de ses enfants, de la chair de sa chair. Chloé était une menace. Pour elle, pour son couple, pour Cruz, et elle l'ignorait encore, pour Ugo. C'était le parasite à abattre, à écraser. Et elle allait y arriver. S'il fallait aligner des zéros en plus, elle le ferait. Et s'il fallait employer finalement la manière radicale, elle le ferait aussi. Beth ne reculait devant rien. Au contraire, elle fonçait toujours tête baissée.
Elle regardait Chloé avec un air de dégoût. Elle avait l'impression que cette fille allait transmettre des poux à sa jolie Prudence. Comment Cruz pouvait-elle la comparer à elle. Cette fille n'avait aucune classe, ça ne pouvait pas être une rivale, elle ne pouvait y croire. Cruz avait sûrement balancé son nom pour lui faire mal ,pour la blesser et qu'elle pense qu'il l'avait déjà remplacé. Mais on ne pouvait pas remplacer Beth par une fille aussi vulgaire et avec si peu de classe. C'était un affront pour Beth, et elle ne pouvait le tolérer.
NE laissant pas la chance à la jeune femme de s'exprimer sur le choix de sa destination, Beth continua :

- Le principal, c'est de vous éloigner loin de mon fils et de renoncer à lui, à lui donner signe de vie. Je vous épargne la votre en vous envoyant en Europe de l'Est, soyez au moins reconnaissante de ceci. Alors, combien ? Je peux ajouter 3 autres zéros si vous partez cet après midi même.

Elle avait dit ça sans un sourire, sur un ton directif et sec, sans sourciller ou faillir. Elle était plus froide qu'une statue de marbre. Elle attendait, tapotant son bureau avec le bout de son stylo Mont Blanc, que Chloé lui donne un chiffre. Son prix serait le sien.

Choisir ? Mais il n'y avait rien à choisir du tout puisque le petit cul de Chloé ne quitterait pas Degrassi ! (a) Elle sentait le regard de Beth posé sur elle, et percevait très bien cet air dégoûté qui s'était emparé de ses traits fins, si ce n'est parfait. Peut-être trop parfait d'ailleurs, ce qui aux yeux de Chloé éteignait quelque peu le charme qu'elle pouvait dégager. La perfection c'est si... fade. Enfin passons, la blondinette n'était pas partante pour la regarder dans le blanc des yeux pendant une éternité, à la voir prête à griffonner une somme exorbitante sur son chéquier.

« Reconnaissante ? Et puis quoi encore ?!

Elle se releva de son siège, et poursuivit, prête à faire demi-tour dès qu'elle aurait terminé de s'expliquer. Cette Beth avait un sacrée culot ! Super la pseudo future belle-doche' !

Protéger vos enfants est tout à votre honneur, mais je n'irais nulle part, car je ne suis en rien une menace. Votre argent, vous pouvez le garder. Aucun Preston ne m'achètera. C'est d'ailleurs ce que Cruz ne semble pas comprendre. »

A ces propres mots, elle eut comme l'impression que son coeur se serrait doucement dans sa poitrine. Une violente douleur, causée par de simples et stupides mots. Partir aurait pu être une bonne chose, c'est vrai... Sauf qu'elle avait déjà opté pour la fuite, et que ça n'avait aboutit qu'à un retour remarqué à Degrassi, au bras d'Ugo. S'en aller de nouveau, qui plus est pour monter dans un avion en partance pour la Pologne, ne faisait pas partie de ses projets, et elle espérait bien que Beth allait le comprendre. C'était une femme intelligente, non ? Elle devait avoir saisi ce qu'elle venait de dire tout de même, elle n'était pas complètement attardée...

« J'en ai assez entendu. La prochaine fois ayez le cran de me convoquer pour de vraies raisons , sans mettre tout ça en scène. »

Si elle s'était écoutée, elle aurait ponctué le tout par un simple : « Vos trois zéros supplémentaires, vous pouvez vous les mettre où je pense... » ; mais ça n'était pas très polie envers belle-maman. Elle se contenta d'un semblant de sourire, forcé à souhait, et tourna les talons pour se diriger vers la porte.

Cruz ? Cruuuuuuz ? Cette petite salope avait-elle osé parler ouvertement de Cruz devant la personne de Beth ? En entendant le prénom de son fils, Beth manqua de s'étrangler avec sa salive. Et elle manqua aussi de passer sur son bureau pour étrangler de ces propres mains CHloé. Au moins, le travail serait fait, et le cas Chloé ne serait plus un problème. Mais la jeune femme ne lui en laissa pas l'occasion puisqu'elle s'était déjà levée, prête à foutre le camp de son bureau. Beth ne pouvait pas le permettre, elle ne pouvait pas laisser partir Chloé sans lui avoir fait comprendre que Cruz n'était plus libre, qu'il était lié à elle pour l'éternité, qu'ils étaient des amants maudits et qu'ils ne pourraient jamais aimer une autre personne, surtout pas une junkie paumée comme elle.
Beth se précipita alors vers la porte de son bureau, manquant au passage de renverser le couffin de sa fille. En un temps record elle était dos plaqué contre la porte de son bureau, bloquant ainsi la sortie à Chloé. Passant son bras derrière son dos, elle verrouilla son bureau, prenant soin de retirer la clé et de la glisser dans le creux de sa poitrine. Maintenant, à part sauter par la fenêtre et s'écraser de 15 étages, Chloé n'avait plus aucune alternative, elle devait rester face à Beth et écouter ce que cette dernière avait à lui dire, coûte que coûte.
Un sourire de satisfaction psychopathe aux lèvres, Beth regagna calmement son bureau en faisant un simple geste à Chloé pour lui conseiller de s'asseoir à nouveau face à elle. En quelques secondes elle avait eu le temps de changer de plan. Si l'argent ne suffisait pas, elle donnerait autre chose à Chloé. Parler avec elle lui permettrait de découvrir ce qu'elle pourrait vouloir par dessus tout. Beth ne reculait devant rien, surtout quand il s'agissait de protéger son amour pour Cruz. Elle reprit alors la parole :

- Ne mêlez pas Cruz à tout ça. D'ailleurs, je vous interdis de le revoir, vous m'avez bien comprise. Demandez moi ce que vous voulez, mais ne toucher plus mon fils.

Elle marqua une courte pause, réfléchissant à mille à l'heure, le sang bouillonnant à l'intérieur d'elle. La présence de Prudence en plus lui rappelait constamment qu'elle était séparée de l'homme qu'elle aimait, et il était clairement évident pour Beth que Chloé en était une des responsable. C'est pourquoi, sans réfléchir plus longtemps, elle continua :

- Je vous donne Ugo, mon autre fils, si ça peut vous faire plaisir. Il vous épousera et vous pourrez profiter de notre argent.

Beth regrettait déjà ses paroles en tant que mère d'Ugo, mais la perspective de vivre un amour sans nuage avec Cruz était plus fort que tout, et Ugo malheureusement ne faisait pas le poids dans le coeur de sa mère.

Beth a écrit:: Beth regrettait déjà ses paroles en tant que mère d'Ugo, mais la perspective de vivre un amour sans nuage avec Cruz était plus fort que tout, et Ugo malheureusement ne faisait pas le poids dans le coeur de sa mère.

*Daaaaanse*

Hahahaha dans tes fesses Ugo !!!

[Taré

(a)]

Le seul endroit qu'elle allait définitivement quitter, c'était le bureau de Beth. La pauvre avait apparemment grillé le dernier fusible de bon sens qu'elle possédait, souhaitant envoyer en Pologne la première adolescente qui s'approchait de ses fils -bien qu'elle ne semblait en citer qu'un depuis le début, ce qui n'était pas passé inaperçu aux oreilles de Chloé. Pourtant elle pensa directement à Ugo. Après tout c'était avec lui que Chloé était fiancée, et de fait elle ne pouvait déduire de l'attitude de Beth qu'un élan protecteur d'une mère envers son fils. Alors qu'elle allait sortir de la pièce, s'approchant de la porte, elle fut surprise de la voir débouler devant elle, se plaquant dos à la porte, et prenant soin de verrouiller la porte. Wow... Mais c'était quoi ce délire ? Le problème était si grave pour que la mère Preston en vienne à les boucler dans son bureau, glissant la clé dans son décolleté ; là où bien évidemment Chloé n'irait jamais balader ses mains, yeurk !

Chloé se retourna pour faire face à Beth, ne parvenant pas à effacer la surprise qui semblait s'être installer encore pour un moment sur son visage. Oh que non ! Au contraire même, puisqu'elle capta qu'il n'était en aucun cas question d'Ugo, mais de Cruz. Voilà que Beth lui interdisait de le revoir, et qu'elle pouvait lui demander ce qu'elle désirait du moment qu'elle ne touchait plus à lui.

« Vous êtes sacrément dérangée... »

laissa-t-elle échapper, à voix basse. C'était sans doute de famille. Cruz en tenait lui aussi une sacrée couche, digne petit chouchou à sa maman qu'il était, suivant cet exemple. En échange de cette tranquillité elle lui offrait quoi ? Son second fils ! Non mais là, ça devenait grave !

« Madame Preston, j'ai le regret de vous annoncer que vous avez apparemment loupé un épisode... »

Elle croisa les bras, agacée d'être coincée ici, face à sa psychopathe de future belle-mère, qui n'était même pas au courant de son statut. Allait-elle lui expliquer ? M'ouais... Pour commencer elle secoua légèrement sa main, la relevant au niveau de son visage, mettant clairement en évidence le solitaire qui s'y trouvait. Son cerveau de tarée allait-il traiter correctement l'information ? Elle préféra s'en assurer en se montrant plus claire.

« Je suis déjà fiancée... A Ugo... Donc vos pseudo marchés ne tiennent pas la route. Ouvrez cette porte et laissez-moi partir. »

Invité

Cruz a écrit:

Beth a écrit:: Beth regrettait déjà ses paroles en tant que mère d'Ugo, mais la perspective de vivre un amour sans nuage avec Cruz était plus fort que tout, et Ugo malheureusement ne faisait pas le poids dans le coeur de sa mère.

*Daaaaanse*

Hahahaha dans tes fesses Ugo !!!

Je vous merde profond avec amour bien sûr I love you

Bizarrement, Beth ne releva même pas la réflexion de Chloé sur le fait qu'elle était sacrément dérangée. Et encore, c'était peu dire, mais ça, Chloé ne pouvait s'imaginer à quel point Beth était dérangée. Non, ce qui retint particulièrement l'attention de la redoutable avocate fut l'évocation de fiançailles. Comment son fils indigne déjà marié à une moins que rien, et bientôt père de l'enfant d'une lesbienne pouvait-il se retrouver fiancé à une encore plus moins que rien que Selena ? En effet, Beth avait loupé un épisode, des tas d'épisodes même de cette mauvaise série qu'était sa vie et celle de sa famille. Il y a peu de temps encore, si quelqu'un venait de lui dire tout ce que Chloé venait de lui révéler, Beth serait devenue complètement folle et aurait déjà appelé un pensionnat au TIbet pour y envoyer Ugo contre sa volonté. Mais les choses avaient changé, l'enjeu n'était plus le même.
L'enjeu, c'était de retrouver Cruz. Et ce que Chloé venait de lui annoncer était la clé de cet enjeu. S'il le fallait, Beth pouvait tout organiser pour que Chloé et Ugo se marient le lendemain, écartant ainsi à jamais le cas "Chloé" de son histoire avec Cruz. C'est pour cette raison que Beth réagit de façon on ne peut plus surprenante à l'annonce de cette bombe, de cette nouvelle on ne peut plus innatendue.
N'attendant pas une minute de plus, elle fit voler son chéquier de l'autre côté de la pièce, et ouvrit un tiroir à sa droite d'où elle sortit un énorme dossier, débordant de brochures, de magazines en tous genres et marqué en gros : MARIAGE. ELle se précipita à l'ouvrir, et farfouilla dedans, à la recherche de papiers qu'elle avait toujours rêvé d'utiliser un jour pour l'un ou l'autre de ses fils, ou pour son remariage. Elle les tendit à Chloé, et dit :

- Fiancés ? Et quand comptiez-vous me mettre au courant ? Heureusement, je suis organisée, voici de quoi réserver le meilleur traiteur du pays et les fleurs pour la réception. Je me charge d'appeler mon styliste pour la robe et le costume. Quant au divorce d'Ugo, ça ne sera plus un problème dans 24 heures.

Oui, Beth en était arrivée là. Elle était prête à accepter une belle fille comme Chloé, elle qui avait eu tant de mal à accepter le mariage de Selena et Ugo, plutôt que de voir Chloé tourner autour de Cruz. Au moins, Ugo serait un modèle, un martyr qui mourra en héros dans quelques années.

[Avec amour ? Les chanceux ! Razz

]

Quelle idée de lui annoncer ça comme ça, le plus naturellement du monde, alors que quelques minutes auparavant elle tentait de lui faire quitter le pays pour la Pologne, afin de l'éloigner de son fils. Certes, il ne s'agissait pas du même, mais comme Beth faisait tout pour véhiculer l'image de la mère modèle, de la femme parfaite, Chloé ne pouvait que croire qu'elle se comportait en mère poule sur protectrice avec ses deux enfants. Et puis franchement, si elle voulait vraiment se débarrasser d'elle, il suffisait de l'enfermer dans la même pièce que Cruz, vu les dernières altercations qu'ils avaient pu avoir. C'est bien simple, elle avait failli mourir d'une balle entre les deux yeux. Alors Bath, pourquoi ne pas faire des économies sérieusement ? De toute façon, Chloé ne voulait pas de cet argent, et ce encore plus quand elle pouvait lire le nom des Preston sur ce chèque, qu'elle aurait considéré comme un vulgaire bout de papier. La jeune Kennedy avait décidé de ne plus se laisser influencer, de ne plus laisser les autres lui dicter sa conduite ou encore choisir à sa place ce qu'elle devait faire ou non. Certes, ça avait toujours fait partie de son tempérament, mais jamais encore elle ne l'avait tant appliqué que maintenant, une fois de retour à Degrassi.

Forte, elle pensait l'être... Alors qu'elle n'était qu'une ado fragile et un peu paumée. Tarée aussi, elle croyait l'être après toutes les conneries qu'elle avait pu faire ; mais là, la femme qui lui faisait face battait tous les records à ses yeux ! Chloé s'était attendu à une réaction plutôt contenue, quelque peu sur la défensive, cherchant alors à protéger son fils cadet, tout autant que l'aîné. Pire même, elle aurait pu s'attendre à se ramasser une gifle, franche et spontanée. Mais non. Rien de tout ça ! C'était peut-être même pire ! Elle la vit sortir un énorme dossier, et quand elle lui tendit des papiers et diverses brochures, Chloé manqua de s'étouffer. Elle était si pressée que ça ? Deux minutes auparavant elle la chassait, lui interdisant de revoir Cruz, et là elle l'accueillait à bras ouverts dans la famille, lui offrant volontiers la place de belle-soeur ? Non mais fallait qu'elle consulte la pauvre femme...!

« On va se calmer madame Preston !

dit-elle, d'une voix posée, comme si elle s'adressait à une attardée, ou encore un véritable danger. Qui sait... Elle allait peut-être passer à un autre stade, tout aussi flippant, se jetant sur elle armée d'un coupe papier, la menaçant de la planter si elle n'épousait pas immédiatement son fils. Bah quoi ? La folie réserve pas mal de surprises ! Elle lui tendit ses papiers.

C'est eum... Très gentil de votre part. Les brochures, le traiteur, et même le divorce. Et avec Ugo nous n'hésiterons pas à vous demander des conseils et de l'aide, mais... Ce n'est pas non plus prévu dans l'immédiat. On...

Elle cherchait une excuse en béton pour que cette timbrée la laisse enfin partir. -

On ne veut pas précipiter les choses, ou du moins on tient à les faire correctement. Ne pas faire de bêtises. En tant que maman assez protectrice, vous ne devez rien avoir contre ça. »

Elle la fixait, soutenant son regard, avec un air qui aurait pu se traduire par un simple : « Ose dire le contraire et tu passeras pour... » Non, de toute façon, en tentant d'offrir Ugo contre une tranquillité assurée pour Cruz, elle avait déjà fait bien pire. Punaise il fallait qu'elle sorte et vite ! Il fallait qu'elle appelle Ugo !

Beth fulminait. Décidément, les seules à s'opposer à elle et à son autorité avaient toujours été ses belles-filles. Même ses fils ne se montraient pas aussi contrariants. Mais Beth ne s'était jamais écrasée et ce depuis sa plus tendre enfance. Elle avait été élevé en enfant tyran, elle mourrait en femme tyrannique. Et elle n'allait pas commencer à culpabiliser en face d'une stupide blondinette qui ne s'habillait même pas en Prada. Et puis, jamais quelqu'un de normalement constitué n'avait refusé d'épouser l'un des fils Preston, c'était être complètement fou. Et là, Chloé se payait le luxe de refuser les services de Beth pour être la nouvelle femme d'Ugo Preston en moins d'une semaine. Elle ne pouvait tolérer une telle arrogance.
Mais Beth était intelligente, et elle savait se contrôler même si à l'intérieur son corps ressemblait à un champ de bataille de Bagdad. Elle n'allait donc pas tout de suite étrangler Chloé, pour ça, elle comptait sur Ugo qui finirait bien un jour ou l'autre par péter à nouveau un câble et tenterait de tuer Chloé pour retourner vivre avec l'une de ses deux ex ou une nouvelle pétasse décolorée. Toutefois, elle allait quand même faire comprendre à Chloé qu'elle n'avait pas le choix, qu'elle devait épouser Ugo et vite, si elle ne voulait pas se retrouver condamnée à mort.
Elle pinca ses lèvres, ce qui était mauvais signe chez la mère de famille, croisa ses doigts et les fit craquer, signe du petit rituel qui précédait toujours une discussion assez houleuse comme elle le faisait avec ses enfants depuis toujours. Regardant Chloé de haut, elle lui dit :

- Ecoutez moi bien, vous n'êtes pas en position de marchander. Ugo a suffisamment souffert, et Cruz aussi, alors vous allez faire ce que je vous dis, aller essayer votre robe et sourire aux journalistes, et tout se passera bien pour vous.

Alors qu'elle avait déjà décroché son téléphone pour appeler son styliste personnel, le regard de Beth se posa sur la photo de Cruz et son coeur s'emballa. C'est pourquoi, raccrochant, elle ajouta :

- Et si jamais vous tournez à nouveau de Cruz et brisez mon co... le coeur de mon petit dernier, vous le regretterez amèrement. Est-ce que je me suis bien faite comprendre ?

Chloé restait dans ce semblant d'attente, comme un satané suspens présent dans un vulgaire film de série B, qui portant à su captiver notre attention, au point de ne pas décrocher de l'écran. Pour le coup son regard ne quittait pas Beth, qui l'inquiétait de plus en plus. Car dans sa petite tête, Chloé n'avait pas vu les choses ainsi. S'il y avait bien quelque chose qui pouvait la faire flipper c'était une telle situation, elle qui avait déjà fait face à bien pire par le passer. Certes, ça n'était en rien comparable à un réveil mouvementé organisé par Cruz, mais c'était une toute autre forme de trouille. Madame Preston accélérait les choses, et cela ne rendait cette vulgaire comédie que plus sérieuse et concrète. Organiser un mariage... Quelle horreur ! Ugo avait souffert, ça bien évidemment elle le concevait parfaitement, et reconnaissait là un discours de maman attentionnée et protectrice et non de tarée prête à tout, jusqu'à refiler son cadet pour préserver l'aîné. D'ailleurs, c'était généralement l'inverse qui se passait, le petit dernier se faisant chouchouter. Pour sa part, ça avait été comme ça, et en tant que la plus âgée, elle avait été mise à la porte pour régler les conflits familiaux. Enfin elle ne cherchait même plus à comprendre Beth, cette femme avait un sérieux souci. De plus, en quoi les maux et souffrances de Cruz la concernait ? Il ne faisait que la traiter de traînée à chaque fois qu'ils se croisaient, donc au pire, elle se foutait pas mal de son état !

« Vous comptez me menacer longtemps ? »

demanda-t-elle calmement, n'arrivant plus à suivre cette mère de famille. Carrément schizophrène la pauvre. Un coup elle se montrait gentille en voulant l'aider ; deux secondes après elle la menaçait. Le seul moyen pour Chloé d'échapper à tout ça, c'était d'approuver, afin qu'elle la laisse finalement quitter ce satané bureau dans lequel elle n'allait plus jamais oser entrer.

« J'ai compris, c'est bon... »

-répliqua-t-elle, en affichant une mine des plus sérieuses, ne cherchant pas à ce qu'elle pète de nouveau un câble. Bon on est sympa, maintenant on se lève et on ouvre la porte ! Merde à la fin !

Beth regarda fixement Chloé quand elle lui dit avoir compris. Finalement, les choses s'étaient passées d'une toute autre manière de ce que Beth avait imaginé, et elle se dit que ce n'était pas si mal. Elle avait bien presque accepté Selena comme belle-fille, Chloé ne changeait pas trop, elle devrait juste s'habituer au changement de prénom et de couleur de cheveux. Et pour avoir Cruz rien qu'à elle, elle était prête à tant de sacrifices ...
Elle afficha donc un sourire satisfait, s'apprêtant à sortir de son décolté la clé qui délivrerait enfin Chloé de son nouvel enfer. La jeune femme l'ignorait, mais elle venait de signer un pacte, de vendre son âme au diable. Entrer dans cette famille était se condamner à une existence entière de souffrance. Mais ça, Beth s'était bien retenue de le lui avouer. Après tout, Chloé ne devait pas être si idiote que ça, et lisait comme tout le monde les journaux : être un ou une Preston-Spencer, c'était un métier à part entière, un rôle à jouer, faire semblant d'être heureux aux yeux de tous, quand on a en réalité le coeur brisé en mille morceaux. Si elle n'en avait pas encore conscience, elle s'en rendrait vite compte par elle-même une fois le mariage prononcé. Mais, avant de sortir la clé, Beth pensa à Ugo. ELle ne savait même plus à quand remontait la dernière fois qu'elle l'avait vu. La dernière fois où elle lui avait parlé, où elle l'avait serré dans ses bras et dit qu'elle l'aimait, quelques soient ses erreurs.
A bien y repenser, cela n'avait pas du se produire depuis les 3 ans d'Ugo quand ce dernier avait réussi à passer une nuit entière sans faire pipi au lit. Ces derniers mois avaient été assez houleux et tendus, et Beth avait été à plusieurs reprises déçue par le comportement de son fils et blessée par son attitude à son égard, mais ses problèmes a vec Cruz et la naissance de Prudence avaient pris le dessus et Ugo était passé un peu aux oubliettes dans la vie de Beth.
C'est pourquoi elle eu envie de prendre de ses nouvelles, autrement que par l'intermédiaire de la presse ou de son abruti de détective qui n'avait même pas réussit à découvrir qu'Ugo était fiancé à Chloé ...
Regardant Chloé avec un tout autre regard que celui de la femme d'affaire redoutable, elle lui demanda à mi-voix :

- Comment va Ugo en ce moment ?

Beth impressionnait Chloé, et pourtant il en fallait beaucoup pour que ce soit le cas. En quoi frôlait-elle la frontière entre le respect et la peur ? Tout simplement parce qu'elle avait engendré un gamin complètement dingue, trop passionné -mais aussi capricieux , puisqu'en se penchant sur le cas de Cruz, on ne pouvait pas louper ce détail typique à tous les enfants chouchoutés et pourris gâtés- pour ne pas tomber dans l'excès, si ce n'est la folie. Elle était la mère de ce mec qui s'était pointé chez elle avec une arme, et elle n'osait même pas imaginer de quoi elle était capable. Il suffisait de voir comme elle s'était littéralement jetée sur la porte du bureau pour l'empêcher de sortir, l'enfermant ici-même en s'assurant de garder la clé sur elle (et on ne pouvait pas faire mieux pour le coup... -_-") Certes, elle pouvait toujours garder à l'esprit qu'Ugo était aussi son fils, mais étant le plus petit, il était difficile de ne pas se dire que son aîné avait hérité de ces légers soucis et de cette instabilité, et qu'en somme son fiancé avait été en quelque sorte épargné. Oui, oui, ça fonctionnait à plein régime dans la petite tête de Chloé, cherchant un moyen de se sortir de ce pétrin, alors que Beth dictait sa petite loi.

La seule solution ? Approuver ; la laisser se faire ses films, imaginer ce mariage et tout ce qui en découlait. Elle préférait de loin qu'elle demeure dans ces illusions plutôt que de sentir ses mains parfaitement manucurées encercler son cou pour le lui tordre, tout ça parce qu'elle ne voulait pas quitter le pays pour s'éloigner à jamais de ses -ou plutôt « son »- fils. Bien que Chloé n'avait pas une vie des plus palpitantes, elle y tenait tout de même, et souhaitait quitter ce bureau saine et sauve. Le regard de Beth changea à nouveau, et cette façon qu'elle avait d'aller et venir dans ce large éventail d'expressions, d'attitudes et d'émotions avait le don de déstabiliser Chloé. Si bien qu'elle ne pensait plus qu'à une chose : expliquer tout ça à Ugo. C'est qu'elle ne s'était pas imaginée mariée si vite, croyant sans doutes que tout ceci aurait mis un certain temps à se préparer, à se mettre en place, jusqu'à qu'un nouvel échappatoire s'offre à eux. Elle lui demanda comment allait son fils, et à cette question, Chloé haussa les épaules.

« Il va bien... Son retour à Degrassi a beaucoup fait parler, et plus particulièrement à cause de moi je le reconnais, mais ça va. Pourquoi ne pas s'adresser directement à lui ? Si vous ne pouvez pas le voir, il reste encore le téléphone.

-dit-elle d'une voix posée, sans la moindre envie de l'agresser verbalement. A son tour elle s'interrogeait. Elle était vraiment bizarre dans son rôle de maman.

Beth n'était plus du tout dans le même état d'esprit qu'au début de son entrevue avec la jeune fille qui allait vraissemblablement devenir sa nouvelle belle fille. Et cette nouvelle lui avait fait réaliser à quel point son petit cadet lui manquait. Lui qui avait été le petit dernier, le petit chouchou pendant 17 ans, celui qu'elle surprotégeait comme une mère poule, telle une louve qui protège sa jeune portée, lui manquait cruellement. Certes, elle l'avait sacrifié, en le laissant partir loin d'elle, loin de la famille, mais c'était parce qu'à l'époque, elle ne pouvait se permettre de faire autrement. Enceinte de Cruz, elle ne pouvait pas obliger Ugo à rester sous son toit, par peur que le jeune ado découvre tout. Et puis, elle ne se sentait plus digne d'être mère. Mais depuis la naissance de Prudence, son instinct maternel avait repris le dessus et elle se sentait prête à renouer avec son fils. Et pas seulement pour elle, mais aussi pour sa fille, qu'elle ne voulait pas voir grandir sans connaître son frère, ou son oncle. ELle ne savait pas elle même tant la situation dépassait la normalité.
Quoi qu'il en soit, la présence de Chloé dans son bureau était selon elle sa dernière chance pour retrouver son fils. Pour qu'ils se pardonnent mutuellement, car si Beth avait tendance à se sentir seule responsable dans l'échec de sa relation avec Ugo, il ne fallait pas oublier que celui-ci avait aussi fait beaucoup de dégâts autour de lui et que sa mère en avait souffert. Le truc, c'était qu'à l'époque, Cruz était avec elle pour l'aider à surmonter tout ça, et à oublier dignement son dernier fils.
Ravalant sa fierté de mère parfaite, de femme autoritaire, Beth déglutit avant de prendre la parole en réponse à la question de Chloé qui avait appuyé là où ça faisait mal.

- Justement ... Ugo ne veut plus me répondre apparemment. Je veille sur lui ... autrement.

Elle posa un regard sur sa fille qui dormait alors paisiblement. Elle attrapa alors un cadre sur son bureau, le vida de sa photo et la tendit à Chloé.

- Il n'a même encore jamais vu sa petite soeur. Je suis sûre que si ça vient de vous, il l'acceptera ... Prudence n'a pas demandé à attérir dans cette famille, elle mérite elle aussi de connaître Ugo.

Elle n'avait pas ajouté "je vous en prie", mais ce simple aveu était comme supplier Chloé. Beth était totalement démunie dans son rôle de mère avec Ugo, et Chloé semblait être la clé. La seule personne qui serait peut être capable de réconcilier mère et fils, unifiant à nouveau la famille Preston. Du moins Beth l'espérait secrétement.

Se retrouver en face de Beth, à cet instant précis, c'était comme avoir l'impression de marcher sur des oeufs, prudemment certes, sans pour autant éviter toute casse. Chloé cherchait à la limiter, mais ne savait pas tellement comment s'y prendre, puisqu'elle changeait d'attitude environ toutes les trois minutes et demie. De son projet consistant à envoyer la blondinette en Pologne, elle était passée par le chèque, le coup de la clé, l'annonce du divorce et mariage instantanés, et pour finir par Ugo... S'en devenait sacrément déroutant et flippant, la jeune Kennedy en arrivant à se demander si elle allait finir par être balancé par la fenêtre suite à un petit coup de speed et nouvel élan de colère de sa future belle-mère. Oh mon dieu... Rien que ce terme lui filait des frissons. Dans leur petite comédie, Chloé n'avait jamais réellement pris conscience de cet hypothétique aboutissement, le percevant comme trop lointain pour être sérieusement pris en compte. En quelques instants Beth avait non pas passé la seconde, mais la cinquième, accélérant toute cette mise en scène de façon inattendue et brusque, surprenant la jolie blonde. Ok, elle s'était très bien faite à cette bague, qu'elle ne quittait plus tout comme son rôle qui lui collait presque à la peau désormais ; mais ça n'était pas une raison pour se voir mariée si vite. Comment allait Ugo ? S'il savait ce qui venait de se passer, il se sentirait peut-être de suite moins bien, non ? Enfin pour sa part, c'était bien le cas. Elle ne pu s'empêcher de la remercier d'avoir ainsi changer de sujet, et ce simplement par la pensée. Bien que cette question l'intriguait un peu, ayant eu droit à une parfaite et magnifique démonstration de son rôle de mère poule, bien trop protectrice. N'appelait-elle jamais Ugo pour avoir de ses nouvelles ?

Non, il ne répondait plus... Ah... Pas de bol hein ! En même temps, si elle lui tapait des crises comme celle-là, pas étonnant qu'il se soit barré chez son père le petit bouclé ! Sans un mot Chloé s'empara de la photo que lui tendait cette triste mère de famille. Elle y jeta un coup d'oeil, découvrant alors la jolie bouille de la petite dernière des Preston. Elle releva alors le regard vers Beth, lorsque cette dernière lui avoua qu'Ugo ne l'avait encore jamais vu, et qu'elle tenait à ce que sa fille le connaisse, mettant en avant l'argument premier que la petite n'avait rien demandé et ne devait pas subir la moindre conséquence de ce qui avait pu se passer bien avant sa naissance. Chloé le comprennait très bien, malgré le fait que la tendresse, la compassion et surtout les minimoy's n'avaient jamais été son fort. Elle recula de quelques pas, se dirigeant à nouveau vers la porte qu'elle espérait bientôt voir grande ouverte, sans pour autant lui tourner le dos.

« Je ne vous promet rien quand à sa réaction, mais je la lui donnerais. »

Elle glissa le cliché dans la poche intérieure de sa veste, et lança un nouveau regard à Beth, lui faisant comprendre que désormais il était vraiment temps qu'elle la laisse s'en aller.

Beth avait bien compris que Chloé cherchait par tous les moyens à écourter l'entrevue avec sa future belle-mère. Mais si Beth était en ce moment très touchée par l'absence de son fils dans sa vie, elle n'avait en rien perdu son côté sadique et ne comptait pas rendre de si tôt sa liberté à la belle blonde. Elle voulait s'assurer de plusieurs choses auprès de Chloé, histoire de pouvoir désormais dormir sur ses deux oreilles. Certes, c'était un peu prendre Chloé pour une autiste, mais elle adorait faire passer les gens pour des personnes à capacités mentales réduites, ça lui procurrait une sorte de satisfaction personnelle, elle agissait ainsi depuis des années, depuis qu'elle savait parler en fait, et même avant, elle arrivait, rien que par le regard, à réduire les gens à des sous-hommes.
C'est pourquoi elle ne se contenta pas de la réponse de la blondinette, et de par le regard, l'incita vivement à venir se rasseoir en face d'elle. Une fois que cela fut fait, Beth se pencha sur son bureau et commenca à récapituler.

- Merci. Nous sommes donc bien d'accord. Vous vous engagez à ne plus approcher Cruz si vous souhaitez épouser mon fils. Cela signifie quesi un jour vous croisez Cruz dans la rue, vous changez de trottoir. En épousant mon fils, vous ferez tout pour que ce dernier accepte de me revoir, et de connaître sa soeur. Il est très têtu mais je suis sûre que vous aurez les arguments pour le pousser à faire ceci. Et si toutes ces choses ne sont pas respectées, c'est légitimement que je vous enverrai dépouiller une autre famille riche sur une autre planète, et vous regretterez de ne pas avoir accepté plus tôt mon chèque pour les pays de l'Est. Mais bien entendu, si vous respectez votre part du contrat, tout se passera bien et je serai très heureuse de vous accueillir dans notre famille, après tout, j'ai bien accepté une lesbienne enceinte et une jeune mariée d'à peine 17 ans.

Beth se versa une tasse de café sorti tout droit de son thermos gravé à ses initiales, proposant une tasse également à son interlocutrice, puis elle ajouta :

- Nous avons pour habitude de déjeuner tous les dimanches en famille. A midi précisément. Ne soyez pas en retard, et essayez de convaincre Ugo de ne pas faire un énième scandale en s'attaquant à Cruz, ça devient lassant.

Beth avait bien pris soin de ne jamais évoquer Cruz comme son fils. Elle voulait désormais que la distinction se fasse petit à petit. Souriant à Chloé, elle lui tendit sa tasse de café sans même avoir attendu la réponse de la jeune femme, et lui demanda tout naturellement :

- Sinon, vous faites quoi dans la vie ?

Rien à faire, Beth n'allait pas la laisser tranquille de si tôt ! Chloé espérait vraiment qu'elle lâche prise et se décide à la laisser partir. D'ailleurs tout chez la blondinette montrait qu'elle ne tenait plus et désirait plus que tout quitter cet endroit. Elle n'avait rien à dire à Beth, et l'attitude de cette dernière, se montrant si changeante et instable, ne la rassurait pas. Une fois vers la porte, quand elle croisa son regard, elle comprit que sa tentative serait vaine. Elle était prise au piège, coincée dans ce satané bureau, et commençait à se demander si elle ne préférait pas, finalement, que Beth pète un câble et la balance par la fenêtre. S'il y avait bien quelque chose qu'elle ne supportait pas, c'était de se sentir ainsi contrainte, retenue et prisonnière. Lorsqu'on la forçait à faire quelque chose, ne serait-ce que d'écouter ou d'accomplir la moindre tâche, elle retrouvait instantanément ce sentiment d'infériorité, certes amoindris mais ravivant toujours des images blessantes dans son esprit, alors qu'elle pensait vivre ses derniers instants, la peur et la colère ; le dégoût. Elle tenait à sa liberté, et être ainsi condamnée à faire face à Beth ne la réjouissait pas. Pourtant elle n'avait pas le choix, et si elle souhaitait en finir mieux valait pour elle de ne pas se rebeller. C'est fou ce qu'un nom, une simple situation, peut faire !

« Vous me prenez pour une demeurée Madame Preston ? J'ai compris, et vous n'êtes pas obligée de faire un tel chantage avec moi. J'évite votre fils aîné depuis un certain temps maintenant, alors vos petits marchés, vous pouvez les remballer.

-Elle ne pesait plus vraiment ses mots, parce qu'au fond elle en avait marre, et ne se retenait plus pour le lui faire comprendre. Ok, elle était Madame Preston... Ok, elle était sa future belle-mère... Mais stop ! Elle n'était rien d'autre, alors elle allait redescendre de son petit trône, et cesser cette comédie dans laquelle elle aimait se voir en femme forte et autoritaire.

Je ne cherche pas à vous dépouiller. Si j'étais là pour l'argent, je serais déjà dans un avion avec votre chèque. »

Les derniers mots de Beth ne purent que la blesser. Légèrement, mais la douleur se faisait tout de même sentir. Que voulait-elle dire ? Après la lesbienne, la gamine, elle pouvait accepter une fille dans son genre, la petite junkie un peu paumée ? Elle leva les yeux au ciel, cherchant à ce que tout cela lui passe au-dessus de la tête.

S'en suivit ce qui sonnait comme des consignes, des ordres. Le repas de famille hebdomadaire ? Elle était sérieuse là ? Elle allait devoir supporter la mère ET le fils chaque dimanche midi ? Non mais c'était une blague là ?! Sans un mot elle s'empara de la tasse que lui tendait Beth, mais la posa sans attendre sur le bureau, n'ayant pas le moins du monde besoin de caféine. Ses nerfs étaient suffisamment à fleur de peau en ce moment. Et voilà qu'elle voulait entamer un semblant de discussion. Chloé avait l'impression d'être en plein délire, un affreux cauchemar qui n'avait visiblement pas de fin.

« Je vais au lycée... Que voulez-vous savoir à part ça ? Si mes vaccins sont à jour ? La date de mon dernier rendez-vous chez ma gynéco' ? Ce que j'ai mangé hier soir peut-être...?! »

Elle se stoppa, prenant conscience qu'être désagréable ne l'aiderait pas. Doucement, elle passa une main sur son visage et soupira.

« Excusez-moi, je suis fatiguée, et donc pas très aimable... »

Mais bien sûr !

Beth avait désormais de nouveaux chats à fouetter. Son détective privé en premier lieu. Il n'avait même pas été fichu de bien la renseigner quant aux nouvelles concernant Ugo, et elle ne pouvait l'admettre. Alors que Chloé s'emportait en répondant à Madame Preston, Beth n'en fit même pas état, puisqu'elle était en train de tapoter sur son Iphone dernier cri un SMS incendiaire à ce putain de détective l'informant que d'une, il était viré, et que de deux, elle lui collait un procès. Autant dire que le pauvre homme était fini, et n'avait d'autres solutions que d'aller dès à présent pointer au chômage s'il voulait avoir de quoi faire vivre sa famille pendant encore quelques semaines. Bien que n'ayant absolument pas besoin du moindre centimes, Beth aimait plumer les gens qui selon elle le méritait, et ce crétin en était le digne exemple.
Cependant, Beth entendit la dernière partie du discours de la jeune femme qui se trouvait assise en face d'elle. Elle trouva l'attitude de la jeune femme très bizarre. Pourquoi lui parlait-elle de vaccin, de gynéco et de bouffe ? Et pourquoi ne buvait-elle pas son café ? Et pourquoi évoquait - elle de la fatigue ? Prise de panique, Beth vit un schéma qu'elle ne connaissait que trop bien se reproduire. Chloé était enceinte. Comme Tallie, elle allait enfanter un Ugo ou une Uguette junior. Ce n'était pas possible, il fallait vraiment que son fils fornique avec n'importe qui et sans capote ! Beth leva les yeux au ciel, comme blasée. Ugo lui avait déjà tout fait, pensait-elle. Mais s'il essayait de se prouver qu'il n'était pas stérile, il aurait pu s'arrêter avec le cas Tallie, car foutre en cloque une lesbienne était bien la preuve que son appareil reproducteur fonctionnait bien.
Crachant alors la gorgée de café qu'elle était en train de boire dans sa tasse, Beth regarda Chloé avec un air grave :

- Chloé, êtes-vous ENCEINTE ?

Heureusement que Chloé n'avait pas touché à cette tasse de café, car elle aurait manqué de s'étouffer en entendant la question de Beth. Surprise, elle en eu le souffle coupé, se figeant face à elle en ouvrant de grands yeux étonnés. Avait-elle bien entendu ? De quoi ?! Elle ?! Enceinte ?! Eum...

« Pardon ? Non ! Bien sûre que non ! »

En se repassant la scène, se remémorant ce qu'elle venait de lui dire, elle fit très vite le rapprochement, établissant les liens entre chaque pseudo indices l'ayant mené à de telles suspicions, et Chloé secoua doucement la tête, se maudissant d'avoir pris pareils interrogations. Si elle avait parlé de son dentiste à la place de sa gynécologue, forcément, ça n'aurait pas donné le même résultat ! La bouffe, le médecin, la fatigue et ses répliques cinglantes, provenant en réalité de cet indescriptible agacement qui allait finir par avoir raison d'elle si elle restait enfermée ici encore longtemps. Chloé soupira doucement et reprit :

« Je ne suis pas enceinte Madame Preston. Je suis simplement fatiguée, et j'ai cité ces exemples comme j'aurais pu vous parler de mon dernier cours de maths ou encore du dernier truc que j'ai regardé à la télévision... »

Tout de suite, Beth s'emballait, s'imaginant sans nul doute que la blondinette finissait avec cette bague autour du doigts tout ça parce qu'elle attendait un futur Preston ! C'était aux yeux de Chloé encore pire que de la traiter comme une banale croqueuse de diamant, ici que dans l'espoir d'amasser un maximum de fric, pillant le compte de sa nouvelle famille... Même si ça avait été le cas, elle n'en serait pas arrivé là, se débrouillant autrement et surtout toute seule. Quoique... Ca elle n'en savait rien, fléchissant souvent lorsqu'elle se voulait d'apparence pleine d'assurance.

« Et le café, je n'ai simplement pas l'habitude d'en boire... »

-ajouta-t-elle, comme pour appuyer ses arguments. Elle ne pu que soutenir le regard grave de sa future belle-mère, faisant part de toute la franchise dont elle était capable d'exprimer à cet instant précis. Ce qu'une simple entrevue avec Madame Preston pouvait être éprouvante mine de rien !

Décidément, Ugo avait le chic pour se trouver des nenettes prêtes à prendre 15 kg et des vergétures, tout ça pour toucher le million. Cela l'exaspérait. Encore plus que le mensonge honteux de Chloé qui niait sa grossesse. Peut-être ne mentait-il pas, en effet, mais pour Beth, il était évident qu'elle était enceinte. D'ailleurs, son visage légérement bouffi en était la preuve flagrante. Si elles s'étaient rencontrés 9 mois plus tôt, Beth aurait pu lui fournir sur le champ un test de grossesse, elle l'aurait forcé à pisser dessus, là, dans son bureau, derrière le paravent. Pour en avoir le coeur net. Seulement, depuis que Beth avait eu la fille qu'elle désirait plus que tout au monde, elle ne faisait plus de test de grossesse deux fois par jour, et n'avait donc plus ce genre d'instruments sur elle.
Tant pis, elle agirait autrement. Elle attrapa son répertoire électronique, recherchant les coordonnées de son obstétricien personnel. Elle envoya une note à son assistante, par le biais d'internet, demandant à cette dernière de prendre de toute urgence un rendez-vous pour la jeune femme qui se trouvait dans son bureau. Pour le jour même. Puis, toisant Chloé du regard, essayant de percevoir d'autres symptômes qui paraissaient évidents, comme une poitrine gonflée, des hauts le coeur, ou même déjà le masque de grossesse, elle lui dit :

- Taisez-vous. Et si vous n'êtes pas enceinte, c'est un certificat de virginité que vous viendrez m'apporter, si vous voulez toujours épouser Ugo Preston. On a eu assez de scandales dans la famille.

En même temps qu'elle parlait, elle reçu en message instantané que le rendez-vous était pris, pour dans 45 minutes. C'était parfait. Le temps de sortir des embouteillages et de sortir du centre ville, Chloé y serait pile à l'heure. Beth la ferait conduire par une de ses voitures. Elle se leva, et se dirigea vers la porte :

- Une de mes voitures vous attend en bas, vous avez rendez-vous avec le meilleur gynécologue dans 45 minutes. Il me faxera les résultats.

Une véritable famille de tarés... Les Preston n'étaient qu'une bande de dingues, bons pour être enfermés dans des cellules capitonnées ! Ca partait très loin cette histoire, peut-être même trop loin au goût de Chloé. Face à Beth, qui désormais la soupçonnait d'être enceinte, elle n'avait plus rien à dire. Se défendre ? Mais de quoi ? Elle n'était pas enceinte. Point final. Il n'y avait rien à ajouter à cela. Ca n'était pas un coup de fatigue, dû aux diverses soirées qu'elle passait dehors, qui allait forcément annoncer une grossesse. La maternité devait taper sur le système de Beth, mais Chloé se retint d'en faire la réflexion à voix haute, trouvant la situation suffisamment déplaisante ainsi. Quoique... Pour Beth ça ne devait pas l'être, puisqu'elle venait de lui prendre un rendez-vous chez un gynécologue, pour attention... Passer un examen, histoire de vérifier si elle était toujours vierge. Non mais elle avait carrément pété un boulon la mère Preston !

La voyant se diriger vers la porte, elle se mordit la langue pour retenir un flot de paroles, de plaintes, et limites d'insultes. Elle ravala le tout, percevant en ces quelques pas la fin de ce supplice, la liberté, tout simplement la sortie ! Elle garda le silence, car bien évidemment il lui était impossible d'approuver ce qu'elle disait, mais ne pouvait pas non plus aller à son encontre, de peur de voir ce bureau resté ainsi verrouillé, jusqu'à ce qu'elle grille un nouveau fusible en faisant par exemple venir le médecin ici-même ! C'est qu'elle en serait capable ! Elle attendit patiemment que Beth daigne ouvrir la porte, en lui donnant les dernières instructions -qu'elle n'allait pas suivre bien évidemment ; et se leva de son siège. Avec les nombreuses feintes qu'elle avait fait jusqu'à présent, mieux valait pour Chloé d'être sûre de ne pas avoir à revenir en arrière, pour reposer une énième fois son petit derrière sur ce fauteuil. Non, elle ouvrait bien la porte ! Ô miracle ! Sans se presser, pour ne pas éveiller les soupçons de Beth, elle se dirigea vers la sortie. S'en était terminé, et jamais plus elle ne mettrait les pieds ici ! Empruntant l'ascenseur, elle eut à peine le temps de souffler, de décompresser et de se remettre de cette incroyable comédie que venait de lui offrir Madame Preston, qu'elle devait déjà se faufiler dehors, et filer bien loin de cette maudite voiture. Elle prit ses jambes à son cou, fuyant le plus vite possible. Ses examens, elle pouvait s'asseoir dessus la Madame Preston !

[FINITOOOOO]

» Chloe Kennedy
» Chloé en mode créa !
» {Chloé} Nouveau deal
» My life is a mess... (Chloé)
» She got me so I can't sleep at night [Chloé]

Eliminer sa rivale. [Chloé (a)]

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